Les grands âges des patriarches bibliques, dont plusieurs dépassent 900 ans, sont un sujet persistant de perplexité.
Compte tenu de ces âges irréalistes pour des individus et de leur caractère symbolique souvent manifeste, comme les 600 ans de Noé qui symbolisent le mal sur la terre, c’est souvent avec le sourire qu’on observe la précision des additions qui prétendent fixer une création d’Adam à une date précise dans l’histoire, comme le calendrier hébreu qui situe le début de la vie d’Adam il y a 5783 ans, en 3760 avant Jésus-Christ.
Les âges des patriarches bibliques n’intéressent guère les historiens actuels parce qu’ils leur apparaissent d’emblée comme «
irréalistes », mais n’est-ce pas à cause d’une interprétation d’emblée trop littérale qui ne tient pas assez compte de la manière dont les anciens pouvaient rendre compte du temps ? Aujourd’hui, on comprend bien que le mot «
jour » dans le début de la Genèse, cela ne signifie pas 24 heures. Pourquoi ignorer que le mot «
année » peut lui aussi avoir eu des sens différents dans l’antiquité ?
1. Passer de la légende à l’histoire
Sans tomber dans les pièges du fondamentalisme qui manque d’attention au langage, à la culture et au contexte des auteurs des textes bibliques en cause, ou d’un concordisme qui chercherait à faire coïncider les textes avec des découvertes de la science que ces anciens auteurs ne pouvaient connaître, les précisions de durée données par l’Écriture ne peuvent cependant pas être négligées par celui qui veut comprendre ce que peuvent nous enseigner ces textes que nous reconnaissons comme Parole inspirée par Dieu alors même qu’ils sont écrits par des humains avec toute leur fragilité et leur langage propre.
Comprendre les textes sacrés dans la fidélité à la foi de l’Église ne nous dispense pas d’être sans cesse invités à les revisiter à la lumière des découvertes les plus diverses des sciences, exégétiques autant que biologiques ou historiques.
Cette compréhension demande toujours une double attention. D’abord, il nous faut nous méfier de nous-mêmes et de nos interprétations modernes en cherchant d’abord à comprendre avec un maximum d’objectivité tout ce qu’un écrivain de l’antiquité a voulu exprimer dans son contexte et avec son langage. Ensuite, en ce qui concerne les récits de type historique, il nous faut essayer de comprendre ce que fut ou a pu être la réalité historique que l’auteur ancien a voulu nous relater avec un regard souvent approximatif, symbolique et sélectif selon les finalités qui étaient les siennes.
Dans la présente réflexion, tout ce qui peut être envisagé d’un passé historique lointain se fait, dès lors, inévitablement sans guère de précision scientifique ou historique réelle en ce qui concerne les dates. Les historiens modernes ne peuvent le plus souvent que proposer des dates approximatives avec des marges d’incertitude lorsqu’il s’agit de l’antiquité ancienne et il en va encore bien davantage ainsi pour les écrivains antiques.
Mais, la précision du texte biblique est un fait qui doit être constaté, non pour nous y attacher comme à une vérité scientifique établie, mais en ce que cette précision peut nous être utile pour notre compréhension aujourd’hui.
Après beaucoup d’autres, j’ai essayé de reconstituer un calendrier fondé sur les précisions bibliques et en les rapprochant des connaissances historiques, mais les dates précises proposées restent inévitablement au stade des hypothèses dans la réalité historique.
Leur précision n’a d’autre but que de clarifier ces rapprochements de la Bible et de l’Histoire, car les incertitudes des dates de l’histoire ancienne ne permettent pas davantage.
Au cœur de ma réflexion, je vais proposer ici, par cette longue communication, une hypothèse originale à réfléchir, déduite d’une relecture nouvelle du texte biblique, qui va situer un début de la vie d’Adam et Ève il y a 8385 années, en 6363 avant Jésus-Christ, sans discuter ici de l’existence historique d’Adam et Ève, ni même de la valeur historique du Pentateuque ou de son ancienneté, mais dans un effort de compréhension de ce qu’a voulu exprimer l’auteur des récits en cause que l’Église attribue à Moïse.
À cet égard, la discussion sur l’origine des textes bibliques est ici hors sujet.
La question ici est uniquement d’essayer de comprendre le récit en cause qui va d’Adam à l’installation du peuple hébreu en Canaan, quelle que soit l’opinion que chacun peut avoir sur sa valeur historique concrète que je pense bien réelle ou sur la perspective limitée de l’auteur antique d’un tel récit.
Cette réflexion veut s’inscrire dans les limites de ce qu’indiquait déjà le Pape Pie XII dans son encyclique
Divino Afflante Spiritu du 30 septembre 1943 sur les études bibliques : «
l’exégète catholique, poussé par un amour de sa science, actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la sainte Église, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas été résolues jusqu'ici, non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Église, spécialement avec celle de l'inérrance biblique, et capable en même temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes.
Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité ; que tous les autres fils de l'Église s'en souviennent. Ceux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspicion tout ce qui est nouveau. Qu'ils aient avant tout présent, que, dans les règles et les lois portées par l'Église, il s'agit de la foi et des mœurs, tandis que dans l'immense matière contenue dans les Livres Saints, livres de la Loi ou livres historiques, sapientiaux et prophétiques, il y a bien peu de textes dont le sens ait été défini par l'autorité de l'Église, et il n'y en a pas davantage sur lesquels règne le consentement unanime des Pères. Il reste donc beaucoup de points, et d'aucuns très importants, dans la discussion et l'explication desquels la pénétration et le talent des exégètes catholiques peuvent et doivent avoir libre cours, afin que chacun contribue pour sa part et d'après ses moyens à l'utilité commune, au progrès croissant de la doctrine sacrée, à la défense et à l'honneur de l'Église » (n° 42).
À cet égard, même si le récit de la Genèse est d’abord un texte théologique et que son but principal n’est pas de procéder à un relevé historique objectif ou de type journalistique, il nous éclaire sur ce que Dieu fait pour les hommes dans leur vie concrète, sur Sa présence et Son action dans l’histoire concrète. En ce sens, la réalité historique est essentielle. Dieu n’est pas une abstraction. Il s’est vraiment manifesté dans l’histoire que la Bible nous relate.
Mais, comment imaginer que l’auteur antique du récit biblique ait attribué aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob des durées de vie non réalistes de 175 ans (Gn 25, 7), de 180 ans (Gn 35, 28) et de 147 ans (Gn 47, 28) ? Comment comprendre que Sarah aurait enfanté à l’âge de 90 ans (Gn 17, 17) et serait décédée à 127 ans (Gn 23, 1) ? Comment comprendre qu’Abraham, âgé de 137 ans à la mort de Sarah (Gn 17, 17) se serait remarié ensuite avec Ketoura dont il a encore eu 6 enfants (Gn 25, 1-2) ?
Si vous lisez que Sarah est âgée de 90 ans lorsqu’Abraham se rend en Egypte, comment comprendre qu’Abimélek était amoureux d’elle au point qu’Abraham l’ait fait passer pour sa sœur parce qu’il avait peur d’être tué (Gn 18, 17 et Gn 20, 1-4) ?
2. La nouvelle année à Ur lors de chaque équinoxe
Ne convient-il pas, pour chercher à comprendre de tels âges ou durées, d’être attentif au lien historique avec la ville antique d'Ur citée trois fois dans la Genèse (Gn 11, 28 et 31 ; Gn 15, 7) et d’où provient Abraham, le père des croyants ?
On y connaissait déjà le rythme des années selon douze mois lunaires de 354 jours (29,5 x 12) arrondis à 360 jours qui suivaient la succession régulière des saisons déterminée par le soleil selon son cycle de 365,25 jours.
À cet égard, il y avait de multiples calendriers annuels en Mésopotamie avec des variantes. Ceux-ci débutaient généralement à la nouvelle lune après un solstice (d’hiver ou d’été) ou un équinoxe (de printemps ou d’automne).
Mais, à Ur, dans cette cité antique de la Basse Mésopotamie d’où provient Abraham mais aussi dans d’autres cités proches comme Uruk et Nippur, la nouvelle année était cependant célébrée jadis lors de chaque équinoxe,
chaque fois que le jour était d’une durée égale à la nuit (soit, actuellement, aux environs des 20 mars et 22 septembre). Cette fête de la nouvelle année se nommait
a-ki-ti en sumérien ou
akitu en akkadien et elle est mentionnée dans des textes relatifs à plusieurs des villes majeures du pays de Sumer, dès la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C.
À cet égard, le professeur d’histoire et d’anthropologie Edwin Oliver James a observé que, dans le pays de Sumer, «
Les deux moments les plus importants de l'année agricole sont le printemps, dans lequel la croissance est apparente, et l'automne, quand les récoltes ont été moissonnées » et que «
Chacun de ces deux moments peut être considéré comme le début de l'année et, au travers des textes rituels babyloniens, nous savons que, lors de ces deux moments, on célébrait le festival de l'An nouveau dans les villes d'Erech et de Ur » (
Histoire des Religions, Tome II, p. 59-60).
Ainsi, dans le pays de Sumer, les années pouvaient se compter par périodes entre équinoxes équivalant environ à la moitié de nos années solaires de 365 jours, ce qui dédouble le décompte des années dans une mesure que nous ne pouvons comprendre aujourd’hui qu’en divisant par deux les nombres des durées mentionnées dans les textes bibliques en cause.
Ne faut-il pas constater que seule l'application d'un tel décompte du temps, qui était en vigueur dans la cité d’Abraham et à son époque, paraît pouvoir expliquer les âges d'Abraham, Sarah, Isaac et Jacob relatés par la Genèse autant que les durées qu’elle précise concernant d’autres patriarches ou l’exode en Égypte ?
Dans une étude de 1999 intitulée «
La chronologie biblique d’Adam à la mort de Moïse », le professeur Bernard Barc, spécialiste de l’herméneutique juive ancienne qui a enseigné dans les universités de Nancy II, Lyon et Laval et s’est intéressé à mettre en lumière les règles anciennes d'interprétation de la Bible, a observé que «
des années doubles (existent) après le Déluge, comme si la sortie du Déluge avait pour conséquence la mise en place d'un double modèle du temps ».
Le professeur Barc estime que «
Le lien étroit de cette architecture numérique avec les événements de l'histoire me semble exclure l'hypothèse d'une chronologie plaquée a posteriori et de façon artificielle par un ultime rédacteur. Les nombres font corps avec le récit. Le sens symbolique ressort de la mise en correspondance des nombres et des faits rapportés, ce qui suggère une écriture du texte en fonction d'un projet chronologique global ».
À ma connaissance, le professeur Barc n’en a cependant pas déduit une réflexion plus globale sur la durée de vie des patriarches de la Genèse avant et après le déluge, ni sur la durée d’une année dans l’ensemble du Pentateuque.
Mais, j’en retiens l’hypothèse que, dans le récit biblique, les années des patriarches d’Abraham à Moïse ont pu être doublées par rapport à nos années de 365 jours. Cette hypothèse permet de se représenter de manière réaliste et compréhensible ce qu’a pu être la réalité historique considérée par l’auteur des récits bibliques, même s’il ne disposait à cet égard que de renseignements relativement incertains ou imprécis qu’il a pu exprimer dans une forme symbolique ou arrondie.
À cet égard, comprendre les années des premiers livres de la Bible comme des périodes entre les équinoxes se révèle d’une grande fécondité pour ouvrir une compréhension nouvelle des durées bibliques par rapport à la réalité historique.
Cela rejoint le sens littéral du mot hébreu «
shaneh » que nous traduisons par «
année » mais qui, en fait, vient du mot «
shanah » qui signifie «
changer », comme le changement qui se produit lors de chaque équinoxe lorsque le jour devient plus long que la nuit ou l’inverse.
C’est déjà le texte fondateur de la mesure du temps dans le récit de la création de la Genèse qui nous y incite.
3. Dès l’origine, une indication du Créateur contre l’idolâtrie
«
Et Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années…
Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière des ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gn 1, 14-18).
On peut y observer que, dans l’Antiquité où le soleil et la lune étaient considérés comme des divinités, avec, notamment, une prévalence du dieu-lune à Ur et du dieu-soleil en Égypte, ce récit biblique invite d’emblée à une conversion par un premier enseignement qui va immédiatement écarter toute divinisation ou supériorité de l’un ou de l’autre de ces deux astres, en révélant que le soleil et la lune sont créés sans distinction comme de simples lampadaires pour éclairer la terre, séparer les jours et les nuits et marquer les époques. L’un pour présider au jour et l’autre pour présider à la nuit.
Il n’y a pas de semaines, ni de mois dans ce texte fondateur de la mesure du temps, mais une mise à égalité du soleil et de la lune, «
le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit ».
Fallait-il mesurer le temps par années de 360 ou 365 jours sous l’autorité supérieure du dieu-soleil ou par mois de 29,5 ou 30 jours sous l’autorité supérieure du dieu-lune ? Ne fallait-il pas préférer une mesure du temps des années selon les équinoxes dans une égalité écartant aussi bien les mois lunaires de 29,5 jours que les années solaires de 365 jours ?
À Ur, cité dominée par le dieu-lune et d’où est issu Abraham, le temps annuel n’était pas soumis au seul soleil. Comme dans la Genèse, le repère des équinoxes, lorsque le jour est égal à la nuit, prévalait et permettait de mettre sur un pied d’égalité les deux astres majeurs : le grand pour le jour et le petit pour la nuit.
Ce qui marquait le temps, ce n’était pas le seul rythme du soleil ou celui de la lune, mais l’équinoxe, ce moment de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit, ce qui se produit vers le 20 mars et le 22 septembre.
En présence des Égyptiens qui divinisaient le soleil, les Hébreux ont pu préférer ce calcul du temps sumérien et refuser d’adopter le calendrier solaire des Égyptiens.
Durant un temps (une année), le jour présidé par le soleil est plus long que la nuit (environ du 20 mars au 22 septembre) et durant un autre temps d'une durée quasi égale, la nuit présidée par la lune est plus longue que le jour (environ du 22 septembre au 20 mars).
Contrairement au point de vue égyptien idolâtrant le soleil et rejetant le calcul du temps sur cette base païenne, Moïse a pu vouloir raconter l’histoire sainte avec le calendrier de Ur, la ville originaire d’Abraham, le père des croyants, qui fixe une nouvelle année à chaque équinoxe, en mars et septembre de notre calendrier, ce qui fixe la durée moyenne de chaque année biblique à environ 186 jours et 9 heures pendant la saison d’été entre les équinoxes de mars et septembre et 178 jours et 20 heures pendant la saison d’hiver entre les équinoxes de septembre et mars).
Cette mesure du temps correspond à ce que Dieu indique à Noé après le déluge : «
Tant que la terre durera, semailles et moissons, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront. » (Gn 9, 22).
Toutes les durées du Pentateuque exprimées en années saisonnières entre équinoxes peuvent ainsi s’écarter de la référence païenne au soleil, la divinité des Égyptiens, et concorder avec la mesure du temps indiquée dans le récit de la création.
4. Les années entre équinoxes éclairent l’histoire d’Abraham à Moïse
Nous pouvons alors comprendre que lorsque Abraham quitte Haran à l’âge de «
75 ans » (Gn 12, 4), il en a, en réalité, de notre point de vue, seulement 37. Il a 50 ans lorsque Sara donne naissance à Isaac (Gn 21, 5). Et Sara n’enfante pas à «
90 ans » (Gn 17, 17), mais à 45 ans.
