Comment comprendre le récit de l’Exode, en état actuel des connaissances historiques ?
En continuant mes recherches et mes analyses dans le récit biblique et dans les données historiques disponibles sur internet, je découvre qu’il est possible de dégager aujourd’hui des rapprochements plus précis qui éclairent l’histoire de Dieu avec les hommes que nous raconte le livre de l’Exode qui reste une source profonde d’inspiration pour notre marche avec le Seigneur dans le présent et pour l’avenir.
C’est une synthèse renouvelée de ces rapprochements que je souhaite partager par ce long message en espérant ouvrir la réflexion et les échanges qu’ils peuvent susciter.
Dans l’ensemble du Pentateuque, le récit biblique me semble devoir se comprendre selon un calendrier semestriel de la ville d’Ur qui permet de considérer que de l’arrivée de Jacob en Égypte à l’entrée en Canaan après la mort de Moïse,
tout semble se passer en seulement 128 ans.
Il me semble que la clé de la compréhension se situe ici, de manière inévitable, dans l’observation de la durée des années dans le récit biblique pour lesquelles tout concorde à indiquer qu’
il s’agit d’années sumériennes de seulement 182 jours qui recommencent à chaque équinoxe du printemps et de l’automne, ce qui implique une division par deux des âges attribués aux patriarches ou aux durées dans le Pentateuque, par rapport à notre calendrier fait d’années de 365 jours.
Il me semble qu'on ne peut le comprendre que si l'on accepte de considérer que tout se raconte d’une manière sumérienne rejetant le calcul solaire du temps appliqué par le Égyptiens selon leur divinité Râ, pour faire prévaloir un calendrier qui rejette tout prévalence du soleil et qui se base sur l’équinoxe, ce moment où le jour présidé par le plus grand luminaire (le soleil) est d’une durée égale à la nuit présidée par le plus petit luminaire (la lune), niant toute supériorité d’un astre sur l’autre.
Dès le récit de la création dans le livre de la Genèse, la divinisation du soleil et de la lune est rejetée. Ces astres sont là pour séparer les jours et les nuits et pour marquer les époques. L’un pour présider au jour et l’autre pour présider à la nuit. Ils ne sont que des lampadaires. (Gn 1, 14-18).
À Ur, cité du dieu-lune d’où est issu Abraham, le temps annuel n’était pas soumis au seul soleil. Comme dans la Genèse, ils sont sur un pied d’égalité : le grand pour le jour et le petit pour la nuit.
Ce qui marquait le temps, ce n’est pas le rythme du soleil, mais l’équinoxe, ce moment de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit, ce qui se produit environ tous les six mois, vers le 21 mars et le 21 septembre.
En présence des Égyptiens qui divinisaient le soleil, les Hébreux ont pu préférer le calcul du temps sumérien par 182 jours et refuser d’adopter le calendrier solaire des Égyptiens.
Durant six mois, le jour présidé par le soleil est plus long que la nuit (du 21 mars au 21 septembre) et durant six autres mois d'une durée égale, la nuit présidée par la lune est plus longue que le jour (du 21 septembre au 21 mars).
Contrairement au point de vue égyptien idolâtrant le soleil et rejetant le calcul du temps sur cette base païenne, Moïse me semble avoir tout raconté avec le calendrier de Ur fixant la nouvelle année à chaque équinoxe, les 21 mars et 21 septembre de notre calendrier, ce qui fixe la durée de chaque année à 182 jours (il y a très précisément 182,62 jours entre deux équinoxes).
Cette question a déjà été longuement développée dans un message du 20 décembre 2017 d’un autre fil intitulé «
L’histoire Sainte d’Abraham à Salomon » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... rc#p374807
Et dans un message du 1er mai 2019 d’un fil intitulé «
L’enfance sumérienne d’Abraham à Ur en Chaldée » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... c&start=45
Cette référence aux années sumériennes de 182 jours atteste de l’ancienneté du texte primitif de l’Exode et de son contexte égyptien dans lequel les Hébreux rejetaient la référence à la divinité majeure des Égyptiens qu’était le dieu-soleil Râ.
On peut en trouver un indice dans le dénombrement du peuple d’Israël par Moïse qui compte «
ceux qui avaient 20 ans et plus, tous ceux qui pourraient aller au combat » (Nb 1, 21 à 46). Peut-on imaginer que les hommes de 18 et 19 ans n’étaient pas comptés ? Cela paraît invraisemblable. Il me semble qu'il faut comprendre ici, comme pour les âges des patriarches, qu’il s’agit de 20 années sumériennes de 182 jours (soit la moitié d'une année actuelle ou environ 6 mois), ce qui fixe la limite à l’âge de 10 ans. Dès la puberté proche de cet âge, les jeunes pouvaient participer à la vie adulte. Aujourd’hui, la Bar-Mitsva est fixée à 12 ans pour les filles et 13 ans pour les garçons. Mais rien ne précise cette limite dans l’Antiquité. Il semble qu’il faille comprendre que les hommes pouvaient être comptés «
à partir de 10 ans » dès que leur stature adulte, atteinte à l’âge variable de la puberté, leur permettait «
d’aller au combat ».
Toutes les durées du Pentateuque exprimées en années ne semblent pas se référer au soleil, la divinité des Égyptiens, mais aux équinoxes qui séparent le temps en périodes de 182 jours (environ 6 mois).
Ce n’est que lorsque le peuple hébreu s’est installé en Canaan, que l’opposition à la religion égyptienne du soleil est devenue sans objet et que l’assimilation aux populations locales a probablement fait cesser le calcul sumérien du temps. Le cycle des saisons est devenu la référence universelle indépendamment de toute référence solaire.
Après le livre de Josué (qui paraît continuer à s’exprimer en années semestrielles), le calcul du temps ne paraît plus considérer que des années de 365 jours.
Dans le livre de l’Exode, il me semble que c’est sur la base d’années sumériennes de 182 jours qu’il faut comprendre que le séjour en Égypte fut de 430 ans (Ex 12, 40).
En fait, il semble qu’il faille d’abord comprendre, dans le texte biblique, que le séjour fut «
dans une période de 430 ans ». Selon Flavius Josèphe, le séjour en Égypte n’a pas duré 430 ans, mais seulement 215 ans. D’ailleurs, dans la Bible samaritaine et dans la version des Septante en grec, le texte le précise expressément : «
le séjour que les fils d'Israël avaient fait tant dans la terre d'Égypte que dans celle de Canaan, avait duré quatre cent trente ans ».
La confirmation se trouve dans l’épître aux Galates lorsque Saint Paul indique que la loi lors de la sortie d’Égypte est intervenue 430 ans après la promesse faite à Abraham (Ga 3, 17), ce qui réduit de moitié la durée du séjour en Égypte puisqu’Abraham part vers Canaan à 75 ans, soit
25 ans avant la naissance d’Isaac qui, lui-même, à l’âge de
60 ans, engendre Jacob
130 ans avant son exil en Égypte, ce qui, au total relate une période en Canaan de 215 ans (25 + 60 + 130 = 215 ans).
