par Xavi » mar. 03 oct. 2017, 14:15
Le mythe de la Tour de Babel imagine une explication de la diversité des langues des humains sur la terre qui, à l’origine, parlaient une même langue, mais qui ont été punis par une dispersion divine des langages lorsqu’ils entrepris la construction orgueilleuse d’un tour qui devait monter jusqu’à rejoindre Dieu dans le ciel.
Le récit de la Genèse est cependant beaucoup plus sobre et les connaissances archéologiques en permettent aujourd’hui une compréhension plus réaliste.
Ce récit n’évoque pas spécialement une « emprise de Lucifer » ou un orgueil, même s’il révèle la parole et l’action de Dieu en présence des humains qui veulent « pénétrer les cieux » (Gn 11,4) par eux-mêmes, dans le prolongement de la faute du jardin d’Eden où ils ont voulu s’emparer d’une connaissance séparée du bien ou du mal.
La réalité historique connue montre que ce n’est pas seulement une allégorie. Wikipedia suffit pour en avoir des résumés pertinents et objectifs auxquels on peut se référer avec les mots suivants : Shinar, Babylone, Sumer, Écriture, sumérien, ziggourat, Ebla, éblaïte, langues sémitiques.
Babel est le nom araméen de la ville de Babylone dont les ruines subsistent encore aujourd’hui au sud de Bagdad, en Irak. C’est le pays de Shinear ou Shinar (Gn 11,2) qui est aussi nommé pays de Sumer.
Cette région était occupée, durant le troisième millénaire avant Jésus-Christ, par les Sumériens qui sont les premiers, dans l’histoire humaine, à avoir élaboré une écriture de leur langue. Les plus anciennes traces de Babylone datent d’environ 2500 ans avant Jésus-Christ.
A partir de 3300 avant Jésus-Christ, l’écriture sumérienne (dite : cunéiforme) a été la première à exprimer des sons par des signes écrits, ce qui a permis progressivement un développement exceptionnel du vocabulaire et de la grammaire de la langue sumérienne qui est devenue, en quelques siècles, la langue de référence de toutes les autres.
Contrairement à ce qu’on pense souvent, le récit de la Genèse n’affirme pas que toutes les nations « parlaient » le même langage, mais dit seulement que « tous se servaient d’une même langue et des mêmes mots » (Gn 11,1) : il s’agit, dans le pays de Sumer, de la langue et des mots du sumérien.
Il y avait probablement plusieurs langues et dialectes dans les diverses régions du Moyen Orient, mais, en l’absence d’écriture des sons, leur vocabulaire et leur grammaire restaient pauvres avec des communications limitées à celles que permettaient les gestes, la parole et les écritures limitées à la communication de dessins (écriture pictographique).
Le sumérien est devenu la première langue écrite et toutes les autres s’en sont inspirées.
Dans les ruines de la cité antique d’Ebla (dans le nord ouest actuel de la Syrie, à mille kms de Babylone), on a retrouvé plus de 17.000 tablettes d’argile datant d’environ 2300 avant Jésus-Christ, soit plusieurs siècles avant Abraham, dont la plupart était en sumérien mais d’autres dans la langue locale différente (l’éblaïte) et, parmi ces tablettes, rangées comme dans une salle d’archives ou une bibliothèque modernes, on a retrouvé, notamment, un dictionnaire de traduction de l’éblaïte et du sumérien.
Il semble que le sumérien était connu et pratiqué partout. C’était la langue commune à cause de la qualité de son écriture, de son vocabulaire et de sa grammaire.
Une des circonstances qui a favorisé l’invention de l’écriture par le sumériens, c’est la présence abondante d’argile dans la plaine du Tigre et de l’Euphrate qui est au centre du pays de Sumer.
Le récit de la Genèse le mentionne lorsqu’il écrit que les humains se dirent l’un à l’autre : « Faisons des briques et cuisons-les au feu » (Gn 11,3). Mais, en réalité, le terme français « brique » indique mal ici le sens plus large du mot hébreu « lebenah » qui s’applique aux diverses formes des morceaux d’argile prélevés pour être séchés puis cuits. L’expression « blocs d’argile » traduirait mieux le terme « lebenah » du texte hébreu.
Ces blocs donnaient certes un excellent matériau de construction lorsque le morceau était un bloc épais, mais, lorsque le morceau formait un bloc plus mince en forme de tablette, c’était aussi un excellent support pour fixer par écrit des accords et des lois, puis d’autres paroles à conserver.
