Comment laver les blessures infligées à son propre enfant ?

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Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Zarus » sam. 06 sept. 2014, 1:00

C'est presque effrayant comme témoignage, surtout quand je me vois tout en fait en salésienne lorsqu'elle parle de ses rapports avec des personnes ayant la personnalité de Cyprien...(Moi aussi je suis quelqu'un de calme, limite apathique qui supporte peu les gens comme lui, sans offenses à ceux-ci, dans le cas de Cyprien il semble être trés intelligent et éveillé et c'est vrai que ce genre d'enfants bien que quasiment "supérieurs" sont difficiles à gérer)
C'est une question intéressante de comment j'agirai en tant que père dans cette situation...je me demande si la différence entre le rôle d'un père et celui d'une mère rendrait ça pire ou mieux. :incertain:

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Nanimo » mar. 26 août 2014, 19:55

Le fil est ancien, mais le témoignage de Zelie est une plongée qui se passe de commentaires. Le fond du fond, lorsqu'on l'atteint, aïe!

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Kerniou » ven. 13 juil. 2012, 11:16

Super, Cécile ! Bonnes nouvelles ! Ce n'est sans doute pas "la solution" définitive mais vous avez retrouvé la voie de la complicité avec votre fils. C'est l'essentiel pour vous deux et votre famille.
Si cela s'avérait nécessaire, n'hésitez pas à revoir le psy que vous avez déjà rencontré.
Bonnes vacances. J'espère que vous avez meilleur temps que nous.
En Bretagne, c'est une catastrophe ! Je ne me souviens pas d'un temps aussi pluvieux aussi longtemps. Enfin les réserves d'eau devraient être, maintenant réconstituées ... Je ne peux m'empêcher de penser aux familles qui sont en vacances et qui doivent occuper les enfants ...

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Théophile » jeu. 12 juil. 2012, 11:50

Bravo Cécile !

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Teano » jeu. 12 juil. 2012, 9:26

salésienne05 a écrit :Chers amis,

Donc, nous avons conclu qu'il fallait qu'on se maîtrise l'un l'autre (moi avec lui, et lui avec à peu près tout le monde :D ).
On s'amuse ainsi depuis le début des vacances à compter les points, à se ruer devant notre oratoire :rire: , Merci de votre soutien et de vos prières.

Fraternellement.

Cécile
1/ :clap:
2/ :chorale:
3/ :mdr: le rire est une sorte d'universelle panacée.

Vous avez trouvé le fil par lequel tirer sur la pelote, à mon avis, et avec l'aide de Dieu, ça ne peut qu'aller vers le mieux ! et je parie que vous allez nous en raconter des merveilles sur le Cyprien !

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par PaxetBonum » jeu. 12 juil. 2012, 9:06

Bravo ! Deo Gratias !

Si cela peut vous aider je joins le liens (enfin retrouvé) pour obtenir l'étude des tempéraments qui aident nettement à comprendre ce qui nous trouble ou nous agace chez les autres qui ne sont pas comme nous.

http://www.laportelatine.org/district/e ... pt2009.pdf

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par salésienne05 » mer. 11 juil. 2012, 22:56