Et Sara n’avait pas non plus «
90 ans » (Gn 18, 17) lorsqu’Abraham se rend en Egypte (Gn 20, 1-4) et qu’Abimélek était amoureux d’elle au point qu’Abraham l’a fait passer pour sa sœur parce qu’il avait peur d’être tué. Elle était seulement âgée de 90 années sumériennes entre équinoxes, ce qui correspond pour nous à 45 ans.
Lorsque Sara meurt à «
127 ans » (Gn 23, 1), elle en a en réalité 63. Abraham devient donc veuf à 68 ans (et non 137) ce qui permet de comprendre qu’il est encore capable d’avoir six autres enfants après s’être remarié avec Ketoura (Gn 25, 1-2).
Isaac n’enfante pas Jacob à l’âge de 60 ans (Gn 25, 26) mais à l’âge de 30 ans.
Ce n’est pas à l’âge de 130 ans (Gn 47, 28) que Jacob arrive en Égypte, mais à 65 ans.
On peut trouver un indice supplémentaire d’une telle mesure du temps dans le dénombrement du peuple d’Israël lors de la sortie d’Égypte en observant qu’il ne compte que «
ceux qui avaient 20 ans et plus, tous ceux qui pourraient aller au combat » (Nb 1, 21 à 46). Peut-on imaginer que les hommes de 16, 17, 18 et même 19 ans n’étaient pas comptés ? Cela paraît invraisemblable. Il est plus réaliste de comprendre ici, comme pour les âges des patriarches précités, qu’il s’agit de 20 années sumériennes d'environ une moitié d'une année actuelle, ce qui fixe la limite minimale pour combattre à l’âge de 10 ans.
Dès la puberté parfois proche de cet âge, les jeunes pouvaient participer à la vie adulte. Aujourd’hui, la Bar-Mitsva est fixée à 12 ans pour les filles et 13 ans pour les garçons. Mais rien ne précise cette limite dans l’Antiquité.
Dans les conditions qui précèdent, il semble que nous pouvons comprendre, dans le critère précité du livre des Nombres, que les hommes étaient comptés «
à partir de 10 ans » dès que la puberté, survenant à un moment variable à partir de cet âge, leur assurait une stature physique suffisante pour «
aller au combat ».
Toute la chronologie de l’Exode s’éclaire aussi d’un jour nouveau avec des années entre équinoxes qui permettent de l’inscrire dans la chronologie connue de l’Égypte antique.
À cet égard, il me semble que c’est aussi sur la base de telles années sumériennes qu’il faut comprendre les 430 ans du séjour en Égypte (Ex 12, 40) alors qu’il avait été dit à Abraham que ses descendants reviendraient en Canaan «
à la quatrième génération » (Gn 16, 15), que Moïse, qui a conduit le peuple d’Israël hors d’Égypte, n’est que le petit-fils de Qehath (1 Chr. 6, 1-3) qui est arrivé en Égypte avec Jacob (Gn 46, 11-12) et que les généalogies des évangiles ne mentionnent que 2 ou 3 générations entre le début et la fin du séjour en Égypte (cf. Mt 1, 3-4 et Lc 4, 32-33).
En fait, il semble d’abord qu’il faille comprendre, dans le texte biblique, que le séjour fut «
dans » une période de 430 ans. Selon Flavius Josèphe, le séjour en Égypte n’a pas duré 430 ans, mais seulement 215 ans. D’ailleurs, dans la Bible samaritaine et dans la version des Septante en grec, le texte le précise expressément : «
le séjour que les fils d'Israël avaient fait tant dans la terre d'Égypte que dans celle de Canaan, avait duré quatre cent trente ans » (Ex. 12, 40).
La confirmation se trouve dans l’épître aux Galates lorsque Saint Paul indique que la loi lors de la sortie d’Égypte est intervenue 430 ans après la promesse faite à Abraham (Ga 3, 17), ce qui réduit de moitié la durée du seul séjour en Égypte puisqu’Abraham part vers Canaan à 75 ans, soit 25 ans avant la naissance d’Isaac qui, lui-même, à l’âge de 60 ans, engendre Jacob 130 ans avant son exil en Égypte, ce qui, au total relate une période en Canaan de 215 ans (25 + 60 + 130 = 215 ans).
Dès lors qu’il y a 215 années de la promesse faite à Abraham jusqu’à l’arrivée de Jacob en Égypte, cela réduit à 215 ans la durée du séjour des Israélites en Égypte dans la période de 430 ans.
Ensuite, en comptant chacune de ces deux périodes de 215 ans en années sumériennes entre équinoxes, cela limite à 107,5 années de notre calendrier la durée du séjour des Israélites en Égypte entre l’arrivée de Jacob et l’exode sous la conduite de Moïse, auxquels il faut ajouter les 40 années sumériennes au désert, soit 20 ans dans notre calendrier, ce qui permet de situer l’entrée en Canaan près de 128 ans (107,5 + 20) seulement après l’exil en Égypte et explique le peu de générations en cause que mentionnent tant la Genèse que les Évangiles.
Les années entre équinoxes permettent aussi de mieux comprendre toute l’histoire qui s’étend d’Abraham à Moïse par rapport à ce qui est connu actuellement de l’histoire égyptienne, ce qui a été détaillé dans un texte du 23 avril 2021 publié dans un sujet spécifique de la section Histoire intitulé «
Comprendre Joseph et Moïse dans l’histoire de l’Égypte » :
https://www.cite-catholique.org/viewtop ... 5&start=45
Cette compréhension permet de situer la naissance d’Abraham aux environs de 1697 avant Jésus-Christ et l’entrée en Canaan vers 1427 avant Jésus-Christ.
Mais, lorsque le peuple hébreu s’est installé en Canaan, qu’il s’est assimilé aux populations locales et est devenu sédentaire, il semble que le cycle solaire des saisons est devenu la référence pour les Hébreux indépendamment de toute référence solaire et on ne trouve plus de traces ultérieures dans la Bible d’un calcul des années selon les équinoxes.
Après le livre de Josué qui relate l’entrée en Canaan après l’exode d’Égypte, le calcul du temps dans la Bible ne paraît plus considérer que des années de 365 jours.
Mais, si le calcul en années de 365 jours s’est généralisé lorsque le peuple d’Israël s’est éloigné de l’Égypte, on peut comprendre que les années du récit primitif soient restées inchangées au cours des siècles de transmission de ce récit car il était impossible de réadapter son calcul du temps, par une division par deux, sans perdre toute la symbolique rattachée aux nombres. Ces nombres demeurent tel quels, mais il ne faut pas perdre de vue la signification spécifique que le mot «
années » peut avoir dans le Pentateuque.
Sur la base des observations qui précèdent, il est possible de considérer que Moïse a «
signé » son récit du Pentateuque en utilisant une mesure du temps par années entre équinoxes qui était en vigueur à Ur d’où provenait Abraham et par laquelle l’idolâtrie pouvait être combattue.
À cet égard, la durée moyenne de 182 jours d’une année entre équinoxes (de 186 jours en été et de 179 jours en hiver) était comme les 182 années de vie de Lamek (dont la durée totale de 777 ans est symboliquement parfaite) lorsqu'il engendra Noé (Gn 5, 28-31), celui dont il est dit ailleurs, selon le sens littéral du texte hébreu, qu’il est «
juste complet dans son temps » (Gn 6, 9), et, comme au terme des 365 années de la vie de Hénoch que Dieu a enlevé et fait disparaître, on peut penser que l’année de 365 jours «
disparut parce que Dieu l’avait enlevé » (Gn 5, 23-24).
Dans les cinq livres du Pentateuque, avec peut-être une exception symbolique dans le récit complexe du déluge dont la durée semble étendre la malédiction à une année solaire de 365 jours, il me semble qu’on peut observer que le temps d’une année est généralement mieux compréhensible sur une base moyenne de 182 jours.
5. D'Adam à Abraham, des généalogies bibliques à comprendre dans le contexte sumérien
Que penser alors des centaines d’années attribuées aux patriarches avant Abraham et, d’abord, des 10 générations du déluge à Abraham que nous décrit le chapitre 11 de la Genèse ?
Dans un premier sens, le plus apparent, ces générations semblent correspondre, de père en fils, à une période de seulement 292 ans (selon le texte massorétique retenu par l’Église), et, à cet égard, si l’on considère des années entre équinoxes, on se retrouve même avec seulement 146 ans entre le déluge et la naissance d’Abraham.
Or, la dernière inondation importante de la Mésopotamie, évoquée à de multiples reprises dans la littérature sumérienne et attestée par des traces archéologiques dans les niveaux anciens de plusieurs cités, semble située vers 2900 avant Jésus-Christ près de mille ans au moins avant Abraham ce qui mène à une impasse une telle interprétation.
Mais, même avec des années de 365 jours, faut-il vraiment faire prévaloir une interprétation strictement biologique de père en fils qui a pour effet de faire coexister ensemble, à la même époque, Noé et Abraham ainsi que tous les ancêtres de la généalogie biblique entre eux ? En effet, selon cette interprétation habituelle, au moment où Noé meurt 350 ans après le déluge (Gn 9, 29), son fils Sem, qui ne meurt que 502 ans après le déluge (Gn 11, 10-11) est alors âgé de 450 ans, et ses descendants successifs vivent encore puisqu’Arpaxad (qui naît 2 ans après le déluge et vit 437 ans) est âgé alors de 348 ans, Shélah (qui naît 35 ans plus tard et vit 433 ans) de 313 ans, Héber de 283 ans, Peleg de 249 ans, Rehu de 219 ans, Seroug de 187 ans, Nachor de 157 ans, Terach de 128 ans et même Abraham âgé alors de 58 ans (cf. Gn 11, 10-29) ?
Pour sortir de l’impasse, on peut certes se référer à la version grecque des Septante qui y ajoute un total de 780 ans, mais, l’Église n’a pas retenu cette version sur ce point.
On peut aussi envisager que, comme aujourd’hui, un même nom soit porté de père en fils, de sorte que, lorsqu’un patriarche est engendré, cela peut concerner, en fait, un ascendant de ce patriarche. Ainsi, lorsque, par exemple, Arpaxad engendre Shélah puis que Shélah engendre Héber, l’individu Shélah engendré par Arpaxad peut être un ascendant de l’autre individu Shélah qui engendre Héber, ce qui empêche tout calcul du temps écoulé qui peut être étendu sans limite selon le nombre inconnu des générations intercalées.
Et, à cet égard, c’est ce que semble confirmer l’évangile de St Luc qui reprend sur ce point la version grecque des Septante en intercalant, dans sa généalogie, un ancêtre supplémentaire nommé Kaïnam entre Arpaxad et Shélah (Lc 3, 36).
Il paraît dès lors douteux de calculer le temps des généalogies en cause en additionnant simplement les durées successives d’engendrement car, par exemple, entre le moment où Arpaxad engendre Shélah à l’âge de 35 ans et le moment où Shélah engendre à son tour Héber à l’âge de 30 ans, une durée indéterminée a pu s’intercaler car le même nom Shélah peut concerner ici deux personnes physiques de générations différentes.
N’est-il pas préférable de chercher une explication par une autre interprétation avec, ici encore, un recours à des années entre équinoxes divisant par moitiés l’année solaire de 365 jours ? La version des Septante ne paraît pas avoir cherché dans cette direction puisque, au contraire, on peut même y observer que la référence symbolique aux «
182 ans » de Lamek, qui correspondent à la moitié d’une année solaire de 365 jours, pour l’engendrement de Noé, le «
juste complet en son temps », y est différente et remplacée par «
188 ans ».
On peut cependant observer, à cet égard, qu’il faut exactement 188 jours pour que la saison d’été, entre les équinoxes de printemps et d’automne, complète exactement les 177 jours (6 x 29,5) des six lunaisons qui correspondent environ à la saison d’hiver et qu’ils forment ainsi ensemble les 365 jours du cycle solaire saisonnier en ajoutant des mois intercalaires à la seule saison d’été.
Quoi qu'il en soit, il semble pertinent de vérifier le sens possible des généalogies de la Genèse sur la base d'années entre équinoxes sans écarter les durées bibliques de la version officielle de l’Église qui, sur ce point, suit le texte massorétique.
À cet égard, il peut être observé qu’il y a toujours deux temps dans la vie d’un patriarche qui peuvent être compris comme étant, d’une part, le temps qui précède son patriarcat et durant lequel il vivait sous l’autorité du patriarche précédent puis, d’autre part, le temps de son patriarcat durant lequel il est patriarche.
Ces deux temps se retrouvent dans les généalogies bibliques d’Adam à Noé, puis de Sem à Abraham.
À cet égard, pour calculer le temps, l’attention s’est portée sur les naissances qu’évoquent les engendrements, mais on sait cependant qu’en Mésopotamie et même le plus souvent dans l’antiquité, comme le montre la fameuse liste royale sumérienne, le temps était compté le plus souvent selon les règnes et non selon les naissances, ce qui se retrouve dans la Bible à l’époque des rois.
Même dans l’histoire moderne, c’est la succession des règnes qui donne la trame de l’histoire et non les dates de naissance souvent mal connues. Pourquoi l’auteur du récit biblique aurait-il agi autrement ?
Si, au lieu de calculer le temps des généalogies bibliques en additionnant les premières parties de la vie de chaque patriarche au terme desquelles chaque successeur est engendré, nous retenons, au contraire, les deuxièmes parties des vies de chaque patriarche et en considérant les années en cause comme étant les saisons entre équinoxes, il peut être observé que du déluge à Abraham, les seules durées de survie de chaque patriarche après engendrement forment un total de 2471 années (500 + 403 + 403 + 430 + 209 + 207 + 200 + 119), ce qui, pour des années de 365 jours, correspond à 1235 ans, soit une durée qui permet de se rapprocher de l’histoire réelle par rapport à une naissance d’Abraham située en 1697 avant Jésus-Christ, environ 1200 ans après l’époque de la dernière grande inondation de la Basse Mésopotamie constatée par l’archéologie vers 2900 avant Jésus-Christ et évoquée dans la littérature sumérienne.
À cet égard, il faut rappeler que les durées en cause de plusieurs centaines d’années (500, 403, 430,… etc) dépassent la durée de vies humaines individuelles, mais aussi que, dans l’Antiquité, un nom peut être porté successivement par plusieurs individus, et aussi par une famille, par un peuple et par un territoire. Ainsi, Israël, c’est l’individu Jacob, fils d’Isaac, mais c’est aussi le clan familial de 70 personnes qui émigre en Égypte, et c’est plus tard le peuple conduit par Moïse, puis le pays de Canaan où ce peuple s’installe.
En fait, rien dans le texte biblique ne permet de déterminer avec certitude ce qui est réellement désigné par les noms successifs des généalogies du début de la Genèse.
Par contre, l’attention particulière portée, dans des durées de centaines d’années, à l’engendrement d’un successeur et en distinguant cet engendrement de celui de tous les autres engendrés ultérieurs du même nom, suggère que les généalogies en cause semblent se préoccuper principalement, pour chaque nom, d’une succession qui dépasse le cadre individuel d’un patriarche.
