par Cinci » sam. 31 mars 2012, 17:01
Une note partiellement positive quand même ...
- «Selon des témoignages rapportés par le New York Times du 26 juillet 2003, tiré du rapport d'investigation commandé conjointement par la Maison Blanche et le Sénat sur les attaques du 11 septembre, rapport rendu public le 24 juillet 2003 [...] la commission estime de bon droit que le terrorisme islamique trouve son inspiration dans une longue tradition d'intolérance qui provient des fondateurs du wahhabisme, des frères musulmans et de penseurs salafistes éminents [...] Elle n'exclut pas l'implication d'une partie du clergé, l'apport de certaines fondations de bienfaisance et le rôle des madrasas dans la propagation de l'intolérance religieuse [...]»
«... l'appréciation américaine trouve un écho favorable auprès d'une partie éclairée de l'élite saoudienne [...] les langues se délient, Rasheed Abu-Alsamah écrit courageusement dans Arab News du 13 septembre 2002, que «les terroristes sont le produit pervers de notre société et notre religion.» Guinan Abdallah Al-Ghamedi, deux années après le 11 septembre, rappelle dans Al-Watan que «des gens parmi nous ont applaudi de joie et n'ont pas tari d'éloges sur l'héroïsme de Ben Laden.»
Du terrorisme même en Arabie Saoudite : de l'inédit.
«Deux années après le 11 septembre, l'Arabie affronte une nouvelle épreuve : la terreur à domicile. En l'espace d'une année, une vingtaine d'opérations sont menées sur l'ensemble du territoire. La première attaque d'envergure a lieu le 12 mai 2003 contre une résidence d'étrangers à Riyad, faisant 35 morts et 200 blessés. [...] Le gouvernement publie en mai et décembre 2003, une liste actualisée de 40 suspects, mais le nombre des actifs est évalué à près de 500 membres. À la différence des terroristes du 11 septembre, dont dix membres sont originaires du Sud, les nouveaux djihadistes viennent de toutes les régions et de toutes les tribus.»
La dynastie régnante est un peu surprise
«Surpise par l'ampleur de la violence, la monarchie cafouille. Il s'agit bien d'une bande d'égarés, dévoyés par Satan, mais qui est le diable ? Israël est montré du doigt pour des fins de propagande, mais au fond la monarchie sait que le terrorisme a des causes internes. Et de nouveau le wahhabisme est sur la sellette. Le 11 mai 2003, dans le journal Riyad, Mansur Al-Nuquaidan accuse le wahhabisme d'être la cause du terrorisme dans le pays et dans le monde. [...] Un éditorial d'Al-Watan du 14 mai assimile les attaques à «une vision obscurantiste qui rejette le modernisme, l'égalité et la tolérance.» [...] Le 27 mai 2003, Jamal Kashogghi, éditorialiste à Al-Watan publie une série d'articles désobligeants à l'égard de la hiérarchie religieuse. Dans Al-Watan, Khaled Al-Ghannami, un ancien activiste islamique, intitule son article : «L'être humain est la patrie sont plus important qu'Ibn Tamiyya.» Dans une interview à Sharq al-Awsat du 6 décembre, l'universitaire Abdallah ibn Bejad tire les enseignements qui s'imposent : «Nous sommes aux termes d'un discours, dominant depuis trois siècles, exclusiviste et catégorique.»
«La vague de terreur a eu un effet inattendu sur le dispositif religieux, en voie de reconstitution. Alors que les libéraux osent critiquer le wahhabisme, les islamistes s'associent au clergé pour condamner les coupables. Après les attentats du 12 mai 2003, le roi a invité plus d'un millier de religieux au palais et leur a enjoint d'éviter de faire allusion au djihad, sous peine de sanction. Le 1er janvier 2005, il a démis de leur fonction pour incompétence 44 prêcheurs, 160 imams, 149 annonceurs de prières. Au total, il a suspendu de leurs activités 1357 responsables religieux officiels. [...] des dizaines de fatwas sont émises et réunies dans deux brochures qui font le point sur la position de l'Arabie Saoudite sur le terrorisme. Pour l'ensemble [...] l'Islam interdit de se suicider et de tuer sans avoir reçu l'ordre de le faire, y compris de tuer des protégés (juifs et chrétiens). Cette dernière interdiction sur la base d'un hadith : «Celui qui tue un protégé ne sentira pas l'odeur du paradis» [...] on croirait lire les réfutations sunnites du wahhabisme ! Les terroristes sont des ignorants, des menteurs, inspirés par le diable (2 :186-188), des «querelleurs acharnés» qui détruisent les récoltes et le bétail (2 :186-196), des kharijites qui désertent les rangs de la communauté, des gens de la transgression dont le sort est fixé par le Coran [...] Les islamistes eux-mêmes se mettent à table. En mars 2003 [...] trente-six islamistes dont Safar Al-Hawali émettent une fatwa collective anti-djihadiste [...] dans laquelle ils affirment que le djihad ne peut être déclaré que par les autorités instituées.
