par Cinci » sam. 20 avr. 2019, 3:18
Le cérémoniaire du pape explique :
"... parfois, à l'époque communément appelée "post-conciliaire", sous prétexte de créativité, on en est arrivé à bouleverser de diverses manières la liturgie de l'Église. Au nom du principe d'adaptation aux situations locales et aux besoins de la communauté, certains se sont approprié le droit d'enlever, d'ajouter et de modifier le rite liturgique sous la marque de la subjectivité et de l'émotion.
Au-delà de la superficialité de cette attitude, qui n'est certainement pas adaptée à la pensée saine de l'Église, il est bon de retrouver les motivations profondes qui devraient nous préparer à une manière différente d'aborder la célébration liturgique.
Pour illustrer ces motivations, je m'appuie sur le passage d'un très beau texte, rédigé à l'époque par le cardinal Ratzinger, extrait de L'esprit de la liturgie :
"La créativité ne peut jamais être une partie authentique de la réalité liturgique. De plus, ce terme est né de la vision du monde propre au marxisme. Créativité signifie que dans un monde privé de sens, qui s'est développé sous le sigle d'une évolution aveugle, l'homme réalise finalement un monde nouveau et meilleur, à partir de ses propres forces. Dans les théories artistiques nodernes, ce terme sous-entend une idée nihiliste de la création : l'art ne doit rien imiter; la créativité artistique est le libre espace de l'homme, qui ne s'attache à aucune mesure ni à aucun but, et qui ne peut se soumettre à aucune demande de sens ... Cette façon de créer n'est pas celle de la liturgie. Cette dernière ne vit pas de trouvailles de telle personne ou de telle commission. Elle est, au contraire, la venue de Dieu, le fait de trouver Dieu dans notre monde, et elle génère vraiment la libération ... Oui, la liturgie devient personnelle, vraie et nouvelle non au moyen de banales interventions orales ou gestuelles, mais par le courage de se mettre en chemin vers quelque chose de grand, qui, à travers le rite, nous précède toujours et que nous ne pouvons jamais posséder totalement."
Cette page me semble plutôt claire et limpide, Et même, n'est-il pas vrai que nos communautés, parfois, comprenant la liturgie comme le lieu de "trouvailles" toujours nouvelle, avec la bonne intention de capter l'attention des fidèles, les séparent en fait du centre qui est le Christ Jésus ?
Il est vrai qu'une forme d'adaptation est prévue et il est bon qu'elle existe, C'est le Missel lui-même qui l'indique dans quelques unes de ses parties. Mais dans celles-ci et seulement celles-ci, et non dans d'autres de façon arbitraire. Ceci est prévu non pour obéir aux rubriques pour elles-mêmes, mais simplement parce que la liturgie est un don qui nous précède, un trésor précieux qui nous est confié par la prière séculaire de l'Église [...] Tout ceci ne dépend pas de notre subjectivité.
Dans la magnifique encyclique Mediator Dei, Pie XII définit la liturgie comme "le culte public ... le culte intégral du corps mystique de Jésus-Christ, c'est à dire de la tête et de ses membres." Ceci pour dire, entre autres, que dans la liturgie, l'Église se reconnaît "officiellement", reconnaît son mystère d'union sponsale avec le Christ, et se manifeste "officiellement". Avec quelle folle insouciance pourrions-nous, par conséquent, nous arroger le droit d'altérer de façon subjective ces signes saints, ainsi que les appellerait Romano Guardini, à travers lesquels l'Église parle d'elle, de son identité, de sa foi ?
Il faut craindre que, au moins dans certains cas, la recherche épuisée de signes, de textes, de gestes toujours nouveaux et différents soit l'indicateur d'une mauvaise compréhension de la réalité liturgique et aussi, peut-être, d'un mal-être dans sa foi.
Source : Mgr Guido Marini, La liturgie. Gloire de Dieu, sanctification de l'homme. La liturgie expliquée par le cérémoniaire du pape, France, Artège, 2013, p. 50
Le cérémoniaire du pape explique :
"... parfois, à l'époque communément appelée "post-conciliaire", sous prétexte de créativité, on en est arrivé à bouleverser de diverses manières la liturgie de l'Église. Au nom du principe d'adaptation aux situations locales et aux besoins de la communauté, certains se sont approprié le droit d'enlever, d'ajouter et de modifier le rite liturgique sous la marque de la subjectivité et de l'émotion.
Au-delà de la superficialité de cette attitude, qui n'est certainement pas adaptée à la pensée saine de l'Église, il est bon de retrouver les motivations profondes qui devraient nous préparer à une manière différente d'aborder la célébration liturgique.
Pour illustrer ces motivations, je m'appuie sur le passage d'un très beau texte, rédigé à l'époque par le cardinal Ratzinger, extrait de [i]L'esprit de la liturgie[/i] :
[i] "La créativité ne peut jamais être une partie authentique de la réalité liturgique. De plus, ce terme est né de la vision du monde propre au marxisme. Créativité signifie que dans un monde privé de sens, qui s'est développé sous le sigle d'une évolution aveugle, l'homme réalise finalement un monde nouveau et meilleur, à partir de ses propres forces. Dans les théories artistiques nodernes, ce terme sous-entend une idée nihiliste de la création : l'art ne doit rien imiter; la créativité artistique est le libre espace de l'homme, qui ne s'attache à aucune mesure ni à aucun but, et qui ne peut se soumettre à aucune demande de sens ... Cette façon de créer n'est pas celle de la liturgie. Cette dernière ne vit pas de trouvailles de telle personne ou de telle commission. Elle est, au contraire, la venue de Dieu, le fait de trouver Dieu dans notre monde, et elle génère vraiment la libération ... Oui, la liturgie devient personnelle, vraie et nouvelle non au moyen de banales interventions orales ou gestuelles, mais par le courage de se mettre en chemin vers quelque chose de grand, qui, à travers le rite, nous précède toujours et que nous ne pouvons jamais posséder totalement."
[/i]
Cette page me semble plutôt claire et limpide, Et même, n'est-il pas vrai que nos communautés, parfois, comprenant la liturgie comme le lieu de "trouvailles" toujours nouvelle, avec la bonne intention de capter l'attention des fidèles, les séparent en fait du centre qui est le Christ Jésus ?
Il est vrai qu'une forme d'adaptation est prévue et il est bon qu'elle existe, C'est le Missel lui-même qui l'indique dans quelques unes de ses parties. Mais dans celles-ci et seulement celles-ci, et non dans d'autres de façon arbitraire. Ceci est prévu non pour obéir aux rubriques pour elles-mêmes, mais simplement parce que la liturgie est un don qui nous précède, un trésor précieux qui nous est confié par la prière séculaire de l'Église [...] Tout ceci ne dépend pas de notre subjectivité.
Dans la magnifique encyclique [i]Mediator Dei[/i], [b]Pie XII[/b] définit la liturgie comme "le culte public ... le culte intégral du corps mystique de Jésus-Christ, c'est à dire de la tête et de ses membres." Ceci pour dire, entre autres, que dans la liturgie, l'Église se reconnaît "officiellement", reconnaît son mystère d'union sponsale avec le Christ, et se manifeste "officiellement". Avec quelle folle insouciance pourrions-nous, par conséquent, nous arroger le droit d'altérer de façon subjective ces signes saints, ainsi que les appellerait Romano Guardini, à travers lesquels l'Église parle d'elle, de son identité, de sa foi ?
Il faut craindre que, au moins dans certains cas, la recherche épuisée de signes, de textes, de gestes toujours nouveaux et différents soit l'indicateur d'une mauvaise compréhension de la réalité liturgique et aussi, peut-être, d'un mal-être dans sa foi.
Source : [b]Mgr Guido Marini[/b], [i]La liturgie. Gloire de Dieu, sanctification de l'homme. La liturgie expliquée par le cérémoniaire du pape[/i], France, Artège, 2013, p. 50