par Xavi » jeu. 04 mai 2017, 15:26
Bonjour Voyageur,
Merci encore pour votre essai philosophique.
J’ai déplacé le sujet dans la section philosophie qui me semble plus adaptée puisque c’est par la philosophie que vous essayez d’approfondir un mystère de la théologie et de la foi.
C’est ce que vous annoncez dès le début de votre réflexion que je vais reprendre intégralement ci-après par citations successives entrecoupées des observations qu’elles m’inspirent.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
J'ai réalisé cet écrit il y a quelques années, dans l'objectif de rationaliser les affirmations contenues dans Genèse 1. En discutant avec des non-croyants, je me suis rendu compte qu'ils admettaient davantage de dogmes catholiques une fois que le mot "dieu" était remplacé par le mot "vie".
En effet, et j’aime penser que, dans l’Ancien Testament, le tétragramme YHWH exprimait un souci de ne pas prononcer le nom de Dieu que nous avons toujours, inévitablement, tendance à réduire à une perspective humaine.
Il est très important de pouvoir parler aux gens de notre culture très athée ou agnostique à partir de ce qu’ils peuvent entendre.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Je me suis alors attelé à déterminer comment rendre les caractéristiques de la Trinité au travers de mots usuels, sans connotation religieuse. Voici le résultat obtenu. Je le sais imparfait. Je sais qu'il n'est pas conforme au canon catholique. Ce pour quoi, j'aimerais avoir votre avis franc sur sa composition, ses incohérences, sa futilité, ...
La Trinité est en effet le mystère central qui exprime l’essentiel de notre foi. Personnellement, je ne vois dans votre texte original ni incohérences, ni futilité.
Je trouve sa composition assez brillante en ce que vous parvenez à un exposé cohérent et assez vaste malgré une relative brièveté qui évite de dissuader de se lancer dans sa lecture.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Sur le mouvement
La vie est rendue possible par le mouvement perpétué. Chaque être est maintenu en vie par ce mouvement, qui assure le flux et reflux d'un liquide essentiel. Ce liquide a pour noms : sève, hémolymphe, sang, suivant les trois grands ordres des êtres vivants. Si le mouvement s'arrête, la vie quitte le corps. Le liquide rendu inerte devient facteur de putréfaction. Ainsi va du mouvement des liquides essentiels aux vivants.
Oui, le mouvement (ou le changement) caractérise le vivant. Ce qui est inerte est mort. Même dans la vie végétale, il y a du mouvement biologique.
Je n’irais pas jusqu’à dire que la vie est rendue possible «
par » le mouvement car le mouvement caractérise la vie elle-même. Il est inhérent à la vie. On imagine pas un mouvement puis, ensuite, la vie.
De même, le maintien en vie «
par » le mouvement me semble manquer d’exactitude dans l’absolu puisqu’il me semble que le mouvement est inhérent à la vie. Il n’y a pas de mouvement sans vie, ni vie sans mouvement, même si parfois le mouvement et la vie peuvent être cachés.
Vous parlez de mouvement «
perpétué », mais je ne suis pas sûr de bien vous comprendre. Car, «
perpétué » (au contraire de « perpétuel ») fait état d’un mouvement venu à l’existence à un moment. C’est, bien sûr, vrai dans la création, mais la vie est en Dieu de toute éternité, en ce compris une forme de mouvement inhérent à la vie.
Vous serez sûrement d’accord avec moi pour constater qu’en Dieu, la vie « est » de toute éternité. Elle n’est précédée d’aucun mouvement. Il y a du « mouvement » en Dieu de toute éternité, car Dieu est vivant de toute éternité. Nous voici déjà dans la contemplation de la Trinité : le Père engendre le Fils, l’Esprit Saint procède du Père et du Fils et les unit.
Et, d’ailleurs, cela n’empêche pas d’aboutir à la même conclusion : «
Si le mouvement s'arrête, la vie quitte le corps ».
Vous faites une observation qui permet d’avancer plus loin lorsque vous considérez que le mouvement assure la vie par «
le flux et reflux d'un liquide essentiel ». Vous en trouvez les exemples dans les êtres vivants de la création.