Cependant, comment expliquer que l'islam contemporain continue à fournir des phalanges qui prennent le relais et des martyrs et des repentis ? [...] J'y vois pour ma part le parcours type de l'islam sectaire actuel, qui se sépare d'abord de la société avant de rejoindre le bercail. En somme, Ibn Taymiyya avait raison sur ce point : la communauté plus forte que les sectes fini par les digérer, quitte à absorber une gorgée de leur venin.
[...]
«En septembre 2003, quatre mois après les explosions de Riyad, une deuxième pétition circule, intitulée : En défense de la nation. Elle réitère les demandes de janvier et impute la violence au retard pris dans la mise en oeuvre des réformes ainsi qu'à l'hégémonie d'une tendance particulière, incapable, par sa nature même, de dialoguer avec les autres (le wahhabisme) [...]»
Source : Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd
La source du radicalisme et du fanatisme est plutôt bien ciblée. Même des saoudiens (et islamistes) seront fort capables de s'en rendre compte. Des musulmans n'approuvent pas des opérations-suicides, le désordre et le tout-à-trac. Mais il restera quand même un univers de représentation apparemment, qui est propre à l'islam aussi, lequel permettrait de réintéger des coupables dans le sein de la communauté à la fin (!)
Une note partiellement positive quand même ...
[color=#004080][list]«Selon des témoignages rapportés par le [i]New York Times[/i] du 26 juillet 2003, tiré du rapport d'investigation commandé conjointement par la Maison Blanche et le Sénat sur les attaques du 11 septembre, rapport rendu public le 24 juillet 2003 [...] la commission estime de bon droit que le terrorisme islamique trouve son inspiration dans une longue tradition d'intolérance qui provient des fondateurs du wahhabisme, des frères musulmans et de penseurs salafistes éminents [...] Elle n'exclut pas l'implication d'une partie du clergé, l'apport de certaines fondations de bienfaisance et le rôle des madrasas dans la propagation de l'intolérance religieuse [...]»
«... l'appréciation américaine trouve un écho favorable auprès d'une partie éclairée de l'élite saoudienne [...] les langues se délient, Rasheed Abu-Alsamah écrit courageusement dans [i]Arab News[/i] du 13 septembre 2002, que «les terroristes sont le produit pervers de notre société et notre religion.» Guinan Abdallah Al-Ghamedi, deux années après le 11 septembre, rappelle dans [i]Al-Watan[/i] que «des gens parmi nous ont applaudi de joie et n'ont pas tari d'éloges sur l'héroïsme de Ben Laden.»
[b]Du terrorisme même en Arabie Saoudite : de l'inédit.[/b]
«Deux années après le 11 septembre, l'Arabie affronte une nouvelle épreuve : la terreur à domicile. En l'espace d'une année, une vingtaine d'opérations sont menées sur l'ensemble du territoire. La première attaque d'envergure a lieu le 12 mai 2003 contre une résidence d'étrangers à Riyad, faisant 35 morts et 200 blessés. [...] Le gouvernement publie en mai et décembre 2003, une liste actualisée de 40 suspects, mais le nombre des actifs est évalué à près de 500 membres. À la différence des terroristes du 11 septembre, dont dix membres sont originaires du Sud, les nouveaux djihadistes viennent de toutes les régions et de toutes les tribus.»