C’est plutôt dans ce sens qu’on peut mieux comprendre le livre de l’exode lorsqu’il relate que les scribes étaient obligés de fabriquer des « lebenah » : « Les scribes des Israélites vinrent se plaindre … en disant … « … l’on nous dit : « Faites des « lebenah »… vous livrerez la quantité de « lebenah » fixée … vous ne diminuerez en rien la quantité quotidienne de « lebenah » » (Ex 5,15-19).
C’est aussi plutôt dans le sens de tablettes d’écriture que d’un matériau de construction qu’Ezechiel utilise ce même mot « lebenah » dans ce verset : « Quant à toi, fils d’homme, prends une « lebenah » et mets-la devant toi : tu y graveras une ville, Jérusalem » (Ez 4,1)
On a retrouvé des dizaines de milliers de tablettes d’argile recouvertes de textes figés définitivement par la cuisson de l’argile.
La fabrication de minces blocs d’argile formant des tablettes a permis le développement de l’écriture sumérienne, ce qui explique que toutes les populations du Moyen Orient de l’époque avaient, malgré leurs langages différents, « une même langue et des mêmes mots », ceux du sumérien. « Faisons des tablettes d’argile et cuisons-les » : c’est la base de l’invention de l’écriture et de la langue commune de l’époque.
L’argile abondante a aussi été utilisée pour construire des immeubles et, notamment, des tours.
Les ruines qui subsistent et les recherches archéologiques confirment que les Sumériens construisaient de hautes tours carrées et pyramidales (des « ziggourats ») et les restes de l’une d’elles (de 91 mètres de coté) a même été retrouvée à Babylone, mais sans que rien ne permette d’affirmer si c’est exactement celle-là dont parle le récit de la Genèse. D’autres ont été retrouvées et Babylone a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises.
Ces tours se terminaient au sommet par un autel à la divinité. Dans la réalité concrète, une tour qui s’élève très haute « dans le ciel », cela n’évoque pas nécessairement de l’orgueil et on utilise encore une expression semblable pour les « gratte-ciels » de notre époque. Rien dans le récit de la Genèse n'affirme que les constructeurs de la tour de Babel auraient voulu la construire en hauteur de manière infinie ou jusqu'à atteindre Dieu, comme l'ont présenté des interprétations mythologiques.
Le but plus précis, indiqué par le récit de la Genèse, peut être assez banal : « Faisons-nous un nom (littéralement en hébreu : un « sem qui demeure » et ne soyons pas dispersés sur la terre » (Gn 11,4). On peut observer le double sens du mot « sem » qui désigne, d’une part, l’un des fils de Noé nommé « Sem » et, d’autre part, le « nom » qui identifie une personne.
Dans le contexte de la descendance de Sem dont parlent tant les versets précédents que suivants, il pouvait s’agir de perpétuer à Babylone le nom et la présence de l’ancêtre Sem autant que la langue sumérienne connue de toutes les nations environnantes.
Mais, comme le relate le récit de la Genèse, les historiens indiquent que la langue sumérienne commune a soudainement disparu, vers 2000 avant Jésus-Christ, pour une raison inconnue. Il est possible qu’un pouvoir dominant installé dans une autre région (le plus probable c’est le pouvoir exercé par le roi d’Akkad) a imposé, à une époque, sa langue particulière (l’akkadien) dans le pays de Sumer, mais cette langue n’avait pas du tout l’extension du sumérien et n’a pu le remplacer comme langue connue de toutes les nations. Cette domination étrangère peut aussi expliquer que la construction de Babylone (dont des traces remontent à 2500 ans avant Jésus-Christ) a été abandonnée à la même époque, avant de connaître un essor nouveau et important après l’époque d’Abraham.
Le sumérien a subsisté encore dans les écrits, notamment religieux, pendant de nombreux siècles (un peu comme le latin), mais elle n’était plus parlée et n’a plus dès lors été connue que des érudits.
En bref, le récit de la Genèse concernant la tour de Babel ne peut être réduit à une allégorie car il évoque des éléments historiques aujourd’hui certains : l’invention, au moyen de tablettes d’argile, de la langue écrite sumérienne, son expansion dans tout le Moyen Orient comme langue commune, la pratique mésopotamienne de la construction de hautes tours surmontée d’un autel à la divinité (des ziggourats), la construction ancienne de la ville de Babylone, et la fin soudaine de la langue commune sumérienne.
Le rédacteur croyant du récit y a perçu et présenté la parole et l’action de Dieu.
