par Cinci » lun. 17 déc. 2018, 21:10
(je réponds ici à Nanimo)
Bonjour,
Je ne comprends pas le sens de votre désaccord avec moi. Je pense bien qu'il n'est rien de péjoratif dans le fait de l'assimilation en elle-même. Pour le reste, les problèmes de vocabulaire relèvent souvent d'une sorte de dispute "ésotérique" à propos de ce que devrait être le "vrai" sens à donner un mot.
Non
Ce que moi je dis c'est qu'il ne suffit pas à un individu de parvenir à s'intégrer à une structure économique (le monde du travail aux États-Unis, en France, en Arabie saoudite, en Chine, etc.), à s'adapter extérieurement aux règles de fonctionnement d'un certain voisinage pour être un Américain, être un Français, être un Saoudien, être un Chinois, etc.
Un exemple :
Je pourrais vivre et travailler cinquante ans aux États-Unis, parler l'anglais, connaître les petites habitudes de vie des Américains, les lois du pays, les respecter dans l'ensemble, consommer de la culture américaine ... et pourtant persister à me percevoir comme un Québécois, à ne pas vouloir devenir un Américain, à continuer de considérer que ma filière d'origine ethnico-culturelle serait meilleure et tout. Je pourrais continuer cent ans à vouloir maintenir un mur invisible de séparation entre moi et les Américains, moi et les Arabes, etc. Un Juif pourrait vivre 450 ans chez nous, et toujours se considérer lui-même comme un étranger à mon peuple, à ma culture, à ma religion; continuer de penser qu'un fossé infranchissable devrait continuer d'exister entre nos deux races.
Pour devenir un Français
Pour devenir un Français, il faut le vouloir. Il faut aimer la culture française, il faut vouloir se l'assimiler, en vivre, considérer vraiment comme siennes les valeurs culturelles du pays, faire sien l'histoire du pays, consentir rétrospectivement à l'idée de lutter soi-même pour la défense de ce pays, dans la continuité d'une certaine destinée nationale. On oublie ici les mercenaires ...
Le type qui vit comme un "déraciné", qui se considère hors-sol, qui ne se retrouve pas lui-même ni dans le terroir franco-français ni dans le bled ancestral d'Afrique, mais ce n'est pas un Français. Pas encore ! Les papiers, la loi, le passeport, les années ... rien n'y fera ! Pas dans la réalité. Je veux dire : le juridique ne recoupe pas toujours la réalité.
Le type le deviendra, français (Suisse, Allemand ...) mais à commencer le jour où il va enfin accepter de se laisser compénétrer par "quelque chose" qui relèvera plus de l'identité morale du pays. Il y a là un élément immatériel, non monétaire, non lié au marché dont ne tient pas compte notre société actuelle "occidentalo-onusienne" ou la société "européiste" ou la société canadienne trudeauiste du "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" et "tout le monde est canadien après un séjour d'affaire de cinq jours au pays or que le pays n'aurait pas d'identité véritable, et que l'on pourrait même donner bientôt le droit de vote au grand-père qui est resté au Liban, en Israël et etc."
[...]
Ce n'est pas parce que des colons français pouvaient vivre naguère en Algérie, travailler là-bas, trouver parfois "sympa" certaines petites coutumes folkloriques, manger du couscous qu'ils se seraient perçus comme devant être eux-mêmes des Arabes. Camus aura beau être né en Algérie, il ne se prenait pas lui-même pour un Arabe. En fait, il ne l'était pas. L'inverse est aussi vrai. Ce n'est pas le fait d'être né dans une banlieue parisienne ,,,
Une bonne amie ...
J'ai une bonne amie qui est d'origine chinoise, qui a pu grandir au Québec depuis tout jeune, qui aime la culture française, qui s'identifie tout à fait à la religion catholique ou à la religion traditionnelle et historique de mon pays. Je ne la considère pas de haut. Je ne la tiens pas pour une étrangère. Pourquoi ? Parce qu'elle est capable de se solidariser pour vrai avec le passé historico-culturel et religieux qui compose ma société nationale, capable de prendre fait et cause pour de "grandes causes" qui seraient celles de chantres de ma nation. A partir de là, elle est de ma race. Elle ne va pas cracher non plus sur mes symboles nationaux. A titre personnelle, je la considère comme un petit trésor. Il serait facile pour moi de l'estimer bien plus que mille de mes compatriotes. Je me félicite de sa présence à mes côtés. Je ne voudrais pas la jeter. Surtout pas !
Toutefois, sa mère ne se considère pas comme une canadienne ou une québécoise (... ou comme une occidentale de manière générale), bien qu'elle soit au pays depuis le même nombre d'années que ses enfants. La mère ne tient pas à devenir une femme occidentale, qu'elle tient trop à sa religion bouddhiste pour cela, ses rites chinois, sa culture ancestrale. Sa mère a beau détenir un passeport canadien, jouir de tous les mêmes droits légaux que les autres, bénéficier du droit de vote : elle n'est pas une canadienne dans son esprit à elle. Et c'est elle qui va faire la différence entre les uns et les autres. Le fait pour la mère de pouvoir évoluer à l'extérieur des frontières de la Chine, de fonctionner dans un autre pays ne fait pas que la Chine la quitte, elle.