Chers amis,

Depuis le début des vacances, nous avons ,Cyprien et moi, nos mercredi. Clovis est à l'hôpital tous les mercredi et Constant est inscrit à la crèche. J'en ai profité pour lui montrer tous ces albums de photos, de la naissance à maintenant (nous faisons un album photo rédigé -comme si nous leur écrivions une lettre, pour chacun d'entre eux, d'un anniversaire à l'autre). Il a lu lui-même les péripéties de sa naissance (sur l'album, nous n'avons rien caché de ce qui est arrivé cette année-là : décès de ses arrière-grands-parents, divorce de ses grands-parents, séjour en néonatologie, ce que nous avons ressenti comme joies et comme peines). Il a été très heureux de voir combien nous étions rayonnants de joie à sa naissance ! Et tout le reste.
Nous avons établi de nouvelles bases de communication. Je ne sais pas si cela va tenir mais en tous les cas, le Seigneur doit beaucoup m'aider... Nous avons installé dans notre mini-appartement un mini-oratoire où, chaque fois que la moutarde me monte au nez, je vais prier, ou du moins m'asseoir avant de réagir. Voyant que ça marche, Cyprien fait de même lorsqu'il a envie d'être désagréable.
Ca va à peu près tant que son frère n'est pas avec nous mais sa jalousie reprend vite le dessus quand son frère revient. Il m'a dit qu'il avait besoin de s'entraîner pour maîtriser ses émotions et son comportement. Je lui ai demandé si son frère ne serait justement pas un bon entraînement, comme une sorte de jeu vidéo où il faudrait gagner des points en maîtrisant ses colères. Donc, nous avons conclu qu'il fallait qu'on se maîtrise l'un l'autre (moi avec lui, et lui avec à peu près tout le monde :D ).
On s'amuse ainsi depuis le début des vacances à compter les points, à se ruer devant notre oratoire :rire: , j'ai consenti à jouer à un jeu vidéo avec lui, et lui a ainsi accepté de me laisser une heure complète de calme après le repas de midi. Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais il y a du progrès. Mon mari n'en revient pas, et semble être particulièrement fier de moi :amoureux: .

Merci de votre soutien et de vos prières.

Fraternellement.

Cécile

PS : j'avais déjà vu un médiateur famlilial lors du divorce de mes parents pour arriver à dire à mes parents ce que j'avais sur le coeur et pour qu'ils cessent de vouloir s'accuser l'un l'autre pour me forcer à choisir un camp... Quant à Cyprien, nous avions vu un psy au moment de la leucémie de Clovis, plusieurs fois (le psy de l'hôpital, qui s'occupait des familles des petits malades). Mais il est certain qu'avec trois garçons qui ont chacun un caractère et des besoins bien différents (je pense notamment à Clovis qui passse son temps à chercher un endroit où se cacher pour être tranquille), le manque de place exacerbe les tensions.

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Jean-Mic » mer. 11 juil. 2012, 13:53

Je n'ai pas parlé d'un suivi psychologique, mais d'une médiation par un professionnel ou un médiateur formé à cela. Ce n'est pas tout à fait pareil. Une telle médiation peut être l'affaire d'un ou deux rendez-vous, entre la maman, son garçon et le médiateur, qui qu'il soit. Ensuite, le médiateur, psy ou pas, vous proposera (peut-être) des pistes, que vous suivrez (ou pas) pour consolider la confiance retrouvée et continuer à vider les blessures (de chacun) de ce qui les encombre. Ne vous en faites pas une montagne. Vous serez surprise du résultat...

En toute fraternité.
Jean-Mic

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Kerniou » mer. 11 juil. 2012, 12:08

Les témoignages de Zélie et Jean-Mic sont riches d'enseignement sur le bien-fondé "du parler vrai"; les enfants sont très réceptifs à la vérité et à l'authenticité. Mais attention, dire la vérité à un enfant ne signifie pas tout lui dire de nos sentiments, ambivalences ni de nos doutes ... C'est lui dire ce qui le concerne directement. L'explication n'est pas la justification ni l'auto-accusation. L'enfant n'a pas être embarrassé ni embrouillé par nos hésitations et culpabilités qui ne reviennent qu'à nous et qu'il n'a pas à pas porter.
Quant à savoir si Cyprien a besoin d'un suivi c'est à un psy de le dire. Par contre, Cécile, face à la lourdeur des situations auxquelles elle est confrontée, pourrait bénéficier d'un soutien psychologique pendant quelque temps. De toute façon, thérapie ou pas, une conversation avec ses parents pourrait aider Cyprien qui découvrirait le contexte de sa naissance et les évènements qui ont marqué son histoire et celle de ses parents. La présence de son père pourrait désamorcer une focalisation sur la relation maternelle. Il ne s'agit pas exclusivement de sa relation avec sa mère mais d'un contexte familial dans lequel il s'inscrit. Cette conversation pourrait être envisagée, au même âge, avec les deux autres garçons.
Bon courage à vous, jeunes parents qui faites preuve de tant de sollicitude dans l'éducation de vos enfants..

