par ami de la Miséricorde » ven. 29 juin 2012, 10:19
DEUXIÈME SERMON POUR LA FÊTE DES SAINTS APOTRES PIERRE ET PAUL. de Saint Bernard
1. Les deux Saints dont nous célébrons aujourd'hui la passion, m'ont fourni déjà de nombreux motifs et une ample matière à vous parler d'eux; je ne crains qu'une chose, c'est qu'à force d'entendre la parole de Dieu, vous finissiez par la moins estimer. C'est une chose de bien peu de prix et bien fugace que la parole de l'homme, elle n'a ni corps, ni poids, ni valeur, ni consistance. Elle frappe l'air, d'où son nom (a) et elle vole comme la feuille emportée par le vent, et personne ne fait attention à elle. Que nul de vous, mes frères, ne prise ou plutôt ne méprise de cette façon la parole de Dieu, car je vous répéterais ce mot : « Il eût été bon pour cet homme qu'il ne l'eût point entendue. » La parole de Dieu, c'est un fruit de vie, ce ne sont point des feuilles, ou si ce sont des feuilles, ce sont des feuilles d'or; il ne faut donc point en faire peu de cas, ni passer outre, ni les laisser emporter par le vent. Ramassez-en même les moindres parties, de peur qu'elles ne se perdent, car la terre que de nombreuses pluies arrosent, et qui ne produit point de fruit est une terre réprouvée, et bien près d'être maudite (Hebr. VI, 8 De même en est-il de l'olivier stérile de l'Évangile, si après que le cultivateur a remué la terre où il est planté, et lui a mis du fumier au pied, il ne produit encore rien, ne vous semble-t-il pas qu'il n'y a plus qu'à mettre la cognée à sa racine (Matt. XXI, 19) ?
2. Eh bien je vous dis donc si le Seigneur trouve moins de bien dans les gens du monde qu'en nous qu'il a arrosés de la pluie volontaire de ses consolations célestes, il aura pour eux plus de patience que pour nous, à qui n'a manqué ni le sarcloir de la discipline, ni le fumier de la pauvreté et de l'humilité. N'est-ce point, en effet, une sorte de fumier que les abominations des Égyptiens que nous immolons à notre Dieu! Oui, c'en est un qui choque la vue, mais qui porte avec lui la fécondité ; il ne faut point avoir peur de ces ordures, si on tient à la fécondité. De ces tas de fumiers désagréables à voir, qu'on porte dans les champs, naîtront des gerbes dont l'aspect réjouira la vue quand on les en rapportera. Que ces précieux engrais ne soient pas l'objet de vos dédains, et tenez les humiliations de Jésus-Christ pour beaucoup plus précieuses que tous les trésors de l'Égypte. Mais si vous êtes riches en engrais terrestres, la pluie du ciel ne vous fait pas défaut; je veux dire les pieuses prières, la récitation des psaumes , la douce méditation, et la lecture si consolante de la sainte Écriture. Enfin, je puis bien encore donner le nom de pluie céleste à celle qui descend de mes lèvres sur vous, si vous avez le bonheur que quelques gouttes tombent dans vos âmes, du fleuve dont le cours impétueux réjouit la cité de Dieu, et du torrent de voluptés célestes, pendant que je vous en parle. [...]
a Saint Bernard joue ici sur les mots ou plutôt sur quelques lettres des mots latins veberare, frapper, et verbum la parole, d'une manière qu'il nous est impossible de faire passer dans le français. A. C.
Source : abbaye-saint-benoit.ch
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
DEUXIÈME SERMON POUR LA FÊTE DES SAINTS APOTRES PIERRE ET PAUL. de Saint Bernard
1. Les deux Saints dont nous célébrons aujourd'hui la passion, m'ont fourni déjà de nombreux motifs et une ample matière à vous parler d'eux; je ne crains qu'une chose, c'est qu'à force d'entendre la parole de Dieu, vous finissiez par la moins estimer. C'est une chose de bien peu de prix et bien fugace que la parole de l'homme, elle n'a ni corps, ni poids, ni valeur, ni consistance. Elle frappe l'air, d'où son nom (a) et elle vole comme la feuille emportée par le vent, et personne ne fait attention à elle. Que nul de vous, mes frères, ne prise ou plutôt ne méprise de cette façon la parole de Dieu, car je vous répéterais ce mot : « Il eût été bon pour cet homme qu'il ne l'eût point entendue. » La parole de Dieu, c'est un fruit de vie, ce ne sont point des feuilles, ou si ce sont des feuilles, ce sont des feuilles d'or; il ne faut donc point en faire peu de cas, ni passer outre, ni les laisser emporter par le vent. Ramassez-en même les moindres parties, de peur qu'elles ne se perdent, car la terre que de nombreuses pluies arrosent, et qui ne produit point de fruit est une terre réprouvée, et bien près d'être maudite (Hebr. VI, 8 De même en est-il de l'olivier stérile de l'Évangile, si après que le cultivateur a remué la terre où il est planté, et lui a mis du fumier au pied, il ne produit encore rien, ne vous semble-t-il pas qu'il n'y a plus qu'à mettre la cognée à sa racine (Matt. XXI, 19) ?
2. Eh bien je vous dis donc si le Seigneur trouve moins de bien dans les gens du monde qu'en nous qu'il a arrosés de la pluie volontaire de ses consolations célestes, il aura pour eux plus de patience que pour nous, à qui n'a manqué ni le sarcloir de la discipline, ni le fumier de la pauvreté et de l'humilité. N'est-ce point, en effet, une sorte de fumier que les abominations des Égyptiens que nous immolons à notre Dieu! Oui, c'en est un qui choque la vue, mais qui porte avec lui la fécondité ; il ne faut point avoir peur de ces ordures, si on tient à la fécondité. De ces tas de fumiers désagréables à voir, qu'on porte dans les champs, naîtront des gerbes dont l'aspect réjouira la vue quand on les en rapportera. Que ces précieux engrais ne soient pas l'objet de vos dédains, et tenez les humiliations de Jésus-Christ pour beaucoup plus précieuses que tous les trésors de l'Égypte. Mais si vous êtes riches en engrais terrestres, la pluie du ciel ne vous fait pas défaut; je veux dire les pieuses prières, la récitation des psaumes , la douce méditation, et la lecture si consolante de la sainte Écriture. Enfin, je puis bien encore donner le nom de pluie céleste à celle qui descend de mes lèvres sur vous, si vous avez le bonheur que quelques gouttes tombent dans vos âmes, du fleuve dont le cours impétueux réjouit la cité de Dieu, et du torrent de voluptés célestes, pendant que je vous en parle. [...]
a Saint Bernard joue ici sur les mots ou plutôt sur quelques lettres des mots latins veberare, frapper, et verbum la parole, d'une manière qu'il nous est impossible de faire passer dans le français. A. C.
Source : abbaye-saint-benoit.ch
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde