par zelie » sam. 07 juil. 2012, 12:31
Bonjour Salésienne,
Tout le comportement de votre fils, ainsi que ses symptômes étant plus petit, me pousse moi aussi à vous conseiller vivement une thérapie familiale pour tout remettre à sa place et à sa juste place, sans déformer ou grossir la culpabilité, la part de responsabilité de chacun. Vous allez voir, vous allez revivre! Votre fils a tellement à dire que ça me paraît même à la fois urgent et primordial.
Pour ce qui est de ce que vous avez dit à votre enfant; je pense qu'on peut dire presque tout à un enfant, même qu'il vous pourrit la vie; le comment on le dit, ça c'est autre chose; mais il est capable de faire la différence entre un moment de colère qui laisse échapper des mots de trop et un moment de sincérité véritable.
Dans le registre des mots, laissez-moi vous faire part d'un épisode; à une époque récente, j'avais deux ados bien rebelles à la maison, mais alors des cas, des gratinés. Garde à vue, etc... j'ai eu droit à tout, à vraiment tout dans le pire que peuvent faire des ados, même ce que votre imagination ne peut pas imaginer. Et j'étais seule pour m'occuper d'eux.
Quand mes enfants étaient petits, j'ai eu un lien affectif magnifique et très fort avec eux; je priais et rendais grâces pour cela! C'était même un peut trop cocooning, trop doux, trop fusionnel, mais qu'est-ce qu'on s'aimait tous, c'était vraiment de belles années structurantes et solides pour toute la famille, même si dans le tableau j'étais le bémol qui devait trancher parfois, puisque je devais être à la fois mère et père
, et que je suis bourrée de principes traditionnels.
Et puis l'adolescence est arrivée, la haine avec...
J'ai fini un jour par être usée par le nombre incalculable de leurs méchancetés, leurs menaces de coups, leurs insultes et de leurs bêtises, fatiguée et gravement malade; je travaillais en cachant ma maladie, tout comme j'ai travaillé avec un bras cassé, pour nourrir mes enfants. Ma fille, un jour que je la ramène à la maison après moult énormes bêtises, me "vide son sac" dessus. Ce jour-là, je n'ai pas pu être "professionnelle", moi qui m'occupe d'enfants dans ma profession. Je n'ai rien dit, j'ai laissé tout son "sac" se vider, sans bouger, même plus abasourdie, mais complètement détruite.
Après un temps de silence assez long, très calmement, très épuisée, je lui ai dit "tu sais, je suis comme toi, moi aussi, j'en ai marre", et que moi aussi je ne pouvais plus vivre comme ça, que si pour elle "elle ne se sentait pas assez aimée" à la maison, moi je ne me sentais plus du tout aimée dans ma maison, depuis des années, et que pour moi aussi, "les choses avaient tellement changé que je ne pouvais pas prédire de nos liens futurs" (elle voulait partir "loin" et aller vivre avec un garçon hors mariage, mineure!). Et vraiment je pensais tout cela à cet instant-là, et je n'ai eu qu'à employer ses mots à elle, tout doucement; c'est sorti tout seul.
Je lui ai dit que je n'avais aucune solution à ce qui l'agitait, mais que je savais d'expérience qu'une solution ça se construit au jour le jour, il n'y en a jamais de toute faite; quoiqu'il en soit elle était libre. J'ai dit tout ça en très peu de mots, assise dans un coin, presque en chuchotant, repliée sur moi, sans bouger, et sans rien attendre d'elle. Et là elle s'est tue et m'a regardée, fixée intensément; j'ai lu un nouveau regard en elle, une immense peur. Elle a compris que j'étais au bout du rouleau, et que le lien affectif qu'elle malmenait tant depuis des années s'était énormément transformé, et était peut être en train de se détériorer tellement qu'il allait tomber en miettes; de fait elle ne récoltait plus que mon indifférence et mon épuisement ,même si je n'avais jamais voulu que les choses finissent ainsi.
