par lmx » ven. 24 sept. 2010, 15:36
Les pères de l'Eglise comme St Augustin n'ont jamais fait de littéralisme. Le chapitre 1er désignant pour lui la création a principio , c'est à dire la création éternelle des archétypes dans le principe qui est le Verbe, les jours indiquant leur noblesse, et le chapitre 2 parlant de l'existantialisation des archétypes dans le monde.
Votre argument pour une nouvelle théologie de la rédemption est basé sur le fait qu'une historicisation du texte, et une "lecture littérale" de la Genèse aurait conduit à la fabrication d'un Dieu vengeur. Or, ceux qui ont lu le texte de la façon la plus littérale possible furent les pères grecs comme St Grégoire de Nysse qui furent aussi ceux qui ont mis le plus l'accent sur la bonté de Dieu , sur sa volonté de nous racheter pour s'unir à nous. D'ailleurs on dit qu'il soutenait la thèse condamnée du salut universel. A l'époque patristique incarnation et déification sont souvent liés , et selon St Irénée et St Athanase, Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir dieu par grâce.
Donc votre argument ne semble pas vérifiable historiquement. Ce type de théologie n'apparait qu'au Moyen Age et dans l'Orthodoxie où les théologiens restent encore très attachés aux pères de l'Eglise, toute vision qui réduit Dieu à un dieu vengeur est rejetée, de même que toute théologie qui tenterait de réduire le sens du sacrifice.
J'avais cité St Grégoire de Nazianze et Nicolas Cabasillas , je ne sais pas si vous les avez lu.
La Tradition c'est la vie de l'Esprit Saint dans l'Eglise , pas seulement esprit de conservation mais aussi de rénovation. Kallistos Ware
C'est symbolique. Il n'est pas nécéssaire d'investir comme un premier Adam d'une charge de responsabilité écrasante et pour s'imaginer qu'en cas de no-fault de sa part, très personnellement, alors l'humanité entière eût vécu dans un état paradisiaque et, ma foi !, mais c'est lui qui eût été le Sauveur de l'humanité. Plus besoin de Jésus ! Le Fils aurait pu se dispenser d'être le premier-né. C'est ce qu'il faut comprendre : il n'est pas une équivalence entre un tout premier individu humain et le Christ. Plutôt c'est que l'homme au sens générique du terme est crée en vue de ce Fils.
Vous essayez d'imaginer ce qu'il se serait passé mais ça n'a aucun sens, c'est réduire Dieu à la raison humaine.
Au lieu d'utiliser des concepts qui font rentrer et enfermer l'être dans le discours , un peu comme on force une chose à rentrer dans un casier trop petit, les anciens utilisaient des symboles qui permettaient d'exprimer plusieurs choses à la fois , ce qui permettait de ne pas réduire le sens en subordonnant l'être au discours.
Le sens des choses ne pouvant jamais être totalement perçu et encore moins être totalement exprimé dans un discours, le mode symbolique permettait donc d'éviter les réductions et les pertes de sens liées à une approche dialectique de la réalité.
Le symbole permet donc au sens des choses de rayonner pleinement, au reflet de l'archétype de briller, contrairement au concept (vécu à la manière d'un moderne) qui tentant de faire rentrer le sens de la chose dans une case bien définie et calibrée et qui en cela s'apparente selon moi à un outil technique destiné à accroitre l'emprise de l'homme sur la réalité ; emprise qui s'effectue au prix d'une perte de sens. C'est d'ailleurs la méthode (bien légitime) de la science qui consiste à faire coïncider le concept à la chose étudiée pour avoir une chose clairement identifié, un objet bien taillé donc.
On ne peut pas utiliser cette méthode dans la théologie qui est le discours sur Dieu et dont le sens des actions peut dépasser notre raison , ce qui ne veut pas dire que ce que fait Dieu est injuste ou insensé.
Néanmoins, il n'est pas question de lire le texte comme un prédicateur du Texas le ferait (littéral, 1er degré) ou comme le révérend James Usher de l'an 1667.
Le sens littéral selon St Thomas c'est celui que l'auteur (Dieu) avait en vu au moment de l'écriture, ce qui n'exclut donc pas que le sens littéral ait premièrement donc un sens symbolique.
Le sens littéral dans la Tradition catholique n'est donc pas exactement le sens littéral des fondamentalistes protestants.
St I,q10,a3 a écrit :
CONCLUSION. — Dieu étant l'autour de l'Ecriture sainte, par là même qu'il voit tout en même temps dans son intelligence, sa doctrine réunit plusieurs sens sous une seule et même parole : le sens littéral qui est multiple, le sens spirituel qui se divise en trois, l'allégorique, le moral et l'anagogique.
....
Comme le sens littéral est celui que l'auteur avait dans l'esprit, Dieu qui voit tout en même temps dans son intelligence, étant l'auteur de l'Ecriture, il n'y a rien de contradictoire si, selon le sens littéral lui-même, comme le dit saint Augustin (Confes. lib. xii, cap. 18 et 19), il y a plusieurs sens renfermés sous la même lettre.
...
3. Il faut répondre au troisième, que le sens parabolique est contenu dans le sens littéral : car les mots doivent être entendus alors dans un sens propre et dans un sens figuratif : dans ce cas le sens littéral n'est pas la figure même, mais ce qui est figuré. Car quand l'Ecriture parle du bras de Dieu, cela ne signifie pas littéralement que Dieu a un membre corporel de cette nature, mais cela signifie ce que ce membre représente, c'est-à-dire l'énergie de son action. D'où il est évident que le sens littéral de l'Ecriture ne peut jamais renfermer une fausseté
Les pères de l'Eglise comme St Augustin n'ont jamais fait de littéralisme. Le chapitre 1er désignant pour lui la création a principio , c'est à dire la création éternelle des archétypes dans le principe qui est le Verbe, les jours indiquant leur noblesse, et le chapitre 2 parlant de l'existantialisation des archétypes dans le monde.