Dès lors qu’il y a 215 années de la promesse faite à Abraham jusqu’à l’arrivée de Jacob en Égypte, cela réduit à 215 ans la durée du séjour des Israélites en Égypte dans la période de 430 ans.
Et, en comptant chacune de ces deux périodes de 215 ans en années sumériennes de 6 mois, cela limite à 107,5 ans dans notre calendrier la durée du séjour des Israélites en Égypte entre l’arrivée de Jacob et l’exode sous la conduite de Moïse, auxquels il faut ajouter les 40 années de 182 jours au désert, soit 20 ans dans notre calendrier, pour situer l’entrée en Canaan près de 128 ans seulement après l’exil en Égypte.
Cela correspond à ce qui avait été annoncé à Abraham lorsqu’il lui a été dit «
Tes descendants ne reviendront ici qu’à la quatrième génération » (Gn 16, 15), compte tenu d’un écart moyen entre deux générations et ce que confirme le fait que tant Qehath le grand-père de Moïse que Hesrone l’arrière-grand-père de Naassone (le chef de la tribu de Juda au moment de l’entrée en Canaan) arrivent en Égypte avec Jacob (Gn 46, 11-12). Les généalogies des évangiles confirment qu’il n’y a que 2 ou 3 générations supplémentaires (cf. Mt 1, 3-4 et Lc 4, 32-33) entre le début et la fin du séjour en Égypte.
Déjà, dans la généalogie de la Genèse, Lamech d’une durée de vie symboliquement parfaite de 777 ans engendre Noé précisément à l’âge de 182 ans, ce qui donne un écho aux années semestrielles dans les fondements de l’histoire biblique (Gn 5, 28-31).
Même si le calcul en années de 365 jours s’est généralisé lorsque le peuple d’Israël s’est éloigné de l’Égypte, les années du récit sont restées inchangées au cours des siècles de transmission de ce récit car il était impossible de réadapter son calcul du temps, par une division par deux, sans perdre toute la symbolique rattachée aux nombres. Ces nombres demeurent tel quels, mais il ne faut pas perdre de vue la signification spécifique du mot «
années » dans le Pentateuque.
Si l’on remonte 480 ans avant la construction du temple de Salomon généralement datée en 967 ACN, l’exode aurait eu lieu vers 1447 ACN ce qui peut être situé durant le règne d’Amenhotep II dont le début peut être situé vers 1454-1450 ACN. Rappelons cependant que les 480 ans bibliques peuvent être approximatifs et symboliques et que les datations tant de la construction du temple de Salomon que des règnes des pharaons d’Égypte ne sont à ce jour que des approximations incertaines.
Le pharaon Amenhotep II succède au long règne de Thoutmôsis III d’une durée de 53 ans, même si, pendant 22 ans, son pouvoir est contesté par la reine-pharaon Hatchepsout, sa régente et belle-mère.
On peut observer que, conformément à la mort des premiers-nés égyptiens annoncée par Moïse, le fils aîné du pharaon Amenhotep II, nommé Oubensénou, est mort jeune selon le vase funéraire qui en a été retrouvé.
En considérant l’hypothèse historique solide que Moïse a été adopté par la reine-pharaon Hatchepsout, il faut constater que son décès prématuré à l’âge de 50 ans a privé Moïse de sa protection et en faisait un possible rival du pharaon Thoutmôsis III.
Dans le contexte d’un peuple israélite nombreux, ce pharaon pouvait craindre que Moïse, fils de Hatchepsout, devienne un rival dangereux de sorte qu’il voulait le tuer, comme le raconte le récit biblique, ce qui a mis Moïse en fuite.
Comme Thoutmôsis a encore régné 30 ans après la mort d’Hatchepsout, c’est donc «
longtemps après » (Ex 2, 23), que Amenhotep II (aussi nommé Amenophis II) lui a succédé et que Moïse est rentré en Égypte.
Et, parmi les faits historiques, on trouve un indice particulièrement intéressant sur une stèle érigée en l’honneur du pharaon Amenhotep II qui rapporte qu’en l’an 9 de son règne, il effectua une véritable razzia en Canaan pour en ramener 89.600 personnes «
avec leurs biens innombrables, tout le bétail leur appartenant représentant des troupeaux sans fin » et qu’il entreprit cette campagne «
le 25e jour du 3e mois de la saison akhet » (mi-septembre) et sans doute d’urgence, car à cette date elle se déroule «
à un moment où la présence des hommes était nécessaire pour les travaux des champs » (cf. Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d’un empire, p. 391-392).
Dans ce telles conditions, on peut penser à un double problème alimentaire urgent : pas assez de monde pour récolter la nourriture dans les champs et pas assez de nourriture du fait de ce manque d’ouvriers dans les champs. Amenhotep II a pu chercher à ramener d’urgence des ouvriers pour achever les récoltes dans les champs et du bétail tant pour contribuer à ces travaux de récolte que pour assurer un surplus de production de lait et de viande.
L’ampleur des personnes et de leurs élevages qui sont ramenés constitue un indice particulièrement probant d’un exode récent et important de travailleurs qui correspond à l’exode de 600.000 hommes raconté par le récit biblique qui n’a pu que désorganiser de manière importante les travaux réalisés par les migrants et priver l’Égypte des nombreux travailleurs en cause.
Mais, dans l'ensemble des données qui précèdent, on ne peut cependant que présenter une hypothèse sous toutes réserves après déjà beaucoup d’autres, depuis la plus ancienne présentée par Manéthon trois siècles avant Jésus-Christ mais qui, aujourd’hui encore, me semble la plus convaincante pour les trois repères principaux du récit que sont les pharaons Apophis, Thoutmôsis III et Amenhotep II.
1. Joseph arrive en Égypte au temps du dernier pharaon Hyksos nommé Apophis (ou Apopi ou Epaphos) dont le règne de 40 ans est situé dans une période qui s’étend, selon les multiples avis différents des égyptologues, de 1600 à 1519 avant Jésus-Christ.
Un document de Manéthon, connu indirectement par l'historien byzantin Georges le Syncelle, contient les mots suivants : «
Certains disent que ce roi (Apopi) était au début appelé Pharaon, et que dans la quatrième année de son règne Joseph arriva en esclave en Egypte. Il nomma Joseph seigneur d'Egypte et de tout son royaume, dans la dix-septième année de son gouvernement, ayant appris de lui l'interprétation des rêves et ayant ainsi prouvé sa sagesse divine ».
Les mots «
certains disent » indiquent une incertitude par rapport à des commentateurs qui ont repris l’écart du récit biblique qui rapporte que Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans et devient le gouverneur du pharaon à 30 ans. Cet écart de 13 ans en années de 182 jours doit cependant être réduit de moitié en années de 365 jours. Rien n’éclaire le rattachement particulier incertain à la 4ème ou 17ème année du règne du pharaon Apophis qui ne correspond pas au récit biblique.
