par Etrigan » mar. 11 avr. 2006, 19:21
Etrigan, le mythe de l'androgyne est typiquement gnostique et typiquement... universel. Il raconte qu'aux commencements, l'homme avait été créé homme et femme en un seul être. A quoi ressemblait-il, je l'ignore. Puis survint une chute, une séparation, une rupture, et l'androgyne est séparé en deux. Dans le récit ainsi conçu, la sexualité est mauvaise. La perfection c'est l'unité originelle, à laquelle il faudra retourner. Puisque vous me dites que vous êtes agnostique, et j'en déduis peut-être à tort que cette histoire d'androgyne ne vous dit pas grand chose. Dans la Bible, l'homme et la femme sont voulus chacun pour eux-mêmes. La sexualité n'est pas le résultat d'une chute, mais un projet sur lequel il a déjà beaucoup été dit sur ce forum. Je n'y reviens pas.
Sans doute me suis-je mal exprimé. Je sais bien tout ce que vous me dites là. Mais, même dans les Evangiles officiels (bien sûr, je n'ai plus les références en tête), Jésus dit, il me semble, que l'Homme doit atteindre sa complétude et cette complétude passe notamment pas la rencontre avec la femme qui est l'autre polarité de l'être. C'est une thématique très présente chez les Juifs (pour eux, un homme sans femme est un homme à qui il manque quelque chose) et même chez les Chrétiens, puisque chez Saint Paul, la question amoureuse est sacrée et que l'amour que l'on porte à son conjoint rappelle celui de Jésus pour nous (si je dis des bétises, vous me tirerez les oreilles ; je finis un peu par me perdre dans mes lectures. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le sexologue chrétien Olivier Florant défend l'idée qu'il y a une liturgie chrétienne de l'acte sexuelle dans son livre Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré).
Donc, je ne trouve pas que ce thème gnostique soit si décalé, il ne fait que valider une idée essentielle à l'Homme.
Pour le salut par la connaissance, thème gnostique par excellence, il n'est pas chrétien en ceci : je n'ai pas à me sauver toute seule ; je suis sauvée par un autre et gratuitement. Le gnosticisme met l'accent sur l'action de l'homme, sur sa recherche de connaissance qui seule lui apportera le salut (ce qui faisait bondir saint Irénée), connaissance rendue possible par le fait qu'en fin de compte, l'homme est de même nature que Dieu.
Chez les Evangélistes, Jésus exprime bien l'idée que le royaume est intérieur et que nous avons tous une parcelle divine en nous.
Le chrétien, wui est créature aimée et voulue pour elle-même et qui n'est pas de nature divine, est sauvé par le Christ. Il accepte ou non ce don, mais c'est un don qui vient de Dieu qui ne nécessite que son accueil dans l'humilité. Ce qui ne veut pas dire que le chrétien n'a pas à connaître : mais sa connaissance porte sur ce don, le don que Dieu fait de sa personne, et elle n'est en aucun cas nécessaire à son salut.
Une telle passivité me surprend. Jésus a pourtant toujors défendu dans les Evangiles l'idée que l'Home dvait tout quitter, y compris ses parents, et partir. Cette thématique peut être lue à différents niveaux, et notamment à celui que l'Homme doit apprendre : le message du Christ n'est pas seulement une parole à recevoir, mais une parole à vivre ! Et pou vivre cet amour illimité, il faut le comprendre, il faut aussi apprendre à aimer comme le fait le Christ, ce qui est impossible si on reste passif. Le gnostique chez Thomas apprend à s'élever, ce qui ne signifie pas, je pense, qu'il ne doive pas partager. Mais devenir meilleur est indispensable, car nos pêchés seront examinés à la fin des Temps, non ?
Quant à la troisième question que vous posez, très riche, elle porte sur l'intérêt que l'on peut trouver à ce genre de lecture. Les textes gnostiques, quel que soient leur éloignement du christianisme, et comme tous les mythes sont intéressants. Parce qu'ils nous renseignent sur les désirs profonds de l'homme. Le mythe de l'androgyne nous dit qu'il y a quelque chose de l'amour qui est communion, désir profond qui peut-être cache notre désir de voir Dieu. Le mythe est image de quelque chose que nous portons , quelque chose qui touche notre être profond, d'une soif que seule la Révélation peut apaiser. Et puis les gnostiques posent le problème du mal. Ils le résolvent comme ils le peuvent, et voient en lui une sorte de fatalité dont il faut sortir -ce qui n'est pas la réponse apportée par le christianisme qui sauvegarde la liberté de l'homme-.
Donc bien sûr qu'on peut y apprendre des choses. Comme dans toutes productions humaines. Et certes on ne risque pas fatalement de tomber dans l'hérésie.... Il faut simplement s'interroger sur les textes et tenter de pratiquer un discernement.
Si je ne suis pas claire (et en me relisant je vois bien que je ne le suis pas toujours), vous pouvez toujours me poser des questions. J'adore ça. (surtout quand je connais -un peu- les réponses....).