Dans ces conditions, il peut être vain de chercher dans cette généalogie des indications sur les moments de naissance ou de mort des patriarches bibliques car, dans les chroniques historiques de l’antiquité, ce sont plutôt les règnes qui déterminent les généalogies et la succession des temps, et non la vie individuelle d’un patriarche.
Et, comme le nom d’un patriarche peut être prolongé par les héritiers successifs de sa maison, il peut être considéré que, lorsque les jours d’un patriarche prennent fin, c’est parfois après plusieurs générations et, dans ce cas, il s’agit plutôt de dynasties que de règnes individuels.
Abraham, comme Noé et n’importe qui d’autre, a été engendré dans un groupe (clan, tribu, peuple ou nation identifié par un nom qui peut s’appliquer au chef de ce groupe) qui lui-même est issu d’un groupe précédent.
Et la fin d’un groupe dans une généalogie peut certes résulter d’une dispersion de ce peuple par une mort sans héritier de son dernier patriarche, mais aussi simplement par un détachement d’un ancêtre ou de son clan.
De ce point de vue, ce qui importe pour le calcul du temps dans l’histoire, ce ne sont pas les dates de naissance ou de mort des individus généralement inconnues, ni même la première partie de la vie de chaque patriarche qui se passe durant le temps du patriarcat précédent dont il est issu, mais la succession des groupes dont est issu la personne dont une généalogie donne les origines.
N’est-ce pas cette succession de groupes qui fait le cours de l’histoire et qui est retenu par la mémoire collective, comme l’indique, dans le milieu d’Abraham, la liste royale sumérienne ?
L’histoire se révèle alors comme une suite de patriarcats et, dans les généalogies bibliques de l’ascendance de Noé puis de l’ascendance d’Abraham, il peut être considéré dès lors, que c’est l’addition des secondes parties des vies attribuées à chaque nom qui donne une estimation du temps général écoulé et non l’addition des premières parties qui situent l’engendrement de chaque successeur.
L’objet exact de ces premières parties est d’ailleurs assez incertain car le seul critère de distinction du texte biblique c’est le fait que l’engendrement du successeur intervient pour chaque nom avant la deuxième partie de sa vie qui semble celle de chaque patriarcat.
Pour ces premières parties de la vie de chaque patriarche, s’agit-il du temps écoulé depuis la naissance physique de ce patriarche jusqu’au moment où il succède au patriarche précédent ou s’agit-il du temps durant lequel le clan familial de ce patriarche a existé distinctement avant cette succession ? La question reste ouverte, mais n’influe pas sur le calcul du temps de l’histoire basé sur la succession des seuls patriarcats.
Dans ces conditions, les généalogies bibliques ne doivent pas nécessairement se comprendre comme une succession d’engendrements individuels, mais peuvent se comprendre plutôt comme une succession de «
dynasties » ou de peuples, et, dans ce cas, les généalogies de la Genèse semblent pouvoir nous présenter, en réalité, et pour chaque nom, les années de «
règne » ou de «
patriarcat » durant lesquelles, comme pour les dynasties, un nom s’est prolongé tant qu’un héritier d’un patriarche lui a succédé dans sa maison et aussi longtemps que les ancêtres en cause ne s’en sont pas détachés.
Il est même possible que cela concerne un peuple ou une cité prolongeant un même nom, indépendamment de son chef, tant qu’il demeure en un même lieu ou du moins de manière distincte parmi les autres peuples.
À cet égard, au sein de chaque tribu patriarcale, et comme à toute époque, lorsqu’il constitue une famille, l’homme quitte son père et sa mère, et s’attache à sa femme avec laquelle une engendre une descendance. À partir de ce moment, il n’est plus seulement un individu dans la tribu patriarcale de son père, mais une nouvelle famille distincte dans cette tribu qui, plus tard, peut s’en détacher pour devenir ailleurs une nouvelle tribu patriarcale.
Dans ce cadre, on peut comprendre que la généalogie du déluge à Abraham n’indique qu’une seule naissance individuelle, c’est celle de Arpaxad «
deux ans après le déluge » (Gn 11, 10) mais que ce premier-né n’est que l’ancêtre initial dans la tribu de Sem du futur Arpaxad qui s’en est détaché plus tard.
Et, lorsque ce clan d’Arpaxad se sépare de la tribu de Sem, son patriarche Arpaxad ne part pas seul mais à la tête d’un clan familial qui existe depuis quelques années.
À cet égard, la première durée de vie de 35 ans d’Arpaxad (Gn 11, 12) pourrait viser la durée personnelle depuis sa naissance jusqu’au moment il engendre une descendance ou jusqu’au moment où il se sépare de la tribu de Sem, mais, et a fortiori en considérant que ces 35 années sumériennes ne correspondent qu’à 17 ans et demi, cela paraît peu vraisemblable, d’autant que pour les patriarches suivants cette première durée de vie ne sera pour certains que de 30 ou 29 ans.
Il paraît plus vraisemblable, par rapport au caractère collectif manifeste de la seconde partie de vie d’Arpaxad qui dure 403 ans (201,5 ans de 365 jours), que la première partie de 35 ans ait aussi une signification collective qui permet de penser qu’elle vise la période depuis laquelle il a constitué un clan familial distinct par son mariage et l’engendrement d’une descendance au sein de la tribu patriarcale de Sem, avant de lui succéder lorsque les jours de Sem ont pris fin.
Dans ce contexte, pour situer plus précisément la naissance d’Abraham par rapport au déluge selon les dates bibliques, il convient de tenir compte du fait que les 500 ans de Sem prennent cours après qu’il ait engendré Arpaxad «
deux ans après le déluge » (Gn 11, 10), mais surtout du fait que, pour Terach, le père d’Abraham, la généalogie biblique ne précise pas, comme pour les patriarches précédents, une autre durée vécue «
ensuite » après qu’il ait vécu 70 ans et engendré Abram, Nachor et Haran (Gn 11, 26).
Ce n’est que plus loin dans le récit, qu’on apprend que Terach meurt à 205 ans (Gn 11, 32) et puis qu’Abram est âgé de 75 ans (Gn 12, 4) ce qui rend ces trois durées sans lien direct entre eux. Si Terach engendre Abram à l’âge de 70 ans, Abram doit être âgé de 135 ans lorsque Terach meurt à 205 ans, or il n’a alors que 75 ans.
À cet égard, le texte ne mentionne pas un seul successeur, comme pour les autres patriarches, mais trois fils (comme Noé), ce qui permet de penser que le récit signifie en fait que Terach engendre ses trois fils « à partir » de 70 ans, mais qu’Abram lui-même a été engendré 60 ans plus tard lorsque Terach avait déjà 130 ans. Dans ce cas, Abram a en effet 75 ans lorsque Terach meurt à 205 ans. En les évaluant comme des années sumériennes entre équinoxes, ces âges sont compréhensibles.
Une lecture attentive du texte biblique confirme que les 70 ans de Terach sont sans lien certain avec la date précise de naissance d’Abraham car il ne semble pas écrit littéralement en hébreu que «
Térah vécut soixante-dix ans, puis il engendra Abram, Nahor et Harane » (Gn 11, 26), comme le note la traduction française de l’épiscopat français, mais qu’il «
vécut soixante-dix ans [
et]
il engendra Abram, Nahor et Harane » comme l’indique plus exactement la traduction officielle en latin du Vatican («
Vixitque Thare septuaginta annis et genuit Abram, Nachor et Aran »).
Dans ces conditions, les 70 ans de Terach paraissent seulement situer la fin du patriarcat précédent de Nachor et le début de son patriarcat, comme pour les âges indiqués de manière similaire par le récit biblique pour tous ses ancêtres depuis Adam, et il y a lieu de situer la naissance d’Abraham 60 ans plus tard lorsque Terach a 130 ans (et non 70) puisqu’Abraham a 75 ans lorsque Terach meurt à 205 Ans.
Dès lors, compte tenu des deux années entre le déluge et la naissance d’Arpaxad à ajouter entre le déluge et le début des 500 ans de Sem ainsi que des 60 ans d’Abraham après la fin du patriarcat de Nachor, le total des années bibliques entre le déluge et la naissance d’Abraham est, dès lors, de 2533 années (2471 + 2 + 60) qui, sur la base d’années sumériennes entre équinoxes, correspondent à un total de 1266 ans avant la naissance de Abraham en 1697, ce qui situe le déluge vers l’an 2963 avant Jésus-Christ, soit approximativement à l’époque de la dernière grande inondation mésopotamienne indiquée tant par la littérature sumérienne que par l’archéologie.
Qu’en est-il alors de la généalogie pré-diluvienne ?
À cet égard, en reconstituant la généalogie d’Adam au déluge sur les mêmes bases que celle du déluge à Abraham et en considérant que les années bibliques ne correspondent qu'à la moitié de nos années actuelles, on peut constater un rapprochement possible avec les estimations de la liste royale sumérienne et une cohérence avec l’état des connaissances archéologiques.
Si nous calculons la chronologie des patriarcats d’Adam à Lamek, le père de Noé, nous avons un total de 5754 ans (800 + 807 + 840 + 830 + 800 + 300 + 782 + 595), auxquels s’ajoutent les 130 premières années d’Adam, ce qui porte le total depuis le début de la vie d’Adam jusqu’à la fin des jours de Lamek à 5884 années, qui, sur une base d’années entre équinoxes, correspondent à 2942 années de 365 jours.
Pour Noé lui-même, le récit biblique ne donne pas les mêmes repères que pour ses ancêtres. Après la fin des jours de Lamek, il est seulement précisé que Noé a 500 ans et que le déluge se produit lorsqu’il a 600 ans, soit cent ans plus tard (Gn 5, 32 et Gn 7, 6), ce qui, pour des années entre équinoxes, porte à 2992 années de 365 jours (2942 + 50) le temps entre le début de la vie d’Adam et le déluge.
6. Une chronologie incertaine pour montrer la vérité du récit biblique dans l’histoire réelle
Sur les bases qui précèdent, une chronologie générale cohérente des années bibliques peut être proposée à partir de la construction du temple de Jérusalem et par rapport à quelques repères historiques et, notamment, ceux de la liste royale sumérienne, sous toutes réserves quant à la réalité historique de toutes ces dates dont la précision, pour rappel, n’est ici qu’indicative pour la clarté de la chronologie.
An 967 ACN : Début de la construction du temple de Salomon
An 1427 ACN (An 1447 – 20) : Entrée en Canaan (Jos. 1, 2) après 40 ans dans le désert (ici : 20 ans) (Nb 32, 13 et Jos. 5, 6), mort de Moïse à l’âge de 120 ans (ici : 60 ans) (Dt 34, 7)
An 1446 ACN : En l’an 9 du règne d’Amenhotep II, celui-ci effectue une campagne militaire pour ramener 89.600 personnes l’année suivant l’exode de 600.000 hommes ayant réduit le nombre de personnes à nourrir mais aussi le nombre des travailleurs disponibles pour les travaux des champs.
An 1447 ACN (967 + 480) : Sortie d’Égypte, sous la conduite de Moïse, 480 ans avant la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ (1 R 6, 1) et 430 ans (ici : 215 ans) (Ex 12, 40) après la promesse faite à Abraham lorsqu’il avait 75 ans (ici : 37,5 ans) (Gn 12, 1-4), en 1662 ACN (1447 + 215)
An 1450 ACN : Mort du pharaon Thoutmôsis III et Moïse revient en Égypte après un exil d’environ 20 ans «
longtemps après » (Ex 2, 23)
An 1454 ACN : Début du règne d’Amenhotep II [Selon Donald Redford (1986) de 1454 à 1419 ACN] d’abord en corégence avec le pharaon Thoutmôsis III
De l’An 1454 à 1450 ACN : Corégence de Thoutmôsis III et d’Amenhotep II
An 1470 ACN : Moïse, devenu adolescent voire adulte, fuit hors d’Égypte (Ex 2, 15). Selon Manéthon, Thoutmôsis l’expulsa.
An 1481 ACN : Mort de Hatchepsout à l’âge de 50 ans
An 1487 ACN (1447 + 40) : Naissance de Moïse 80 ans (ici : 40 ans) avant la sortie d’Égypte
De l’An 1554 à 1503 ACN (1503 + 51): Période de 51 ans durant laquelle meurent tous les frères de Joseph et cette génération-là venus avec Jacob (Ex 1, 5-6) avant qu’un nouveau roi (Thoutmôsis III) s’élève sur l’Égypte «
qui n’avait pas connu Joseph » (Ex 1, 8)
An 1503 ACN (1481 + 22) : Mort du pharaon Thoutmôsis II et début du règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout et du règne de Thoutmôsis III à l’âge de 11 ans sous la régence d’Hatchepsout
An 1507 ACN : Mort du Pharaon Thoutmôsis Ier et début du règne de Thoutmôsis II de 1507 à 1503 ACN
An 1514 ACN (1503 + 11) : Naissance de Thoutmôsis III
An 1516 ACN : Mort d’Amenhotep Ier et début du règne de Thoutmôsis Ier (qui, a connu Joseph avant le début de son règne, de même que son fils Thoutmôsis II) de 1516 à 1507 ACN
An 1518 ACN (1573 - 55) : Mort de Joseph à l’âge de 110 ans (ici : 55 ans) (Gn 50, 22)
An 1531 ACN (1481 + 50) : Naissance de la reine pharaon Hatchepsout
An 1536 ACN : Mort du pharaon Ahmôsis Ier et début du règne de 20 ans du pharaon Amenhotep Ier (1536-1516). Selon les avis différents des égyptologues, le règne d’Ahmôsis Ier prend fin à une date située entre 1546 et 1504 ACN. Joseph reste gouverneur sous l’autorité de ces deux pharaons jusqu’à sa mort en 1518
An 1544 ACN (1617 – 73) : Mort de Jacob à l’âge de 147 ans (ici : 73,5 ans) (Gn 47, 28). Joseph confie à ses frères la mission de «
préserver la vie à un peuple nombreux » car «
Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu le changer en bien » (Gn 50, 20). Les frères de Joseph et ses deux fils vont former un peuple de 12 tribus « plus nombreux et plus puissant » que le peuple du pharaon (Ex 1, 8) parce que les fils d’Israël vont unir à eux «
une multitude disparate » (Ex 12, 38)
An 1551 ACN : Mort du pharaon Apophis et début du règne d’Ahmosis Ier, pharaon de Thèbes à partir de 1565 ACN et qui règne à Avaris à partir de 1551 ACN pendant 15 ans
An 1552 ACN (1617 - 65) : Exil de Jacob en Égypte à l’âge de 130 ans (ici : 65 ans) lorsque la famine se déclare après 7 années d’abondance (ici : 3,5 ans), soit environ 4 ans après l’engagement de Joseph par Pharaon.
De l’An 1558 à 1555 ACN (1554 + 3,5) : 7 années d’abondance (ici : 3,5 ans) (Gn 41, 47)
An 1558 ACN (1573 – 15) : Joseph est âgé de 30 ans (ici : 15 ans) lorsqu’il est engagé au service de Pharaon (Gn 41, 46) et devient gouverneur de l’Égypte (Gn 41, 40-43).
An 1559 ACN (1558 + 1) : Joseph est âgé de 28 ans (ici : 14 ans) lorsqu’il devient le gérant de Potiphar (Gn. 39, 4) avant d’être mis en prison pendant deux ans (ici : un an) (Gn 41,1).