Cela me fait penser au liquide par excellence : l’eau. L’eau du baptême, l’eau qui s’écoule avec du sang du côté du Christ en croix, l’eau sur laquelle l’Esprit plane selon le second verset de la Genèse.
Vous observez que «
Le liquide rendu inerte devient facteur de putréfaction ». En effet ! A méditer !
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Nos Anciens voyaient la mer comme le sang de la Terre. Elle aussi, animée par un mouvement incessant. Elle afflue et reflue sur les côtes en suivant les marées. Elle transporte les éléments essentiels à la vie. Si son mouvement s'arrête et que l'eau stagne, elle croupi et devient un vecteur de décomposition. Ainsi va du mouvement de l'eau sur la Terre.
Vous dites «
sur la Terre », ce qui est vrai, mais cela résonne déjà plus fort.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Nos Anciens voyaient les Cieux comme une grande mer. Animés par les vents, sans cesse changeants, Ils y contemplaient le mouvement grandiose des astres et y ont pressenti la cohérence de notre monde. Ce qui est en Bas est comme ce qui est en Haut, mis en mouvement par une volonté transcendantale, afin que se réalisent les miracles de la source première.
Vous qui avez suivi le dialogue dans un autre sujet, vous comprendrez que, pour moi, je ne peux que penser aux eaux du deuxième verset de la Genèse sur lesquelles l’Esprit planait, sur ces eaux qui ont été séparées après que le Logos, la Parole, la Lumière, ait été créé au premier jour.
Je crois que vous exprimez bien ce qui me semble être la vision des anciens partagée par l’auteur de la Genèse.
Oui, l’auteur de la Genèse pouvait penser la réalité comme vous le décrivez lorsqu’il a imaginé les eaux du dessus au-delà du firmament rempli d’astres en mouvement par une volonté initiale et l'action d'une source première : le logos du premier jour. Les premiers versets de la Genèse peuvent se lire dans cette perspective.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Alors que le mouvement n'avait pas d'empire, le temps et l'espace étaient à la fois nuls et infinis. Tout était maintenu entre absence et présence, en équilibre stable entre l'être et le non-être.
Voilà le second verset de la Genèse reflété en d’autres mots.
Mais, les mots peuvent-ils exprimer le mystère, car vous voici confrontés à une difficulté philosophique plus lourde car comment décrire ce qui «
est » avant l’être ? C’est l’obstacle du second verset de la Genèse : comment peut-il y avoir une terre «
informe et vide » avant le premier jour de la création ? Y a-t-il une création avant la création ?
Dans un autre sujet, vous avez suivi les nombreux développements que cela peut susciter.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
L'information était déjà contenue et connue, mais son immobilité la rendait stérile et morte. Et cet état neutre, éternel et parfait fut troublé.
Le Christ, le Fils éternel, Parole et lumière me semble être cette «
information contenue et connue » que me semble exprimer en d’autres mots le « Logos ». Dieu éternel, il se fait lui-même première créature, cette lumière du premier jour de la Genèse que St Jean nous présente comme étant le Christ.
De ce point de vue, vous comprendrez que la suite me semble, par contre, moins heureuse. Comment, en Dieu, ou même dans sa création, pourrait-il exister une «
immobilité » qui «
la rendait stérile et morte » ? Tout aussi difficile de dire qu’en Dieu, quoi que ce soit ait été «
troublé ».
C’est une vraie difficulté que l’auteur de la Genèse a pu percevoir en écrivant le magnifique second verset de la Genèse. De toute éternité, les « eaux » (le «
liquide essentiel » à la vie dont vous parlez) de Dieu (de la vie éternelle de Dieu) sont en mouvement, vivantes et sources de vie. Et l’Esprit plane sur ces eaux divines de toute éternité. Le reste est néant, vide, sans forme.
Et là, vous me semblez rejoindre l’essentiel.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
La conscience première a embrassé le néant. Elle a insufflé son esprit dans le confondu, pour le féconder de ses trois principes immanents.
