par Pneumatis » mer. 07 juil. 2010, 12:16
Bonjour Raistlin,
Vous avez raison de remettre l'intention au centre de la question morale. Mais justement, et c'est là que je me suis mal exprimé, c'est relativement à des différences culturelles (telles que celles que vous évoquez vous-même, comme la dégustation) que l'intention est globalement différente et généralement discutable dans le cadre de la consommation du cannabis.
Ce que, je crois, nous avons montré, c'est que les produits ne sont pas intrinsèquement définis sur le plan moral. Alcool, tabac ou cannabis, ce sont des produits issus de la nature et transformés par l'homme, dont la consommation (toute question d'intention mise à part) ne comporte pas de différences morales intrinsèques ("bons" effets et "mauvais" effets se côtoient dans les uns comme dans les autres). Quant à l'intention, je ne crois pas qu'elle soit nécessairement conditionnée par la nature des produits, mais par la "culture" que nous avons du produit. Si je résume :
- On peut consommer de l'alcool pour être ivre
- On peut consommer du cannabis pour être stone
- On peut boire un verre pour se détendre
- On peut fumer un joint pour se détendre
- On peut trinquer avec des gens pour "briser la glace" ou avec des amis pour "partager un bon moment" (apéro)
- On peut faire "tourner un joint" exactement dans le même esprit que dans d'autres cultures on partageait le calumet de la paix (c'est du vécu). C'est d'ailleurs ce que disait Antestor, précédemment, il me semble.
Ensuite, c'est là qu'on arrive à des différences imposées véritablement par la culture et par la loi. Il faut essayer de prendre du recul par rapport à cela : comme vous dites, on peut apprécier de déguster un bon vin pendant ou hors d'un repas, dans une culture comme la notre où le vin est un produit historiquement et culturellement rattaché à notre identité, où sa production et sa consommation sont abondantes et où la diversité des produits et l'expérience acquise dans la production permettent de distinguer les "bons produits" des "moins bons".
Dans une société où l'alcool ne serait pas enracinée dans la culture, où sa production et sa consommation seraient prohibées, où sa production serait uniquement gérée par des réseaux criminels, sous le manteau ; production forcément minime et donc très peu diversifiée, sans grande qualité, on peut très bien concevoir qu'une grande majorité de ceux qui en consomment ne le feraient pas particulièrement dans une intention purement gustative. En outre sa consommation, au-delà de l'intention a priori suspecte dans un tel contexte, aurait des implications morales quant à la complicité avec des réseaux criminels et la désobéissance à la loi en vigueur.
De même, imaginez maintenant que le cannabis se soit peu à peu enraciné dans notre culture, depuis longtemps, qu'il soit non seulement autorisé, mais que nous ayons fait de sa production tout un art. Je vous garantie que vous trouveriez autant de gens pour apprécier la dégustation d'une bonne Marijuana (par opposition à une mauvaise) sans particulièrement rechercher les effets psychotropes, que vous en avez pour apprécier un bon vin. Vous avez d'ailleurs le cas avec les cigares, pour revenir au tabac, dans certaines sphères socioculturelles auxquelles ils sont plus rattachés. J'ajoute que, bien que ne consommant plus de cannabis depuis bien longtemps, j'ai toujours trouvé son odeur et son gout très agréable (en fonction de la qualité, évidemment). C'est une plante très odoriférante, et dont on peut autant apprécier le gout que pour telle ou telle tisane.
Ceci dit, comme je le disais dans un de mes précédents messages, nous sommes chrétiens, et le vin n'est pas qu'un élément de la culture "nationale", mais aussi un élément essentiel de notre liturgie. Du coup, du point de vue chrétien, c'est son interdiction qui deviendrait immorale, en ce qu'elle nous empêcherait de célébrer l'eucharistie. On ne peut pas en dire autant du cannabis, à moins qu'il ne soit nécessaire à l'exercice de la légitime liberté de culte pour d'autres religions.
Bref, pour ne pas donner l'impression que je "justifie" la consommation de cannabis, je rappelle mon point de vue : moralement, dans le contexte qui est le notre, la consommation de cannabis, même avec les meilleures intentions du monde, me semble avoir de graves implications morales, en tant qu'elle s'oppose à une loi parfaitement légitime et qu'elle cautionne des réseaux de production et de distribution criminels. Quand en plus, cette consommation découle d'une intention évidente de concupiscence... la question me semble définitivement résolue.