Le mythe de la Tour de Babel imagine une explication de la diversité des langues des humains sur la terre qui, à l’origine, parlaient une même langue, mais qui ont été punis par une dispersion divine des langages lorsqu’ils entrepris la construction orgueilleuse d’un tour qui devait monter jusqu’à rejoindre Dieu dans le ciel.
Le récit de la Genèse est cependant beaucoup plus sobre et les connaissances archéologiques en permettent aujourd’hui une compréhension plus réaliste.
Ce récit n’évoque pas spécialement une « [i]emprise de Lucifer[/i] » ou un orgueil, même s’il révèle la parole et l’action de Dieu en présence des humains qui veulent « [i]pénétrer les cieux[/i] » (Gn 11,4) par eux-mêmes, dans le prolongement de la faute du jardin d’Eden où ils ont voulu s’emparer d’une connaissance séparée du bien ou du mal.
La réalité historique connue montre que ce n’est pas seulement une allégorie. Wikipedia suffit pour en avoir des résumés pertinents et objectifs auxquels on peut se référer avec les mots suivants : Shinar, Babylone, Sumer, Écriture, sumérien, ziggourat, Ebla, éblaïte, langues sémitiques.
Babel est le nom araméen de la ville de Babylone dont les ruines subsistent encore aujourd’hui au sud de Bagdad, en Irak. C’est le pays de Shinear ou Shinar (Gn 11,2) qui est aussi nommé pays de Sumer.
Cette région était occupée, durant le troisième millénaire avant Jésus-Christ, par les Sumériens qui sont les premiers, dans l’histoire humaine, à avoir élaboré une écriture de leur langue. Les plus anciennes traces de Babylone datent d’environ 2500 ans avant Jésus-Christ.
A partir de 3300 avant Jésus-Christ, l’écriture sumérienne (dite : cunéiforme) a été la première à exprimer des sons par des signes écrits, ce qui a permis progressivement un développement exceptionnel du vocabulaire et de la grammaire de la langue sumérienne qui est devenue, en quelques siècles, la langue de référence de toutes les autres.
Contrairement à ce qu’on pense souvent, le récit de la Genèse n’affirme pas que toutes les nations « [i]parlaient[/i] » le même langage, mais dit seulement que « [i]tous se servaient d’une même langue et des mêmes mots[/i] » (Gn 11,1) : il s’agit, dans le pays de Sumer, de la langue et des mots du sumérien.
Il y avait probablement plusieurs langues et dialectes dans les diverses régions du Moyen Orient, mais, en l’absence d’écriture des sons, leur vocabulaire et leur grammaire restaient pauvres avec des communications limitées à celles que permettaient les gestes, la parole et les écritures limitées à la communication de dessins (écriture pictographique).
Le sumérien est devenu la première langue écrite et toutes les autres s’en sont inspirées.
Dans les ruines de la cité antique d’Ebla (dans le nord ouest actuel de la Syrie, à mille kms de Babylone), on a retrouvé plus de 17.000 tablettes d’argile datant d’environ 2300 avant Jésus-Christ, soit plusieurs siècles avant Abraham, dont la plupart était en sumérien mais d’autres dans la langue locale différente (l’éblaïte) et, parmi ces tablettes, rangées comme dans une salle d’archives ou une bibliothèque modernes, on a retrouvé, notamment, un dictionnaire de traduction de l’éblaïte et du sumérien.
Il semble que le sumérien était connu et pratiqué partout. C’était la langue commune à cause de la qualité de son écriture, de son vocabulaire et de sa grammaire.
Une des circonstances qui a favorisé l’invention de l’écriture par le sumériens, c’est la présence abondante d’argile dans la plaine du Tigre et de l’Euphrate qui est au centre du pays de Sumer.
Le récit de la Genèse le mentionne lorsqu’il écrit que les humains se dirent l’un à l’autre : « [i]Faisons des briques et cuisons-les au feu[/i] » (Gn 11,3). Mais, en réalité, le terme français « [i]brique[/i] » indique mal ici le sens plus large du mot hébreu « [i]lebenah[/i] » qui s’applique aux diverses formes des morceaux d’argile prélevés pour être séchés puis cuits. L’expression « [i]blocs d’argile[/i] » traduirait mieux le terme « [i]lebenah[/i] » du texte hébreu.
Ces blocs donnaient certes un excellent matériau de construction lorsque le morceau était un bloc épais, mais, lorsque le morceau formait un bloc plus mince en forme de tablette, c’était aussi un excellent support pour fixer par écrit des accords et des lois, puis d’autres paroles à conserver.