An 1557 ACN (1647 – 90) : Mort d’Isaac à l’âge de 180 ans (ici : 90 ans) (Gn 35, 28)
An 1565 ACN (1573 – 8) : Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans (ici : 8,5 ans) (Gn 37, 2). Ce n’est pas un adolescent, car c’est encore un enfant (Gn 37, 30).
An 1573 ACN (1565 + 8) : Naissance de Joseph
An 1591 ACN : Début du règne de 40 ans du pharaon Hyksos Apophis à Avaris dans le delta du Nil (1591-1551 ACN)
An 1610 ACN (1697 – 87) : Mort d’Abraham à l’âge de 175 ans (ici : 87,5 ans) (Gn 25, 7)
An 1617 ACN (1647 – 30) : Naissance de Jacob qu'Isaac engendre à l’âge de 60 ans (ici : 30 ans) (Gn 25, 26)
An 1629 ACN (1697 – 68) : mort de Sara à l’âge de 127 ans (ici : 63,5 ans) (Gn 23, 1) qui a 10 ans de moins qu’Abraham (Gn 17, 17) qui devient donc veuf à l’âge de âgé de 137 ans (ici : 68,5 ans) mais se remarie avec Ketura et aura encore 6 enfants avec elle (Gn 25, 1-2)
An 1647 ACN (1697 – 50) (1447 + 200) : Naissance d’Isaac lorsque Abraham a 100 ans (ici : 50 ans) (Gn 21, 5) et Sarah 90 ans (ici : 40 ans) (Gn 17, 17) et début de 400 ans (ici : 200) de servitude de la descendance d’Abraham jusqu’à la sortie d’Égypte (Gn 15, 13 et Ac. 7, 6)
An 1660 ACN (1762 – 102) (1697 – 37) : Mort de Tèrah à l’âge de 205 ans (ici : 102,5 ans) (Gn 11, 32) et départ d’Abraham vers Canaan (Gn 12, 4) à l’âge de 75 ans (ici : 37,5 ans)
An 1662 ACN (1447 + 215) (1697 – 35) : Promesse faite à Abraham 430 années (ici : 215 ans) avant la sortie d’Égypte (Ga 3, 17) après que Tèrah et Abraham aient quitté Ur. Abraham est déjà marié avec Saraï depuis assez longtemps sans enfant pour qu’elle soit jugée stérile. Abraham est âgé de 70 ans (ici : 35)
An 1662 ACN (1697 – 35) : Terach et Abraham quittent Ur. Abraham est déjà marié avec Saraï depuis assez longtemps sans enfant pour qu’elle soit jugée stérile. Âge estimé d’Abraham : 35 ans.
An 1697 ACN (1647 + 50) : Naissance d’Abraham 100 ans (ici : 50) avant la naissance d’Isaac (Gn 21, 5)
An 1727 ACN (1762 – 35) : Fin du patriarcat de 119 ans (ici : 59,5) de Nachor (Gn 11, 25) et début du patriarcat de de Terach lorsqu’il a 70 ans (ici : 35)
An 1762 ACN (1727 + 35) : Début de l’existence du futur patriarche Terach ou du clan familial distinct de Terach et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Nachor pendant 70 ans (ici : 35) (Gn 11, 26)
An 1787 ACN (1729 + 60) : Fin du patriarcat de 200 ans (ici : 100) de Seroug (Gn 11, 23) et début du patriarcat de 119 ans (ici : 59,5) de Nachor de 1787 à 1727 ACN
An 1801 ACN (1787 + 14) : Début de l’existence du futur patriarche Nachor ou du clan familial distinct de Nachor et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Seroug pendant 29 ans (ici : 14,5) (Gn 11, 24)
An 1887 ACN (1787 + 100) : Fin du patriarcat de 207 ans (ici : 103,5) de Rehu (Gn 11, 21) et début du patriarcat de 200 ans (ici : 100) de Seroug de 1887 à 1787 ACN
An 1902 ACN (1887 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Seroug ou du clan familial distinct de Seroug et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Rehu pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 22)
An 1990 ACN (1887 + 103) : Fin du patriarcat de 209 ans (ici : 104,5) de Peleg (Gn 11, 19) et début du patriarcat de 207 ans (ici : 103,5) de Rehu de 1990 à 1887 ACN
An 2006 ACN (1990 + 16) : Début de l’existence du futur patriarche Rehu ou du clan familial distinct de Rehu et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Peleg pendant 32 ans (ici : 16) (Gn 11, 20)
An 2095 ACN (1990 + 105) : Fin du patriarcat de 430 ans (ici : 215) de Héber (Gn 11, 17) et début du patriarcat de 209 ans (ici : 104,5) de Peleg de 2097 à 1992 ACN
An 2110 ACN (2095 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Peleg ou du clan familial distinct de Peleg et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Héber pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 18)
An 2310 ACN (2095 + 215) : Fin du patriarcat de 403 ans (ici 201,5) de Shélah (Gn 11, 15) et début du patriarcat de 430 ans (ici : 215) de Héber de 2310 à 2095 ACN
An 2327 ACN (2310 + 17) : Début de l’existence du futur patriarche Héber ou du clan familial distinct de Héber et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Shélah pendant 34 ans (ici : 17) (Gn 5, 28)
An 2511 ACN (2310 + 201) : Fin du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) de Arpaxad (Gn 11,13) et début du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) de Shélah de 2511 à 2310 ACN
An 2526 ACN (2511 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Shélah ou du clan familial distinct de Shélah et de ses successeurs dans la tribu patriarcale d’Arpaxad pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 14)
An 2713 ACN (2511 + 202) : Fin du patriarcat de 500 ans (ici : 250) de Sem (Gn 11, 11) et début du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) d’Arpaxad de 271. à 2511 ACN
An 2730 ACN (2713 + 17) : Début de l’existence du futur patriarche Arpaxad ou du clan familial distinct d’Arpaxad et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Sem pendant 35 ans (ici : 17,5) (Gn 5, 28)
An 2789 ACN (2964 – 175) : Fin du patriarcat de Noé 350 ans (ici : 175) après le déluge (Gn 9, 29)
An 2963 ACN (2713 + 250) : Naissance d’Arpaxad et début du patriarcat de 500 ans (ici : 250) de Sem (Gn 11, 10-11), «
père de tous les fils d’Héber » (Gn 10, 21), les Hébreux ou Apirous (les nomades de la Mésopotamie), premier patriarche d’un nouveau peuple à venir, distinct des nations issues de Noé et parmi lesquelles Noé est resté patriarche pendant 350 ans (ici : 175) après le déluge (Gn 9, 29). Sem semble ainsi se séparer du patriarcat de Noé deux ans après le déluge et commencer les 500 ans de son patriarcat à partir de la naissance d’Arpaxad.
An 2964 ACN (3266 – 300) (2963 + 1) : Déluge de quarante jours lorsque Noé a 600 ans (ici : 300) et deux ans (ici : un an) avant la naissance de l’ancêtre d’Arpaxad engendré par Sem deux ans (ici : un an) après le déluge (Gn 11, 10)
An 3014 ACN (3311 - 297) (3266 – 250) : Fin du patriarcat de 595 ans (ici : 297,5 ans) de Lamek lorsque Noé a 500 ans (ici : 250) (Gn 5, 30-32)
An 3264 ACN (2965 + 300) : Début de la vie de Noé 600 ans (ici : 300) avant le déluge (Gn 7, 6) et début du règne mythologique de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Ziusudra (Noé)
An 3311 ACN (3014 + 297) : Début des 595 ans (ici : 297,5 ans) du patriarcat de Lamek (Gn 5, 30)
An 3402 ACN (3311 + 91) : Début de l’existence du futur patriarche Lamek ou du clan familial distinct de Lamek et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Mathusalem pendant 182 ans (ici : 91) (Gn 5, 28)
An 3419 ACN (3264 + 155) : Début du règne de 18600 ans (ici : 310 années entre équinoxes x 60, soit 155 ans) de Ubara-Tutu de 3419 à 3264 ACN
An 3594 ACN (3419 + 175) : Début du règne de 21000 ans (ici : 350 années entre équinoxes x 60, soit 175 ans) de Emendurana de 3594 à 3419 ACN
An 3702 ACN (3311 + 391) : Début des 782 ans (ici : 391) du patriarcat de Mathusalem (Gn 5, 25)
An 3796 ACN (3702 + 94) : Début de l’existence du futur patriarche Mathusalem ou du clan familial distinct de Mathusalem et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Hénoch pendant 187 ans (ici : 93,5) (Gn 5, 25)
An 3834 ACN (3594 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Enzipadzidana de 3834 à 3594 ACN
An 3852 ACN (3702 + 150) : Début des 300 ans (ici : 150) du patriarcat de Hénoch (Gn 5, 22)
An 3884 ACN (3852 + 32) : Début de l’existence du futur patriarche Hénoch ou du clan familial distinct de Hénoch et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Yéred pendant 65 ans (ici : 32,5) (Gn 5, 21)
An 4134 ACN (3834 + 300) : Début du règne de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Dumuzid de 4134 à 3834 ACN
An 4252 ACN (3852 + 400) : Début des 800 ans (ici : 400) du patriarcat de Yéred (Gn 5, 19)
An 4333 ACN (4252 + 81) : Début de l’existence du futur patriarche Yéred ou du clan familial distinct de Yéred et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Mahalael pendant 162 ans (ici : 81) (Gn 5, 18)
An 4374 ACN (4134 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Enmengalana de 4374 à 4134 ACN
An 4734 ACN (4374 + 360) : Début du règne de 43200 ans (ici : 80) de Enmenluana (ici : 720 années entre équinoxes x 60, soit 360 ans) règne de 4734 à 4374 ACN
An 4667 ACN (4252 + 415) : Début des 830 ans (ici : 415) du patriarcat de Mahalael (Gn 5, 16)
An 4700 ACN (4667 + 33) : Début de l’existence du futur patriarche Mahalael ou du clan familial distinct de Mahalael et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Kénan pendant 65 ans (ici : 32,5) (Gn 5, 15)
An 5034 ACN (4734 + 300) : Début du règne de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Alalgar de 5034 à 4734 ACN
An 5087 ACN (4667 + 420) : Début des 840 ans (ici : 420) du patriarcat de Kénan (Gn 5, 13)
An 5122 ACN (5087 + 35) : Début de l’existence du futur patriarche Kénan ou du clan familial distinct de Kénan et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Enosh pendant 70 ans (ici : 35) (Gn 5, 12)
An 5274 ACN (5034 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Alulim d’Eridu de 5274 à 5034, époque de la fondation de la ville d’Eridu vers 5000 ACN
An 5495 ACN (5087 + 408) : Début des 815 ans (ici : 407,5) du patriarcat de Enosh (Gn 5, 10)
An 5540 ACN (5495 + 45) : Début de l’existence du futur patriarche Enosh ou du clan familial distinct de Enosh et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Seth pendant 90 ans (ici : 45) (Gn 5, 9)
An 5898 ACN (5495 + 403) : Début des 807 ans (ici : 403,5) du patriarcat de Seth (Gn 5, 7)
An 5950 ACN (5898 + 52) : Début de l’existence du futur patriarche Seth ou du clan familial distinct de Seth et de ses successeurs dans la tribu patriarcale d’Adam pendant 105 ans (ici : 52,5) (Gn 5, 6)
An 6298 ACN (5898 + 400) (6363 – 65) : Début des 800 ans (ici : 400) du patriarcat de Adam (Gn 5, 4) après 130 ans (ici : 65)
An 6363 ACN (6298 + 65) : début de la vie d’Adam d’une durée de 130 ans (ici : 65) avant le début de son patriarcat (Gn 5, 3). C’est le début de la période d’Obeïd et l’époque de la plus ancienne construction mésopotamienne à Tell el-Oueili (altitude : 8 m), situé à 38 km au nord-ouest de Ur.
Mais,
attention ! Il convient de rappeler encore qu’il ne s’agit ici que d’hypothèses et que la précision mathématique des dates bibliques qui précèdent a une valeur pédagogique pour nous montrer la réalité historique des événements que ces dates situent, mais qu’elle ne peut nous faire oublier l’imprécision des connaissances des auteurs antiques des textes bibliques qui nous les indiquent, ni l’imprécision de l’usage approximatif et symbolique des nombres qu’ils utilisent pour nous les raconter.
Il faut rappeler particulièrement ici qu’au-delà du déluge vers 2900 ACN, la durée réelle des «
années » en cause est grande par rapport au mot hébreu «
shaneh ».
Il importe peu de savoir si la création d’Adam date de 6363 ou 3760 ou d’une autre date avant Jésus-Christ ou si Jésus de Nazareth est né en l’an 6 ou l’an 4 avant notre ère plutôt qu’en l’an 1. Ce qui importe, en méditant les généalogies bibliques, c’est de retenir qu’elles nous montrent que la réalité de la création de l’humanité au cœur de l’histoire de ce monde est tout aussi concrète que l’incarnation du Christ au cours de cette même histoire.
Les grands âges des patriarches bibliques, dont plusieurs dépassent 900 ans, sont un sujet persistant de perplexité.
Compte tenu de ces âges irréalistes pour des individus et de leur caractère symbolique souvent manifeste, comme les 600 ans de Noé qui symbolisent le mal sur la terre, c’est souvent avec le sourire qu’on observe la précision des additions qui prétendent fixer une création d’Adam à une date précise dans l’histoire, comme le calendrier hébreu qui situe le début de la vie d’Adam il y a 5783 ans, en 3760 avant Jésus-Christ.
Les âges des patriarches bibliques n’intéressent guère les historiens actuels parce qu’ils leur apparaissent d’emblée comme « [i]irréalistes[/i] », mais n’est-ce pas à cause d’une interprétation d’emblée trop littérale qui ne tient pas assez compte de la manière dont les anciens pouvaient rendre compte du temps ? Aujourd’hui, on comprend bien que le mot « [i]jour [/i]» dans le début de la Genèse, cela ne signifie pas 24 heures. Pourquoi ignorer que le mot « [i]année[/i] » peut lui aussi avoir eu des sens différents dans l’antiquité ?
[b]
1. Passer de la légende à l’histoire[/b]
Sans tomber dans les pièges du fondamentalisme qui manque d’attention au langage, à la culture et au contexte des auteurs des textes bibliques en cause, ou d’un concordisme qui chercherait à faire coïncider les textes avec des découvertes de la science que ces anciens auteurs ne pouvaient connaître, les précisions de durée données par l’Écriture ne peuvent cependant pas être négligées par celui qui veut comprendre ce que peuvent nous enseigner ces textes que nous reconnaissons comme Parole inspirée par Dieu alors même qu’ils sont écrits par des humains avec toute leur fragilité et leur langage propre.
Comprendre les textes sacrés dans la fidélité à la foi de l’Église ne nous dispense pas d’être sans cesse invités à les revisiter à la lumière des découvertes les plus diverses des sciences, exégétiques autant que biologiques ou historiques.