On part bien du néant. Et vous imaginez la fécondation de trois principes : l’information, l’énergie et le mouvement.
Comment ne pas penser au Christ : L’information, c’est le logos. L’énergie, c’est la lumière. Le mouvement, c’est la vie.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Ceux-là forment la loi une qui régit toute l'existence. L'information distingue et ordonne, définit l'être. L'énergie dynamise et organise, maintient l'être. Le mouvement contraint et oriente, fructifie l'être.
Du chaos naît l'ordre, de l'informe a émergé la forme. Le mouvement l'a introduite dans un équilibre dynamique, afin de conserver et transformer son énergie, son information.
Je ne perçois pas bien le sens ici du mot «
contraint », mais pour le reste, c’est un résumé bien éclairant.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Le mouvement l'a introduite dans un système fermé, qui ne souffre d'aucune perte et limite son éparpillement.
Il me semble que le mot «
fermé » évoque bien l’autonomie de la création qui, en effet, «
limite son éparpillement » de sorte qu’elle «
ne souffre d'aucune perte », mais le mot «
fermé » me semble, par contre, excessif par rapport aux liens qui subsistent entre la création et son créateur. C’est à affiner…
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Le mouvement l'a introduite dans l'espace et le temps, objectivés par la distance qui sépare la forme de son origine.
La forme doit son existence au mouvement perpétué, qui régule l'énergie et l'information dont elle est dépendante. Sans celles-ci, la forme retourne à son état d'incertitude. Ainsi, la matière physique n'a plus d'existence concrète si son information et son énergie ne sont pas en mouvement. Le mouvement, qui n'est pas un déplacement hasardeux, donne à la forme sa présence spatiale et sa consistance.
Par le mouvement, la matière engendrée s'éloigne de la source. Mais elle ne peut se disperser indéfiniment et se perdre.
Cela paraît bien exact et donner une intelligence plus contemporaine du début de la Genèse sans contradiction.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Le mouvement se déploie jusqu'à atteindre un point de rupture, dont la résolution abrupte est le retour à son état d'équilibre.
J’ai difficile à comprendre ce que vous voulez exprimer. Pourquoi faudrait-il nécessairement un «
point de rupture » ou une «
résolution abrupte » ?
Je pense plutôt à la reproduction qui se produit dans la jeunesse bien avant la «
rupture » de la fin de la vie.
Mais, je suis d’accord avec la suite.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Ainsi, il est comparable à une roue sans cesse en rotation. Elle transporte une information qui se modifie par expérience et qui se restructure, se renouvelle à chaque fin de cycle.
Le mouvement se manifeste donc comme un circuit éternel, dont la représentation graphique est celle d'un cercle sans fin. Ses départs et retours continuels permettent l'apparition de la vie, dont le système dynamique interne est le principal déterminant. Sa finalité est de garder l'information primordiale dans la forme. Le mouvement est la mémoire vivante, ancestrale, de la matière qui se souvient de l'harmonie préétablie par la conscience une.
Cela résonne bien avec la Genèse, avec le Christ, «
le système dynamique interne », «
l’information primordiale ». Et tout cela se retrouve dans la matière créée.
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Le mouvement, qui agit en tout et partout, relie chaque être afin qu'ils participent ensemble à l'accomplissement de la loi.
Le Logos…
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
C'est ainsi que toute la création tend vers un idéal unique qui l'enjoint à développer une vie diversifiée et consciente. Cet engendrement a été prévu dès l'origine de notre monde afin que la conscience universelle qui en est la cause première prenne dans la matière, l'espace et le temps une forme individuelle.
Très profond ! Vous exprimez le Christ source de vie «
diversifiée et consciente », «
conscience universelle ». Votre essai philosophique réussit son avancée essentielle qui conduit à l’homme, cette «
forme individuelle » par excellence.
