par Cinci » ven. 13 mars 2020, 1:44
Bonjour,
C'est un "petit texte" que je viens de découvrir aujourd'hui or que j'étais de passage à l'Oratoire Saint-Joseph, et qui, comme on le sait, est situé à Montréal (Canada). Plus que d"y être simplement de passage; disons, en fait, que j'y aurai débuté là-bas une neuvaine en l'honneur de Saint Joseph. Cette année se trouve à être celle de la centième neuvaine (1920-2020) à s'y tenir sur place, et coïncidant avec la dixième année de la canonisation du saint Frère André du Mont-Royal.
Mais pour en revenir au texte découvert : je le trouve drôlement pertinent en relation avec nos questions de société brûlantes et comme nous les connaissons (euthanasie, théorie du genre, etc.). Il est facile à lire. Très bien écrit. C'est ce qui s'appelle obtenir enfin de la vraie nourriture. Avis aux affamés de bonnes choses !
Voici :
Qu'est-ce que la loi naturelle ? Détrompons tout de suite ses détracteurs au sujet de l'idée reçue qui a court à son sujet. Car il est indispensable au préalable de rappeler qu'elle n'est pas quelque chose qui s'impose à l'homme de l'extérieur. Elle lui est au contraire immanente. En l'accomplissant, l'homme ne contredit pas sa nature, c'est à dire lui-même. En lui obéissant, il devient toujours plus lui-même. Elle est sa loi. Sa loi de croissance et d'accomplissement. Par elle, l'homme rejoint sa vérité la plus profonde. Elle est ce qui l'accompagne vers son plein épanouissement. En un mot, elle est synonyme de bonheur.
Un monde coupé de Dieu
En la proposant comme loi à suivre, l'Église ne désire pas nous imposer un mode de développement qui nous serait étranger. La loi naturelle représente plutôt la grammaire de notre être. Si telle est la consistance de la loi naturelle, pourquoi une telle hostilité à l'égard de ce concept? Quels sont les griefs que lui imputent ses détracteurs ?
En fait, pour bien comprendre la généalogie de ce dénigrement, il faut remonter au nominalisme, théorie philosophique pour laquelle la nature des choses n'est plus porteuse d'un message éthique. L'harmonie entre Dieu, la nature et l'homme a été rompue depuis que l'être des créatures n'est plus compris comme participation à l'Être et au Logos transcendant de Dieu. Pour le nominalisme, Dieu en effet ne crée pas en fonction de son Être, mais par pur volontarisme : son autre, le monde, lui est donc étranger quant à ses structures internes. La nature des choses ne reflète pas la Raison divine.
Pourquoi alors la nature des choses serait-elle bonne ? Quel motif de la suivre ? Autant déclarer qu'il n'existe pas de nature du tout. C'est ce que ne vont pas tarder à faire ceux pour qui la vraie liberté ne consiste pas à suivre la finalité inscrite dans notre être, mais à tenir pour rien ce que l'homme est par nature. La "nature" est alors comprise comme une prison essentialiste dont il faut s'échapper pour devenir libre. Sartre ne fera que reprendre ce postulat avec son slogan : l'existence précède l'essence.
L'Anthropologie hostile à la loi naturelle tient l'homme pour un animal sans nature, un être qui affirme d'autant plus sa liberté qu'il s'oppose à celle-là. La culture n'est plus la sublimation de la nature par l'esprit, mais sa négation pure et simple. L'esprit et la culture ne sont plus compris comme des réalités d'une même intelligibilité du monde, mais comme des ordres opposés.
Pour ces courants de pensée la nature dans l'homme ne concerne plus que sa dimension physique et sa corporéité. Si bien que le refus de la loi naturelle va entraîner le dualisme désastreux entre corps et esprit; d'un côté une pure subjectivité se considérant d'autant plus libre qu'elle ne tient aucun compte des données naturelles , d'un autre côté un corps conçu comme pure matériau, ne possédant pas d'intelligibilité propre, exceptée pour une techno-science hors contrôle désirant le manipuler. On retrouve cette tendance à ignorer les données naturelles dans la théorie du gender pour qui la différenciation de l'espèce humaine entre homme et femme ne relève pas prioritairement du corps, mais surtout de la culture, de l'idéologie.
Aussi les inclinaisons naturelles, selon cette idéologie dualiste, n'ont-elles aucune signification éthique : l'attraction de l'homme pour la femme, et de la femme pour l'homme, ne s'Inscrira donc pas dans un schéma de complémentarité comme l'enseigne la Bible, et à plus forte raison ne pourra pas devenir le signe de l'Alliance de Dieu et de l'humanité. Les adversaires de la loi naturelle tiennent en effet l'hétérosexualité comme une simple donnée de culture, imposée par l'idéologie dominante. Que l'hétérosexualité soit inscrite dans le corps de l'homme relève tout au plus pour eux du simple déterminisme biologique. Le langage des corps ne parle pas pour l'idéologie du gender. Il ne révèle pas Dieu, mais ressortit à une simple programmation biologique. Quant à la différence homme-femme, elle relève pour elle davantage du rapport de force que de l'amour. C'est ainsi que la sexualité va dériver vers l'arbitraire : tout sera permis, puisque la musique des corps est insignifiante en elle-même. Seul un fantasme coupé de notre corporéité décidera de nos orientations. De la sorte, l'homme du gender se condamne à ne jamais unifier son être, à intégrer son corps à ses inclinaisons. Il est pure subjectivité, pure projection imaginaire de soi dans une identité fantasmé de lui-même et de l'autre. Pareille sexualité n'est pas appelée à conduire au bonheur.
