par ledisciple » ven. 09 nov. 2012, 16:21
Sol Invictus a écrit :Je doute et c'est plus fort que moi.
C'est très beau de douter. On attend la source d'eau vive qui jaillit et on se retrouve creusant un puits dont on ignore si c'est le bon endroit. Douter, c'est s'approfondir spirituellement. Tous les grands mystiques, les saints, ont douté grandement, terriblement, jusque pour certains dans la terreur. Le témoignage de mère Thérésa est admirable à ce sujet. En pleine gloire, elle avait perdu la foi, elle n'était plus qu'un semblant pour faire tourner la boutique. Cette nuit existe, ce désert existe, ce doute existe. Elle doutait de continuer cette absurdité en elle de sa vie parce qu'elle était devenue vide, rien.
Douter, c'est se demander pourquoi je ne suis pas capable par moi-même de définir mon ontologie, ce qui doit exister et ce qui ne doit pas exister. Pourquoi, en sommes, devrais-je cesser de gouverner seul ma vie et mon opinion des autres? Douter, c'est laisser Dieu nous tenir la main un peu, sans qu'on le sache, c'est se donner la possibilité d'avoir un vertige non pas au bord d'un gouffre mais en plaine. Douter, c'est aimer en se creusant sa propre fosse pour la raison. C'est découvrir que nous sommes en chemin sur un travail de deuil de notre propre existence qui est comme celle des autres. Douter, c'est se rapprocher de son prochain et lui dire je t'aime parce qu'au fond, tu m'es terriblement semblable. Douter, c'est aussi épuiser notre seule capacité raisonnable d'aimer.
C'est aller au surnaturel... le plus naturellement du monde. Et cela, le monde ne vous le pardonnera jamais. Car c'est le remettre en question, lui, son Prince, et vos semblables qui ne veulent pas vous ressembler jusqu'à épouser votre doute.
Le doute vous fait comprendre de manière intuitive la différence entre le naturel et le normal, la certitude et le surnaturel. Il vous offre une impression et sur ce cliché, c'est vous, mais alors, qui a pris le cliché, la photo? Je dois dire merci à qui? Le doute n'est pas une mise en question mais une mise en jeu. Il y a un plus qui fait mal: quelle est la règle de ce jeu, de cette vie? Et tout ce que vous offre la raison, c'est sa bouée crevée vous laissant au bord d'une berge devant un océan sans fin et une terre inconnue.
Qu'est-il le le plus difficile à regarder: cet infini ou cette inconnue?
Plus on doute, plus on devient humble, ce terreau propice au futur printemps. Toutes les souffrances sont un cri, tous les morts sont rassemblés en un lieu, et que reste-t-il de nous devant tant d'immensité?
Douter c'est se donner envers soi-même un contrat tacite de lucidité, c'est accepter que des questions se posent près de vous
sans les faire fuir, et qui sait, peut-être une colombe se posera-t-elle sur votre épaule demain, aujourd'hui, hier.... Hier, car douter, c'est aussi poursuivre son chemin. Et ce n'est pas facile, n'est-ce pas? C'est si long depuis si longtemps...
Ce qui peut aider, c'est de lire la vie d'un saint ou d'une sainte. Attention, n'y cherchez pas de recettes, il n'y en a jamais chez eux, mais vous allez découvrir que leur vie a été un mystère, et on a de la sympathie pour tel saint plutôt que tel autre. Et puis, un livre, une fois fini, se referme. Là, une fois fini, vous pouvez prier ce saint ou cette sainte car votre lecture se fait à deux, avec son vivant, sa compagnie. Et leur livre se fait vie, nouveau miracle.
Lazare, en sortant de son tombeau, a douté, alors que Jésus, le pleurant en apprenant sa mort depuis 4 jours, ne doutait pas. Oui, ils disaient, regardez comme il a aimé son ami, il le pleure. Mais Jésus pleurait autre chose. Car une fois rendu à la vie, n'allait-il pas mourir une seconde fois, et n'est-ce pas plus dur? Combien disent,
"je veux en finir" ou
"je ne peux plus poursuivre". Les juifs autour de lui ont douté aussi. Etait-il vraiment mort? Et pire, est-il vraiment lui ou un autre?
Pas de doute dans le Coran, tant pis. Sans doute: pas de pardon, pas de charité, pas de compassion.
Douter est contagieux. Tant mieux!
Votre frère dans la paix de Marie.