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Jean-Mic » lun. 09 juil. 2012, 12:42

Bonjour, Cécile-salésienne05,

Vous reconnaissez les blessures que vous auriez infligées à votre fils. Vous ne parlez pas beaucoup des blessures que vous avez reçues. Attention, celles-ci, ce n'est pas Cyprien qui vous les a infligées, en tout cas pas sciemment, mais simplement, c'est la vie qui n'est pas tendre avec les grands comme avec les petits. Qu'est-ce nous pouvons être maladroits et ingrats avec ceux que nous aimons, et réciproquement qu'est-ce que ceux qui nous aiment peuvent être maladroits ou ingrats ! Le premier constat que vous devez faire, c'est qu'il n'y a pas d'éducation parfaite, pas de parents parfaits et pas d'enfants modèles ...

Soyons positifs, car le récit de votre peine et de vos questions laisse transparaître quelques petites merveilles :
  • Tout d'abord, en filigrane de votre témoignage, je remarque (et je ne suis pas le seul) la présence bienveillante et apparemment solide de votre mari. Ce n'est pas rien !

    Ensuite, le cheminement spirituel de Cyprien n'est pas ordinaire, et la manière dont il vous parle de ses sentiments, des nuances qu'il fait entre bonheur et plaisir (si je ne déforme pas trop) révèle une réelle maturité. Quant à savoir ce que le Seigneur attend de lui, ... laissez du temps au temps, et ne projetez pas trop sur son avenir : c'est sa vie, pas la réparation de tel ou tel manque qui est en jeu.

    Son opposition et sa virulence ? Pas faciles à vivre, évidemment, mais à peu de choses près, tous les parents vous le diront, c'est une manière (douloureuse, certes, mais assez courante) de vous dire que vous comptez pour lui...

Alors, maintenant, un conseil ? Bof, l'expérience et les conseils des autres, c'est souvent à peu près aussi utile qu'un peigne pour un chauve ... Alors, je vais quand même vous donnez un avis et un exemple. Vous en ferez ce que vous voudrez.

Une thérapie familiale ?
  • Si le mot vous fait peur, oubliez-le et demandez simplement à un professionnel ou à une personne formée à la médiation de vous recevoir tous les deux. La demande ou le premier rendez-vous, c'est à vous seule d'y aller, mais ensuite, ça se fait à deux, en une ou deux fois.
    Où s'adresser ? A un psychologue en ville. Votre médecin traitant peut vous en indiquer un. Ou à un centre de médiation (en France, on appelle ça un CMP, pour centre médico-pédagogique -les mots ne doivent pas vous faire peur- ...). Il existe aussi des associations qui proposent des médiations de ce genre, mais elles sont loin d'être présentes partout.
Un exemple ? (il vaut ce qu'il vaut) :
  • à l'arrivée de notre cinquième, les quatre plus grands (entre neuf et trois ans) étaient assez perturbés par la situation. Dans une inspiration subite, mon épouse et moi avons eu l'idée de raconter à chacun sa propre naissance, avec des détails et des anecdotes (la vilaine couleur bleue de la peau de l'un, les feux rouges grillés pour aller à la maternité, ...), sans oublier de dire les sentiments par lesquels nous étions passés l'un et l'autre. L'effet a été immédiat et radical : toute la tension a été immédiatement déminée.
    Je sais que votre cas est différent et sûrement plus douloureux, mais ce qu'il faut en retenir, c'est l'idée de raconter et de dire les sentiments qui nous ont animés, pas de chercher à s'excuser de ne pas les avoir trouvés beaux dès le premier instant. Dans ce récit, la présence des deux parents peut être particulièrement féconde.
En tout cas, il ne faut pas confondre ce travail à deux (voire à trois avec le papa) avec la démarche pénitentielle. Vous vous en êtes confessée et vous avez reçu le pardon de Dieu. Et pourtant, la blessure (la vôtre) subsiste. La suite n'est pas du ressort du prêtre (ce qui n'empêche évidemment pas, bien au contraire, de le vivre dans la prière et les sacrements). C'est sans doute pourquoi les prêtres à qui vous en reparlez vous ont dit leur incompréhension ou leur impuissance.