Puis je l'ai laissée sans la regarder. Je ne ressentais plus rien, une sorte d'amnésie au monde extérieur pour me protéger, comme un dernier acte de survie, s'était implanté en moi.
Et je suis passée à autre chose.
A partir de ce jour, elle est devenue bien plus raisonnable et j'ai pu voir qu'elle prenait énormément sur elle parfois quand c'est moi qui suis difficile à vivre. Du coup je suis moi aussi sur mes gardes, car je ne veux pas qu'elle porte le poids de notre relation; je fais beaucoup d'efforts, et j'apprends à me taire et à la regarder autrement.
Mais ce jour-là on a compris toutes les deux en même temps qu'on ne peut pas maintenir un lien affectif solide et chaleureux dans un climat de haine trop forte et trop longuement endurée.
Elle a pris conscience que sa mère avait des limites. Moi j'ai appris l'humilité en découvrant ma limite dans mon amour de mère, et ça m'a ravagé l'orgueil sur le coup; oui, il pouvait y avoir des situations où j'étais incapable de porter le lien qui nous unissait si on me malmenait trop, et je n'en avais même pas honte! Au contraire, ça m'a libéré d'une obligation de résultats; je ne suis pas parfaite, et je n'ai pas à essayer de paraître parfaite. C'est inutile de toute façon.
Et si ma fille n'avait pas saisi ce que mon attitude repliée disait ce jour-là, j'aurais pu finir par ne plus l'aimer, comme elle ne m'aimait déjà plus. C'est terrible comme constat; nous ne nous aimions plus ou presque. On avait touché le fond.
Ensuite, avec le temps, nous avons reconstruit un lien; mais il nous est évident à l'une comme à l'autre que ce lien n'est pas du tout une copie du lien de son enfance; il est tout autre, complètement différent. On apprend au jour le jour de ce nouveau lien, on l'expérimente, mais avec une précaution infinie, et on entretient ce lien, qui augure de toute une vie pour se construire.
Pour moi, il a signifié aimer quelqu'un qui est aux antipodes de moi, en l'encourageant à faire ce que je ne ferais pas, à aller là où je n'irais jamais jamais jamais, à admettre qu'elle pense tout à l'envers de mon univers, et à prêter attention et enthousiasme à ce qui l'intéresse, pas parce que ça m'intéresse, mais tout simplement parce que je l'aime et que peu importe ce qui se passe, je suis près d'elle et on parle beaucoup de ce qui nous anime.
Se contenter de ce peu nous a sauvé toutes les deux; et c'est cette simplicité, cette humilité dans le lien, qui nous a permis de trouver notre rythme et de nous aimer à nouveau solidement et joliment. Et comme une vie n'est jamais sans un miracle quelque part, je sens poindre sous ce lien adulte la force de l'amour que nous avons déjà partagé lorsqu'elle était enfant.
Ne vous découragez pas dans votre chemin de maman... Votre enfant grandira et les choses ne restent jamais figées là où on les croirait bouchées. Mais, de grâce, faites-vous aider pour poser à plat le malaise de votre enfant qui semble être lié à la sa période anté-natale (enfin, ce que j'en ai compris). Pensez un instant que si à l'intérieur de vous-même vous vous sentiez mal au point d'avoir des boutons sur la peau, ne courriez-vous pas dans l'instant chez un médecin pour qu'il vous soulage? Votre fils semble ainsi, en tous les cas, vous semblez avori cette image de lui; est-elle réelle, est-ce parce que vous culpabilisez beaucoup, on n'en saura rien ici, mais un médecin spécialisé compétent pourra vous aider pour démêler ce noeud.
Votre enfant ne me parait en rien un cas désespéré, il vous le prouve comme il peut, mais vous avez chacun à trouver la bonne fréquence pour communiquer et vous accepter réciproquement.
Voilà, j'espère que tout cela vous aidera à réfléchir et à vous apaiser.