2. Moïse naît et est persécuté sous le règne du pharaon Thoutmôsis III dont le règne de 53 ans est situé dans une période qui s’étend de 1504 à 1419 avant Jésus-Christ, en ce compris dans sa jeunesse un règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout, sa belle-mère et régente.
Selon le fragment 51 des écrits de Manéthon, hérité de Théophile d'Antioche, Moïse a été expulsé par le pharaon Tethmôsis (Τέθμωσισ), le premier représentant de la XVIIIe dynastie, mais rien ne paraît exclure qu’il s’agisse de son petit-fils Thoutmôsis III portant le même nom ce qui, au contraire, semble s’imposer du fait qu'il est le prédécesseur d’un pharaon Amenophis (ou Amenhotep) impliqué dans le récit de la sortie d’Égypte selon le même Manéthon.
3. Moïse revient en Égypte et l’exode se produit sous le règne du pharaon Amenhotep II dont le règne de 27 ans est situé dans une période qui s’étend de 1454 à 1388 avant Jésus-Christ.
Selon les indications de Wikipedia (Pharaon de l’Exode), chez Manéthon (fragment 54), Moïse-Osarseph est présenté comme le chef d'une bande de 80 000 lépreux et impurs regroupés à Avaris (aussi nommée Héliopolis) par le pharaon Aménophis et en révolte contre lui : «
ils prirent pour chef un des prêtres d'Héliopolis nommé Osarseph et lui jurèrent d'obéir à tous ses ordres. Il leur prescrivit pour première loi de ne point adorer de dieux, de ne s'abstenir de la chair d'aucun des animaux que la loi divine rend le plus sacrés en Égypte, de les immoler tous, de les consommer et de ne s'unir qu'à des hommes liés par le même serment ». Selon Hécatée d'Abdère, philosophe et historien grec des IVe – IIIe siècle av. J.-C., cité par Diodore de Sicile (Bibliothèque historique - Livre XL, 3), «
Il se déclara anciennement en Egypte une maladie pestilentielle ; le peuple fit remonter à la divinité l'origine de ce fléau ; comme le pays était habité par de nombreux étrangers, ayant des mœurs et des cérémonies religieuses très différentes, il en résulta que le culte héréditaire était négligé. Les indigènes crurent donc que, pour apaiser le fléau, il fallait chasser les étrangers. C'est ce qu'on fit sur-le-champ ». Selon Hécatée d'Abdère, la grande masse de la plèbe s'est installée en Judée en suivant le sage et courageux Moïse.
Dans le calendrier du récit biblique, les événements peuvent, dès lors, se situer comme suit (les références
en italiques au calendrier historique sont indicatives). La précision des dates en italiques n’est que celle d’une peinture approximative de la réalité historique précise qui demeure largement inconnue. Mais cette image incertaine montre une cohérence entre la réalité biblique et la réalité historique qui peut être méditée pour conforter la solidité historique de l’action de Dieu dans l’histoire que nous raconte le livre de l’Exode, même si d’autres cohérences peuvent être observées et que d’autres interprétations peuvent et pourront être présentées au fil de l’avancement des travaux futurs des exégètes et des historiens.
Voici un tableau qui peut en être présenté sous toutes réserves :
An 0 du
calendrier biblique en années de 182 jours (en
gras) : naissance d’Abraham.
Vers l’an 1697 ACN (cf. ci-après la date du départ en Canaan (1660 + 37)
An 70 (35 années du calendrier historique en années de 365 jours) : promesse faite à Abraham 430 ans avant la sortie d’Égypte.
Vers l’an 1662 ACN (1447 + 215) (sortie de l’Égypte 480 ans après la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ = 1447 ACN et 430 années de 182 jours, soit 215 ans dans notre calendrier, de la promesse faite à Abraham à la sortie d’Égypte)
An 75 (37,5 ans) : départ vers Canaan lorsqu’Abraham a 75 ans (dans notre calendrier : 37,5) (Gn 12, 4)
An 1660 ACN (1697 – 37)
An 100 (50 ans) : naissance d’Isaac lorsque Abraham a 100 ans (dans notre calendrier : 50 ans) (Gn 21, 5) et Sarah 90 ans (dans notre calendrier : 40 ans) (Gn 17, 17)
An 1647 ACN (1697 – 50)
An 137 (68,5 ans) : mort de Sarah à l’âge de 127 ans (dans notre calendrier : 63 ans) (Gn 23, 1). Abraham, qui a 10 ans de plus que Sarah (Gn 17, 17) devient donc veuf à l’âge de 137 ans (dans notre calendrier : 68 ans), mais se remarie avec Ketura et aura encore 6 enfants avec elle (Gn 25, 1-2)
An 1629 ACN (1697 – 68)
An 160 (80 ans) : naissance de Jacob qu'Isaac engendre à l’âge de 60 ans (dans notre calendrier : 30 ans) (Gn 25, 26)
An 1617 ACN (1647 – 30)
An 175 (87 ans) : mort d’Abraham à l’âge de 175 ans (dans notre calendrier : 87 ans) (Gn 25, 7)
An 1610 ACN (1697 – 87)
[An 216 (108 ans)] début du règne de 40 ans du pharaon Hyksos Apophis à Avaris dans le delta du Nil (1591-1551 ACN) en l’an 1591 ACN (estimation calculée)
[An 252 (126 ans)] : naissance de Joseph, en l’an 1573 ACN (cf. ci-après : 1565 + 8)
[An 268 (134 ans)] : Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans (dans notre calendrier : 8,5 ans) (Gn 37, 2). Ce n’est pas un adolescent, car c’est encore un enfant (Gn 37, 30). En 1565 ACN (1573 – 8)
[An 276 (138 ans)] : Joseph est âgé de 28 ans (dans notre calendrier : 14 ans) lorsqu’il devient le gérant de Potiphar (Gn. 39, 4) avant d’être mis en prison pendant deux ans (dans notre calendrier : un an) (Gn 41,1). En l’an 1559 ACN (1573 - 14).
[An 278 (139 ans)] : Joseph est âgé de 30 ans (dans notre calendrier : 15 ans) lorsqu’il est engagé au service de Pharaon (Gn 41, 46) et devient gouverneur de l’Égypte (Gn 41, 40-43). En l’An 1558 ACN (1573 – 15).