Au fond, le refus de l'anthropologie biblique s'appuie sur une métaphysique ou l'Être n'est pas identique au Bien et au Vrai. La nature, "ce qui est", est abandonnée à l'insignifiance morale. Seul ce que l'homme aura conquis prométhéennement sera moral et bon. La nature, et la loi qui l'accompagne, ne nous enseignent rien : elle est simple matériau ou va se déployer la puissance de la techno-science cartésienne. La nature n'est ni bonne ni vraie, elle est disponible, voilà tout. Ce qui est, n'est ni bon ni vrai : simplement manipulable.
La reconnaissance de cette nature brute équivaut à un athéisme de fait. Car pour l'Église, la loi naturelle est participation à la loi éternelle qui assigne à chaque être sa fin propre, et le dynamisme qui le porte. Rejeter la première revient de facto à dénier au Créateur un rôle de législateur. C'est position s'explique par le refus chez beaucoup de nos contemporains d'une loi hétéronome, c'est à dire imposée de l'extérieure. Or comme nous le disions plus haut, la loi naturelle est immanente aux créatures. Et c'est Dieu lui-même qui l'inscrit au fond de nos êtres.
Le Créateur est non seulement le principe des créatures mais aussi la fin transcendante vers laquelle elles tendent par nature. Aussi les créatures sont-elles animées par un dynamisme qui les porte à s'accomplir, chacune à sa manière, dans l'union à Dieu. Ce dynamisme est transcendant, dans la mesure ou il procède de la loi éternelle, c'est à dire du plan de la providence divine qui existe dans l'Esprit du Créateur. Mais il est aussi immanent parce qu'il n,est pas imposé du dehors aux créatures mais inscrit dans leur nature même. (Commission biblique internationale, "A la recherche d'une éthique universelle", no 63)
Bonjour,
C'est un "petit texte" que je viens de découvrir aujourd'hui or que j'étais de passage à l'Oratoire Saint-Joseph, et qui, comme on le sait, est situé à Montréal (Canada). Plus que d"y être simplement de passage; disons, en fait, que j'y aurai débuté là-bas une neuvaine en l'honneur de Saint Joseph. Cette année se trouve à être celle de la centième neuvaine (1920-2020) à s'y tenir sur place, et coïncidant avec la dixième année de la canonisation du saint Frère André du Mont-Royal.
Mais pour en revenir au texte découvert : je le trouve drôlement pertinent en relation avec nos questions de société brûlantes et comme nous les connaissons (euthanasie, théorie du genre, etc.). Il est facile à lire. Très bien écrit. C'est ce qui s'appelle obtenir enfin de la vraie nourriture. Avis aux affamés de bonnes choses !
Voici :
[color=#0000FF]Qu'est-ce que la loi naturelle ? Détrompons tout de suite ses détracteurs au sujet de l'idée reçue qui a court à son sujet. Car il est indispensable au préalable de rappeler qu'elle n'est pas quelque chose qui s'impose à l'homme de l'extérieur. Elle lui est au contraire immanente. En l'accomplissant, l'homme ne contredit pas sa nature, c'est à dire lui-même. En lui obéissant, il devient toujours plus lui-même. Elle est [i]sa [/i]loi. Sa loi de croissance et d'accomplissement. Par elle, l'homme rejoint sa vérité la plus profonde. Elle est ce qui l'accompagne vers son plein épanouissement. En un mot, elle est synonyme de bonheur.
[b]Un monde coupé de Dieu
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En la proposant comme loi à suivre, l'Église ne désire pas nous imposer un mode de développement qui nous serait étranger. La loi naturelle représente plutôt la grammaire de notre être. Si telle est la consistance de la loi naturelle, pourquoi une telle hostilité à l'égard de ce concept? Quels sont les griefs que lui imputent ses détracteurs ?
En fait, pour bien comprendre la généalogie de ce dénigrement, il faut remonter au nominalisme, théorie philosophique pour laquelle la nature des choses n'est plus porteuse d'un message éthique. L'harmonie entre Dieu, la nature et l'homme a été rompue depuis que l'être des créatures n'est plus compris comme participation à l'Être et au Logos transcendant de Dieu. Pour le nominalisme, Dieu en effet ne crée pas en fonction de son Être, mais par pur volontarisme : son autre, le monde, lui est donc étranger quant à ses structures internes. La nature des choses ne reflète pas la Raison divine.