Vous l’observez vous-même :
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
L'humanité est la dépositaire de cet inestimable et fabuleux trésor, caché et maintenu dans l'univers depuis des temps immémoriaux. Le cosmos entier participe à l'épanouissement de cette conscience qui a trouvé, dans notre espèce, une adéquation symbiotique. Nos consciences propres peuvent à leur tour formuler des idées, les assembler en concepts et les appliquer à des problèmes exogènes.
Vous allez d’un coup à la conclusion :
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Le mouvement ultime s'extirpe de la matière et devient spirituel.
Eh oui, comme St Paul l’exprime dans la première épître aux Corinthiens (1 Co 15, 45), le premier (en grec, le «
protos », le prototype initial) c’est d’abord l’humain naturel, mais le dernier (en grec, l’ «
eschatos », l’état final) c’est l’humain spirituel.
C’est bien sûr le Christ qu’on devine dans votre conclusion :
Voyageur a écrit : ↑dim. 26 mars 2017, 15:07
Car nos consciences sont toujours soumises au mouvement. Elles connaissent sa loi et ressentent son appel impérieux. Elles savent que leur grand œuvre se trouve dans le cheminement, qui les mènera, aux travers différentes épreuves, vers l'unification. Mais leur propre nature les rend libres de l'accepter ou non. Il nous revient d'entrer en communion avec l'essence de la vie ou d'étouffer l'identité extraordinaire qui sommeille en nous.
Vous voyez pourquoi vous méritez les remerciements que je vous ai déjà adressés, non par bienveillance, mais parce que votre réflexion me paraît solide et profonde et c’est pour cela que j’y réponds aussi longuement.
On dira encore que j’écris des pavés décourageants…, mais j’espère, Voyageur, que vous aurez partagé mon intérêt pour cet échange qui intéressera peut-être quelques amateurs de réflexions philosophico-théologiques longues et ardues…
Bonjour Voyageur,
Merci encore pour votre essai philosophique.
J’ai déplacé le sujet dans la section philosophie qui me semble plus adaptée puisque c’est par la philosophie que vous essayez d’approfondir un mystère de la théologie et de la foi.
C’est ce que vous annoncez dès le début de votre réflexion que je vais reprendre intégralement ci-après par citations successives entrecoupées des observations qu’elles m’inspirent.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]J'ai réalisé cet écrit il y a quelques années, dans l'objectif de rationaliser les affirmations contenues dans Genèse 1. En discutant avec des non-croyants, je me suis rendu compte qu'ils admettaient davantage de dogmes catholiques une fois que le mot "dieu" était remplacé par le mot "vie".[/quote]En effet, et j’aime penser que, dans l’Ancien Testament, le tétragramme YHWH exprimait un souci de ne pas prononcer le nom de Dieu que nous avons toujours, inévitablement, tendance à réduire à une perspective humaine.
Il est très important de pouvoir parler aux gens de notre culture très athée ou agnostique à partir de ce qu’ils peuvent entendre.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Je me suis alors attelé à déterminer comment rendre les caractéristiques de la Trinité au travers de mots usuels, sans connotation religieuse. Voici le résultat obtenu. Je le sais imparfait. Je sais qu'il n'est pas conforme au canon catholique. Ce pour quoi, j'aimerais avoir votre avis franc sur sa composition, ses incohérences, sa futilité, ... [/quote]La Trinité est en effet le mystère central qui exprime l’essentiel de notre foi. Personnellement, je ne vois dans votre texte original ni incohérences, ni futilité.
Je trouve sa composition assez brillante en ce que vous parvenez à un exposé cohérent et assez vaste malgré une relative brièveté qui évite de dissuader de se lancer dans sa lecture.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]
[centrer][size=120][b]Sur le mouvement[/b][/size][/centrer]
La vie est rendue possible par le mouvement perpétué. Chaque être est maintenu en vie par ce mouvement, qui assure le flux et reflux d'un liquide essentiel. Ce liquide a pour noms : sève, hémolymphe, sang, suivant les trois grands ordres des êtres vivants. Si le mouvement s'arrête, la vie quitte le corps. Le liquide rendu inerte devient facteur de putréfaction. Ainsi va du mouvement des liquides essentiels aux vivants.[/quote]Oui, le mouvement (ou le changement) caractérise le vivant. Ce qui est inerte est mort. Même dans la vie végétale, il y a du mouvement biologique.