[An 278 à 284 (139 à 142)] : 7 années d’abondance (dans notre calendrier : 3,5 ans) (Gn 41, 47) De 1558 à 1555 ACN
An 280 (140 ans) : mort d’Isaac à l’âge de 180 ans (dans notre calendrier : 90 ans) (Gn 35, 28)
An 1557 ACN (1647 – 90)
An 290 (145 ans) : exil de Jacob en Égypte à l’âge de 130 ans (dans notre calendrier : 65 ans) lorsque la famine se déclare après 7 années d’abondance (dans notre calendrier : 3,5 ans),
soit environ 6 ans après l’engagement de Joseph par Pharaon. En l’An 1552 ACN (1617 - 65)
[An 298 (149 ans)] : mort du pharaon Apophis en 1551 ACN et début du règne d’Ahmosis Ier, pharaon de Thèbes à partir de 1565 ACN et qui règne à Avaris à partir de 1551 ACN pendant 15 ans
An 307 (153 ans) : mort de Jacob à l’âge de 147 ans (dans notre calendrier : 73 ans) (Gn 47, 28)
En l’an 1544 ACN (1617 – 73). Joseph, préfigure du Christ livré par ses frères mais qui renaît en Égypte, confie à ses frères la mission de «
préserver la vie à un peuple nombreux » car «
Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu le changer en bien » (Gn 50, 20). Les frères de Joseph et ses deux fils vont former un peuple «
plus nombreux et plus puissant » que le peuple du pharaon (Ex 1, 8) parce que les fils d’Israël vont unir à eux «
une multitude disparate » (Ex 12, 38 : «
vulgus promiscuum innumerabile » selon la Vulgate), une foule de gens de toute espèce qui évoque la foule immense qui rejoint les 144.000 enfants d’Israël dans l’Apocalypse. Sous l’autorité de Joseph, comme les 12 apôtres du Christ, ses deux fils et dix de ses frères forment 12 tribus avec des gens de toutes nations pour sauver une multitude de toutes nations à cette époque où on trouve dans le delta du Nil de nombreux Hyksos provenant de tout le Moyen Orient, de nombreux Lybiens et beaucoup d’autres encore dans une société très multiculturelle, 12 tribus qui seront dénombrées à la sortie d’Égypte : 603.550 hommes, tous les gens d’Israël «
âgés de 20 ans et plus (dans notre calendrier : 10 ans)
, tous ceux qui pourraient aller au combat » (Nb 1, 45-46). La tribu de Lévi (celle de Moïse) ne fut pas dénombrée car elle était affectée au culte et à la garde du tabernacle (Nb 1, 53).
[An 326 (163 ans)]An 1536 ACN : mort du pharaon Ahmôsis Ier et début du règne de 20 ans du pharaon Amenhotep Ier (1536-1516). Selon les avis différents des égyptologues, le règne d’Ahmôsis Ier prend fin à une date située entre 1546 et 1504 ACN. Joseph reste gouverneur sous l’autorité de ces deux pharaons jusqu’à sa mort en 1518 (cf. ci-après).
[An 336 (168 ans) : An 1531 ACN : naissance de la reine pharaon Hatchepsout (cf. ci-après : 1581 – 50)
An 362 (181 ans) : mort de Joseph à l’âge de 110 ans (dans notre calendrier : 55 ans) (Gn 50, 22) En l’an 1518 ACN (1573 - 55)
[An 366 (183 ans)] : An 1516 ACN : mort d’Amenhotep Ier et début du règne de Thoutmôsis Ier (qui, a connu Joseph avant le début de son règne, de même que son fils Thoutmôsis II) de 1516 à 1507 ACN
[An 370 (185 ans)] : An 1514 ACN : naissance de Thoutmôsis III (1501 + 11)
[An 384 (192 ans)]An 1507 ACN : mort du Pharaon Thoutmôsis Ier et début du règne de Thoutmôsis II de 1507 à 1503 ACN
[An 392 (196 ans)]An 1503 ACN : mort du pharaon Thoutmôsis II et début du règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout (ci-après : 1481 + 22) et du règne de Thoutmôsis III à l’âge de 11 ans sous la régence d’Hatchepsout
De l’An 1554 à l’an 1503 ACN : période de 51 ans durant laquelle meurent tous les frères de Joseph et cette génération-là venus avec Jacob (Ex 1, 5-6) avant qu’un nouveau roi (Thoutmôsis III) s’élève sur l’Égypte « qui n’avait pas connu Joseph » (Ex 1, 8)
An 425 (212 ans) : naissance de Moïse (cf. An 545 – 120) 80 ans (dans notre calendrier : 40 ans) avant la sortie d’Égypte. En l’an
1487 ACN (1447 + 40)
[An 436 (218 ans)] : An 1481 ACN : mort de Hatchepsout à l’âge de 50 ans
Vers l’an 1470 ACN : Moïse, devenu adolescent voire adulte, fuit hors d’Égypte (Ex 2, 15). Selon Manéthon, Thoutmôsis l’expulsa.
[An 490 (245 ans)] : Début du règne d’Amenhotep II (Selon Donald Redford (1986) de 1454 à 1419 ACN) d’abord en corégence avec le pharaon Thoutmôsis III, en l’an 1454 ACN
De l’an 1454-1450 ACN : corégence de Thoutmôsis III et d’Amenhotep II
[An 498 (249 ans)] : mort du pharaon Thoutmôsis III en 1450 ACN et Moïse revient en Égypte après un exil d’environ 20 ans « longtemps après » (Ex 2, 23)
An 505 (252 ans) : sortie d’Égypte 430 ans (dans notre calendrier : 215 ans) après la promesse en l’An 75, sous la conduite de Moïse lorsqu’il a 80 ans, en l’an
1447 ACN (967 ACN + 480 ans), 480 ans avant la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ
[An 506 (253ans)] : En l’an 1446 ACN, en l’an 9 du règne d’Amenhotep II, campagne militaire pour ramener 89.600 personnes l’année suivant l’exode de 600.000 hommes ayant réduit le nombre de personnes à nourrir mais aussi le nombre des travailleurs disponibles pour les travaux des champs.
An 545 (272 ans après la naissance d’Abraham) : après 40 ans dans le désert (dans notre calendrier : 20 ans), mort de Moïse à l’âge de 120 ans (dans notre calendrier : 60 ans) et entrée en Canaan,
en l’an 1427 ACN (1699 – 272)
Comment comprendre le récit de l’Exode, en état actuel des connaissances historiques ?
En continuant mes recherches et mes analyses dans le récit biblique et dans les données historiques disponibles sur internet, je découvre qu’il est possible de dégager aujourd’hui des rapprochements plus précis qui éclairent l’histoire de Dieu avec les hommes que nous raconte le livre de l’Exode qui reste une source profonde d’inspiration pour notre marche avec le Seigneur dans le présent et pour l’avenir.
C’est une synthèse renouvelée de ces rapprochements que je souhaite partager par ce long message en espérant ouvrir la réflexion et les échanges qu’ils peuvent susciter.
Dans l’ensemble du Pentateuque, le récit biblique me semble devoir se comprendre selon un calendrier semestriel de la ville d’Ur qui permet de considérer que de l’arrivée de Jacob en Égypte à l’entrée en Canaan après la mort de Moïse, [u]tout semble se passer en seulement 128 ans[/u].