Pourquoi alors la nature des choses serait-elle bonne ? Quel motif de la suivre ? Autant déclarer qu'il n'existe pas de nature du tout. C'est ce que ne vont pas tarder à faire ceux pour qui la vraie liberté ne consiste pas à suivre la finalité inscrite dans notre être, mais à tenir pour rien ce que l'homme est par nature. La "nature" est alors comprise comme une prison essentialiste dont il faut s'échapper pour devenir libre. Sartre ne fera que reprendre ce postulat avec son slogan : l'existence précède l'essence.
L'Anthropologie hostile à la loi naturelle tient l'homme pour un animal sans nature, un être qui affirme d'autant plus sa liberté qu'il s'oppose à celle-là. La culture n'est plus la sublimation de la nature par l'esprit, mais sa négation pure et simple. L'esprit et la culture ne sont plus compris comme des réalités d'une même intelligibilité du monde, mais comme des ordres opposés.
Pour ces courants de pensée la nature dans l'homme ne concerne plus que sa dimension physique et sa corporéité. Si bien que le refus de la loi naturelle va entraîner le dualisme désastreux entre corps et esprit; d'un côté une pure subjectivité se considérant d'autant plus libre qu'elle ne tient aucun compte des données naturelles , d'un autre côté un corps conçu comme pure matériau, ne possédant pas d'intelligibilité propre, exceptée pour une techno-science hors contrôle désirant le manipuler. On retrouve cette tendance à ignorer les données naturelles dans la théorie du [i]gender[/i] pour qui la différenciation de l'espèce humaine entre homme et femme ne relève pas prioritairement du corps, mais surtout de la culture, de l'idéologie.
Aussi les inclinaisons naturelles, selon cette idéologie dualiste, n'ont-elles aucune signification éthique : l'attraction de l'homme pour la femme, et de la femme pour l'homme, ne s'Inscrira donc pas dans un schéma de complémentarité comme l'enseigne la Bible, et à plus forte raison ne pourra pas devenir le signe de l'Alliance de Dieu et de l'humanité. Les adversaires de la loi naturelle tiennent en effet l'hétérosexualité comme une simple donnée de culture, imposée par l'idéologie dominante. Que l'hétérosexualité soit inscrite dans le corps de l'homme relève tout au plus pour eux du simple déterminisme biologique. Le langage des corps ne parle pas pour l'idéologie du [i]gender[/i]. Il ne révèle pas Dieu, mais ressortit à une simple programmation biologique. Quant à la différence homme-femme, elle relève pour elle davantage du rapport de force que de l'amour. C'est ainsi que la sexualité va dériver vers l'arbitraire : tout sera permis, puisque la musique des corps est insignifiante en elle-même. Seul un fantasme coupé de notre corporéité décidera de nos orientations. De la sorte, l'homme du [i]gender[/i] se condamne à ne jamais unifier son être, à intégrer son corps à ses inclinaisons. Il est pure subjectivité, pure projection imaginaire de soi dans une identité fantasmé de lui-même et de l'autre. Pareille sexualité n'est pas appelée à conduire au bonheur.
Au fond, le refus de l'anthropologie biblique s'appuie sur une métaphysique ou l'Être n'est pas identique au Bien et au Vrai. La nature, "ce qui est", est abandonnée à l'insignifiance morale. Seul ce que l'homme aura conquis prométhéennement sera moral et bon. La nature, et la loi qui l'accompagne, ne nous enseignent rien : elle est simple matériau ou va se déployer la puissance de la techno-science cartésienne. La nature n'est ni bonne ni vraie, elle est disponible, voilà tout. Ce qui est, n'est ni bon ni vrai : simplement manipulable.
La reconnaissance de cette nature brute équivaut à un athéisme de fait. Car pour l'Église, la loi naturelle est participation à la loi éternelle qui assigne à chaque être sa fin propre, et le dynamisme qui le porte. Rejeter la première revient [i]de facto[/i] à dénier au Créateur un rôle de législateur. C'est position s'explique par le refus chez beaucoup de nos contemporains d'une loi hétéronome, c'est à dire imposée de l'extérieure. Or comme nous le disions plus haut, la loi naturelle est immanente aux créatures. Et c'est Dieu lui-même qui l'inscrit au fond de nos êtres.
Le Créateur est non seulement le principe des créatures mais aussi la fin transcendante vers laquelle elles tendent par nature. Aussi les créatures sont-elles animées par un dynamisme qui les porte à s'accomplir, chacune à sa manière, dans l'union à Dieu. Ce dynamisme est transcendant, dans la mesure ou il procède de la loi éternelle, c'est à dire du plan de la providence divine qui existe dans l'Esprit du Créateur. Mais il est aussi immanent parce qu'il n,est pas imposé du dehors aux créatures mais inscrit dans leur nature même. ([b]Commission biblique internationale[/b], "A la recherche d'une éthique universelle", no 63) [/color]