Cette compréhension demande toujours une double attention. D’abord, il nous faut nous méfier de nous-mêmes et de nos interprétations modernes en cherchant d’abord à comprendre avec un maximum d’objectivité tout ce qu’un écrivain de l’antiquité a voulu exprimer dans son contexte et avec son langage. Ensuite, en ce qui concerne les récits de type historique, il nous faut essayer de comprendre ce que fut ou a pu être la réalité historique que l’auteur ancien a voulu nous relater avec un regard souvent approximatif, symbolique et sélectif selon les finalités qui étaient les siennes.
Dans la présente réflexion, tout ce qui peut être envisagé d’un passé historique lointain se fait, dès lors, inévitablement sans guère de précision scientifique ou historique réelle en ce qui concerne les dates. Les historiens modernes ne peuvent le plus souvent que proposer des dates approximatives avec des marges d’incertitude lorsqu’il s’agit de l’antiquité ancienne et il en va encore bien davantage ainsi pour les écrivains antiques.
Mais, la précision du texte biblique est un fait qui doit être constaté, non pour nous y attacher comme à une vérité scientifique établie, mais en ce que cette précision peut nous être utile pour notre compréhension aujourd’hui.
Après beaucoup d’autres, j’ai essayé de reconstituer un calendrier fondé sur les précisions bibliques et en les rapprochant des connaissances historiques, mais les dates précises proposées restent inévitablement au stade des hypothèses dans la réalité historique.
Leur précision n’a d’autre but que de clarifier ces rapprochements de la Bible et de l’Histoire, car les incertitudes des dates de l’histoire ancienne ne permettent pas davantage.
Au cœur de ma réflexion, je vais proposer ici, par cette longue communication, une hypothèse originale à réfléchir, déduite d’une relecture nouvelle du texte biblique, qui va situer un début de la vie d’Adam et Ève il y a 8385 années, en 6363 avant Jésus-Christ, sans discuter ici de l’existence historique d’Adam et Ève, ni même de la valeur historique du Pentateuque ou de son ancienneté, mais dans un effort de compréhension de ce qu’a voulu exprimer l’auteur des récits en cause que l’Église attribue à Moïse.
À cet égard, la discussion sur l’origine des textes bibliques est ici hors sujet.
La question ici est uniquement d’essayer de comprendre le récit en cause qui va d’Adam à l’installation du peuple hébreu en Canaan, quelle que soit l’opinion que chacun peut avoir sur sa valeur historique concrète que je pense bien réelle ou sur la perspective limitée de l’auteur antique d’un tel récit.
Cette réflexion veut s’inscrire dans les limites de ce qu’indiquait déjà le Pape Pie XII dans son encyclique [i][b]Divino Afflante Spiritu[/b][/i] du 30 septembre 1943 sur les études bibliques : « [i]l’exégète catholique, poussé par un amour de sa science, actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la sainte Église, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas été résolues jusqu'ici, non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Église, spécialement avec celle de l'inérrance biblique, et capable en même temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes.
Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité ; que tous les autres fils de l'Église s'en souviennent. Ceux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspicion tout ce qui est nouveau. Qu'ils aient avant tout présent, que, dans les règles et les lois portées par l'Église, il s'agit de la foi et des mœurs, tandis que dans l'immense matière contenue dans les Livres Saints, livres de la Loi ou livres historiques, sapientiaux et prophétiques, il y a bien peu de textes dont le sens ait été défini par l'autorité de l'Église, et il n'y en a pas davantage sur lesquels règne le consentement unanime des Pères. Il reste donc beaucoup de points, et d'aucuns très importants, dans la discussion et l'explication desquels la pénétration et le talent des exégètes catholiques peuvent et doivent avoir libre cours, afin que chacun contribue pour sa part et d'après ses moyens à l'utilité commune, au progrès croissant de la doctrine sacrée, à la défense et à l'honneur de l'Église[/i] » (n° 42).
À cet égard, même si le récit de la Genèse est d’abord un texte théologique et que son but principal n’est pas de procéder à un relevé historique objectif ou de type journalistique, il nous éclaire sur ce que Dieu fait pour les hommes dans leur vie concrète, sur Sa présence et Son action dans l’histoire concrète. En ce sens, la réalité historique est essentielle. Dieu n’est pas une abstraction. Il s’est vraiment manifesté dans l’histoire que la Bible nous relate.
Mais, comment imaginer que l’auteur antique du récit biblique ait attribué aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob des durées de vie non réalistes de 175 ans (Gn 25, 7), de 180 ans (Gn 35, 28) et de 147 ans (Gn 47, 28) ? Comment comprendre que Sarah aurait enfanté à l’âge de 90 ans (Gn 17, 17) et serait décédée à 127 ans (Gn 23, 1) ? Comment comprendre qu’Abraham, âgé de 137 ans à la mort de Sarah (Gn 17, 17) se serait remarié ensuite avec Ketoura dont il a encore eu 6 enfants (Gn 25, 1-2) ?
Si vous lisez que Sarah est âgée de 90 ans lorsqu’Abraham se rend en Egypte, comment comprendre qu’Abimélek était amoureux d’elle au point qu’Abraham l’ait fait passer pour sa sœur parce qu’il avait peur d’être tué (Gn 18, 17 et Gn 20, 1-4) ?
[b]2. La nouvelle année à Ur lors de chaque équinoxe[/b]
Ne convient-il pas, pour chercher à comprendre de tels âges ou durées, d’être attentif au lien historique avec la ville antique d'Ur citée trois fois dans la Genèse (Gn 11, 28 et 31 ; Gn 15, 7) et d’où provient Abraham, le père des croyants ?
On y connaissait déjà le rythme des années selon douze mois lunaires de 354 jours (29,5 x 12) arrondis à 360 jours qui suivaient la succession régulière des saisons déterminée par le soleil selon son cycle de 365,25 jours.
À cet égard, il y avait de multiples calendriers annuels en Mésopotamie avec des variantes. Ceux-ci débutaient généralement à la nouvelle lune après un solstice (d’hiver ou d’été) ou un équinoxe (de printemps ou d’automne).
Mais, à Ur, dans cette cité antique de la Basse Mésopotamie d’où provient Abraham mais aussi dans d’autres cités proches comme Uruk et Nippur, la nouvelle année était cependant célébrée jadis lors de chaque équinoxe, [b]chaque fois que le jour était d’une durée égale à la nuit[/b] (soit, actuellement, aux environs des 20 mars et 22 septembre). Cette fête de la nouvelle année se nommait[i][b] a-ki-ti[/b][/i] en sumérien ou [i][b]akitu[/b][/i] en akkadien et elle est mentionnée dans des textes relatifs à plusieurs des villes majeures du pays de Sumer, dès la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C.
À cet égard, le professeur d’histoire et d’anthropologie Edwin Oliver James a observé que, dans le pays de Sumer, « [i]Les deux moments les plus importants de l'année agricole sont le printemps, dans lequel la croissance est apparente, et l'automne, quand les récoltes ont été moissonnées[/i] » et que « [i]Chacun de ces deux moments peut être considéré comme le début de l'année et, au travers des textes rituels babyloniens, nous savons que, lors de ces deux moments, on célébrait le festival de l'An nouveau dans les villes d'Erech et de Ur [/i]» ([i]Histoire des Religions[/i], Tome II, p. 59-60).
Ainsi, dans le pays de Sumer, les années pouvaient se compter par périodes entre équinoxes équivalant environ à la moitié de nos années solaires de 365 jours, ce qui dédouble le décompte des années dans une mesure que nous ne pouvons comprendre aujourd’hui qu’en divisant par deux les nombres des durées mentionnées dans les textes bibliques en cause.
Ne faut-il pas constater que seule l'application d'un tel décompte du temps, qui était en vigueur dans la cité d’Abraham et à son époque, paraît pouvoir expliquer les âges d'Abraham, Sarah, Isaac et Jacob relatés par la Genèse autant que les durées qu’elle précise concernant d’autres patriarches ou l’exode en Égypte ?
Dans une étude de 1999 intitulée «[i] La chronologie biblique d’Adam à la mort de Moïse[/i] », le professeur Bernard Barc, spécialiste de l’herméneutique juive ancienne qui a enseigné dans les universités de Nancy II, Lyon et Laval et s’est intéressé à mettre en lumière les règles anciennes d'interprétation de la Bible, a observé que « [i]des années doubles (existent) après le Déluge, comme si la sortie du Déluge avait pour conséquence la mise en place d'un double modèle du temps [/i]».
Le professeur Barc estime que « [i]Le lien étroit de cette architecture numérique avec les événements de l'histoire me semble exclure l'hypothèse d'une chronologie plaquée a posteriori et de façon artificielle par un ultime rédacteur. Les nombres font corps avec le récit. Le sens symbolique ressort de la mise en correspondance des nombres et des faits rapportés, ce qui suggère une écriture du texte en fonction d'un projet chronologique global[/i] ».
À ma connaissance, le professeur Barc n’en a cependant pas déduit une réflexion plus globale sur la durée de vie des patriarches de la Genèse avant et après le déluge, ni sur la durée d’une année dans l’ensemble du Pentateuque.
Mais, j’en retiens l’hypothèse que, dans le récit biblique, les années des patriarches d’Abraham à Moïse ont pu être doublées par rapport à nos années de 365 jours. Cette hypothèse permet de se représenter de manière réaliste et compréhensible ce qu’a pu être la réalité historique considérée par l’auteur des récits bibliques, même s’il ne disposait à cet égard que de renseignements relativement incertains ou imprécis qu’il a pu exprimer dans une forme symbolique ou arrondie.
À cet égard, comprendre les années des premiers livres de la Bible comme des périodes entre les équinoxes se révèle d’une grande fécondité pour ouvrir une compréhension nouvelle des durées bibliques par rapport à la réalité historique.
Cela rejoint le sens littéral du mot hébreu «[i] shaneh[/i] » que nous traduisons par «[i] année [/i]» mais qui, en fait, vient du mot « [i]shanah [/i]» qui signifie «[i] changer[/i] », comme le changement qui se produit lors de chaque équinoxe lorsque le jour devient plus long que la nuit ou l’inverse.
C’est déjà le texte fondateur de la mesure du temps dans le récit de la création de la Genèse qui nous y incite.
[b]3. Dès l’origine, une indication du Créateur contre l’idolâtrie[/b]
« [i]Et Dieu dit : « [u][b]Qu’il y ait des luminaires[/b][/u] au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes p[u][b]our marquer[/b][/u] les fêtes, [u][b]les jours et les années[/b][/u]…
[u][b]Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit[/b][/u] ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, [u][b]pour commander au jour et à la nuit[/b][/u], pour séparer la lumière des ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon.[/i] » (Gn 1, 14-18).
On peut y observer que, dans l’Antiquité où le soleil et la lune étaient considérés comme des divinités, avec, notamment, une prévalence du dieu-lune à Ur et du dieu-soleil en Égypte, ce récit biblique invite d’emblée à une conversion par un premier enseignement qui va immédiatement écarter toute divinisation ou supériorité de l’un ou de l’autre de ces deux astres, en révélant que le soleil et la lune sont créés sans distinction comme de simples lampadaires pour éclairer la terre, séparer les jours et les nuits et marquer les époques. L’un pour présider au jour et l’autre pour présider à la nuit.
Il n’y a pas de semaines, ni de mois dans ce texte fondateur de la mesure du temps, mais une mise à égalité du soleil et de la lune, « [i]le plus grand pour commander au jour, le plus petit pour commander à la nuit[/i] ».
Fallait-il mesurer le temps par années de 360 ou 365 jours sous l’autorité supérieure du dieu-soleil ou par mois de 29,5 ou 30 jours sous l’autorité supérieure du dieu-lune ? Ne fallait-il pas préférer une mesure du temps des années selon les équinoxes dans une égalité écartant aussi bien les mois lunaires de 29,5 jours que les années solaires de 365 jours ?
À Ur, cité dominée par le dieu-lune et d’où est issu Abraham, le temps annuel n’était pas soumis au seul soleil. Comme dans la Genèse, le repère des équinoxes, lorsque le jour est égal à la nuit, prévalait et permettait de mettre sur un pied d’égalité les deux astres majeurs : le grand pour le jour et le petit pour la nuit.
Ce qui marquait le temps, ce n’était pas le seul rythme du soleil ou celui de la lune, mais l’équinoxe, ce moment de l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit, ce qui se produit vers le 20 mars et le 22 septembre.
En présence des Égyptiens qui divinisaient le soleil, les Hébreux ont pu préférer ce calcul du temps sumérien et refuser d’adopter le calendrier solaire des Égyptiens.
Durant un temps (une année), le jour présidé par le soleil est plus long que la nuit (environ du 20 mars au 22 septembre) et durant un autre temps d'une durée quasi égale, la nuit présidée par la lune est plus longue que le jour (environ du 22 septembre au 20 mars).
Contrairement au point de vue égyptien idolâtrant le soleil et rejetant le calcul du temps sur cette base païenne, Moïse a pu vouloir raconter l’histoire sainte avec le calendrier de Ur, la ville originaire d’Abraham, le père des croyants, qui fixe une nouvelle année à chaque équinoxe, en mars et septembre de notre calendrier, ce qui fixe la durée moyenne de chaque année biblique à environ 186 jours et 9 heures pendant la saison d’été entre les équinoxes de mars et septembre et 178 jours et 20 heures pendant la saison d’hiver entre les équinoxes de septembre et mars).
Cette mesure du temps correspond à ce que Dieu indique à Noé après le déluge : « [i]Tant que la terre durera, semailles et moissons, froidure et chaleur, [b][u]été et hiver[/u][/b], jour et nuit jamais ne cesseront[/i]. » (Gn 9, 22).
Toutes les durées du Pentateuque exprimées en années saisonnières entre équinoxes peuvent ainsi s’écarter de la référence païenne au soleil, la divinité des Égyptiens, et concorder avec la mesure du temps indiquée dans le récit de la création.
[b]4. Les années entre équinoxes éclairent l’histoire d’Abraham à Moïse[/b]
Nous pouvons alors comprendre que lorsque Abraham quitte Haran à l’âge de « [i]75 ans[/i] » (Gn 12, 4), il en a, en réalité, de notre point de vue, seulement 37. Il a 50 ans lorsque Sara donne naissance à Isaac (Gn 21, 5). Et Sara n’enfante pas à « [i]90 ans [/i]» (Gn 17, 17), mais à 45 ans.
Et Sara n’avait pas non plus «[i] 90 ans[/i] » (Gn 18, 17) lorsqu’Abraham se rend en Egypte (Gn 20, 1-4) et qu’Abimélek était amoureux d’elle au point qu’Abraham l’a fait passer pour sa sœur parce qu’il avait peur d’être tué. Elle était seulement âgée de 90 années sumériennes entre équinoxes, ce qui correspond pour nous à 45 ans.
Lorsque Sara meurt à « [i]127 ans[/i] » (Gn 23, 1), elle en a en réalité 63. Abraham devient donc veuf à 68 ans (et non 137) ce qui permet de comprendre qu’il est encore capable d’avoir six autres enfants après s’être remarié avec Ketoura (Gn 25, 1-2).
Isaac n’enfante pas Jacob à l’âge de 60 ans (Gn 25, 26) mais à l’âge de 30 ans.
Ce n’est pas à l’âge de 130 ans (Gn 47, 28) que Jacob arrive en Égypte, mais à 65 ans.