[b]La dynastie régnante est un peu surprise [/b]
«Surpise par l'ampleur de la violence, la monarchie cafouille. Il s'agit bien d'une bande d'égarés, dévoyés par Satan, mais qui est le diable ? Israël est montré du doigt pour des fins de propagande, mais au fond la monarchie sait que le terrorisme a des causes internes. Et de nouveau le wahhabisme est sur la sellette. Le 11 mai 2003, dans le journal [i]Riyad[/i], Mansur Al-Nuquaidan accuse le wahhabisme d'être la cause du terrorisme dans le pays et dans le monde. [...] Un éditorial d'[i]Al-Watan[/i] du 14 mai assimile les attaques à «une vision obscurantiste qui rejette le modernisme, l'égalité et la tolérance.» [...] Le 27 mai 2003, Jamal Kashogghi, éditorialiste à [i]Al-Watan[/i] publie une série d'articles désobligeants à l'égard de la hiérarchie religieuse. Dans [i]Al-Watan[/i], Khaled Al-Ghannami, un ancien activiste islamique, intitule son article : «L'être humain est la patrie sont plus important qu'Ibn Tamiyya.» Dans une interview à [i]Sharq al-Awsat[/i] du 6 décembre, l'universitaire Abdallah ibn Bejad tire les enseignements qui s'imposent : «Nous sommes aux termes d'un discours, dominant depuis trois siècles, exclusiviste et catégorique.»
«La vague de terreur a eu un effet inattendu sur le dispositif religieux, en voie de reconstitution. Alors que les libéraux osent critiquer le wahhabisme, les islamistes s'associent au clergé pour condamner les coupables. Après les attentats du 12 mai 2003, le roi a invité plus d'un millier de religieux au palais et leur a enjoint d'éviter de faire allusion au djihad, sous peine de sanction. Le 1er janvier 2005, il a démis de leur fonction pour incompétence 44 prêcheurs, 160 imams, 149 annonceurs de prières. Au total, il a suspendu de leurs activités 1357 responsables religieux officiels. [...] des dizaines de fatwas sont émises et réunies dans deux brochures qui font le point sur la position de l'Arabie Saoudite sur le terrorisme. Pour l'ensemble [...] l'Islam interdit de se suicider et de tuer sans avoir reçu l'ordre de le faire, y compris de tuer des protégés (juifs et chrétiens). Cette dernière interdiction sur la base d'un hadith : «Celui qui tue un protégé ne sentira pas l'odeur du paradis» [...] on croirait lire les réfutations sunnites du wahhabisme ! Les terroristes sont des ignorants, des menteurs, inspirés par le diable (2 :186-188), des «querelleurs acharnés» qui détruisent les récoltes et le bétail (2 :186-196), des kharijites qui désertent les rangs de la communauté, des gens de la transgression dont le sort est fixé par le Coran [...] Les islamistes eux-mêmes se mettent à table. En mars 2003 [...] trente-six islamistes dont Safar Al-Hawali émettent une fatwa collective anti-djihadiste [...] dans laquelle ils affirment que le djihad ne peut être déclaré que par les autorités instituées.
Cependant, comment expliquer que l'islam contemporain continue à fournir des phalanges qui prennent le relais et des martyrs et des repentis ? [...] J'y vois pour ma part le parcours type de l'islam sectaire actuel, qui se sépare d'abord de la société avant de rejoindre le bercail. En somme, Ibn Taymiyya avait raison sur ce point : la communauté plus forte que les sectes fini par les digérer, quitte à absorber une gorgée de leur venin.
[...]
«En septembre 2003, quatre mois après les explosions de Riyad, une deuxième pétition circule, intitulée : En défense de la nation. Elle réitère les demandes de janvier et impute la violence au retard pris dans la mise en oeuvre des réformes ainsi qu'à l'hégémonie d'une tendance particulière, incapable, par sa nature même, de dialoguer avec les autres (le wahhabisme) [...]»
Source : Hamadi Redissi, [u]Le pacte de Nadjd[/u]
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La source du radicalisme et du fanatisme est plutôt bien ciblée. Même des saoudiens (et islamistes) seront fort capables de s'en rendre compte. Des musulmans n'approuvent pas des opérations-suicides, le désordre et le tout-à-trac. Mais il restera quand même un univers de représentation apparemment, qui est propre à l'islam aussi, lequel permettrait de réintéger des coupables dans le sein de la communauté à la fin (!)