Il me semble que la clé de la compréhension se situe ici, de manière inévitable, dans l’observation de la durée des années dans le récit biblique pour lesquelles tout concorde à indiquer qu’[u]il s’agit d’années sumériennes de seulement 182 jours[/u] qui recommencent à chaque équinoxe du printemps et de l’automne, ce qui implique une division par deux des âges attribués aux patriarches ou aux durées dans le Pentateuque, par rapport à notre calendrier fait d’années de 365 jours.
Il me semble qu'on ne peut le comprendre que si l'on accepte de considérer que tout se raconte d’une manière sumérienne rejetant le calcul solaire du temps appliqué par le Égyptiens selon leur divinité Râ, pour faire prévaloir un calendrier qui rejette tout prévalence du soleil et qui se base sur l’équinoxe, ce moment où le jour présidé par le plus grand luminaire (le soleil) est d’une durée égale à la nuit présidée par le plus petit luminaire (la lune), niant toute supériorité d’un astre sur l’autre.
Dès le récit de la création dans le livre de la Genèse, la divinisation du soleil et de la lune est rejetée. Ces astres sont là pour séparer les jours et les nuits et pour marquer les époques. L’un pour présider au jour et l’autre pour présider à la nuit. Ils ne sont que des lampadaires. (Gn 1, 14-18).
À Ur, cité du dieu-lune d’où est issu Abraham, le temps annuel n’était pas soumis au seul soleil. Comme dans la Genèse, ils sont sur un pied d’égalité : le grand pour le jour et le petit pour la nuit.
Ce qui marquait le temps, ce n’est pas le rythme du soleil, mais l’équinoxe, ce moment de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit, ce qui se produit environ tous les six mois, vers le 21 mars et le 21 septembre.
En présence des Égyptiens qui divinisaient le soleil, les Hébreux ont pu préférer le calcul du temps sumérien par 182 jours et refuser d’adopter le calendrier solaire des Égyptiens.
Durant six mois, le jour présidé par le soleil est plus long que la nuit (du 21 mars au 21 septembre) et durant six autres mois d'une durée égale, la nuit présidée par la lune est plus longue que le jour (du 21 septembre au 21 mars).
Contrairement au point de vue égyptien idolâtrant le soleil et rejetant le calcul du temps sur cette base païenne, Moïse me semble avoir tout raconté avec le calendrier de Ur fixant la nouvelle année à chaque équinoxe, les 21 mars et 21 septembre de notre calendrier, ce qui fixe la durée de chaque année à 182 jours (il y a très précisément 182,62 jours entre deux équinoxes).
Cette question a déjà été longuement développée dans un message du 20 décembre 2017 d’un autre fil intitulé « [i]L’histoire Sainte d’Abraham à Salomon[/i] » :
https://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?f=91&t=43272&p=374807&hilit=barc#p374807
Et dans un message du 1er mai 2019 d’un fil intitulé « [i]L’enfance sumérienne d’Abraham à Ur en Chaldée[/i] » :
https://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?f=28&t=44901&hilit=barc&start=45
Cette référence aux années sumériennes de 182 jours atteste de l’ancienneté du texte primitif de l’Exode et de son contexte égyptien dans lequel les Hébreux rejetaient la référence à la divinité majeure des Égyptiens qu’était le dieu-soleil Râ.
On peut en trouver un indice dans le dénombrement du peuple d’Israël par Moïse qui compte « [i]ceux qui avaient 20 ans et plus, tous ceux qui pourraient aller au combat[/i] » (Nb 1, 21 à 46). Peut-on imaginer que les hommes de 18 et 19 ans n’étaient pas comptés ? Cela paraît invraisemblable. Il me semble qu'il faut comprendre ici, comme pour les âges des patriarches, qu’il s’agit de 20 années sumériennes de 182 jours (soit la moitié d'une année actuelle ou environ 6 mois), ce qui fixe la limite à l’âge de 10 ans. Dès la puberté proche de cet âge, les jeunes pouvaient participer à la vie adulte. Aujourd’hui, la Bar-Mitsva est fixée à 12 ans pour les filles et 13 ans pour les garçons. Mais rien ne précise cette limite dans l’Antiquité. Il semble qu’il faille comprendre que les hommes pouvaient être comptés « [i]à partir de 10 ans[/i] » dès que leur stature adulte, atteinte à l’âge variable de la puberté, leur permettait « [i]d’aller au combat[/i] ».
Toutes les durées du Pentateuque exprimées en années ne semblent pas se référer au soleil, la divinité des Égyptiens, mais aux équinoxes qui séparent le temps en périodes de 182 jours (environ 6 mois).
Ce n’est que lorsque le peuple hébreu s’est installé en Canaan, que l’opposition à la religion égyptienne du soleil est devenue sans objet et que l’assimilation aux populations locales a probablement fait cesser le calcul sumérien du temps. Le cycle des saisons est devenu la référence universelle indépendamment de toute référence solaire.
Après le livre de Josué (qui paraît continuer à s’exprimer en années semestrielles), le calcul du temps ne paraît plus considérer que des années de 365 jours.
Dans le livre de l’Exode, il me semble que c’est sur la base d’années sumériennes de 182 jours qu’il faut comprendre que le séjour en Égypte fut de 430 ans (Ex 12, 40).
En fait, il semble qu’il faille d’abord comprendre, dans le texte biblique, que le séjour fut « [i]dans une période de 430 ans [/i]». Selon Flavius Josèphe, le séjour en Égypte n’a pas duré 430 ans, mais seulement 215 ans. D’ailleurs, dans la Bible samaritaine et dans la version des Septante en grec, le texte le précise expressément : « [i]le séjour que les fils d'Israël avaient fait tant dans la terre d'Égypte que dans celle de Canaan, avait duré quatre cent trente ans [/i]».
La confirmation se trouve dans l’épître aux Galates lorsque Saint Paul indique que la loi lors de la sortie d’Égypte est intervenue 430 ans après la promesse faite à Abraham (Ga 3, 17), ce qui réduit de moitié la durée du séjour en Égypte puisqu’Abraham part vers Canaan à 75 ans, soit [u]25 ans[/u] avant la naissance d’Isaac qui, lui-même, à l’âge de [u]60 ans[/u], engendre Jacob [u]130 ans[/u] avant son exil en Égypte, ce qui, au total relate une période en Canaan de 215 ans (25 + 60 + 130 = 215 ans).
Dès lors qu’il y a 215 années de la promesse faite à Abraham jusqu’à l’arrivée de Jacob en Égypte, cela réduit à 215 ans la durée du séjour des Israélites en Égypte dans la période de 430 ans.