Pardonnez-moi d'avoir été si long, si bavard.
Soyez assurée de ma prière fraternelle pour vous, pour Cyprien, pour le papa et pour toute la fratrie.
Jean-Mic

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par PaxetBonum » lun. 09 juil. 2012, 8:33

Bien chère Salésienne5,

Je comprends votre blessure.
Il semble qu'en plus des événements incontrôlables, se soit greffée une incompréhension mutuelle.
Je vous conseil de lire et mieux d'écouter les CD produits autour des tempérament par un prêtre qui permettent d'éclaircir nos différences de perceptions avec autrui.
Vous devriez pouvoir les obtenir ici : http://fssp-sarthe.over-blog.com/categorie-985070.html

Dieu vous donne à vous et votre famille sa Paix et sa Joie !

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par zelie » lun. 09 juil. 2012, 0:23

Vous avez raison, au final, c'est enrichissant.
Parce qu'ensuite, même si on ne s'en rend compte que longtemps après, on en ressort plus solide sur la clarté de l'essentiel dans une relation, et plus solide sur cet amour qui se reforme et que cette fois-ci on sait qu'il est capable de survivre aux tempêtes, même grosses, longues et rudes.

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Théophile » sam. 07 juil. 2012, 21:56

Magnifique partage, Zélie ! Vous êtes en train de me rappeler que derrière les nuages il y a le soleil, et qu'une relation se construit au jour le jour.
J'espère qu'un jour on en fera un film, pour montrer cette grande leçon de comment aimer vraiment quelqu'un ! (Et je le dis sans me moquer de vous!) Votre expérience si difficile fût-elle m'est si enrichissante !

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par Ahava » sam. 07 juil. 2012, 15:28

Bonjour Salesienne =)

Je viens vous donner un avis qui ne sera peut être pas forcément utile...

Il n'y a pas longtemps, ma mère m'a dit que j'étais l'enfant qu'elle aimait le moins (nous sommes 4, et pourtant mes aînés ont été trés problématique, alcool, etc...). Parce que je n'étais pas féminine, pas calme, que je parle fort, que je porte rarement des robes, suis tout le temps dehors, dans les arbres, n'aime ni la couture, ni la cuisine (par contre j'adore bricoler des trucs !). Ca m'a fait mal d'entendre ça.
Elle a tout détaillé, sur sa relation avec moi, comment elle l'avait vécue.
ca fait encore plus mal.

Mais c'est... La Vérité, et "Caritas in Veritas". Il fallait que ça sorte, même si j'ai accusé le coup. Parce que quand on y réfléchit, calmement, on comprends mieux certaines choses.

Avez vous dit tout celà à votre fils ? calmement, avec des mots simples ? Il faut qu'il sache pourquoi... Mais dire ça dans le calme, pas dans les cris ! Et pourquoi ne pas prier ensemble, vu qu'il a l'air d'avoir la foi =) ?

