par Ludovic » ven. 23 mars 2012, 1:16
Bonsoir,
Je vous trouve bien durs avec l'architecture de Le Corbusier. Tout d'abord, on ne peut pas lui en vouloir si ceux qui se sont revendiqués de son école ont fait n'importe quoi (et pourtant pas toujours), c'est comme si les mauvais élèves de Michel Ange, et Dieu sait s'il y en a eu, nuisaient au talent du maître. Ensuite je trouve assez malhonnête de dire que le Corbusier fut l'instigateur de "camps de concentration verticaux". Parce que s'il est bien une chose qu'on ne peut lui reprocher, c'est la qualité de l'espace
intérieur qu'il crée. Outre toute considération esthétique de la barre en tant que telle, les appartements que Le Corbusier ménage sont d'une qualité inégalée à son époque pour des logements à loyers modérés. Les gens ne sont pas "parqués" dans les unités du Corbusier. Mais en avez vous déjà visité une pour vous en rendre compte? Vous verrez, c'est extrêmement lumineux, et les gens qui y vivent sont loin d'y être malheureux (je parle strictement des unités d'habitation de Le Corbusier). Voyez ce qu'on faisait jusqu'au XIXe siècle, c'était bien loin d'un tel confort pour ceux qui n'avaient pas les moyens de se loger dans un bel appartement.
Et une fois de plus, il y a béton et béton. Je comprends que vous ayez en aversion ce béton qui court sur des km dans les villes nouvelles. Mais il n'est pas comparable à celui que vous trouverez dans les oeuvres des grands architectes brutalistes de 1960.
Pour ce qui est de l'esthétique des barres, je vous accorde que je tenais en horreur ce genre d'équipement il n'y a de cela pas 3 mois. Et puis quand on essaye de se défaire de ses préjugés, on revoit peu à peu ses considérations. OK, 99% des barres construites sont laides et sauvagement exposées à notre vue. Mais il y en a pourtant certaines, dont quelques unes de Corbu, qui ne me semblent pas se conformer à cette triste règle: je prends volontairement cet exemple, qui risque de vous titiller un peu
Voyez que ce n'est pas une barre comme les autres. A première vue, si. Mais en allant un peu plus loin, que voit-on? Qu'elle ne nous fait pas face, mais qu'elle vient de biais. Elle semble surgir, s'avancer, c'est un vaisseau, c'est un énorme bateau, qui flotte sur la forêt (en faisant abstraction des constructions plus tardives autour). Ce qui est affirmé, c'est un aspect monumental, mais ce n'est pas un bâtiment qui domine la ville, frontalement, dans une relation conflictuelle, c'est au contraire quelque chose qui va vers la ville ou la quitte (c'est selon le point de vue), mais dans un vrai mouvement. Ca a un côté surréaliste et hors d'échelle, moi ça me fait penser à un vaisseau dans un Miyazaki. Il n'en faudrait pas plus d'une, là ça deviendrait totalitaire, la conquête des barres. Mais une seule, c'est un long bâtiment (sens archi ou maritime) qui s'est échoué sur une mer de végétation. Pour moi ça a déjà la beauté d'une ruine antique, ou au contraire d'un objet du futur.
Il ne faut bien sûr pas que tous nos paysages se transforment en plages de débarquement de machines à habiter, mais de temps en temps... C'est comme tout, qui voudrait d'un Paris entièrement haussmannien?
Bonsoir,
Je vous trouve bien durs avec l'architecture de Le Corbusier. Tout d'abord, on ne peut pas lui en vouloir si ceux qui se sont revendiqués de son école ont fait n'importe quoi (et pourtant pas toujours), c'est comme si les mauvais élèves de Michel Ange, et Dieu sait s'il y en a eu, nuisaient au talent du maître. Ensuite je trouve assez malhonnête de dire que le Corbusier fut l'instigateur de "camps de concentration verticaux". Parce que s'il est bien une chose qu'on ne peut lui reprocher, c'est la qualité de l'espace [i]intérieur[/i] qu'il crée. Outre toute considération esthétique de la barre en tant que telle, les appartements que Le Corbusier ménage sont d'une qualité inégalée à son époque pour des logements à loyers modérés. Les gens ne sont pas "parqués" dans les unités du Corbusier. Mais en avez vous déjà visité une pour vous en rendre compte? Vous verrez, c'est extrêmement lumineux, et les gens qui y vivent sont loin d'y être malheureux (je parle strictement des unités d'habitation de Le Corbusier). Voyez ce qu'on faisait jusqu'au XIXe siècle, c'était bien loin d'un tel confort pour ceux qui n'avaient pas les moyens de se loger dans un bel appartement.
Et une fois de plus, il y a béton et béton. Je comprends que vous ayez en aversion ce béton qui court sur des km dans les villes nouvelles. Mais il n'est pas comparable à celui que vous trouverez dans les oeuvres des grands architectes brutalistes de 1960.
Pour ce qui est de l'esthétique des barres, je vous accorde que je tenais en horreur ce genre d'équipement il n'y a de cela pas 3 mois. Et puis quand on essaye de se défaire de ses préjugés, on revoit peu à peu ses considérations. OK, 99% des barres construites sont laides et sauvagement exposées à notre vue. Mais il y en a pourtant certaines, dont quelques unes de Corbu, qui ne me semblent pas se conformer à cette triste règle: je prends volontairement cet exemple, qui risque de vous titiller un peu :)
[img]http://www.cybevasion.fr/photos2/firminy-unite-d-habitation-le-corbusier-1.jpg[/img]
Voyez que ce n'est pas une barre comme les autres. A première vue, si. Mais en allant un peu plus loin, que voit-on? Qu'elle ne nous fait pas face, mais qu'elle vient de biais. Elle semble surgir, s'avancer, c'est un vaisseau, c'est un énorme bateau, qui flotte sur la forêt (en faisant abstraction des constructions plus tardives autour). Ce qui est affirmé, c'est un aspect monumental, mais ce n'est pas un bâtiment qui domine la ville, frontalement, dans une relation conflictuelle, c'est au contraire quelque chose qui va vers la ville ou la quitte (c'est selon le point de vue), mais dans un vrai mouvement. Ca a un côté surréaliste et hors d'échelle, moi ça me fait penser à un vaisseau dans un Miyazaki. Il n'en faudrait pas plus d'une, là ça deviendrait totalitaire, la conquête des barres. Mais une seule, c'est un long bâtiment (sens archi ou maritime) qui s'est échoué sur une mer de végétation. Pour moi ça a déjà la beauté d'une ruine antique, ou au contraire d'un objet du futur.
Il ne faut bien sûr pas que tous nos paysages se transforment en plages de débarquement de machines à habiter, mais de temps en temps... C'est comme tout, qui voudrait d'un Paris entièrement haussmannien?