Et, en comptant chacune de ces deux périodes de 215 ans en années sumériennes de 6 mois, cela limite à 107,5 ans dans notre calendrier la durée du séjour des Israélites en Égypte entre l’arrivée de Jacob et l’exode sous la conduite de Moïse, auxquels il faut ajouter les 40 années de 182 jours au désert, soit 20 ans dans notre calendrier, pour situer l’entrée en Canaan près de 128 ans seulement après l’exil en Égypte.
Cela correspond à ce qui avait été annoncé à Abraham lorsqu’il lui a été dit « [i]Tes descendants ne reviendront ici qu’à la quatrième génération[/i] » (Gn 16, 15), compte tenu d’un écart moyen entre deux générations et ce que confirme le fait que tant Qehath le grand-père de Moïse que Hesrone l’arrière-grand-père de Naassone (le chef de la tribu de Juda au moment de l’entrée en Canaan) arrivent en Égypte avec Jacob (Gn 46, 11-12). Les généalogies des évangiles confirment qu’il n’y a que 2 ou 3 générations supplémentaires (cf. Mt 1, 3-4 et Lc 4, 32-33) entre le début et la fin du séjour en Égypte.
Déjà, dans la généalogie de la Genèse, Lamech d’une durée de vie symboliquement parfaite de 777 ans engendre Noé précisément à l’âge de 182 ans, ce qui donne un écho aux années semestrielles dans les fondements de l’histoire biblique (Gn 5, 28-31).
Même si le calcul en années de 365 jours s’est généralisé lorsque le peuple d’Israël s’est éloigné de l’Égypte, les années du récit sont restées inchangées au cours des siècles de transmission de ce récit car il était impossible de réadapter son calcul du temps, par une division par deux, sans perdre toute la symbolique rattachée aux nombres. Ces nombres demeurent tel quels, mais il ne faut pas perdre de vue la signification spécifique du mot « [i]années[/i] » dans le Pentateuque.
Si l’on remonte 480 ans avant la construction du temple de Salomon généralement datée en 967 ACN, l’exode aurait eu lieu vers 1447 ACN ce qui peut être situé durant le règne d’Amenhotep II dont le début peut être situé vers 1454-1450 ACN. Rappelons cependant que les 480 ans bibliques peuvent être approximatifs et symboliques et que les datations tant de la construction du temple de Salomon que des règnes des pharaons d’Égypte ne sont à ce jour que des approximations incertaines.
Le pharaon Amenhotep II succède au long règne de Thoutmôsis III d’une durée de 53 ans, même si, pendant 22 ans, son pouvoir est contesté par la reine-pharaon Hatchepsout, sa régente et belle-mère.
On peut observer que, conformément à la mort des premiers-nés égyptiens annoncée par Moïse, le fils aîné du pharaon Amenhotep II, nommé Oubensénou, est mort jeune selon le vase funéraire qui en a été retrouvé.
En considérant l’hypothèse historique solide que Moïse a été adopté par la reine-pharaon Hatchepsout, il faut constater que son décès prématuré à l’âge de 50 ans a privé Moïse de sa protection et en faisait un possible rival du pharaon Thoutmôsis III.
Dans le contexte d’un peuple israélite nombreux, ce pharaon pouvait craindre que Moïse, fils de Hatchepsout, devienne un rival dangereux de sorte qu’il voulait le tuer, comme le raconte le récit biblique, ce qui a mis Moïse en fuite.
Comme Thoutmôsis a encore régné 30 ans après la mort d’Hatchepsout, c’est donc « [i]longtemps après[/i] » (Ex 2, 23), que Amenhotep II (aussi nommé Amenophis II) lui a succédé et que Moïse est rentré en Égypte.
Et, parmi les faits historiques, on trouve un indice particulièrement intéressant sur une stèle érigée en l’honneur du pharaon Amenhotep II qui rapporte qu’en l’an 9 de son règne, il effectua une véritable razzia en Canaan pour en ramener 89.600 personnes « [i]avec leurs biens innombrables, tout le bétail leur appartenant représentant des troupeaux sans fin[/i] » et qu’il entreprit cette campagne « [i]le 25e jour du 3e mois de la saison akhet [/i]» (mi-septembre) et sans doute d’urgence, car à cette date elle se déroule « [i]à un moment où la présence des hommes était nécessaire pour les travaux des champs[/i] » (cf. Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d’un empire, p. 391-392).
Dans ce telles conditions, on peut penser à un double problème alimentaire urgent : pas assez de monde pour récolter la nourriture dans les champs et pas assez de nourriture du fait de ce manque d’ouvriers dans les champs. Amenhotep II a pu chercher à ramener d’urgence des ouvriers pour achever les récoltes dans les champs et du bétail tant pour contribuer à ces travaux de récolte que pour assurer un surplus de production de lait et de viande.
L’ampleur des personnes et de leurs élevages qui sont ramenés constitue un indice particulièrement probant d’un exode récent et important de travailleurs qui correspond à l’exode de 600.000 hommes raconté par le récit biblique qui n’a pu que désorganiser de manière importante les travaux réalisés par les migrants et priver l’Égypte des nombreux travailleurs en cause.
Mais, dans l'ensemble des données qui précèdent, on ne peut cependant que présenter une hypothèse sous toutes réserves après déjà beaucoup d’autres, depuis la plus ancienne présentée par Manéthon trois siècles avant Jésus-Christ mais qui, aujourd’hui encore, me semble la plus convaincante pour les trois repères principaux du récit que sont les pharaons Apophis, Thoutmôsis III et Amenhotep II.
1. Joseph arrive en Égypte au temps du dernier pharaon Hyksos nommé Apophis (ou Apopi ou Epaphos) dont le règne de 40 ans est situé dans une période qui s’étend, selon les multiples avis différents des égyptologues, de 1600 à 1519 avant Jésus-Christ.
Un document de Manéthon, connu indirectement par l'historien byzantin Georges le Syncelle, contient les mots suivants : « [i]Certains disent que ce roi (Apopi) était au début appelé Pharaon, et que dans la quatrième année de son règne Joseph arriva en esclave en Egypte. Il nomma Joseph seigneur d'Egypte et de tout son royaume, dans la dix-septième année de son gouvernement, ayant appris de lui l'interprétation des rêves et ayant ainsi prouvé sa sagesse divine [/i]».
Les mots « [i]certains disent[/i] » indiquent une incertitude par rapport à des commentateurs qui ont repris l’écart du récit biblique qui rapporte que Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans et devient le gouverneur du pharaon à 30 ans. Cet écart de 13 ans en années de 182 jours doit cependant être réduit de moitié en années de 365 jours. Rien n’éclaire le rattachement particulier incertain à la 4ème ou 17ème année du règne du pharaon Apophis qui ne correspond pas au récit biblique.
2. Moïse naît et est persécuté sous le règne du pharaon Thoutmôsis III dont le règne de 53 ans est situé dans une période qui s’étend de 1504 à 1419 avant Jésus-Christ, en ce compris dans sa jeunesse un règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout, sa belle-mère et régente.
