par françois67 » mer. 14 août 2013, 18:50
salésienne05 a écrit :@ Virgile : Mille excuses si je vous ai mal compris. Vous dites seulement que "notre société et notre culture ont pris une sacrée grippe", ce qui me semblait signifier que pour vous, c'était mieux avant (la grippe n'est pas un étant dans lequel on se sent bien généralement).
[...]
Fraternellement.
Cécile
Bonjour Cécile,
Regardez, faisons une comparaison avec 1789: oui, il y avait des injustices, des blocages, une aristocrasse et de la bourgeoisie mercantile, il y avait déjà de la philosophie matérialiste en vogue, mais au final, les évènements arrivés par la suite ont eu beau apporter toutes les avancées (parfois à mettre entre guillemets), au final disais-je, je vais citer de façon peut-être un peu modifiée Talleyrand, qui était ce qu'il était, mais qui finalement a su porter un regard en arrière intéressant: "Qui n'a pas connu l'Ancien Régime, ne sait pas ce qu'est la douceur de vivre."
Il y avait des dérives que vous décrivez, mais fallait-il "tout foutre en l'air" du coup? On était peut-être un peu enfermé dans des carcans sociaux, mais aujourd'hui malgré la "liberté chérie" partout proclamée, on est encore plus enfermé, on est enfermé dans le néant, dans le noir, l'obscurité: on peut organiser des baises un peu partout, on peut avoir Lady Gaga s'exhibant nue et proférant des blasphèmes, fumer des joints et être cool avec notre rap, on peut parler d'amour et de solidarité creusement, mais où est passée la joie naïve, la proximité de coeur de tous les gens, l'honneur, la petite vie pépère? En 1968, on avait un
président monument rayonnant d'aura et fier comme le marbre éternel de Rome, qui incarnait et engendrait la noblesse et la continuité de l'Autorité et de la Patrie. Aujourd'hui, on un Normal Ier, un apprenti pompier qui essaye d'accourir partout alors que tout fout le camp, duquel on ricane dès qu'on prononce son nom. On divorce et se remarie quatre fois, et est-on plus heureux qu'en supportant les hauts et les bas d'une relation toute un vie? On a des petits espoirs, et plus l'Espérance. On a eu la vie jouissive, et perdu la vie paisible. On a tout aujourd'hui, et finalement plus rien, on avait peu, mais au final, rien ne nous empêchait de vivre honnêtement une petite vie heureuse.
Vous me direz qu'il y avait des pauvres etc.: mais les ascenceurs sociaux étaient bien en marche, avec de la volonté, du courage et des qualités on pouvait se hisser en un rien de temps: on devenait des
self made men et non pas des assistés. Et avec le plein emploi, on pouvait être fier de tout ce qu'on avait, car cela était le pur fruit de son sang et de sa sueur, de la grâce de Dieu, on était tranquilles et sûrs de pouvoir vivre honnêtement, même humblement, et non pas à la remorque de tout le monde.
On pouvait cracher sur les "vêtements bourgeois", trop chics, élégants et trop chers: aujourd'hui, on débourse toujours autant (si ce n'est plus) pour des frippes moches mais branchées "anticonformistes" et "rebelles".
Aujourd'hui on crache sur la "norme sociale" et la morale, mais finalement pour ne pas se figer dans les carcans de "l'anticonformisme" à la Yves Saint-Laurent, du gauchisme libertaire de son fameux "mari", de la contre-culture à la Lady Gaga et de l'hédonisme nihilisto-"humaniste" séculier à la Onfray, eh bien il nous arrive dans les milieux "djeunes" et branchés la même chose que ce qui serait arrivé si on avait été du mauvais côté de la barrière avant, dans la vilaine société figée et bourgeoise.
Je n'ai jamais connu cette époque, et je l'idéalise peut-être, mais que je rêve d'un monde où l'on ne devait pas fermer sa porte d'entrée à clé, où l'on pouvait vivre fiers de soi et de son travail, bref, d'une société dans laquelle on se saluait dans la rue en soulevant son chapeau.
Suis-je totalement dingue? En tout cas, une chose est sûre: je ne suis pas moins révolutionnaire que ceux qui ont détruit cette société, et pas plus réac qu'eux n'étaient avant-gardistes.
Après tout, avancer, c'est reculer en avant, et reculer, c'est avancer en arrière. A chacun ses lubies.
Signé: un doux rêveur à ses heures perdues.
