par Sam D. » mer. 13 nov. 2019, 12:56
Bonjour ,
je me suis toujours dit que ce que l'on perdait en frustration volontaire était récupéré en autosatisfaction.
Excellente intuition, déjà formulée et exemplifiée de longue date (1664) par la Rochefoucauld.
https://fr.wikisource.org/wiki/Maximes#450
Il observe par exemple :
" Les philosophes, et Sénèque surtout, n’ont point ôté les crimes par leurs préceptes : ils n’ont fait que les employer au bâtiment de l’orgueil. "
ou
"L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien lors même qu’il renonce à la vanité".
Au sujet de Sénèque encore :
"Regardez un peu de près ce faux brave : vous verrez qu’en faisant de beaux raisonnements sur l’immortalité de l’âme, il cherche à s’étourdir sur la crainte de la mort ; il ramasse toutes ses forces pour faire bonne mine ; il se mord la langue de peur de dire que la douleur est un mal ; il prétend que la raison peut rendre l’homme impassible, et au lieu d’abaisser son orgueil il le relève au-dessus de la divinité. Il nous aurait bien plus obligés de nous avouer franchement les faiblesses et la corruption du cœur humain, que de prendre tant de peine à nous tromper."
Puis, au contraire :
"L’auteur des Réflexions (=lui-même, La Rochefoucauld) n’en fait pas de même : il expose au jour toutes les misères de l’homme. Mais c’est de l’homme abandonné à sa conduite qu’il parle, et non pas du chrétien. Il fait voir que, malgré tous les efforts de sa raison, l’orgueil et l’amour-propre ne laissent pas de se cacher dans les replis de son cœur, d’y vivre et d’y conserver assez de forces pour répandre leur venin sans qu’il s’en aperçoive dans la plupart de ses mouvements."
L'auteur a malheureusement très peu développé sur le comment, ou en quoi, le fait d'être chrétien nous mettrait à l'abri de ces travers. Tout au plus fait-il référence à des Pères de l'Eglise (il ne dit pas lesquels),
"qui ont assuré que toutes nos vertus, sans le secours de la foi, n’étaient que des imperfections ; que notre volonté était née aveugle ; que ses désirs étaient aveugles, sa conduite encore plus aveugle, et qu’il ne fallait pas s’étonner si, parmi tant d’aveuglement, l’homme était dans un égarement continuel"
Convenons qu'il y a une façon un peu simpliste de séparer non-croyants et croyants, ces derniers devenant, à l'en croire, automatiquement vertueux.
Pour ma modeste part,
en dehors de la charité, je ne vois pas trop quel sens donner à la frustration. Prenez l'exercice général de sainte Faustine
http://www.spiritualite-chretienne.com/ ... de-08.html, qui, bien loin en effet de chercher l'épreuve pour l'épreuve, cite plus qu'abondamment
le prochain comme finalité des efforts, au nom et en application de la miséricorde divine. Ce n'est pas la frustration qui est un but, mais, bien plus sainement, l'espérance, la foi et la charité, dont l'accroissement peut, voire doit, trouver des applications toujours plus larges, réduisant toujours plus les causes de frustration, implicitement qualifiée de mal dès lors qu'un palliatif (le palliatif par excellence, devrait-on dire) y est cité:
"Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté,
et moi, je m'enfermerai dans le Cœur très miséricordieux de Jésus."
Bonjour ,
[quote] je me suis toujours dit que ce que l'on perdait en frustration volontaire était récupéré en autosatisfaction.[/quote]
Excellente intuition, déjà formulée et exemplifiée de longue date (1664) par la Rochefoucauld. [url]https://fr.wikisource.org/wiki/Maximes#450[/url]
Il observe par exemple :
" Les philosophes, et Sénèque surtout, n’ont point ôté les crimes par leurs préceptes : ils n’ont fait que les employer au bâtiment de l’orgueil. "
ou
"L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien lors même qu’il renonce à la vanité".
Au sujet de Sénèque encore :
"Regardez un peu de près ce faux brave : vous verrez qu’en faisant de beaux raisonnements sur l’immortalité de l’âme, il cherche à s’étourdir sur la crainte de la mort ; il ramasse toutes ses forces pour faire bonne mine ; il se mord la langue de peur de dire que la douleur est un mal ; il prétend que la raison peut rendre l’homme impassible, et au lieu d’abaisser son orgueil il le relève au-dessus de la divinité. Il nous aurait bien plus obligés de nous avouer franchement les faiblesses et la corruption du cœur humain, que de prendre tant de peine à nous tromper."
Puis, au contraire :
"L’auteur des Réflexions (=lui-même, La Rochefoucauld) n’en fait pas de même : il expose au jour toutes les misères de l’homme. Mais c’est de l’homme abandonné à sa conduite qu’il parle, et non pas du chrétien. Il fait voir que, malgré tous les efforts de sa raison, l’orgueil et l’amour-propre ne laissent pas de se cacher dans les replis de son cœur, d’y vivre et d’y conserver assez de forces pour répandre leur venin sans qu’il s’en aperçoive dans la plupart de ses mouvements."
L'auteur a malheureusement très peu développé sur le comment, ou en quoi, le fait d'être chrétien nous mettrait à l'abri de ces travers. Tout au plus fait-il référence à des Pères de l'Eglise (il ne dit pas lesquels),
"qui ont assuré que toutes nos vertus, sans le secours de la foi, n’étaient que des imperfections ; que notre volonté était née aveugle ; que ses désirs étaient aveugles, sa conduite encore plus aveugle, et qu’il ne fallait pas s’étonner si, parmi tant d’aveuglement, l’homme était dans un égarement continuel"
Convenons qu'il y a une façon un peu simpliste de séparer non-croyants et croyants, ces derniers devenant, à l'en croire, automatiquement vertueux.
Pour ma modeste part, [b]en dehors de la charité[/b], je ne vois pas trop quel sens donner à la frustration. Prenez l'exercice général de sainte Faustine [url]http://www.spiritualite-chretienne.com/misericorde/misericorde-08.html[/url], qui, bien loin en effet de chercher l'épreuve pour l'épreuve, cite plus qu'abondamment[b] le prochain [/b]comme finalité des efforts, au nom et en application de la miséricorde divine. Ce n'est pas la frustration qui est un but, mais, bien plus sainement, l'espérance, la foi et la charité, dont l'accroissement peut, voire doit, trouver des applications toujours plus larges, réduisant toujours plus les causes de frustration, implicitement qualifiée de mal dès lors qu'un palliatif (le palliatif par excellence, devrait-on dire) y est cité:
"Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté, [b]et moi, je m'enfermerai dans le Cœur très miséricordieux de Jésus[/b]."