Selon le fragment 51 des écrits de Manéthon, hérité de Théophile d'Antioche, Moïse a été expulsé par le pharaon Tethmôsis (Τέθμωσισ), le premier représentant de la XVIIIe dynastie, mais rien ne paraît exclure qu’il s’agisse de son petit-fils Thoutmôsis III portant le même nom ce qui, au contraire, semble s’imposer du fait qu'il est le prédécesseur d’un pharaon Amenophis (ou Amenhotep) impliqué dans le récit de la sortie d’Égypte selon le même Manéthon.
3. Moïse revient en Égypte et l’exode se produit sous le règne du pharaon Amenhotep II dont le règne de 27 ans est situé dans une période qui s’étend de 1454 à 1388 avant Jésus-Christ.
Selon les indications de Wikipedia (Pharaon de l’Exode), chez Manéthon (fragment 54), Moïse-Osarseph est présenté comme le chef d'une bande de 80 000 lépreux et impurs regroupés à Avaris (aussi nommée Héliopolis) par le pharaon Aménophis et en révolte contre lui : « [i]ils prirent pour chef un des prêtres d'Héliopolis nommé Osarseph et lui jurèrent d'obéir à tous ses ordres. Il leur prescrivit pour première loi de ne point adorer de dieux, de ne s'abstenir de la chair d'aucun des animaux que la loi divine rend le plus sacrés en Égypte, de les immoler tous, de les consommer et de ne s'unir qu'à des hommes liés par le même serment[/i] ». Selon Hécatée d'Abdère, philosophe et historien grec des IVe – IIIe siècle av. J.-C., cité par Diodore de Sicile (Bibliothèque historique - Livre XL, 3), « [i]Il se déclara anciennement en Egypte une maladie pestilentielle ; le peuple fit remonter à la divinité l'origine de ce fléau ; comme le pays était habité par de nombreux étrangers, ayant des mœurs et des cérémonies religieuses très différentes, il en résulta que le culte héréditaire était négligé. Les indigènes crurent donc que, pour apaiser le fléau, il fallait chasser les étrangers. C'est ce qu'on fit sur-le-champ[/i] ». Selon Hécatée d'Abdère, la grande masse de la plèbe s'est installée en Judée en suivant le sage et courageux Moïse.
Dans le calendrier du récit biblique, les événements peuvent, dès lors, se situer comme suit (les références [i]en italiques[/i] au calendrier historique sont indicatives). La précision des dates en italiques n’est que celle d’une peinture approximative de la réalité historique précise qui demeure largement inconnue. Mais cette image incertaine montre une cohérence entre la réalité biblique et la réalité historique qui peut être méditée pour conforter la solidité historique de l’action de Dieu dans l’histoire que nous raconte le livre de l’Exode, même si d’autres cohérences peuvent être observées et que d’autres interprétations peuvent et pourront être présentées au fil de l’avancement des travaux futurs des exégètes et des historiens.
Voici un tableau qui peut en être présenté sous toutes réserves :
[b][u]An 0[/u][/b] du [u][b]calendrier biblique en années de 182 jours[/b][/u] (en [b][u]gras[/u][/b]) : naissance d’Abraham. [i]Vers l’an [u]1697 ACN[/u] (cf. ci-après la date du départ en Canaan (1660 + 37)[/i]
[b][u]An 70[/u][/b] (35 années du calendrier historique en années de 365 jours) : promesse faite à Abraham 430 ans avant la sortie d’Égypte. [i]Vers l’an [u]1662 ACN[/u] (1447 + 215) (sortie de l’Égypte 480 ans après la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ = 1447 ACN et 430 années de 182 jours, soit 215 ans dans notre calendrier, de la promesse faite à Abraham à la sortie d’Égypte)[/i]
[b][u]An 75[/u][/b] (37,5 ans) : départ vers Canaan lorsqu’Abraham a 75 ans (dans notre calendrier : 37,5) (Gn 12, 4) [i]An [u]1660 ACN[/u] (1697 – 37)[/i]
[b][u]An 100[/u][/b] (50 ans) : naissance d’Isaac lorsque Abraham a 100 ans (dans notre calendrier : 50 ans) (Gn 21, 5) et Sarah 90 ans (dans notre calendrier : 40 ans) (Gn 17, 17) [i]An [u]1647 ACN[/u] (1697 – 50)[/i]
[b][u]An 137[/u][/b] (68,5 ans) : mort de Sarah à l’âge de 127 ans (dans notre calendrier : 63 ans) (Gn 23, 1). Abraham, qui a 10 ans de plus que Sarah (Gn 17, 17) devient donc veuf à l’âge de 137 ans (dans notre calendrier : 68 ans), mais se remarie avec Ketura et aura encore 6 enfants avec elle (Gn 25, 1-2) [i]An [u]1629 ACN[/u] (1697 – 68)[/i]
[b][u]An 160[/u][/b] (80 ans) : naissance de Jacob qu'Isaac engendre à l’âge de 60 ans (dans notre calendrier : 30 ans) (Gn 25, 26) [i]An [u]1617 ACN[/u] (1647 – 30)[/i]
[b][u]An 175[/u][/b] (87 ans) : mort d’Abraham à l’âge de 175 ans (dans notre calendrier : 87 ans) (Gn 25, 7) [i]An [u]1610 ACN[/u] (1697 – 87)[/i]
[i][An 216 (108 ans)] début du règne de 40 ans du pharaon Hyksos Apophis à Avaris dans le delta du Nil (1591-1551 ACN) en l’an [u]1591 ACN[/u] (estimation calculée)[/i]
[i][An 252 (126 ans)] : naissance de Joseph, en l’an [u]1573 ACN[/u] (cf. ci-après : 1565 + 8)
[An 268 (134 ans)] : Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans (dans notre calendrier : 8,5 ans) (Gn 37, 2). Ce n’est pas un adolescent, car c’est encore un enfant (Gn 37, 30). En [u]1565 ACN[/u] (1573 – 8)[/i]
[i][An 276 (138 ans)] : Joseph est âgé de 28 ans (dans notre calendrier : 14 ans) lorsqu’il devient le gérant de Potiphar (Gn. 39, 4) avant d’être mis en prison pendant deux ans (dans notre calendrier : un an) (Gn 41,1). En l’an [u]1559 ACN[/u] (1573 - 14).[/i]
[i][An 278 (139 ans)] : Joseph est âgé de 30 ans (dans notre calendrier : 15 ans) lorsqu’il est engagé au service de Pharaon (Gn 41, 46) et devient gouverneur de l’Égypte (Gn 41, 40-43). En l’An [u]1558 ACN[/u] (1573 – 15).