(je réponds ici à Nanimo)
Bonjour,
Je ne comprends pas le sens de votre désaccord avec moi. Je pense bien qu'il n'est rien de péjoratif dans le fait de l'assimilation en elle-même. Pour le reste, les problèmes de vocabulaire relèvent souvent d'une sorte de dispute "ésotérique" à propos de ce que devrait être le "vrai" sens à donner un mot.
[b]Non
[/b]
Ce que moi je dis c'est qu'il ne suffit pas à un individu de parvenir à s'intégrer à une structure économique (le monde du travail aux États-Unis, en France, en Arabie saoudite, en Chine, etc.), à s'adapter extérieurement aux règles de fonctionnement d'un certain voisinage pour être un Américain, être un Français, être un Saoudien, être un Chinois, etc.
Un exemple :
Je pourrais vivre et travailler cinquante ans aux États-Unis, parler l'anglais, connaître les petites habitudes de vie des Américains, les lois du pays, les respecter dans l'ensemble, consommer de la culture américaine ... et pourtant persister à me percevoir comme un Québécois, à ne pas vouloir devenir un Américain, à continuer de considérer que ma filière d'origine ethnico-culturelle serait meilleure et tout. Je pourrais continuer cent ans à vouloir maintenir un mur invisible de séparation entre moi et les Américains, moi et les Arabes, etc. Un Juif pourrait vivre 450 ans chez nous, et toujours se considérer lui-même comme un étranger à mon peuple, à ma culture, à ma religion; continuer de penser qu'un fossé infranchissable devrait continuer d'exister entre nos deux races.
[b]Pour devenir un Français
[/b]
Pour devenir un Français, il faut le vouloir. Il faut aimer la culture française, il faut vouloir se l'assimiler, en vivre, considérer vraiment comme siennes les valeurs culturelles du pays, faire sien l'histoire du pays, consentir rétrospectivement à l'idée de lutter soi-même pour la défense de ce pays, dans la continuité d'une certaine destinée nationale. On oublie ici les mercenaires ...
Le type qui vit comme un "déraciné", qui se considère hors-sol, qui ne se retrouve pas lui-même ni dans le terroir franco-français ni dans le bled ancestral d'Afrique, mais ce n'est pas un Français. [i]Pas encore ![/i] Les papiers, la loi, le passeport, les années ... [i]rien n'y fera[/i] ! Pas dans la réalité. Je veux dire : le juridique ne recoupe pas toujours la réalité.
Le type le deviendra, français (Suisse, Allemand ...) mais à commencer le jour où il va enfin accepter de se laisser compénétrer par "quelque chose" qui relèvera plus de l'identité morale du pays. Il y a là un élément immatériel, non monétaire, non lié au marché dont ne tient pas compte notre société actuelle "occidentalo-onusienne" ou la société "européiste" ou la société canadienne trudeauiste du "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" et "tout le monde est canadien après un séjour d'affaire de cinq jours au pays or que le pays n'aurait pas d'identité véritable, et que l'on pourrait même donner bientôt le droit de vote au grand-père qui est resté au Liban, en Israël et etc."
[...]
Ce n'est pas parce que des colons français pouvaient vivre naguère en Algérie, travailler là-bas, trouver parfois "sympa" certaines petites coutumes folkloriques, manger du couscous qu'ils se seraient perçus comme devant être eux-mêmes des Arabes. Camus aura beau être né en Algérie, il ne se prenait pas lui-même pour un Arabe. En fait, il ne l'était pas. L'inverse est aussi vrai. Ce n'est pas le fait d'être né dans une banlieue parisienne ,,,
[b]Une bonne amie ...
[/b]
J'ai une bonne amie qui est d'origine chinoise, qui a pu grandir au Québec depuis tout jeune, qui aime la culture française, qui s'identifie tout à fait à la religion catholique ou à la religion traditionnelle et historique de mon pays. Je ne la considère pas de haut. Je ne la tiens pas pour une étrangère. Pourquoi ? Parce qu'elle est capable de se solidariser pour vrai avec le passé historico-culturel et religieux qui compose ma société nationale, capable de prendre fait et cause pour de "grandes causes" qui seraient celles de chantres de ma nation. A partir de là, elle est de ma race. Elle ne va pas cracher non plus sur mes symboles nationaux. A titre personnelle, je la considère comme un petit trésor. Il serait facile pour moi de l'estimer bien plus que mille de mes compatriotes. Je me félicite de sa présence à mes côtés. Je ne voudrais pas la jeter. Surtout pas !
Toutefois, sa mère ne se considère pas comme une canadienne ou une québécoise (... ou comme une occidentale de manière générale), bien qu'elle soit au pays depuis le même nombre d'années que ses enfants. La mère ne tient pas à devenir une femme occidentale, qu'elle tient trop à sa religion bouddhiste pour cela, ses rites chinois, sa culture ancestrale. Sa mère a beau détenir un passeport canadien, jouir de tous les mêmes droits légaux que les autres, bénéficier du droit de vote : elle n'est pas une canadienne dans son esprit à elle. Et c'est elle qui va faire la différence entre les uns et les autres. Le fait pour la mère de pouvoir évoluer à l'extérieur des frontières de la Chine, de fonctionner dans un autre pays ne fait pas que la Chine la quitte, elle.