Je n’irais pas jusqu’à dire que la vie est rendue possible « [i]par[/i] » le mouvement car le mouvement caractérise la vie elle-même. Il est inhérent à la vie. On imagine pas un mouvement puis, ensuite, la vie.
De même, le maintien en vie « [i]par[/i] » le mouvement me semble manquer d’exactitude dans l’absolu puisqu’il me semble que le mouvement est inhérent à la vie. Il n’y a pas de mouvement sans vie, ni vie sans mouvement, même si parfois le mouvement et la vie peuvent être cachés.
Vous parlez de mouvement « [i]perpétué[/i] », mais je ne suis pas sûr de bien vous comprendre. Car, « [i]perpétué[/i] » (au contraire de « perpétuel ») fait état d’un mouvement venu à l’existence à un moment. C’est, bien sûr, vrai dans la création, mais la vie est en Dieu de toute éternité, en ce compris une forme de mouvement inhérent à la vie.
Vous serez sûrement d’accord avec moi pour constater qu’en Dieu, la vie « est » de toute éternité. Elle n’est précédée d’aucun mouvement. Il y a du « mouvement » en Dieu de toute éternité, car Dieu est vivant de toute éternité. Nous voici déjà dans la contemplation de la Trinité : le Père engendre le Fils, l’Esprit Saint procède du Père et du Fils et les unit.
Et, d’ailleurs, cela n’empêche pas d’aboutir à la même conclusion : « [i]Si le mouvement s'arrête, la vie quitte le corps[/i] ».
Vous faites une observation qui permet d’avancer plus loin lorsque vous considérez que le mouvement assure la vie par « [i]le flux et reflux d'un liquide essentiel[/i] ». Vous en trouvez les exemples dans les êtres vivants de la création.
Cela me fait penser au liquide par excellence : l’eau. L’eau du baptême, l’eau qui s’écoule avec du sang du côté du Christ en croix, l’eau sur laquelle l’Esprit plane selon le second verset de la Genèse.
Vous observez que « [i]Le liquide rendu inerte devient facteur de putréfaction[/i] ». En effet ! A méditer !
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Nos Anciens voyaient la mer comme le sang de la Terre. Elle aussi, animée par un mouvement incessant. Elle afflue et reflue sur les côtes en suivant les marées. Elle transporte les éléments essentiels à la vie. Si son mouvement s'arrête et que l'eau stagne, elle croupi et devient un vecteur de décomposition. Ainsi va du mouvement de l'eau sur la Terre.[/quote]Vous dites « [i]sur la Terre[/i] », ce qui est vrai, mais cela résonne déjà plus fort.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Nos Anciens voyaient les Cieux comme une grande mer. Animés par les vents, sans cesse changeants, Ils y contemplaient le mouvement grandiose des astres et y ont pressenti la cohérence de notre monde. Ce qui est en Bas est comme ce qui est en Haut, mis en mouvement par une volonté transcendantale, afin que se réalisent les miracles de la source première.[/quote] Vous qui avez suivi le dialogue dans un autre sujet, vous comprendrez que, pour moi, je ne peux que penser aux eaux du deuxième verset de la Genèse sur lesquelles l’Esprit planait, sur ces eaux qui ont été séparées après que le Logos, la Parole, la Lumière, ait été créé au premier jour.
Je crois que vous exprimez bien ce qui me semble être la vision des anciens partagée par l’auteur de la Genèse.
Oui, l’auteur de la Genèse pouvait penser la réalité comme vous le décrivez lorsqu’il a imaginé les eaux du dessus au-delà du firmament rempli d’astres en mouvement par une volonté initiale et l'action d'une source première : le logos du premier jour. Les premiers versets de la Genèse peuvent se lire dans cette perspective.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Alors que le mouvement n'avait pas d'empire, le temps et l'espace étaient à la fois nuls et infinis. Tout était maintenu entre absence et présence, en équilibre stable entre l'être et le non-être.[/quote]Voilà le second verset de la Genèse reflété en d’autres mots.