[An 278 à 284 (139 à 142)] : 7 années d’abondance (dans notre calendrier : 3,5 ans) (Gn 41, 47) De [u]1558 à 1555 ACN[/u][/i]
[b][u]An 280[/u][/b] (140 ans) : mort d’Isaac à l’âge de 180 ans (dans notre calendrier : 90 ans) (Gn 35, 28) [i]An [u]1557 ACN[/u] (1647 – 90)[/i]
[b][u]An 290[/u][/b] (145 ans) : exil de Jacob en Égypte à l’âge de 130 ans (dans notre calendrier : 65 ans) lorsque la famine se déclare après 7 années d’abondance (dans notre calendrier : 3,5 ans), [i]soit environ 6 ans après l’engagement de Joseph par Pharaon. En l’An [u]1552 ACN[/u] (1617 - 65)[/i]
[i][An 298 (149 ans)] : mort du pharaon Apophis en [u]1551 ACN [/u]et début du règne d’Ahmosis Ier, pharaon de Thèbes à partir de 1565 ACN et qui règne à Avaris à partir de 1551 ACN pendant 15 ans [/i]
[b][u]An 307[/u][/b] (153 ans) : mort de Jacob à l’âge de 147 ans (dans notre calendrier : 73 ans) (Gn 47, 28) [i]En l’an [u]1544 ACN[/u] (1617 – 73)[/i]. Joseph, préfigure du Christ livré par ses frères mais qui renaît en Égypte, confie à ses frères la mission de « [i]préserver la vie à un peuple nombreux[/i] » car « [i]Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu le changer en bien[/i] » (Gn 50, 20). Les frères de Joseph et ses deux fils vont former un peuple « [i]plus nombreux et plus puissant[/i] » que le peuple du pharaon (Ex 1, 8) parce que les fils d’Israël vont unir à eux « [i]une multitude disparate[/i] » (Ex 12, 38 : « [i]vulgus promiscuum innumerabile[/i] » selon la Vulgate), une foule de gens de toute espèce qui évoque la foule immense qui rejoint les 144.000 enfants d’Israël dans l’Apocalypse. Sous l’autorité de Joseph, comme les 12 apôtres du Christ, ses deux fils et dix de ses frères forment 12 tribus avec des gens de toutes nations pour sauver une multitude de toutes nations à cette époque où on trouve dans le delta du Nil de nombreux Hyksos provenant de tout le Moyen Orient, de nombreux Lybiens et beaucoup d’autres encore dans une société très multiculturelle, 12 tribus qui seront dénombrées à la sortie d’Égypte : 603.550 hommes, tous les gens d’Israël « [i]âgés de 20 ans et plus[/i] (dans notre calendrier : 10 ans)[i], tous ceux qui pourraient aller au combat[/i] » (Nb 1, 45-46). La tribu de Lévi (celle de Moïse) ne fut pas dénombrée car elle était affectée au culte et à la garde du tabernacle (Nb 1, 53).
[i][An 326 (163 ans)]An [u]1536 ACN[/u] : mort du pharaon Ahmôsis Ier et début du règne de 20 ans du pharaon Amenhotep Ier (1536-1516). Selon les avis différents des égyptologues, le règne d’Ahmôsis Ier prend fin à une date située entre 1546 et 1504 ACN. Joseph reste gouverneur sous l’autorité de ces deux pharaons jusqu’à sa mort en 1518 (cf. ci-après).
[An 336 (168 ans) : An [u]1531 ACN[/u] : naissance de la reine pharaon Hatchepsout (cf. ci-après : 1581 – 50)
An 362 (181 ans) : mort de Joseph à l’âge de 110 ans (dans notre calendrier : 55 ans) (Gn 50, 22) En l’an [u]1518 ACN[/u] (1573 - 55)
[An 366 (183 ans)] : An [u]1516 ACN[/u] : mort d’Amenhotep Ier et début du règne de Thoutmôsis Ier (qui, a connu Joseph avant le début de son règne, de même que son fils Thoutmôsis II) de 1516 à 1507 ACN
[An 370 (185 ans)] : An [u]1514 ACN[/u] : naissance de Thoutmôsis III (1501 + 11)
[An 384 (192 ans)]An [u]1507 ACN[/u] : mort du Pharaon Thoutmôsis Ier et début du règne de Thoutmôsis II de 1507 à 1503 ACN
[An 392 (196 ans)]An [u]1503 ACN[/u] : mort du pharaon Thoutmôsis II et début du règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout (ci-après : 1481 + 22) et du règne de Thoutmôsis III à l’âge de 11 ans sous la régence d’Hatchepsout
De l’An [u]1554 à l’an 1503[/u] ACN : période de 51 ans durant laquelle meurent tous les frères de Joseph et cette génération-là venus avec Jacob (Ex 1, 5-6) avant qu’un nouveau roi (Thoutmôsis III) s’élève sur l’Égypte « qui n’avait pas connu Joseph » (Ex 1, 8)[/i]
[b][u]An 425[/u][/b] (212 ans) : naissance de Moïse (cf. An 545 – 120) 80 ans (dans notre calendrier : 40 ans) avant la sortie d’Égypte. En l’an [u]1487 ACN[/u] (1447 + 40)
[i][An 436 (218 ans)] : An [u]1481 ACN[/u] : mort de Hatchepsout à l’âge de 50 ans
Vers l’an [u]1470 ACN[/u] : Moïse, devenu adolescent voire adulte, fuit hors d’Égypte (Ex 2, 15). Selon Manéthon, Thoutmôsis l’expulsa.
[An 490 (245 ans)] : Début du règne d’Amenhotep II (Selon Donald Redford (1986) de 1454 à 1419 ACN) d’abord en corégence avec le pharaon Thoutmôsis III, en l’an [u]1454 ACN[/u]
De l’an [u]1454-1450 ACN[/u] : corégence de Thoutmôsis III et d’Amenhotep II
[An 498 (249 ans)] : mort du pharaon Thoutmôsis III en [u]1450 ACN[/u] et Moïse revient en Égypte après un exil d’environ 20 ans « longtemps après » (Ex 2, 23)[/i]
[b][u]An 505[/u][/b] (252 ans) : sortie d’Égypte 430 ans (dans notre calendrier : 215 ans) après la promesse en l’An 75, sous la conduite de Moïse lorsqu’il a 80 ans, en l’an [u]1447 ACN[/u] (967 ACN + 480 ans), 480 ans avant la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ
[i][An 506 (253ans)] : En l’an [u]1446 ACN[/u], en l’an 9 du règne d’Amenhotep II, campagne militaire pour ramener 89.600 personnes l’année suivant l’exode de 600.000 hommes ayant réduit le nombre de personnes à nourrir mais aussi le nombre des travailleurs disponibles pour les travaux des champs.[/i]
[b][u]An 545[/u][/b] (272 ans après la naissance d’Abraham) : après 40 ans dans le désert (dans notre calendrier : 20 ans), mort de Moïse à l’âge de 120 ans (dans notre calendrier : 60 ans) et entrée en Canaan, [i]en l’an [u]1427 ACN[/u] (1699 – 272)[/i]