Bonjour Raistlin,
Vous avez raison de remettre l'intention au centre de la question morale. Mais justement, et c'est là que je me suis mal exprimé, c'est relativement à des différences culturelles (telles que celles que vous évoquez vous-même, comme la dégustation) que l'intention est globalement différente et généralement discutable dans le cadre de la consommation du cannabis.
Ce que, je crois, nous avons montré, c'est que les produits ne sont pas intrinsèquement définis sur le plan moral. Alcool, tabac ou cannabis, ce sont des produits issus de la nature et transformés par l'homme, dont la consommation (toute question d'intention mise à part) ne comporte pas de différences morales intrinsèques ("bons" effets et "mauvais" effets se côtoient dans les uns comme dans les autres). Quant à l'intention, je ne crois pas qu'elle soit nécessairement conditionnée par la nature des produits, mais par la "culture" que nous avons du produit. Si je résume :
- On peut consommer de l'alcool pour être ivre
- On peut consommer du cannabis pour être stone
- On peut boire un verre pour se détendre
- On peut fumer un joint pour se détendre
- On peut trinquer avec des gens pour "briser la glace" ou avec des amis pour "partager un bon moment" (apéro)
- On peut faire "tourner un joint" exactement dans le même esprit que dans d'autres cultures on partageait le calumet de la paix (c'est du vécu). C'est d'ailleurs ce que disait Antestor, précédemment, il me semble.
Ensuite, c'est là qu'on arrive à des différences imposées véritablement par la culture et par la loi. Il faut essayer de prendre du recul par rapport à cela : comme vous dites, on peut apprécier de déguster un bon vin pendant ou hors d'un repas, dans une culture comme la notre où le vin est un produit historiquement et culturellement rattaché à notre identité, où sa production et sa consommation sont abondantes et où la diversité des produits et l'expérience acquise dans la production permettent de distinguer les "bons produits" des "moins bons".
Dans une société où l'alcool ne serait pas enracinée dans la culture, où sa production et sa consommation seraient prohibées, où sa production serait uniquement gérée par des réseaux criminels, sous le manteau ; production forcément minime et donc très peu diversifiée, sans grande qualité, on peut très bien concevoir qu'une grande majorité de ceux qui en consomment ne le feraient pas particulièrement dans une intention purement gustative. En outre sa consommation, au-delà de l'intention a priori suspecte dans un tel contexte, aurait des implications morales quant à la complicité avec des réseaux criminels et la désobéissance à la loi en vigueur.
De même, imaginez maintenant que le cannabis se soit peu à peu enraciné dans notre culture, depuis longtemps, qu'il soit non seulement autorisé, mais que nous ayons fait de sa production tout un art. Je vous garantie que vous trouveriez autant de gens pour apprécier la dégustation d'une bonne Marijuana (par opposition à une mauvaise) sans particulièrement rechercher les effets psychotropes, que vous en avez pour apprécier un bon vin. Vous avez d'ailleurs le cas avec les cigares, pour revenir au tabac, dans certaines sphères socioculturelles auxquelles ils sont plus rattachés. J'ajoute que, bien que ne consommant plus de cannabis depuis bien longtemps, j'ai toujours trouvé son odeur et son gout très agréable (en fonction de la qualité, évidemment). C'est une plante très odoriférante, et dont on peut autant apprécier le gout que pour telle ou telle tisane.
Ceci dit, comme je le disais dans un de mes précédents messages, nous sommes chrétiens, et le vin n'est pas qu'un élément de la culture "nationale", mais aussi un élément essentiel de notre liturgie. Du coup, du point de vue chrétien, c'est son interdiction qui deviendrait immorale, en ce qu'elle nous empêcherait de célébrer l'eucharistie. On ne peut pas en dire autant du cannabis, à moins qu'il ne soit nécessaire à l'exercice de la légitime liberté de culte pour d'autres religions.
Bref, pour ne pas donner l'impression que je "justifie" la consommation de cannabis, je rappelle mon point de vue : moralement, dans le contexte qui est le notre, la consommation de cannabis, même avec les meilleures intentions du monde, me semble avoir de graves implications morales, en tant qu'elle s'oppose à une loi parfaitement légitime et qu'elle cautionne des réseaux de production et de distribution criminels. Quand en plus, cette consommation découle d'une intention évidente de concupiscence... la question me semble définitivement résolue.