Mais, les mots peuvent-ils exprimer le mystère, car vous voici confrontés à une difficulté philosophique plus lourde car comment décrire ce qui « [i]est [/i]» avant l’être ? C’est l’obstacle du second verset de la Genèse : comment peut-il y avoir une terre « [i]informe et vide[/i] » avant le premier jour de la création ? Y a-t-il une création avant la création ?
Dans un autre sujet, vous avez suivi les nombreux développements que cela peut susciter.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]L'information était déjà contenue et connue, mais son immobilité la rendait stérile et morte. Et cet état neutre, éternel et parfait fut troublé.[/quote]Le Christ, le Fils éternel, Parole et lumière me semble être cette « [i]information contenue et connue[/i] » que me semble exprimer en d’autres mots le « Logos ». Dieu éternel, il se fait lui-même première créature, cette lumière du premier jour de la Genèse que St Jean nous présente comme étant le Christ.
De ce point de vue, vous comprendrez que la suite me semble, par contre, moins heureuse. Comment, en Dieu, ou même dans sa création, pourrait-il exister une « [i]immobilité[/i] » qui « [i]la rendait stérile et morte[/i] » ? Tout aussi difficile de dire qu’en Dieu, quoi que ce soit ait été « [i]troublé[/i] ».
C’est une vraie difficulté que l’auteur de la Genèse a pu percevoir en écrivant le magnifique second verset de la Genèse. De toute éternité, les « eaux » (le « [i]liquide essentiel[/i] » à la vie dont vous parlez) de Dieu (de la vie éternelle de Dieu) sont en mouvement, vivantes et sources de vie. Et l’Esprit plane sur ces eaux divines de toute éternité. Le reste est néant, vide, sans forme.
Et là, vous me semblez rejoindre l’essentiel.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]La conscience première a embrassé le néant. Elle a insufflé son esprit dans le confondu, pour le féconder de ses trois principes immanents.[/quote]On part bien du néant. Et vous imaginez la fécondation de trois principes : l’information, l’énergie et le mouvement.
Comment ne pas penser au Christ : L’information, c’est le logos. L’énergie, c’est la lumière. Le mouvement, c’est la vie.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Ceux-là forment la loi une qui régit toute l'existence. L'information distingue et ordonne, définit l'être. L'énergie dynamise et organise, maintient l'être. Le mouvement contraint et oriente, fructifie l'être.
Du chaos naît l'ordre, de l'informe a émergé la forme. Le mouvement l'a introduite dans un équilibre dynamique, afin de conserver et transformer son énergie, son information.[/quote]Je ne perçois pas bien le sens ici du mot «[i] contraint[/i] », mais pour le reste, c’est un résumé bien éclairant.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Le mouvement l'a introduite dans un système fermé, qui ne souffre d'aucune perte et limite son éparpillement.[/quote]Il me semble que le mot « [i]fermé[/i] » évoque bien l’autonomie de la création qui, en effet, « [i]limite son éparpillement[/i] » de sorte qu’elle « [i]ne souffre d'aucune perte[/i] », mais le mot « [i]fermé[/i] » me semble, par contre, excessif par rapport aux liens qui subsistent entre la création et son créateur. C’est à affiner…
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Le mouvement l'a introduite dans l'espace et le temps, objectivés par la distance qui sépare la forme de son origine.
La forme doit son existence au mouvement perpétué, qui régule l'énergie et l'information dont elle est dépendante. Sans celles-ci, la forme retourne à son état d'incertitude. Ainsi, la matière physique n'a plus d'existence concrète si son information et son énergie ne sont pas en mouvement. Le mouvement, qui n'est pas un déplacement hasardeux, donne à la forme sa présence spatiale et sa consistance.