[quote="salésienne05"]@ Virgile : Mille excuses si je vous ai mal compris. Vous dites seulement que "notre société et notre culture ont pris une sacrée grippe", ce qui me semblait signifier que pour vous, c'était mieux avant (la grippe n'est pas un étant dans lequel on se sent bien généralement).
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Fraternellement.
Cécile[/quote]
Bonjour Cécile,
Regardez, faisons une comparaison avec 1789: oui, il y avait des injustices, des blocages, une aristocrasse et de la bourgeoisie mercantile, il y avait déjà de la philosophie matérialiste en vogue, mais au final, les évènements arrivés par la suite ont eu beau apporter toutes les avancées (parfois à mettre entre guillemets), au final disais-je, je vais citer de façon peut-être un peu modifiée Talleyrand, qui était ce qu'il était, mais qui finalement a su porter un regard en arrière intéressant: "Qui n'a pas connu l'Ancien Régime, ne sait pas ce qu'est la douceur de vivre."
Il y avait des dérives que vous décrivez, mais fallait-il "tout foutre en l'air" du coup? On était peut-être un peu enfermé dans des carcans sociaux, mais aujourd'hui malgré la "liberté chérie" partout proclamée, on est encore plus enfermé, on est enfermé dans le néant, dans le noir, l'obscurité: on peut organiser des baises un peu partout, on peut avoir Lady Gaga s'exhibant nue et proférant des blasphèmes, fumer des joints et être cool avec notre rap, on peut parler d'amour et de solidarité creusement, mais où est passée la joie naïve, la proximité de coeur de tous les gens, l'honneur, la petite vie pépère? En 1968, on avait un [strike]président[/strike] monument rayonnant d'aura et fier comme le marbre éternel de Rome, qui incarnait et engendrait la noblesse et la continuité de l'Autorité et de la Patrie. Aujourd'hui, on un Normal Ier, un apprenti pompier qui essaye d'accourir partout alors que tout fout le camp, duquel on ricane dès qu'on prononce son nom. On divorce et se remarie quatre fois, et est-on plus heureux qu'en supportant les hauts et les bas d'une relation toute un vie? On a des petits espoirs, et plus l'Espérance. On a eu la vie jouissive, et perdu la vie paisible. On a tout aujourd'hui, et finalement plus rien, on avait peu, mais au final, rien ne nous empêchait de vivre honnêtement une petite vie heureuse.
Vous me direz qu'il y avait des pauvres etc.: mais les ascenceurs sociaux étaient bien en marche, avec de la volonté, du courage et des qualités on pouvait se hisser en un rien de temps: on devenait des [i]self made men[/i] et non pas des assistés. Et avec le plein emploi, on pouvait être fier de tout ce qu'on avait, car cela était le pur fruit de son sang et de sa sueur, de la grâce de Dieu, on était tranquilles et sûrs de pouvoir vivre honnêtement, même humblement, et non pas à la remorque de tout le monde.
On pouvait cracher sur les "vêtements bourgeois", trop chics, élégants et trop chers: aujourd'hui, on débourse toujours autant (si ce n'est plus) pour des frippes moches mais branchées "anticonformistes" et "rebelles".
Aujourd'hui on crache sur la "norme sociale" et la morale, mais finalement pour ne pas se figer dans les carcans de "l'anticonformisme" à la Yves Saint-Laurent, du gauchisme libertaire de son fameux "mari", de la contre-culture à la Lady Gaga et de l'hédonisme nihilisto-"humaniste" séculier à la Onfray, eh bien il nous arrive dans les milieux "djeunes" et branchés la même chose que ce qui serait arrivé si on avait été du mauvais côté de la barrière avant, dans la vilaine société figée et bourgeoise.
Je n'ai jamais connu cette époque, et je l'idéalise peut-être, mais que je rêve d'un monde où l'on ne devait pas fermer sa porte d'entrée à clé, où l'on pouvait vivre fiers de soi et de son travail, bref, d'une société dans laquelle on se saluait dans la rue en soulevant son chapeau.
Suis-je totalement dingue? En tout cas, une chose est sûre: je ne suis pas moins révolutionnaire que ceux qui ont détruit cette société, et pas plus réac qu'eux n'étaient avant-gardistes.
Après tout, avancer, c'est reculer en avant, et reculer, c'est avancer en arrière. A chacun ses lubies.
Signé: un doux rêveur à ses heures perdues.