Votre argument pour une nouvelle théologie de la rédemption est basé sur le fait qu'une historicisation du texte, et une "lecture littérale" de la Genèse aurait conduit à la fabrication d'un Dieu vengeur. Or, ceux qui ont lu le texte de la façon la plus littérale possible furent les pères grecs comme St Grégoire de Nysse qui furent aussi ceux qui ont mis le plus l'accent sur la bonté de Dieu , sur sa volonté de nous racheter pour s'unir à nous. D'ailleurs on dit qu'il soutenait la thèse condamnée du salut universel. A l'époque patristique incarnation et déification sont souvent liés , et selon St Irénée et St Athanase, Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir dieu par grâce.
Donc votre argument ne semble pas vérifiable historiquement. Ce type de théologie n'apparait qu'au Moyen Age et dans l'Orthodoxie où les théologiens restent encore très attachés aux pères de l'Eglise, toute vision qui réduit Dieu à un dieu vengeur est rejetée, de même que toute théologie qui tenterait de réduire le sens du sacrifice.
J'avais cité St Grégoire de Nazianze et Nicolas Cabasillas , je ne sais pas si vous les avez lu.
[i]La Tradition c'est la vie de l'Esprit Saint dans l'Eglise , pas seulement esprit de conservation mais aussi de rénovation[/i]. Kallistos Ware
[quote]C'est symbolique. Il n'est pas nécéssaire d'investir comme un premier Adam d'une charge de responsabilité écrasante et pour s'imaginer qu'en cas de no-fault de sa part, très personnellement, alors l'humanité entière eût vécu dans un état paradisiaque et, ma foi !, mais c'est lui qui eût été le Sauveur de l'humanité. Plus besoin de Jésus ! Le Fils aurait pu se dispenser d'être le premier-né. C'est ce qu'il faut comprendre : il n'est pas une équivalence entre un tout premier individu humain et le Christ. Plutôt c'est que l'homme au sens générique du terme est crée en vue de ce Fils.[/quote]
Vous essayez d'imaginer ce qu'il se serait passé mais ça n'a aucun sens, c'est réduire Dieu à la raison humaine.
Au lieu d'utiliser des concepts qui font rentrer et enfermer l'être dans le discours , un peu comme on force une chose à rentrer dans un casier trop petit, les anciens utilisaient des symboles qui permettaient d'exprimer plusieurs choses à la fois , ce qui permettait de ne pas réduire le sens en subordonnant l'être au discours.
Le sens des choses ne pouvant jamais être totalement perçu et encore moins être totalement exprimé dans un discours, le mode symbolique permettait donc d'éviter les réductions et les pertes de sens liées à une approche dialectique de la réalité.
Le symbole permet donc au sens des choses de rayonner pleinement, au reflet de l'archétype de briller, contrairement au concept (vécu à la manière d'un moderne) qui tentant de faire rentrer le sens de la chose dans une case bien définie et calibrée et qui en cela s'apparente selon moi à un outil technique destiné à accroitre l'emprise de l'homme sur la réalité ; emprise qui s'effectue au prix d'une perte de sens. C'est d'ailleurs la méthode (bien légitime) de la science qui consiste à faire coïncider le concept à la chose étudiée pour avoir une chose clairement identifié, un objet bien taillé donc.
On ne peut pas utiliser cette méthode dans la théologie qui est le discours sur Dieu et dont le sens des actions peut dépasser notre raison , ce qui ne veut pas dire que ce que fait Dieu est injuste ou insensé.
[quote]Néanmoins, il n'est pas question de lire le texte comme un prédicateur du Texas le ferait (littéral, 1er degré) ou comme le révérend James Usher de l'an 1667.[/quote]
Le sens littéral selon St Thomas c'est celui que l'auteur (Dieu) avait en vu au moment de l'écriture, ce qui n'exclut donc pas que le sens littéral ait premièrement donc un sens symbolique.
Le sens littéral dans la Tradition catholique n'est donc pas exactement le sens littéral des fondamentalistes protestants.
[quote="St I,q10,a3"]
CONCLUSION. — Dieu étant l'autour de l'Ecriture sainte, par là même qu'il voit tout en même temps dans son intelligence, sa doctrine réunit plusieurs sens sous une seule et même parole : le sens littéral qui est multiple, le sens spirituel qui se divise en trois, l'allégorique, le moral et l'anagogique.
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Comme le sens littéral est celui que l'auteur avait dans l'esprit, Dieu qui voit tout en même temps dans son intelligence, étant l'auteur de l'Ecriture, il n'y a rien de contradictoire si, selon le sens littéral lui-même, comme le dit saint Augustin (Confes. lib. xii, cap. 18 et 19), il y a plusieurs sens renfermés sous la même lettre.
...
3. Il faut répondre au troisième, que le sens parabolique est contenu dans le sens littéral : car les mots doivent être entendus alors dans un sens propre et dans un sens figuratif : [u]dans ce cas le sens littéral n'est pas la figure même, mais ce qui est figuré.[/u] Car quand l'Ecriture parle du bras de Dieu, cela ne signifie pas littéralement que Dieu a un membre corporel de cette nature, mais cela signifie ce que ce membre représente, c'est-à-dire l'énergie de son action. D'où il est évident que le sens littéral de l'Ecriture ne peut jamais renfermer une fausseté[/quote]