Par le mouvement, la matière engendrée s'éloigne de la source. Mais elle ne peut se disperser indéfiniment et se perdre.[/quote]Cela paraît bien exact et donner une intelligence plus contemporaine du début de la Genèse sans contradiction.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Le mouvement se déploie jusqu'à atteindre un point de rupture, dont la résolution abrupte est le retour à son état d'équilibre.[/quote]J’ai difficile à comprendre ce que vous voulez exprimer. Pourquoi faudrait-il nécessairement un « [i]point de rupture[/i] » ou une « [i]résolution abrupte[/i] » ?
Je pense plutôt à la reproduction qui se produit dans la jeunesse bien avant la « [i]rupture[/i] » de la fin de la vie.
Mais, je suis d’accord avec la suite.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Ainsi, il est comparable à une roue sans cesse en rotation. Elle transporte une information qui se modifie par expérience et qui se restructure, se renouvelle à chaque fin de cycle.
Le mouvement se manifeste donc comme un circuit éternel, dont la représentation graphique est celle d'un cercle sans fin. Ses départs et retours continuels permettent l'apparition de la vie, dont le système dynamique interne est le principal déterminant. Sa finalité est de garder l'information primordiale dans la forme. Le mouvement est la mémoire vivante, ancestrale, de la matière qui se souvient de l'harmonie préétablie par la conscience une.[/quote]Cela résonne bien avec la Genèse, avec le Christ, « [i]le système dynamique interne[/i] », «[i] l’information primordiale[/i] ». Et tout cela se retrouve dans la matière créée.
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Le mouvement, qui agit en tout et partout, relie chaque être afin qu'ils participent ensemble à l'accomplissement de la loi.[/quote]Le Logos…
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]C'est ainsi que toute la création tend vers un idéal unique qui l'enjoint à développer une vie diversifiée et consciente. Cet engendrement a été prévu dès l'origine de notre monde afin que la conscience universelle qui en est la cause première prenne dans la matière, l'espace et le temps une forme individuelle.[/quote]Très profond ! Vous exprimez le Christ source de vie « [i]diversifiée et consciente[/i] », « [i]conscience universelle[/i] ». Votre essai philosophique réussit son avancée essentielle qui conduit à l’homme, cette « [i]forme individuelle[/i] » par excellence.
Vous l’observez vous-même :
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]L'humanité est la dépositaire de cet inestimable et fabuleux trésor, caché et maintenu dans l'univers depuis des temps immémoriaux. Le cosmos entier participe à l'épanouissement de cette conscience qui a trouvé, dans notre espèce, une adéquation symbiotique. Nos consciences propres peuvent à leur tour formuler des idées, les assembler en concepts et les appliquer à des problèmes exogènes.[/quote]Vous allez d’un coup à la conclusion :
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Le mouvement ultime s'extirpe de la matière et devient spirituel.[/quote]Eh oui, comme St Paul l’exprime dans la première épître aux Corinthiens (1 Co 15, 45), le premier (en grec, le « [i]protos[/i] », le prototype initial) c’est d’abord l’humain naturel, mais le dernier (en grec, l’ « [i]eschatos[/i] », l’état final) c’est l’humain spirituel.
C’est bien sûr le Christ qu’on devine dans votre conclusion :
[quote=Voyageur post_id=361396 time=1490533620 user_id=2795]Car nos consciences sont toujours soumises au mouvement. Elles connaissent sa loi et ressentent son appel impérieux. Elles savent que leur grand œuvre se trouve dans le cheminement, qui les mènera, aux travers différentes épreuves, vers l'unification. Mais leur propre nature les rend libres de l'accepter ou non. Il nous revient d'entrer en communion avec l'essence de la vie ou d'étouffer l'identité extraordinaire qui sommeille en nous.[/quote]Vous voyez pourquoi vous méritez les remerciements que je vous ai déjà adressés, non par bienveillance, mais parce que votre réflexion me paraît solide et profonde et c’est pour cela que j’y réponds aussi longuement.
On dira encore que j’écris des pavés décourageants…, mais j’espère, Voyageur, que vous aurez partagé mon intérêt pour cet échange qui intéressera peut-être quelques amateurs de réflexions philosophico-théologiques longues et ardues…