On peut trouver un indice supplémentaire d’une telle mesure du temps dans le dénombrement du peuple d’Israël lors de la sortie d’Égypte en observant qu’il ne compte que «[i] ceux qui avaient 20 ans et plus, tous ceux qui pourraient aller au combat[/i] » (Nb 1, 21 à 46). Peut-on imaginer que les hommes de 16, 17, 18 et même 19 ans n’étaient pas comptés ? Cela paraît invraisemblable. Il est plus réaliste de comprendre ici, comme pour les âges des patriarches précités, qu’il s’agit de 20 années sumériennes d'environ une moitié d'une année actuelle, ce qui fixe la limite minimale pour combattre à l’âge de 10 ans.
Dès la puberté parfois proche de cet âge, les jeunes pouvaient participer à la vie adulte. Aujourd’hui, la Bar-Mitsva est fixée à 12 ans pour les filles et 13 ans pour les garçons. Mais rien ne précise cette limite dans l’Antiquité.
Dans les conditions qui précèdent, il semble que nous pouvons comprendre, dans le critère précité du livre des Nombres, que les hommes étaient comptés «[i] à partir de 10 ans [/i]» dès que la puberté, survenant à un moment variable à partir de cet âge, leur assurait une stature physique suffisante pour «[i] aller au combat [/i]».
Toute la chronologie de l’Exode s’éclaire aussi d’un jour nouveau avec des années entre équinoxes qui permettent de l’inscrire dans la chronologie connue de l’Égypte antique.
À cet égard, il me semble que c’est aussi sur la base de telles années sumériennes qu’il faut comprendre les 430 ans du séjour en Égypte (Ex 12, 40) alors qu’il avait été dit à Abraham que ses descendants reviendraient en Canaan « [i]à la quatrième génération [/i]» (Gn 16, 15), que Moïse, qui a conduit le peuple d’Israël hors d’Égypte, n’est que le petit-fils de Qehath (1 Chr. 6, 1-3) qui est arrivé en Égypte avec Jacob (Gn 46, 11-12) et que les généalogies des évangiles ne mentionnent que 2 ou 3 générations entre le début et la fin du séjour en Égypte (cf. Mt 1, 3-4 et Lc 4, 32-33).
En fait, il semble d’abord qu’il faille comprendre, dans le texte biblique, que le séjour fut « [i]dans [/i]» une période de 430 ans. Selon Flavius Josèphe, le séjour en Égypte n’a pas duré 430 ans, mais seulement 215 ans. D’ailleurs, dans la Bible samaritaine et dans la version des Septante en grec, le texte le précise expressément : « [i]le séjour que les fils d'Israël avaient fait tant dans la terre d'Égypte que dans celle de Canaan, avait duré quatre cent trente ans[/i] » (Ex. 12, 40).
La confirmation se trouve dans l’épître aux Galates lorsque Saint Paul indique que la loi lors de la sortie d’Égypte est intervenue 430 ans après la promesse faite à Abraham (Ga 3, 17), ce qui réduit de moitié la durée du seul séjour en Égypte puisqu’Abraham part vers Canaan à 75 ans, soit 25 ans avant la naissance d’Isaac qui, lui-même, à l’âge de 60 ans, engendre Jacob 130 ans avant son exil en Égypte, ce qui, au total relate une période en Canaan de 215 ans (25 + 60 + 130 = 215 ans).
Dès lors qu’il y a 215 années de la promesse faite à Abraham jusqu’à l’arrivée de Jacob en Égypte, cela réduit à 215 ans la durée du séjour des Israélites en Égypte dans la période de 430 ans.
Ensuite, en comptant chacune de ces deux périodes de 215 ans en années sumériennes entre équinoxes, cela limite à 107,5 années de notre calendrier la durée du séjour des Israélites en Égypte entre l’arrivée de Jacob et l’exode sous la conduite de Moïse, auxquels il faut ajouter les 40 années sumériennes au désert, soit 20 ans dans notre calendrier, ce qui permet de situer l’entrée en Canaan près de 128 ans (107,5 + 20) seulement après l’exil en Égypte et explique le peu de générations en cause que mentionnent tant la Genèse que les Évangiles.
Les années entre équinoxes permettent aussi de mieux comprendre toute l’histoire qui s’étend d’Abraham à Moïse par rapport à ce qui est connu actuellement de l’histoire égyptienne, ce qui a été détaillé dans un texte du 23 avril 2021 publié dans un sujet spécifique de la section Histoire intitulé «[i] Comprendre Joseph et Moïse dans l’histoire de l’Égypte[/i] » :
https://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?f=28&t=45905&start=45
Cette compréhension permet de situer la naissance d’Abraham aux environs de 1697 avant Jésus-Christ et l’entrée en Canaan vers 1427 avant Jésus-Christ.
Mais, lorsque le peuple hébreu s’est installé en Canaan, qu’il s’est assimilé aux populations locales et est devenu sédentaire, il semble que le cycle solaire des saisons est devenu la référence pour les Hébreux indépendamment de toute référence solaire et on ne trouve plus de traces ultérieures dans la Bible d’un calcul des années selon les équinoxes.
Après le livre de Josué qui relate l’entrée en Canaan après l’exode d’Égypte, le calcul du temps dans la Bible ne paraît plus considérer que des années de 365 jours.
Mais, si le calcul en années de 365 jours s’est généralisé lorsque le peuple d’Israël s’est éloigné de l’Égypte, on peut comprendre que les années du récit primitif soient restées inchangées au cours des siècles de transmission de ce récit car il était impossible de réadapter son calcul du temps, par une division par deux, sans perdre toute la symbolique rattachée aux nombres. Ces nombres demeurent tel quels, mais il ne faut pas perdre de vue la signification spécifique que le mot « [i]années[/i] » peut avoir dans le Pentateuque.
Sur la base des observations qui précèdent, il est possible de considérer que Moïse a « [i]signé [/i]» son récit du Pentateuque en utilisant une mesure du temps par années entre équinoxes qui était en vigueur à Ur d’où provenait Abraham et par laquelle l’idolâtrie pouvait être combattue.
À cet égard, la durée moyenne de 182 jours d’une année entre équinoxes (de 186 jours en été et de 179 jours en hiver) était comme les 182 années de vie de Lamek (dont la durée totale de 777 ans est symboliquement parfaite) lorsqu'il engendra Noé (Gn 5, 28-31), celui dont il est dit ailleurs, selon le sens littéral du texte hébreu, qu’il est « [i]juste complet dans son temps[/i] » (Gn 6, 9), et, comme au terme des 365 années de la vie de Hénoch que Dieu a enlevé et fait disparaître, on peut penser que l’année de 365 jours «[i] disparut parce que Dieu l’avait enlevé [/i]» (Gn 5, 23-24).
Dans les cinq livres du Pentateuque, avec peut-être une exception symbolique dans le récit complexe du déluge dont la durée semble étendre la malédiction à une année solaire de 365 jours, il me semble qu’on peut observer que le temps d’une année est généralement mieux compréhensible sur une base moyenne de 182 jours.
[b]
5. D'Adam à Abraham, des généalogies bibliques à comprendre dans le contexte sumérien[/b]
Que penser alors des centaines d’années attribuées aux patriarches avant Abraham et, d’abord, des 10 générations du déluge à Abraham que nous décrit le chapitre 11 de la Genèse ?
Dans un premier sens, le plus apparent, ces générations semblent correspondre, de père en fils, à une période de seulement 292 ans (selon le texte massorétique retenu par l’Église), et, à cet égard, si l’on considère des années entre équinoxes, on se retrouve même avec seulement 146 ans entre le déluge et la naissance d’Abraham.
Or, la dernière inondation importante de la Mésopotamie, évoquée à de multiples reprises dans la littérature sumérienne et attestée par des traces archéologiques dans les niveaux anciens de plusieurs cités, semble située vers 2900 avant Jésus-Christ près de mille ans au moins avant Abraham ce qui mène à une impasse une telle interprétation.
Mais, même avec des années de 365 jours, faut-il vraiment faire prévaloir une interprétation strictement biologique de père en fils qui a pour effet de faire coexister ensemble, à la même époque, Noé et Abraham ainsi que tous les ancêtres de la généalogie biblique entre eux ? En effet, selon cette interprétation habituelle, au moment où Noé meurt 350 ans après le déluge (Gn 9, 29), son fils Sem, qui ne meurt que 502 ans après le déluge (Gn 11, 10-11) est alors âgé de 450 ans, et ses descendants successifs vivent encore puisqu’Arpaxad (qui naît 2 ans après le déluge et vit 437 ans) est âgé alors de 348 ans, Shélah (qui naît 35 ans plus tard et vit 433 ans) de 313 ans, Héber de 283 ans, Peleg de 249 ans, Rehu de 219 ans, Seroug de 187 ans, Nachor de 157 ans, Terach de 128 ans et même Abraham âgé alors de 58 ans (cf. Gn 11, 10-29) ?
Pour sortir de l’impasse, on peut certes se référer à la version grecque des Septante qui y ajoute un total de 780 ans, mais, l’Église n’a pas retenu cette version sur ce point.
On peut aussi envisager que, comme aujourd’hui, un même nom soit porté de père en fils, de sorte que, lorsqu’un patriarche est engendré, cela peut concerner, en fait, un ascendant de ce patriarche. Ainsi, lorsque, par exemple, Arpaxad engendre Shélah puis que Shélah engendre Héber, l’individu Shélah engendré par Arpaxad peut être un ascendant de l’autre individu Shélah qui engendre Héber, ce qui empêche tout calcul du temps écoulé qui peut être étendu sans limite selon le nombre inconnu des générations intercalées.
Et, à cet égard, c’est ce que semble confirmer l’évangile de St Luc qui reprend sur ce point la version grecque des Septante en intercalant, dans sa généalogie, un ancêtre supplémentaire nommé Kaïnam entre Arpaxad et Shélah (Lc 3, 36).
Il paraît dès lors douteux de calculer le temps des généalogies en cause en additionnant simplement les durées successives d’engendrement car, par exemple, entre le moment où Arpaxad engendre Shélah à l’âge de 35 ans et le moment où Shélah engendre à son tour Héber à l’âge de 30 ans, une durée indéterminée a pu s’intercaler car le même nom Shélah peut concerner ici deux personnes physiques de générations différentes.
N’est-il pas préférable de chercher une explication par une autre interprétation avec, ici encore, un recours à des années entre équinoxes divisant par moitiés l’année solaire de 365 jours ? La version des Septante ne paraît pas avoir cherché dans cette direction puisque, au contraire, on peut même y observer que la référence symbolique aux «[i] 182 ans[/i] » de Lamek, qui correspondent à la moitié d’une année solaire de 365 jours, pour l’engendrement de Noé, le « [i]juste complet en son temps[/i] », y est différente et remplacée par «[i] 188 ans[/i] ».
On peut cependant observer, à cet égard, qu’il faut exactement 188 jours pour que la saison d’été, entre les équinoxes de printemps et d’automne, complète exactement les 177 jours (6 x 29,5) des six lunaisons qui correspondent environ à la saison d’hiver et qu’ils forment ainsi ensemble les 365 jours du cycle solaire saisonnier en ajoutant des mois intercalaires à la seule saison d’été.
Quoi qu'il en soit, il semble pertinent de vérifier le sens possible des généalogies de la Genèse sur la base d'années entre équinoxes sans écarter les durées bibliques de la version officielle de l’Église qui, sur ce point, suit le texte massorétique.
À cet égard, il peut être observé qu’il y a toujours deux temps dans la vie d’un patriarche qui peuvent être compris comme étant, d’une part, le temps qui précède son patriarcat et durant lequel il vivait sous l’autorité du patriarche précédent puis, d’autre part, le temps de son patriarcat durant lequel il est patriarche.
Ces deux temps se retrouvent dans les généalogies bibliques d’Adam à Noé, puis de Sem à Abraham.
À cet égard, pour calculer le temps, l’attention s’est portée sur les naissances qu’évoquent les engendrements, mais on sait cependant qu’en Mésopotamie et même le plus souvent dans l’antiquité, comme le montre la fameuse liste royale sumérienne, le temps était compté le plus souvent selon les règnes et non selon les naissances, ce qui se retrouve dans la Bible à l’époque des rois.
Même dans l’histoire moderne, c’est la succession des règnes qui donne la trame de l’histoire et non les dates de naissance souvent mal connues. Pourquoi l’auteur du récit biblique aurait-il agi autrement ?
Si, au lieu de calculer le temps des généalogies bibliques en additionnant les premières parties de la vie de chaque patriarche au terme desquelles chaque successeur est engendré, nous retenons, au contraire, les deuxièmes parties des vies de chaque patriarche et en considérant les années en cause comme étant les saisons entre équinoxes, il peut être observé que du déluge à Abraham, les seules durées de survie de chaque patriarche après engendrement forment un total de 2471 années (500 + 403 + 403 + 430 + 209 + 207 + 200 + 119), ce qui, pour des années de 365 jours, correspond à 1235 ans, soit une durée qui permet de se rapprocher de l’histoire réelle par rapport à une naissance d’Abraham située en 1697 avant Jésus-Christ, environ 1200 ans après l’époque de la dernière grande inondation de la Basse Mésopotamie constatée par l’archéologie vers 2900 avant Jésus-Christ et évoquée dans la littérature sumérienne.
À cet égard, il faut rappeler que les durées en cause de plusieurs centaines d’années (500, 403, 430,… etc) dépassent la durée de vies humaines individuelles, mais aussi que, dans l’Antiquité, un nom peut être porté successivement par plusieurs individus, et aussi par une famille, par un peuple et par un territoire. Ainsi, Israël, c’est l’individu Jacob, fils d’Isaac, mais c’est aussi le clan familial de 70 personnes qui émigre en Égypte, et c’est plus tard le peuple conduit par Moïse, puis le pays de Canaan où ce peuple s’installe.
En fait, rien dans le texte biblique ne permet de déterminer avec certitude ce qui est réellement désigné par les noms successifs des généalogies du début de la Genèse.
Par contre, l’attention particulière portée, dans des durées de centaines d’années, à l’engendrement d’un successeur et en distinguant cet engendrement de celui de tous les autres engendrés ultérieurs du même nom, suggère que les généalogies en cause semblent se préoccuper principalement, pour chaque nom, d’une succession qui dépasse le cadre individuel d’un patriarche.
Dans ces conditions, il peut être vain de chercher dans cette généalogie des indications sur les moments de naissance ou de mort des patriarches bibliques car, dans les chroniques historiques de l’antiquité, ce sont plutôt les règnes qui déterminent les généalogies et la succession des temps, et non la vie individuelle d’un patriarche.
Et, comme le nom d’un patriarche peut être prolongé par les héritiers successifs de sa maison, il peut être considéré que, lorsque les jours d’un patriarche prennent fin, c’est parfois après plusieurs générations et, dans ce cas, il s’agit plutôt de dynasties que de règnes individuels.
Abraham, comme Noé et n’importe qui d’autre, a été engendré dans un groupe (clan, tribu, peuple ou nation identifié par un nom qui peut s’appliquer au chef de ce groupe) qui lui-même est issu d’un groupe précédent.
Et la fin d’un groupe dans une généalogie peut certes résulter d’une dispersion de ce peuple par une mort sans héritier de son dernier patriarche, mais aussi simplement par un détachement d’un ancêtre ou de son clan.
