Bonjour Menochios
J'aurais souhaité, si vous le vous le voulez bien, quelques éclairages sur un point : "La liberté de chacun s‘arrête à la responsabilité (et non la liberté) des autres". Il y a là quelque chose que vous avez saisi que je ne comprends pas.
Votre demande va nous faire approfondir davantage le sujet, j'y consens volontiers.
Ce n'est pas selon moi du seul fait de sa bonté que le maître a agi/décidé comme il l'a fait, il a d'ailleurs résisté à la demande des premiers d'avoir plus !
Il ne l'a pas fait par plaisir, pour affirmer son autorité, ni par une certaine jouissance de sa propre liberté.
Il l'a fait en conscience et pour assumer sa responsabilité.
Il a tenu sa part du contrat, qui était fixé en fonction de ses dépenses et de ses recettes estimées.
L'évolution de la situation l'a obligé à réexaminer les choses autrement, quand il allait réembaucher.
Après tout, peut-être que les premiers ne travaillaient pas assez vite, sûrs de leur place ! Mais peu importe même cela...
Ce qui lui permet de donner à chacun la même somme, certes ne relève d'aucune contrainte, pas même économique, sinon qu'il avait dû prévoir assez de bénéfice pour que cela ne lui soit pas une perte, et que l'embauche des derniers avait du sens en soi
(voir le point : "il arrive que le salaire..." etc.)
S'il a été le seul employeur sur la place pour tous, cela lui donnait une responsabilité sociale vis à vis de tous.
Ceux employés au dernier moment, étaient-ils responsables de n'avoir pas été employés au début ?
Même si la réponse est oui, il convenait de fermer les yeux du moment qu'ils attendaient encore une embauche quand plus personne ne l'aurait jugée avantageuse. C'est qu'ils étaient dans le besoin. Il fallait donc promouvoir le travail. Et maintenir cette attitude pour ce qu'elle avait de juste dans le service rendu.
Voir mon autre point : rattraper l'effet chance ou du hasard. Ou on pourrait dire encore : c'est l'intention qui compte.
Je gage qu'il aurait su sanctionner ceux qui voyant sa distribution auraient fait exprès la fois suivante de ne pas être embauchés à la première heure !
Il avait la responsabilité d'une exploitation, son choix relevait de sa conscience, de la façon dont il entendait donner sens à sa place dans la société et à l'influence qu'elle lui permettait d'avoir.
Sa bonté signifiait beaucoup pour tous, dans des situations diverses et personnelles, parce qu'elle était sous contrôle et que nul n'en pourrait abuser.
Ce qui la permettait n'était pas sa liberté, cela n'aurait eu aucun sens, mais son sens des responsabilités car elle renvoyait chacun à sa place et son rôle social.
En sens inverse : la responsabilité de l'ouvrier est de faire le travail qui lui est donné quand il lui est donné. D'ailleurs, les derniers n'avaient rien négocié... Il les en a remercié (en cela il était libre).
Il aurait eu tort de donner plus aux autres : il aurait perdu sa crédibilité.
Je me permets de changer de sujet, car ce que vous avez écrit là :
menochios a écrit : ↑ven. 05 juin 2020, 11:17
J'avais été très frappé, sur un autre forum, par une phrase qui me semblait résumer la situation :
'On vous donnera deux hectares de terre dans un coin perdu, l'équivalent du RSA, un accès au système de santé. Puis oubliez nous et qu'on vous oublie".
Il me semble qu'il y a là quelque chose de très vrai dans l'indifférence avec laquelle on considère les surnuméraires. Ne nous y trompons pas, il ne s'agit pas de quelques marginaux, il s'agit de l'immense majorité de la population.
Et dans cette phrase, se dessine en creux le salaire universel : l'indifférence glacée. La totale indifférence à ce que sont les gens ou à ce qu'ils font. On leur tirera une ligne de crédit, et qu'ils se débrouillent, qu'ils nous laissent seuls avec nos artifices comptables et les quelques centaines de milliers de serviteurs qui sont eux indispensables.
Pour le reste...
Car cela me fait penser à un autre fil où je suis intervenu (et d'autres...) dernièrement et qui est encore en cours, traitant des rapports entre l'Eglise et l'état.
J'ai un peu peur que ce qui y a été convenu de l'appeler "la doctrine traditionnelle de l'Eglise" (d'avant Vatican II), où l'on favorise clairement la religion catholique au niveau de la loi, des écoles, des tribunaux, des affectations de postes importants, etc. aurait abouti à quelque chose d'un peu similaire, et que ce n'est pas souhaitable...
Je l'indique ici, sans préjuger que vous en soyez ou non d'accord, et ne voudrais pas que cela pollue la réflexion sur cette belle parabole, si riche...
En fait, nos analyses ne sont pas si étrangère que cela l'une de l'autre...
Je ne sais pas si j'ai été bien clair dans mon explication sur la liberté/responsabilité... N'hésitez pas à y revenir...