C’est plutôt dans ce sens qu’on peut mieux comprendre le livre de l’exode lorsqu’il relate que les scribes étaient obligés de fabriquer des « [i]lebenah [/i]» : « [i]Les scribes des Israélites vinrent se plaindre … en disant … « … l’on nous dit : « Faites des « lebenah »… vous livrerez la quantité de « lebenah » fixée … vous ne diminuerez en rien la quantité quotidienne de « lebenah »[/i] » (Ex 5,15-19).
C’est aussi plutôt dans le sens de tablettes d’écriture que d’un matériau de construction qu’Ezechiel utilise ce même mot «[i] lebenah[/i] » dans ce verset : « [i]Quant à toi, fils d’homme, prends une « lebenah » et mets-la devant toi : tu y graveras une ville, Jérusalem[/i] » (Ez 4,1)
On a retrouvé des dizaines de milliers de tablettes d’argile recouvertes de textes figés définitivement par la cuisson de l’argile.
La fabrication de minces blocs d’argile formant des tablettes a permis le développement de l’écriture sumérienne, ce qui explique que toutes les populations du Moyen Orient de l’époque avaient, malgré leurs langages différents, « [i]une même langue et des mêmes mots[/i] », ceux du sumérien. « [i]Faisons des tablettes d’argile et cuisons-les[/i] » : c’est la base de l’invention de l’écriture et de la langue commune de l’époque.
L’argile abondante a aussi été utilisée pour construire des immeubles et, notamment, des tours.
Les ruines qui subsistent et les recherches archéologiques confirment que les Sumériens construisaient de hautes tours carrées et pyramidales (des « [i]ziggourats[/i] ») et les restes de l’une d’elles (de 91 mètres de coté) a même été retrouvée à Babylone, mais sans que rien ne permette d’affirmer si c’est exactement celle-là dont parle le récit de la Genèse. D’autres ont été retrouvées et Babylone a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises.
Ces tours se terminaient au sommet par un autel à la divinité. Dans la réalité concrète, une tour qui s’élève très haute « dans le ciel », cela n’évoque pas nécessairement de l’orgueil et on utilise encore une expression semblable pour les « gratte-ciels » de notre époque. Rien dans le récit de la Genèse n'affirme que les constructeurs de la tour de Babel auraient voulu la construire en hauteur de manière infinie ou jusqu'à atteindre Dieu, comme l'ont présenté des interprétations mythologiques.
Le but plus précis, indiqué par le récit de la Genèse, peut être assez banal : « [i]Faisons-nous un nom[/i] (littéralement en hébreu : un « [i]sem qui demeure[/i] » [i]et ne soyons pas dispersés sur la terre[/i] » (Gn 11,4). On peut observer le double sens du mot « [i]sem[/i] » qui désigne, d’une part, l’un des fils de Noé nommé « [i]Sem[/i] » et, d’autre part, le « [i]nom[/i] » qui identifie une personne.
Dans le contexte de la descendance de Sem dont parlent tant les versets précédents que suivants, il pouvait s’agir de perpétuer à Babylone le nom et la présence de l’ancêtre Sem autant que la langue sumérienne connue de toutes les nations environnantes.
Mais, comme le relate le récit de la Genèse, les historiens indiquent que la langue sumérienne commune a soudainement disparu, vers 2000 avant Jésus-Christ, pour une raison inconnue. Il est possible qu’un pouvoir dominant installé dans une autre région (le plus probable c’est le pouvoir exercé par le roi d’Akkad) a imposé, à une époque, sa langue particulière (l’akkadien) dans le pays de Sumer, mais cette langue n’avait pas du tout l’extension du sumérien et n’a pu le remplacer comme langue connue de toutes les nations. Cette domination étrangère peut aussi expliquer que la construction de Babylone (dont des traces remontent à 2500 ans avant Jésus-Christ) a été abandonnée à la même époque, avant de connaître un essor nouveau et important après l’époque d’Abraham.
Le sumérien a subsisté encore dans les écrits, notamment religieux, pendant de nombreux siècles (un peu comme le latin), mais elle n’était plus parlée et n’a plus dès lors été connue que des érudits.
En bref, le récit de la Genèse concernant la tour de Babel ne peut être réduit à une allégorie car il évoque des éléments historiques aujourd’hui certains : l’invention, au moyen de tablettes d’argile, de la langue écrite sumérienne, son expansion dans tout le Moyen Orient comme langue commune, la pratique mésopotamienne de la construction de hautes tours surmontée d’un autel à la divinité (des ziggourats), la construction ancienne de la ville de Babylone, et la fin soudaine de la langue commune sumérienne.
Le rédacteur croyant du récit y a perçu et présenté la parole et l’action de Dieu.