De ce point de vue, ce qui importe pour le calcul du temps dans l’histoire, ce ne sont pas les dates de naissance ou de mort des individus généralement inconnues, ni même la première partie de la vie de chaque patriarche qui se passe durant le temps du patriarcat précédent dont il est issu, mais la succession des groupes dont est issu la personne dont une généalogie donne les origines.
N’est-ce pas cette succession de groupes qui fait le cours de l’histoire et qui est retenu par la mémoire collective, comme l’indique, dans le milieu d’Abraham, la liste royale sumérienne ?
L’histoire se révèle alors comme une suite de patriarcats et, dans les généalogies bibliques de l’ascendance de Noé puis de l’ascendance d’Abraham, il peut être considéré dès lors, que c’est l’addition des secondes parties des vies attribuées à chaque nom qui donne une estimation du temps général écoulé et non l’addition des premières parties qui situent l’engendrement de chaque successeur.
L’objet exact de ces premières parties est d’ailleurs assez incertain car le seul critère de distinction du texte biblique c’est le fait que l’engendrement du successeur intervient pour chaque nom avant la deuxième partie de sa vie qui semble celle de chaque patriarcat.
Pour ces premières parties de la vie de chaque patriarche, s’agit-il du temps écoulé depuis la naissance physique de ce patriarche jusqu’au moment où il succède au patriarche précédent ou s’agit-il du temps durant lequel le clan familial de ce patriarche a existé distinctement avant cette succession ? La question reste ouverte, mais n’influe pas sur le calcul du temps de l’histoire basé sur la succession des seuls patriarcats.
Dans ces conditions, les généalogies bibliques ne doivent pas nécessairement se comprendre comme une succession d’engendrements individuels, mais peuvent se comprendre plutôt comme une succession de «[i] dynasties[/i] » ou de peuples, et, dans ce cas, les généalogies de la Genèse semblent pouvoir nous présenter, en réalité, et pour chaque nom, les années de « [i]règne[/i] » ou de « [i]patriarcat[/i] » durant lesquelles, comme pour les dynasties, un nom s’est prolongé tant qu’un héritier d’un patriarche lui a succédé dans sa maison et aussi longtemps que les ancêtres en cause ne s’en sont pas détachés.
Il est même possible que cela concerne un peuple ou une cité prolongeant un même nom, indépendamment de son chef, tant qu’il demeure en un même lieu ou du moins de manière distincte parmi les autres peuples.
À cet égard, au sein de chaque tribu patriarcale, et comme à toute époque, lorsqu’il constitue une famille, l’homme quitte son père et sa mère, et s’attache à sa femme avec laquelle une engendre une descendance. À partir de ce moment, il n’est plus seulement un individu dans la tribu patriarcale de son père, mais une nouvelle famille distincte dans cette tribu qui, plus tard, peut s’en détacher pour devenir ailleurs une nouvelle tribu patriarcale.
Dans ce cadre, on peut comprendre que la généalogie du déluge à Abraham n’indique qu’une seule naissance individuelle, c’est celle de Arpaxad « [i]deux ans après le déluge[/i] » (Gn 11, 10) mais que ce premier-né n’est que l’ancêtre initial dans la tribu de Sem du futur Arpaxad qui s’en est détaché plus tard.
Et, lorsque ce clan d’Arpaxad se sépare de la tribu de Sem, son patriarche Arpaxad ne part pas seul mais à la tête d’un clan familial qui existe depuis quelques années.
À cet égard, la première durée de vie de 35 ans d’Arpaxad (Gn 11, 12) pourrait viser la durée personnelle depuis sa naissance jusqu’au moment il engendre une descendance ou jusqu’au moment où il se sépare de la tribu de Sem, mais, et a fortiori en considérant que ces 35 années sumériennes ne correspondent qu’à 17 ans et demi, cela paraît peu vraisemblable, d’autant que pour les patriarches suivants cette première durée de vie ne sera pour certains que de 30 ou 29 ans.
Il paraît plus vraisemblable, par rapport au caractère collectif manifeste de la seconde partie de vie d’Arpaxad qui dure 403 ans (201,5 ans de 365 jours), que la première partie de 35 ans ait aussi une signification collective qui permet de penser qu’elle vise la période depuis laquelle il a constitué un clan familial distinct par son mariage et l’engendrement d’une descendance au sein de la tribu patriarcale de Sem, avant de lui succéder lorsque les jours de Sem ont pris fin.
Dans ce contexte, pour situer plus précisément la naissance d’Abraham par rapport au déluge selon les dates bibliques, il convient de tenir compte du fait que les 500 ans de Sem prennent cours après qu’il ait engendré Arpaxad « [i]deux ans après le déluge[/i] » (Gn 11, 10), mais surtout du fait que, pour Terach, le père d’Abraham, la généalogie biblique ne précise pas, comme pour les patriarches précédents, une autre durée vécue « [i]ensuite[/i] » après qu’il ait vécu 70 ans et engendré Abram, Nachor et Haran (Gn 11, 26).
Ce n’est que plus loin dans le récit, qu’on apprend que Terach meurt à 205 ans (Gn 11, 32) et puis qu’Abram est âgé de 75 ans (Gn 12, 4) ce qui rend ces trois durées sans lien direct entre eux. Si Terach engendre Abram à l’âge de 70 ans, Abram doit être âgé de 135 ans lorsque Terach meurt à 205 ans, or il n’a alors que 75 ans.
À cet égard, le texte ne mentionne pas un seul successeur, comme pour les autres patriarches, mais trois fils (comme Noé), ce qui permet de penser que le récit signifie en fait que Terach engendre ses trois fils « à partir » de 70 ans, mais qu’Abram lui-même a été engendré 60 ans plus tard lorsque Terach avait déjà 130 ans. Dans ce cas, Abram a en effet 75 ans lorsque Terach meurt à 205 ans. En les évaluant comme des années sumériennes entre équinoxes, ces âges sont compréhensibles.
Une lecture attentive du texte biblique confirme que les 70 ans de Terach sont sans lien certain avec la date précise de naissance d’Abraham car il ne semble pas écrit littéralement en hébreu que « [i]Térah vécut soixante-dix ans, [u][b]puis[/b][/u] il engendra Abram, Nahor et Harane[/i] » (Gn 11, 26), comme le note la traduction française de l’épiscopat français, mais qu’il « [i]vécut soixante-dix ans[/i] [[b][u]et[/u][/b]] [i]il engendra Abram, Nahor et Harane[/i] » comme l’indique plus exactement la traduction officielle en latin du Vatican (« [i]Vixitque Thare septuaginta annis [u][b]et[/b][/u] genuit Abram, Nachor et Aran [/i]»).
Dans ces conditions, les 70 ans de Terach paraissent seulement situer la fin du patriarcat précédent de Nachor et le début de son patriarcat, comme pour les âges indiqués de manière similaire par le récit biblique pour tous ses ancêtres depuis Adam, et il y a lieu de situer la naissance d’Abraham 60 ans plus tard lorsque Terach a 130 ans (et non 70) puisqu’Abraham a 75 ans lorsque Terach meurt à 205 Ans.
Dès lors, compte tenu des deux années entre le déluge et la naissance d’Arpaxad à ajouter entre le déluge et le début des 500 ans de Sem ainsi que des 60 ans d’Abraham après la fin du patriarcat de Nachor, le total des années bibliques entre le déluge et la naissance d’Abraham est, dès lors, de 2533 années (2471 + 2 + 60) qui, sur la base d’années sumériennes entre équinoxes, correspondent à un total de 1266 ans avant la naissance de Abraham en 1697, ce qui situe le déluge vers l’an 2963 avant Jésus-Christ, soit approximativement à l’époque de la dernière grande inondation mésopotamienne indiquée tant par la littérature sumérienne que par l’archéologie.
Qu’en est-il alors de la généalogie pré-diluvienne ?
À cet égard, en reconstituant la généalogie d’Adam au déluge sur les mêmes bases que celle du déluge à Abraham et en considérant que les années bibliques ne correspondent qu'à la moitié de nos années actuelles, on peut constater un rapprochement possible avec les estimations de la liste royale sumérienne et une cohérence avec l’état des connaissances archéologiques.
Si nous calculons la chronologie des patriarcats d’Adam à Lamek, le père de Noé, nous avons un total de 5754 ans (800 + 807 + 840 + 830 + 800 + 300 + 782 + 595), auxquels s’ajoutent les 130 premières années d’Adam, ce qui porte le total depuis le début de la vie d’Adam jusqu’à la fin des jours de Lamek à 5884 années, qui, sur une base d’années entre équinoxes, correspondent à 2942 années de 365 jours.
Pour Noé lui-même, le récit biblique ne donne pas les mêmes repères que pour ses ancêtres. Après la fin des jours de Lamek, il est seulement précisé que Noé a 500 ans et que le déluge se produit lorsqu’il a 600 ans, soit cent ans plus tard (Gn 5, 32 et Gn 7, 6), ce qui, pour des années entre équinoxes, porte à 2992 années de 365 jours (2942 + 50) le temps entre le début de la vie d’Adam et le déluge.
[b]6. Une chronologie incertaine pour montrer la vérité du récit biblique dans l’histoire réelle[/b]
Sur les bases qui précèdent, une chronologie générale cohérente des années bibliques peut être proposée à partir de la construction du temple de Jérusalem et par rapport à quelques repères historiques et, notamment, ceux de la liste royale sumérienne, sous toutes réserves quant à la réalité historique de toutes ces dates dont la précision, pour rappel, n’est ici qu’indicative pour la clarté de la chronologie.
[u][b]An 967 ACN[/b][/u] : Début de la construction du temple de Salomon
[u][b]An 1427 ACN [/b][/u](An 1447 – 20) : Entrée en Canaan (Jos. 1, 2) après 40 ans dans le désert (ici : 20 ans) (Nb 32, 13 et Jos. 5, 6), mort de Moïse à l’âge de 120 ans (ici : 60 ans) (Dt 34, 7)
[u][b]An 1446 ACN[/b][/u] : En l’an 9 du règne d’Amenhotep II, celui-ci effectue une campagne militaire pour ramener 89.600 personnes l’année suivant l’exode de 600.000 hommes ayant réduit le nombre de personnes à nourrir mais aussi le nombre des travailleurs disponibles pour les travaux des champs.
[u][b]An 1447 ACN [/b][/u](967 + 480) : Sortie d’Égypte, sous la conduite de Moïse, 480 ans avant la construction du temple de Salomon en 967 avant Jésus-Christ (1 R 6, 1) et 430 ans (ici : 215 ans) (Ex 12, 40) après la promesse faite à Abraham lorsqu’il avait 75 ans (ici : 37,5 ans) (Gn 12, 1-4), en 1662 ACN (1447 + 215)
[u][b]An 1450 ACN[/b][/u] : Mort du pharaon Thoutmôsis III et Moïse revient en Égypte après un exil d’environ 20 ans « [i]longtemps après [/i]» (Ex 2, 23)
[u][b]An 1454 ACN[/b][/u] : Début du règne d’Amenhotep II [Selon Donald Redford (1986) de 1454 à 1419 ACN] d’abord en corégence avec le pharaon Thoutmôsis III
[u][b]De l’An 1454 à 1450 ACN [/b][/u]: Corégence de Thoutmôsis III et d’Amenhotep II
[u][b]An 1470 ACN[/b][/u] : Moïse, devenu adolescent voire adulte, fuit hors d’Égypte (Ex 2, 15). Selon Manéthon, Thoutmôsis l’expulsa.
[u][b]An 1481 ACN[/b][/u] : Mort de Hatchepsout à l’âge de 50 ans
[u][b]An 1487 ACN[/b][/u] (1447 + 40) : Naissance de Moïse 80 ans (ici : 40 ans) avant la sortie d’Égypte
[u][b]De l’An 1554 à 1503 ACN [/b][/u](1503 + 51): Période de 51 ans durant laquelle meurent tous les frères de Joseph et cette génération-là venus avec Jacob (Ex 1, 5-6) avant qu’un nouveau roi (Thoutmôsis III) s’élève sur l’Égypte « [i]qui n’avait pas connu Joseph[/i] » (Ex 1, 8)
[u][b]An 1503 ACN[/b][/u] (1481 + 22) : Mort du pharaon Thoutmôsis II et début du règne de 22 ans de la reine-pharaon Hatchepsout et du règne de Thoutmôsis III à l’âge de 11 ans sous la régence d’Hatchepsout
[u][b]An 1507 ACN[/b][/u] : Mort du Pharaon Thoutmôsis Ier et début du règne de Thoutmôsis II de 1507 à 1503 ACN
[u][b]An 1514 ACN[/b][/u] (1503 + 11) : Naissance de Thoutmôsis III
[u][b]An 1516 ACN[/b][/u] : Mort d’Amenhotep Ier et début du règne de Thoutmôsis Ier (qui, a connu Joseph avant le début de son règne, de même que son fils Thoutmôsis II) de 1516 à 1507 ACN
[u][b]An 1518 ACN[/b][/u] (1573 - 55) : Mort de Joseph à l’âge de 110 ans (ici : 55 ans) (Gn 50, 22)
[u][b]An 1531 ACN[/b][/u] (1481 + 50) : Naissance de la reine pharaon Hatchepsout
[u][b]An 1536 ACN[/b][/u] : Mort du pharaon Ahmôsis Ier et début du règne de 20 ans du pharaon Amenhotep Ier (1536-1516). Selon les avis différents des égyptologues, le règne d’Ahmôsis Ier prend fin à une date située entre 1546 et 1504 ACN. Joseph reste gouverneur sous l’autorité de ces deux pharaons jusqu’à sa mort en 1518
[u][b]An 1544 ACN [/b][/u](1617 – 73) : Mort de Jacob à l’âge de 147 ans (ici : 73,5 ans) (Gn 47, 28). Joseph confie à ses frères la mission de « [i]préserver la vie à un peuple nombreux[/i] » car « [i]Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu le changer en bien[/i] » (Gn 50, 20). Les frères de Joseph et ses deux fils vont former un peuple de 12 tribus « plus nombreux et plus puissant » que le peuple du pharaon (Ex 1, 8) parce que les fils d’Israël vont unir à eux «[i] une multitude disparate[/i] » (Ex 12, 38)
[u][b]An 1551 ACN[/b][/u] : Mort du pharaon Apophis et début du règne d’Ahmosis Ier, pharaon de Thèbes à partir de 1565 ACN et qui règne à Avaris à partir de 1551 ACN pendant 15 ans
[u][b]An 1552 ACN[/b][/u] (1617 - 65) : Exil de Jacob en Égypte à l’âge de 130 ans (ici : 65 ans) lorsque la famine se déclare après 7 années d’abondance (ici : 3,5 ans), soit environ 4 ans après l’engagement de Joseph par Pharaon.
[u][b]De l’An 1558 à 1555 ACN[/b][/u] (1554 + 3,5) : 7 années d’abondance (ici : 3,5 ans) (Gn 41, 47)
[u][b]An 1558 ACN[/b][/u] (1573 – 15) : Joseph est âgé de 30 ans (ici : 15 ans) lorsqu’il est engagé au service de Pharaon (Gn 41, 46) et devient gouverneur de l’Égypte (Gn 41, 40-43).
[u][b]An 1559 ACN[/b][/u] (1558 + 1) : Joseph est âgé de 28 ans (ici : 14 ans) lorsqu’il devient le gérant de Potiphar (Gn. 39, 4) avant d’être mis en prison pendant deux ans (ici : un an) (Gn 41,1).