Que Saint Joseph vous guide, vous et votre famille, vers un chemin de Paix,
Zélie
Bonjour Salésienne,
Tout le comportement de votre fils, ainsi que ses symptômes étant plus petit, me pousse moi aussi à vous conseiller vivement une thérapie familiale pour tout remettre à sa place et à sa juste place, sans déformer ou grossir la culpabilité, la part de responsabilité de chacun. Vous allez voir, vous allez revivre! Votre fils a tellement à dire que ça me paraît même à la fois urgent et primordial.
Pour ce qui est de ce que vous avez dit à votre enfant; je pense qu'on peut dire presque tout à un enfant, même qu'il vous pourrit la vie; le comment on le dit, ça c'est autre chose; mais il est capable de faire la différence entre un moment de colère qui laisse échapper des mots de trop et un moment de sincérité véritable.
Dans le registre des mots, laissez-moi vous faire part d'un épisode; à une époque récente, j'avais deux ados bien rebelles à la maison, mais alors des cas, des gratinés. Garde à vue, etc... j'ai eu droit à tout, à vraiment tout dans le pire que peuvent faire des ados, même ce que votre imagination ne peut pas imaginer. Et j'étais seule pour m'occuper d'eux.
Quand mes enfants étaient petits, j'ai eu un lien affectif magnifique et très fort avec eux; je priais et rendais grâces pour cela! C'était même un peut trop cocooning, trop doux, trop fusionnel, mais qu'est-ce qu'on s'aimait tous, c'était vraiment de belles années structurantes et solides pour toute la famille, même si dans le tableau j'étais le bémol qui devait trancher parfois, puisque je devais être à la fois mère et père :( , et que je suis bourrée de principes traditionnels.
Et puis l'adolescence est arrivée, la haine avec...
J'ai fini un jour par être usée par le nombre incalculable de leurs méchancetés, leurs menaces de coups, leurs insultes et de leurs bêtises, fatiguée et gravement malade; je travaillais en cachant ma maladie, tout comme j'ai travaillé avec un bras cassé, pour nourrir mes enfants. Ma fille, un jour que je la ramène à la maison après moult énormes bêtises, me "vide son sac" dessus. Ce jour-là, je n'ai pas pu être "professionnelle", moi qui m'occupe d'enfants dans ma profession. Je n'ai rien dit, j'ai laissé tout son "sac" se vider, sans bouger, même plus abasourdie, mais complètement détruite.
Après un temps de silence assez long, très calmement, très épuisée, je lui ai dit "tu sais, je suis comme toi, moi aussi, j'en ai marre", et que moi aussi je ne pouvais plus vivre comme ça, que si pour elle "elle ne se sentait pas assez aimée" à la maison, moi je ne me sentais plus du tout aimée dans ma maison, depuis des années, et que pour moi aussi, "les choses avaient tellement changé que je ne pouvais pas prédire de nos liens futurs" (elle voulait partir "loin" et aller vivre avec un garçon hors mariage, mineure!). Et vraiment je pensais tout cela à cet instant-là, et je n'ai eu qu'à employer ses mots à elle, tout doucement; c'est sorti tout seul.
Je lui ai dit que je n'avais aucune solution à ce qui l'agitait, mais que je savais d'expérience qu'une solution ça se construit au jour le jour, il n'y en a jamais de toute faite; quoiqu'il en soit elle était libre. J'ai dit tout ça en très peu de mots, assise dans un coin, presque en chuchotant, repliée sur moi, sans bouger, et sans rien attendre d'elle. Et là elle s'est tue et m'a regardée, fixée intensément; j'ai lu un nouveau regard en elle, une immense peur. Elle a compris que j'étais au bout du rouleau, et que le lien affectif qu'elle malmenait tant depuis des années s'était énormément transformé, et était peut être en train de se détériorer tellement qu'il allait tomber en miettes; de fait elle ne récoltait plus que mon indifférence et mon épuisement ,même si je n'avais jamais voulu que les choses finissent ainsi.