La paix du Christ soit sur vous et votre famille =)

Re: Comment laver les blessures infligées à son propre enfan

par zelie » sam. 07 juil. 2012, 12:31

Bonjour Salésienne,
Tout le comportement de votre fils, ainsi que ses symptômes étant plus petit, me pousse moi aussi à vous conseiller vivement une thérapie familiale pour tout remettre à sa place et à sa juste place, sans déformer ou grossir la culpabilité, la part de responsabilité de chacun. Vous allez voir, vous allez revivre! Votre fils a tellement à dire que ça me paraît même à la fois urgent et primordial.
Pour ce qui est de ce que vous avez dit à votre enfant; je pense qu'on peut dire presque tout à un enfant, même qu'il vous pourrit la vie; le comment on le dit, ça c'est autre chose; mais il est capable de faire la différence entre un moment de colère qui laisse échapper des mots de trop et un moment de sincérité véritable.


Dans le registre des mots, laissez-moi vous faire part d'un épisode; à une époque récente, j'avais deux ados bien rebelles à la maison, mais alors des cas, des gratinés. Garde à vue, etc... j'ai eu droit à tout, à vraiment tout dans le pire que peuvent faire des ados, même ce que votre imagination ne peut pas imaginer. Et j'étais seule pour m'occuper d'eux.
Quand mes enfants étaient petits, j'ai eu un lien affectif magnifique et très fort avec eux; je priais et rendais grâces pour cela! C'était même un peut trop cocooning, trop doux, trop fusionnel, mais qu'est-ce qu'on s'aimait tous, c'était vraiment de belles années structurantes et solides pour toute la famille, même si dans le tableau j'étais le bémol qui devait trancher parfois, puisque je devais être à la fois mère et père :( , et que je suis bourrée de principes traditionnels.

Et puis l'adolescence est arrivée, la haine avec...

J'ai fini un jour par être usée par le nombre incalculable de leurs méchancetés, leurs menaces de coups, leurs insultes et de leurs bêtises, fatiguée et gravement malade; je travaillais en cachant ma maladie, tout comme j'ai travaillé avec un bras cassé, pour nourrir mes enfants. Ma fille, un jour que je la ramène à la maison après moult énormes bêtises, me "vide son sac" dessus. Ce jour-là, je n'ai pas pu être "professionnelle", moi qui m'occupe d'enfants dans ma profession. Je n'ai rien dit, j'ai laissé tout son "sac" se vider, sans bouger, même plus abasourdie, mais complètement détruite.
Après un temps de silence assez long, très calmement, très épuisée, je lui ai dit "tu sais, je suis comme toi, moi aussi, j'en ai marre", et que moi aussi je ne pouvais plus vivre comme ça, que si pour elle "elle ne se sentait pas assez aimée" à la maison, moi je ne me sentais plus du tout aimée dans ma maison, depuis des années, et que pour moi aussi, "les choses avaient tellement changé que je ne pouvais pas prédire de nos liens futurs" (elle voulait partir "loin" et aller vivre avec un garçon hors mariage, mineure!). Et vraiment je pensais tout cela à cet instant-là, et je n'ai eu qu'à employer ses mots à elle, tout doucement; c'est sorti tout seul.
Je lui ai dit que je n'avais aucune solution à ce qui l'agitait, mais que je savais d'expérience qu'une solution ça se construit au jour le jour, il n'y en a jamais de toute faite; quoiqu'il en soit elle était libre. J'ai dit tout ça en très peu de mots, assise dans un coin, presque en chuchotant, repliée sur moi, sans bouger, et sans rien attendre d'elle. Et là elle s'est tue et m'a regardée, fixée intensément; j'ai lu un nouveau regard en elle, une immense peur. Elle a compris que j'étais au bout du rouleau, et que le lien affectif qu'elle malmenait tant depuis des années s'était énormément transformé, et était peut être en train de se détériorer tellement qu'il allait tomber en miettes; de fait elle ne récoltait plus que mon indifférence et mon épuisement ,même si je n'avais jamais voulu que les choses finissent ainsi.
Puis je l'ai laissée sans la regarder. Je ne ressentais plus rien, une sorte d'amnésie au monde extérieur pour me protéger, comme un dernier acte de survie, s'était implanté en moi.
Et je suis passée à autre chose.