[quote="Sol Invictus"]Je doute et c'est plus fort que moi.[/quote]C'est très beau de douter. On attend la source d'eau vive qui jaillit et on se retrouve creusant un puits dont on ignore si c'est le bon endroit. Douter, c'est s'approfondir spirituellement. Tous les grands mystiques, les saints, ont douté grandement, terriblement, jusque pour certains dans la terreur. Le témoignage de mère Thérésa est admirable à ce sujet. En pleine gloire, elle avait perdu la foi, elle n'était plus qu'un semblant pour faire tourner la boutique. Cette nuit existe, ce désert existe, ce doute existe. Elle doutait de continuer cette absurdité en elle de sa vie parce qu'elle était devenue vide, rien.
Douter, c'est se demander pourquoi je ne suis pas capable par moi-même de définir mon ontologie, ce qui doit exister et ce qui ne doit pas exister. Pourquoi, en sommes, devrais-je cesser de gouverner seul ma vie et mon opinion des autres? Douter, c'est laisser Dieu nous tenir la main un peu, sans qu'on le sache, c'est se donner la possibilité d'avoir un vertige non pas au bord d'un gouffre mais en plaine. Douter, c'est aimer en se creusant sa propre fosse pour la raison. C'est découvrir que nous sommes en chemin sur un travail de deuil de notre propre existence qui est comme celle des autres. Douter, c'est se rapprocher de son prochain et lui dire je t'aime parce qu'au fond, tu m'es terriblement semblable. Douter, c'est aussi épuiser notre seule capacité raisonnable d'aimer. [b]C'est aller au surnaturel... le plus naturellement du monde.[/b] Et cela, le monde ne vous le pardonnera jamais. Car c'est le remettre en question, lui, son Prince, et vos semblables qui ne veulent pas vous ressembler jusqu'à épouser votre doute.
Le doute vous fait comprendre de manière intuitive la différence entre le naturel et le normal, la certitude et le surnaturel. Il vous offre une impression et sur ce cliché, c'est vous, mais alors, qui a pris le cliché, la photo? Je dois dire merci à qui? Le doute n'est pas une mise en question mais une mise en jeu. Il y a un plus qui fait mal: quelle est la règle de ce jeu, de cette vie? Et tout ce que vous offre la raison, c'est sa bouée crevée vous laissant au bord d'une berge devant un océan sans fin et une terre inconnue. [b]Qu'est-il le le plus difficile à regarder: cet infini ou cette inconnue? [/b]
[img]http://i27.servimg.com/u/f27/09/04/27/32/ivan_k10.jpg[/img]
Plus on doute, plus on devient humble, ce terreau propice au futur printemps. Toutes les souffrances sont un cri, tous les morts sont rassemblés en un lieu, et que reste-t-il de nous devant tant d'immensité?
Douter c'est se donner envers soi-même un contrat tacite de lucidité, c'est accepter que des questions se posent près de vous [b]sans les faire fuir[/b], et qui sait, peut-être une colombe se posera-t-elle sur votre épaule demain, aujourd'hui, hier.... Hier, car douter, c'est aussi poursuivre son chemin. Et ce n'est pas facile, n'est-ce pas? C'est si long depuis si longtemps...
Ce qui peut aider, c'est de lire la vie d'un saint ou d'une sainte. Attention, n'y cherchez pas de recettes, il n'y en a jamais chez eux, mais vous allez découvrir que leur vie a été un mystère, et on a de la sympathie pour tel saint plutôt que tel autre. Et puis, un livre, une fois fini, se referme. Là, une fois fini, vous pouvez prier ce saint ou cette sainte car votre lecture se fait à deux, avec son vivant, sa compagnie. Et leur livre se fait vie, nouveau miracle.
Lazare, en sortant de son tombeau, a douté, alors que Jésus, le pleurant en apprenant sa mort depuis 4 jours, ne doutait pas. Oui, ils disaient, regardez comme il a aimé son ami, il le pleure. Mais Jésus pleurait autre chose. Car une fois rendu à la vie, n'allait-il pas mourir une seconde fois, et n'est-ce pas plus dur? Combien disent, [i]"je veux en finir"[/i] ou [i]"je ne peux plus poursuivre"[/i]. Les juifs autour de lui ont douté aussi. Etait-il vraiment mort? Et pire, est-il vraiment lui ou un autre?
[b]Pas de doute dans le Coran, tant pis. Sans doute: pas de pardon, pas de charité, pas de compassion. [/b]
Douter est contagieux. Tant mieux!
Votre frère dans la paix de Marie.