Puis je l'ai laissée sans la regarder. Je ne ressentais plus rien, une sorte d'amnésie au monde extérieur pour me protéger, comme un dernier acte de survie, s'était implanté en moi.
Et je suis passée à autre chose.
A partir de ce jour, elle est devenue bien plus raisonnable et j'ai pu voir qu'elle prenait énormément sur elle parfois quand c'est moi qui suis difficile à vivre. Du coup je suis moi aussi sur mes gardes, car je ne veux pas qu'elle porte le poids de notre relation; je fais beaucoup d'efforts, et j'apprends à me taire et à la regarder autrement.
Mais ce jour-là on a compris toutes les deux en même temps qu'on ne peut pas maintenir un lien affectif solide et chaleureux dans un climat de haine trop forte et trop longuement endurée.
Elle a pris conscience que sa mère avait des limites. Moi j'ai appris l'humilité en découvrant ma limite dans mon amour de mère, et ça m'a ravagé l'orgueil sur le coup; oui, il pouvait y avoir des situations où j'étais incapable de porter le lien qui nous unissait si on me malmenait trop, et je n'en avais même pas honte! Au contraire, ça m'a libéré d'une obligation de résultats; je ne suis pas parfaite, et je n'ai pas à essayer de paraître parfaite. C'est inutile de toute façon.
Et si ma fille n'avait pas saisi ce que mon attitude repliée disait ce jour-là, j'aurais pu finir par ne plus l'aimer, comme elle ne m'aimait déjà plus. C'est terrible comme constat; nous ne nous aimions plus ou presque. On avait touché le fond.
Ensuite, avec le temps, nous avons reconstruit un lien; mais il nous est évident à l'une comme à l'autre que ce lien n'est pas du tout une copie du lien de son enfance; il est tout autre, complètement différent. On apprend au jour le jour de ce nouveau lien, on l'expérimente, mais avec une précaution infinie, et on entretient ce lien, qui augure de toute une vie pour se construire.
Pour moi, il a signifié aimer quelqu'un qui est aux antipodes de moi, en l'encourageant à faire ce que je ne ferais pas, à aller là où je n'irais jamais jamais jamais, à admettre qu'elle pense tout à l'envers de mon univers, et à prêter attention et enthousiasme à ce qui l'intéresse, pas parce que ça m'intéresse, mais tout simplement parce que je l'aime et que peu importe ce qui se passe, je suis près d'elle et on parle beaucoup de ce qui nous anime.
Se contenter de ce peu nous a sauvé toutes les deux; et c'est cette simplicité, cette humilité dans le lien, qui nous a permis de trouver notre rythme et de nous aimer à nouveau solidement et joliment. Et comme une vie n'est jamais sans un miracle quelque part, je sens poindre sous ce lien adulte la force de l'amour que nous avons déjà partagé lorsqu'elle était enfant.
Ne vous découragez pas dans votre chemin de maman... Votre enfant grandira et les choses ne restent jamais figées là où on les croirait bouchées. Mais, de grâce, faites-vous aider pour poser à plat le malaise de votre enfant qui semble être lié à la sa période anté-natale (enfin, ce que j'en ai compris). Pensez un instant que si à l'intérieur de vous-même vous vous sentiez mal au point d'avoir des boutons sur la peau, ne courriez-vous pas dans l'instant chez un médecin pour qu'il vous soulage? Votre fils semble ainsi, en tous les cas, vous semblez avori cette image de lui; est-elle réelle, est-ce parce que vous culpabilisez beaucoup, on n'en saura rien ici, mais un médecin spécialisé compétent pourra vous aider pour démêler ce noeud.
Votre enfant ne me parait en rien un cas désespéré, il vous le prouve comme il peut, mais vous avez chacun à trouver la bonne fréquence pour communiquer et vous accepter réciproquement.
Voilà, j'espère que tout cela vous aidera à réfléchir et à vous apaiser.
Que Saint Joseph vous guide, vous et votre famille, vers un chemin de Paix,
Zélie