Merci à vous
Etrigan, le mythe de l'androgyne est typiquement gnostique et typiquement... universel. Il raconte qu'aux commencements, l'homme avait été créé homme et femme en un seul être. A quoi ressemblait-il, je l'ignore. Puis survint une chute, une séparation, une rupture, et l'androgyne est séparé en deux. Dans le récit ainsi conçu, la sexualité est mauvaise. La perfection c'est l'unité originelle, à laquelle il faudra retourner. Puisque vous me dites que vous êtes agnostique, et j'en déduis peut-être à tort que cette histoire d'androgyne ne vous dit pas grand chose. Dans la Bible, l'homme et la femme sont voulus chacun pour eux-mêmes. La sexualité n'est pas le résultat d'une chute, mais un projet sur lequel il a déjà beaucoup été dit sur ce forum. Je n'y reviens pas.
[b]Sans doute me suis-je mal exprimé. Je sais bien tout ce que vous me dites là. Mais, même dans les Evangiles officiels (bien sûr, je n'ai plus les références en tête), Jésus dit, il me semble, que l'Homme doit atteindre sa complétude et cette complétude passe notamment pas la rencontre avec la femme qui est l'autre polarité de l'être. C'est une thématique très présente chez les Juifs (pour eux, un homme sans femme est un homme à qui il manque quelque chose) et même chez les Chrétiens, puisque chez Saint Paul, la question amoureuse est sacrée et que l'amour que l'on porte à son conjoint rappelle celui de Jésus pour nous (si je dis des bétises, vous me tirerez les oreilles ; je finis un peu par me perdre dans mes lectures. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le sexologue chrétien Olivier Florant défend l'idée qu'il y a une liturgie chrétienne de l'acte sexuelle dans son livre Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré).
Donc, je ne trouve pas que ce thème gnostique soit si décalé, il ne fait que valider une idée essentielle à l'Homme.[/b]
Pour le salut par la connaissance, thème gnostique par excellence, il n'est pas chrétien en ceci : je n'ai pas à me sauver toute seule ; je suis sauvée par un autre et gratuitement. Le gnosticisme met l'accent sur l'action de l'homme, sur sa recherche de connaissance qui seule lui apportera le salut (ce qui faisait bondir saint Irénée), connaissance rendue possible par le fait qu'en fin de compte, l'homme est de même nature que Dieu.
[b]Chez les Evangélistes, Jésus exprime bien l'idée que le royaume est intérieur et que nous avons tous une parcelle divine en nous.[/b]
Le chrétien, wui est créature aimée et voulue pour elle-même et qui n'est pas de nature divine, est sauvé par le Christ. Il accepte ou non ce don, mais c'est un don qui vient de Dieu qui ne nécessite que son accueil dans l'humilité. Ce qui ne veut pas dire que le chrétien n'a pas à connaître : mais sa connaissance porte sur ce don, le don que Dieu fait de sa personne, et elle n'est en aucun cas nécessaire à son salut.
[b]Une telle passivité me surprend. Jésus a pourtant toujors défendu dans les Evangiles l'idée que l'Home dvait tout quitter, y compris ses parents, et partir. Cette thématique peut être lue à différents niveaux, et notamment à celui que l'Homme doit apprendre : le message du Christ n'est pas seulement une parole à recevoir, mais une parole à vivre ! Et pou vivre cet amour illimité, il faut le comprendre, il faut aussi apprendre à aimer comme le fait le Christ, ce qui est impossible si on reste passif. Le gnostique chez Thomas apprend à s'élever, ce qui ne signifie pas, je pense, qu'il ne doive pas partager. Mais devenir meilleur est indispensable, car nos pêchés seront examinés à la fin des Temps, non ?[/b]
Quant à la troisième question que vous posez, très riche, elle porte sur l'intérêt que l'on peut trouver à ce genre de lecture. Les textes gnostiques, quel que soient leur éloignement du christianisme, et comme tous les mythes sont intéressants. Parce qu'ils nous renseignent sur les désirs profonds de l'homme. Le mythe de l'androgyne nous dit qu'il y a quelque chose de l'amour qui est communion, désir profond qui peut-être cache notre désir de voir Dieu. Le mythe est image de quelque chose que nous portons , quelque chose qui touche notre être profond, d'une soif que seule la Révélation peut apaiser. Et puis les gnostiques posent le problème du mal. Ils le résolvent comme ils le peuvent, et voient en lui une sorte de fatalité dont il faut sortir -ce qui n'est pas la réponse apportée par le christianisme qui sauvegarde la liberté de l'homme-.
Donc bien sûr qu'on peut y apprendre des choses. Comme dans toutes productions humaines. Et certes on ne risque pas fatalement de tomber dans l'hérésie.... Il faut simplement s'interroger sur les textes et tenter de pratiquer un discernement.
Si je ne suis pas claire (et en me relisant je vois bien que je ne le suis pas toujours), vous pouvez toujours me poser des questions. J'adore ça. (surtout quand je connais -un peu- les réponses....).
[b]Merci à vous :) [/b]