[u][b]An 1557 ACN[/b][/u] (1647 – 90) : Mort d’Isaac à l’âge de 180 ans (ici : 90 ans) (Gn 35, 28)
[u][b]An 1565 ACN [/b][/u](1573 – 8) : Joseph arrive en Égypte à l’âge de 17 ans (ici : 8,5 ans) (Gn 37, 2). Ce n’est pas un adolescent, car c’est encore un enfant (Gn 37, 30).
[u][b]An 1573 ACN[/b][/u] (1565 + 8) : Naissance de Joseph
[u][b]An 1591 ACN[/b][/u] : Début du règne de 40 ans du pharaon Hyksos Apophis à Avaris dans le delta du Nil (1591-1551 ACN)
[u][b]An 1610 ACN [/b][/u](1697 – 87) : Mort d’Abraham à l’âge de 175 ans (ici : 87,5 ans) (Gn 25, 7)
[u][b]An 1617 ACN [/b][/u](1647 – 30) : Naissance de Jacob qu'Isaac engendre à l’âge de 60 ans (ici : 30 ans) (Gn 25, 26)
[u][b]An 1629 ACN[/b][/u] (1697 – 68) : mort de Sara à l’âge de 127 ans (ici : 63,5 ans) (Gn 23, 1) qui a 10 ans de moins qu’Abraham (Gn 17, 17) qui devient donc veuf à l’âge de âgé de 137 ans (ici : 68,5 ans) mais se remarie avec Ketura et aura encore 6 enfants avec elle (Gn 25, 1-2)
[b][u]An 1647 ACN[/u][/b] (1697 – 50) (1447 + 200) : Naissance d’Isaac lorsque Abraham a 100 ans (ici : 50 ans) (Gn 21, 5) et Sarah 90 ans (ici : 40 ans) (Gn 17, 17) et début de 400 ans (ici : 200) de servitude de la descendance d’Abraham jusqu’à la sortie d’Égypte (Gn 15, 13 et Ac. 7, 6)
[b][u]An 1660 ACN[/u][/b] (1762 – 102) (1697 – 37) : Mort de Tèrah à l’âge de 205 ans (ici : 102,5 ans) (Gn 11, 32) et départ d’Abraham vers Canaan (Gn 12, 4) à l’âge de 75 ans (ici : 37,5 ans)
[u][b]An 1662 ACN[/b][/u] (1447 + 215) (1697 – 35) : Promesse faite à Abraham 430 années (ici : 215 ans) avant la sortie d’Égypte (Ga 3, 17) après que Tèrah et Abraham aient quitté Ur. Abraham est déjà marié avec Saraï depuis assez longtemps sans enfant pour qu’elle soit jugée stérile. Abraham est âgé de 70 ans (ici : 35)
[u][b]An 1662 ACN[/b][/u] (1697 – 35) : Terach et Abraham quittent Ur. Abraham est déjà marié avec Saraï depuis assez longtemps sans enfant pour qu’elle soit jugée stérile. Âge estimé d’Abraham : 35 ans.
[u][b]An 1697 ACN[/b][/u] (1647 + 50) : Naissance d’Abraham 100 ans (ici : 50) avant la naissance d’Isaac (Gn 21, 5)
[u][b]An 1727 ACN[/b][/u] (1762 – 35) : Fin du patriarcat de 119 ans (ici : 59,5) de Nachor (Gn 11, 25) et début du patriarcat de de Terach lorsqu’il a 70 ans (ici : 35)
[u][b]An 1762 ACN[/b][/u] (1727 + 35) : Début de l’existence du futur patriarche Terach ou du clan familial distinct de Terach et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Nachor pendant 70 ans (ici : 35) (Gn 11, 26)
[u][b]An 1787 ACN[/b][/u] (1729 + 60) : Fin du patriarcat de 200 ans (ici : 100) de Seroug (Gn 11, 23) et début du patriarcat de 119 ans (ici : 59,5) de Nachor de 1787 à 1727 ACN
[u][b]An 1801 ACN[/b][/u] (1787 + 14) : Début de l’existence du futur patriarche Nachor ou du clan familial distinct de Nachor et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Seroug pendant 29 ans (ici : 14,5) (Gn 11, 24)
[u][b]An 1887 ACN[/b][/u] (1787 + 100) : Fin du patriarcat de 207 ans (ici : 103,5) de Rehu (Gn 11, 21) et début du patriarcat de 200 ans (ici : 100) de Seroug de 1887 à 1787 ACN
[u][b]An 1902 ACN[/b][/u] (1887 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Seroug ou du clan familial distinct de Seroug et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Rehu pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 22)
[u][b]An 1990 ACN[/b][/u] (1887 + 103) : Fin du patriarcat de 209 ans (ici : 104,5) de Peleg (Gn 11, 19) et début du patriarcat de 207 ans (ici : 103,5) de Rehu de 1990 à 1887 ACN
[u][b]An 2006 ACN[/b][/u] (1990 + 16) : Début de l’existence du futur patriarche Rehu ou du clan familial distinct de Rehu et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Peleg pendant 32 ans (ici : 16) (Gn 11, 20)
[u][b]An 2095 ACN[/b][/u] (1990 + 105) : Fin du patriarcat de 430 ans (ici : 215) de Héber (Gn 11, 17) et début du patriarcat de 209 ans (ici : 104,5) de Peleg de 2097 à 1992 ACN
[u][b]An 2110 ACN[/b][/u] (2095 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Peleg ou du clan familial distinct de Peleg et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Héber pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 18)
[u][b]An 2310 ACN[/b][/u] (2095 + 215) : Fin du patriarcat de 403 ans (ici 201,5) de Shélah (Gn 11, 15) et début du patriarcat de 430 ans (ici : 215) de Héber de 2310 à 2095 ACN
[u][b]An 2327 ACN[/b][/u] (2310 + 17) : Début de l’existence du futur patriarche Héber ou du clan familial distinct de Héber et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Shélah pendant 34 ans (ici : 17) (Gn 5, 28)
[u][b]An 2511 ACN[/b][/u] (2310 + 201) : Fin du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) de Arpaxad (Gn 11,13) et début du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) de Shélah de 2511 à 2310 ACN
[u][b]An 2526 ACN[/b][/u] (2511 + 15) : Début de l’existence du futur patriarche Shélah ou du clan familial distinct de Shélah et de ses successeurs dans la tribu patriarcale d’Arpaxad pendant 30 ans (ici : 15) (Gn 11, 14)
[u][b]An 2713 ACN[/b][/u] (2511 + 202) : Fin du patriarcat de 500 ans (ici : 250) de Sem (Gn 11, 11) et début du patriarcat de 403 ans (ici : 201,5) d’Arpaxad de 271. à 2511 ACN
[u][b]An 2730 ACN[/b][/u] (2713 + 17) : Début de l’existence du futur patriarche Arpaxad ou du clan familial distinct d’Arpaxad et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Sem pendant 35 ans (ici : 17,5) (Gn 5, 28)
[u][b]An 2789 ACN[/b][/u] (2964 – 175) : Fin du patriarcat de Noé 350 ans (ici : 175) après le déluge (Gn 9, 29)
[u][b]An 2963 ACN[/b][/u] (2713 + 250) : Naissance d’Arpaxad et début du patriarcat de 500 ans (ici : 250) de Sem (Gn 11, 10-11), « [i]père de tous les fils d’Héber [/i]» (Gn 10, 21), les Hébreux ou Apirous (les nomades de la Mésopotamie), premier patriarche d’un nouveau peuple à venir, distinct des nations issues de Noé et parmi lesquelles Noé est resté patriarche pendant 350 ans (ici : 175) après le déluge (Gn 9, 29). Sem semble ainsi se séparer du patriarcat de Noé deux ans après le déluge et commencer les 500 ans de son patriarcat à partir de la naissance d’Arpaxad.
[u][b]An 2964 ACN[/b][/u] (3266 – 300) (2963 + 1) : Déluge de quarante jours lorsque Noé a 600 ans (ici : 300) et deux ans (ici : un an) avant la naissance de l’ancêtre d’Arpaxad engendré par Sem deux ans (ici : un an) après le déluge (Gn 11, 10)
[u][b]An 3014 ACN[/b][/u] (3311 - 297) (3266 – 250) : Fin du patriarcat de 595 ans (ici : 297,5 ans) de Lamek lorsque Noé a 500 ans (ici : 250) (Gn 5, 30-32)
[u][b]An 3264 ACN[/b][/u] (2965 + 300) : Début de la vie de Noé 600 ans (ici : 300) avant le déluge (Gn 7, 6) et début du règne mythologique de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Ziusudra (Noé)
[u][b]An 3311 ACN[/b][/u] (3014 + 297) : Début des 595 ans (ici : 297,5 ans) du patriarcat de Lamek (Gn 5, 30)
[u][b]An 3402 ACN[/b][/u] (3311 + 91) : Début de l’existence du futur patriarche Lamek ou du clan familial distinct de Lamek et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Mathusalem pendant 182 ans (ici : 91) (Gn 5, 28)
[u][b]An 3419 ACN[/b][/u] (3264 + 155) : Début du règne de 18600 ans (ici : 310 années entre équinoxes x 60, soit 155 ans) de Ubara-Tutu de 3419 à 3264 ACN
[u][b]An 3594 ACN[/b][/u] (3419 + 175) : Début du règne de 21000 ans (ici : 350 années entre équinoxes x 60, soit 175 ans) de Emendurana de 3594 à 3419 ACN
[u][b]An 3702 ACN[/b][/u] (3311 + 391) : Début des 782 ans (ici : 391) du patriarcat de Mathusalem (Gn 5, 25)
[u][b]An 3796 ACN[/b][/u] (3702 + 94) : Début de l’existence du futur patriarche Mathusalem ou du clan familial distinct de Mathusalem et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Hénoch pendant 187 ans (ici : 93,5) (Gn 5, 25)
[u][b]An 3834 ACN[/b][/u] (3594 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Enzipadzidana de 3834 à 3594 ACN
[u][b]An 3852 ACN[/b][/u] (3702 + 150) : Début des 300 ans (ici : 150) du patriarcat de Hénoch (Gn 5, 22)
[u][b]An 3884 ACN[/b][/u] (3852 + 32) : Début de l’existence du futur patriarche Hénoch ou du clan familial distinct de Hénoch et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Yéred pendant 65 ans (ici : 32,5) (Gn 5, 21)
[u][b]An 4134 ACN[/b][/u] (3834 + 300) : Début du règne de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Dumuzid de 4134 à 3834 ACN
[u][b]An 4252 ACN[/b][/u] (3852 + 400) : Début des 800 ans (ici : 400) du patriarcat de Yéred (Gn 5, 19)
[u][b]An 4333 ACN[/b][/u] (4252 + 81) : Début de l’existence du futur patriarche Yéred ou du clan familial distinct de Yéred et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Mahalael pendant 162 ans (ici : 81) (Gn 5, 18)
[u][b]An 4374 ACN[/b][/u] (4134 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Enmengalana de 4374 à 4134 ACN
[u][b]An 4734 ACN[/b][/u] (4374 + 360) : Début du règne de 43200 ans (ici : 80) de Enmenluana (ici : 720 années entre équinoxes x 60, soit 360 ans) règne de 4734 à 4374 ACN
[u][b]An 4667 ACN[/b][/u] (4252 + 415) : Début des 830 ans (ici : 415) du patriarcat de Mahalael (Gn 5, 16)
[u][b]An 4700 ACN[/b][/u] (4667 + 33) : Début de l’existence du futur patriarche Mahalael ou du clan familial distinct de Mahalael et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Kénan pendant 65 ans (ici : 32,5) (Gn 5, 15)
[b]An 5034 ACN[/b] (4734 + 300) : Début du règne de 36000 ans (ici : 600 années entre équinoxes x 60, soit 300 ans) de Alalgar de 5034 à 4734 ACN
[u][b]An 5087 ACN[/b][/u] (4667 + 420) : Début des 840 ans (ici : 420) du patriarcat de Kénan (Gn 5, 13)
[u][b]An 5122 ACN[/b][/u] (5087 + 35) : Début de l’existence du futur patriarche Kénan ou du clan familial distinct de Kénan et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Enosh pendant 70 ans (ici : 35) (Gn 5, 12)
[u][b]An 5274 ACN[/b][/u] (5034 + 240) : Début du règne de 28800 ans (ici : 480 années entre équinoxes x 60, soit 240 ans) de Alulim d’Eridu de 5274 à 5034, époque de la fondation de la ville d’Eridu vers 5000 ACN
[u][b]An 5495 ACN[/b][/u] (5087 + 408) : Début des 815 ans (ici : 407,5) du patriarcat de Enosh (Gn 5, 10)
[u][b]An 5540 ACN[/b][/u] (5495 + 45) : Début de l’existence du futur patriarche Enosh ou du clan familial distinct de Enosh et de ses successeurs dans la tribu patriarcale de Seth pendant 90 ans (ici : 45) (Gn 5, 9)
[u][b]An 5898 ACN[/b][/u] (5495 + 403) : Début des 807 ans (ici : 403,5) du patriarcat de Seth (Gn 5, 7)
[u][b]An 5950 ACN[/b][/u] (5898 + 52) : Début de l’existence du futur patriarche Seth ou du clan familial distinct de Seth et de ses successeurs dans la tribu patriarcale d’Adam pendant 105 ans (ici : 52,5) (Gn 5, 6)
[u][b]An 6298 ACN[/b][/u] (5898 + 400) (6363 – 65) : Début des 800 ans (ici : 400) du patriarcat de Adam (Gn 5, 4) après 130 ans (ici : 65)
[u][b]An 6363 ACN [/b][/u](6298 + 65) : début de la vie d’Adam d’une durée de 130 ans (ici : 65) avant le début de son patriarcat (Gn 5, 3). C’est le début de la période d’Obeïd et l’époque de la plus ancienne construction mésopotamienne à Tell el-Oueili (altitude : 8 m), situé à 38 km au nord-ouest de Ur.
Mais, [i][b]attention[/b][/i] ! Il convient de rappeler encore qu’il ne s’agit ici que d’hypothèses et que la précision mathématique des dates bibliques qui précèdent a une valeur pédagogique pour nous montrer la réalité historique des événements que ces dates situent, mais qu’elle ne peut nous faire oublier l’imprécision des connaissances des auteurs antiques des textes bibliques qui nous les indiquent, ni l’imprécision de l’usage approximatif et symbolique des nombres qu’ils utilisent pour nous les raconter.
Il faut rappeler particulièrement ici qu’au-delà du déluge vers 2900 ACN, la durée réelle des « [i]années[/i] » en cause est grande par rapport au mot hébreu « [i]shaneh[/i] ».
Il importe peu de savoir si la création d’Adam date de 6363 ou 3760 ou d’une autre date avant Jésus-Christ ou si Jésus de Nazareth est né en l’an 6 ou l’an 4 avant notre ère plutôt qu’en l’an 1. Ce qui importe, en méditant les généalogies bibliques, c’est de retenir qu’elles nous montrent que la réalité de la création de l’humanité au cœur de l’histoire de ce monde est tout aussi concrète que l’incarnation du Christ au cours de cette même histoire.