Bonjour ChocoLindt,
Il n'existait pas, chez les Romains, de culte envers l'empereur.
L'empereur n'était aucunement considéré comme un dieu mais
comme un homme. Les citoyens romains lui devaient une
obéissance et une soumisison totales.
L'Empire romain était fort connu pour sa grande tolérance envers
les cultes d'autres dieux que les dieux romains. Cette liberté
religieuse était très appréciée par les non Romains (la ville de Rome
comptait beaucoup de "ressortissants étrangers" comme on dirait
aujourd'hui
qui n'étaient ni Romains, ni Latins) et par les peuples
conquis par Rome.
Ce n'est donc pas le fait que les Chrétiens croyaient à des dieux
(ou un dieu unique) autres que ceux des Romains qui posaient un
problème. C'était le fait que les Chrétiens critiquaient et condamnaient
ouvertement les dieux des Romains et, plus grave encore, incitaient
les citoyens romains à faire de même (par la conversion au christianisme).
Pour les Romains, ciritiquer les dieux romains équivalait à critiquer
l'Empire romain. Ils interprétèrent donc cela comme de l'hostilité
envers Rome et une contestation du pouvoir établi. C'était donc
de l'insoumission. Qui était Chrétien était contre Rome.
De plus, le fait que les Chrétiens pratiquaient leur religion "anormale"
(car monothéiste) en secret, fit craindre aux Romains des
fomentations de complots.
Les persécutions commençèrent et ne prirent fin que le jour où
l'Empereur de Rome Constantin 1er se convertit au christianisme
(IVème siècle).
Voici des textes écrits par des Romains, qui peuvent aider à mieux
comprendre ce que les Romains reprochaient aux Chrétiens :
DOCUMENT 1 : UN AUTEUR DU II EME SIECLE HOSTILE AUX CHRETIENS
Extrait du
Discours vrai de Celse, IIè siècle, transmis par Origène au III ème siècle :
(Celse est un auteur non chrétien hostile aux Chrétiens ; son texte
a été repris au IIIème siècle par un auteur chrétien, un Père de l'Eglise
nommé Origène, qui s'applique ensuite à démontrer l'erreur de celse)
"Il est une nouvelle race d'hommes nés d'hier, sans patrie ni traditions,
ligués contre toutes les institutions religieuses et civiles, poursuivis par
la justice, universellement notés d'infamie, mais se faisant gloire de
l'exécration commune : ce sont les chrétiens.
Alors que les sociétés autorisées se réunissent ouvertement au grand
jour, ils tiennent, eux, des réunions secrètes et illicites pour enseigner
et pratiquer leurs doctrines. Ils s'y lient par un engagement plus sacré
qu'un serment, s'y unissent en vue de conspirer plus sûrement contre
les lois et de résister plus aisément aux dangers et aux supplices qui
les menacent.
[...]
Leur aversion pour les temples, les statues et les autels est comme la
marque et le signe de ralliement, mystérieux et secret dont ils sont
convenus entre eux. Leur refus de participer aux cérémonies publiques
repose sur la même conception erronée de Dieu. En dépit de la diversité
des noms que l'on donne à celui-ci et de la variété des cérémonies par
lesquelles on essaye de lui rendre hommage, Dieu est le Dieu commun
à tous les hommes ; il est bon, exempt de besoins, incapable d'envie.
Qu'est ce donc qui empêche ceux qui sont les plus dévoués de prendre
part aux fêtes publiques ...?"
DOCUMENT 2 : LES GRIEFS CONTRE LES CHRETIENS
Lettre de Cyprien à Demetrianus, milieu du IIIème siècle :
(Cyprien est un auteur chrétien. Evêque de Carthage, il est aussi un
des Pères de l'Eglise. Il s'adresse ici à un non-chrétien, Demetrianus,
afin de répondre aux attaques dont font l'objet les chrétiens.)
"Beaucoup de gens se plaignent des chrétiens [et] on leur impute la
responsabilité des guerres qui se succèdent sans cesse, des épidémies,
des famines qui ravagent le monde, des longues sécheresses. [...]
Tu dis que nous sommes la cause de tous ces fléaux qui secouent
maintenant le monde, et qu'ils adviennent parce que nous n'adorons
pas vos dieux : [...] si ces malheurs arrivent, ce n'est pas parce que
les chrétiens n'adorent pas vos dieux, [...] mais bien plutôt parce
que vous n'adorez pas le Dieu véritable."
DOCUMENT 3 : UN GRAFFITI ANTI CHRETIEN
"Alexamanos adore son dieu".
Graffiti de l'adoration de l' ne crucifié, IIème siècle, Rome,
Musée national des Thermes.