A partir de ce jour, elle est devenue bien plus raisonnable et j'ai pu voir qu'elle prenait énormément sur elle parfois quand c'est moi qui suis difficile à vivre. Du coup je suis moi aussi sur mes gardes, car je ne veux pas qu'elle porte le poids de notre relation; je fais beaucoup d'efforts, et j'apprends à me taire et à la regarder autrement.
Mais ce jour-là on a compris toutes les deux en même temps qu'on ne peut pas maintenir un lien affectif solide et chaleureux dans un climat de haine trop forte et trop longuement endurée.
Elle a pris conscience que sa mère avait des limites. Moi j'ai appris l'humilité en découvrant ma limite dans mon amour de mère, et ça m'a ravagé l'orgueil sur le coup; oui, il pouvait y avoir des situations où j'étais incapable de porter le lien qui nous unissait si on me malmenait trop, et je n'en avais même pas honte! Au contraire, ça m'a libéré d'une obligation de résultats; je ne suis pas parfaite, et je n'ai pas à essayer de paraître parfaite. C'est inutile de toute façon.
Et si ma fille n'avait pas saisi ce que mon attitude repliée disait ce jour-là, j'aurais pu finir par ne plus l'aimer, comme elle ne m'aimait déjà plus. C'est terrible comme constat; nous ne nous aimions plus ou presque. On avait touché le fond.

Ensuite, avec le temps, nous avons reconstruit un lien; mais il nous est évident à l'une comme à l'autre que ce lien n'est pas du tout une copie du lien de son enfance; il est tout autre, complètement différent. On apprend au jour le jour de ce nouveau lien, on l'expérimente, mais avec une précaution infinie, et on entretient ce lien, qui augure de toute une vie pour se construire.
Pour moi, il a signifié aimer quelqu'un qui est aux antipodes de moi, en l'encourageant à faire ce que je ne ferais pas, à aller là où je n'irais jamais jamais jamais, à admettre qu'elle pense tout à l'envers de mon univers, et à prêter attention et enthousiasme à ce qui l'intéresse, pas parce que ça m'intéresse, mais tout simplement parce que je l'aime et que peu importe ce qui se passe, je suis près d'elle et on parle beaucoup de ce qui nous anime.
Se contenter de ce peu nous a sauvé toutes les deux; et c'est cette simplicité, cette humilité dans le lien, qui nous a permis de trouver notre rythme et de nous aimer à nouveau solidement et joliment. Et comme une vie n'est jamais sans un miracle quelque part, je sens poindre sous ce lien adulte la force de l'amour que nous avons déjà partagé lorsqu'elle était enfant.

Ne vous découragez pas dans votre chemin de maman... Votre enfant grandira et les choses ne restent jamais figées là où on les croirait bouchées. Mais, de grâce, faites-vous aider pour poser à plat le malaise de votre enfant qui semble être lié à la sa période anté-natale (enfin, ce que j'en ai compris). Pensez un instant que si à l'intérieur de vous-même vous vous sentiez mal au point d'avoir des boutons sur la peau, ne courriez-vous pas dans l'instant chez un médecin pour qu'il vous soulage? Votre fils semble ainsi, en tous les cas, vous semblez avori cette image de lui; est-elle réelle, est-ce parce que vous culpabilisez beaucoup, on n'en saura rien ici, mais un médecin spécialisé compétent pourra vous aider pour démêler ce noeud.
Votre enfant ne me parait en rien un cas désespéré, il vous le prouve comme il peut, mais vous avez chacun à trouver la bonne fréquence pour communiquer et vous accepter réciproquement.

Voilà, j'espère que tout cela vous aidera à réfléchir et à vous apaiser.

Que Saint Joseph vous guide, vous et votre famille, vers un chemin de Paix,
Zélie

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