par Cinci » mer. 26 juin 2019, 15:49
Péché contre l'Esprit Saint
Ce vocable, d'origine évangélique a donné lieu à un grand nombre d'interprétations que saint Thomas regroupe sous trois chefs sans toutefois trancher. Il semblerait néanmoins qu'il penche plutôt pour l'avis de saint Augustin qu'il rapporte ainsi :
Saint Thomas :
Saint Augustin dit que le blasphème ou péché contre l'Esprit Saint, c'est l'impénitence finale, lorsqu'un homme persévère dans le péché mortel jusqu'à sa mort. Et cela ne se fait pas seulement par la parole de bouche, mais aussi par la parole du coeur et de l'action, non en une seule fois, mais à de multiples reprises. Or, on dit que cette parole, ainsi entendue, est dite contraire à l'Esprit Saint parce qu'elle s'oppose à la rémission des péchés, qui s'opère par l'Esprit Saint, amour du Père et du Fils.
Un tel péché est impardonnable, non pas en lui-même, comme si Dieu avait condamné l'homme dès cette vie; il est impardonnable parce que l'homme s'exclut et se prive de la miséricorde divine et s'obstine dans son état irrémédiable.
Il semble donc qu'on peut affirmer que, pour saint Augustin comme pour saint Thomas, le péché contre l'Esprit Saint consiste dans le
refus répété de la grâce de conversion en cette vie, et se consomme dans le fait de
ne pas demander pardon avant la mort pour ses péchés graves. Il ne s'agit pas d'un autre péché surajouté, juste avant la mort, par-dessus ceux qui existent déjà, bien que cela puisse arriver; il s'agit encore moins d'un choix fait lorsque l'âme est déjà "dans la mort". En effet, l'homme est bien capable, avant sa dernière heure, de se couper de Dieu par des actes concrets qui ne sont pas forcément des actes de haine formelle [...]
Le texte suivant de la
Commission théologique internationale réaffirme avec force et de manière répétée la doctrine traditionnelle en rappelant l'unicité et le sérieux de la vie terrestre, la gravité du péché, et la responsabilité éternelle que l'on a pour les choix qui y sont posés; ainsi ce passage, nous semble-t-il, appuie la thèse défendue dans ces pages :
CTI :
Non seulement Dieu a crée l'homme, mais il l'a aussi placé au paradis (Gn 2,4). Par cette image, l'Écriture Sainte veut dire que le premier homme a été constitué dans la proximité et l'amitié de Dieu. On comprend alors que, par un péché contre un précepte grave de Dieu, le paradis ait été perdu (Gn 3,23-24), puisque ce péché détruit l'amitié de l'homme avec Dieu [...] Tant que le chrétien demeure en cette vie, il se sait placé sous le jugement futur du Christ : "Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal" (2 Co 5,10) [...] Puisque le cours de notre vie terrestre est unique (He 9, 27), et puisque l'amitié et l'adoption divine nous y sont gratuitement offertes, avec le danger de les perdre par le péché, le sérieux de cette vie apparaît clairement. En effet, les décisions que nous y prenons ont des conséquences éternelles. Le Seigneur nous a placés devant "le chemin de la vie et le chemin de la mort" (Jr 21,8). Bien que, par la grâce prévenante et adjuvante, il nous invite au chemin de la vie, nous pouvons choisir l'un des deux chemins. Après notre choix, Dieu respecte sérieusement notre liberté, sans cesser d'offrir sa grâce salvifique ici sur terre même à ceux qui se séparent de lui. (Commission théologique internationale, "Eschatologie", chap. 2, 3. p. 136)
Source :
Dom Pius Mary Noonan,
L'option finale dans la mort. Réalité ou mythe ?, p. 478
[b]Péché contre l'Esprit Saint
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Ce vocable, d'origine évangélique a donné lieu à un grand nombre d'interprétations que saint Thomas regroupe sous trois chefs sans toutefois trancher. Il semblerait néanmoins qu'il penche plutôt pour l'avis de saint Augustin qu'il rapporte ainsi :
[quote][b]Saint Thomas :[/b]
Saint Augustin dit que le blasphème ou péché contre l'Esprit Saint, c'est l'impénitence finale, lorsqu'un homme persévère dans le péché mortel jusqu'à sa mort. Et cela ne se fait pas seulement par la parole de bouche, mais aussi par la parole du coeur et de l'action, non en une seule fois, mais à de multiples reprises. Or, on dit que cette parole, ainsi entendue, est dite contraire à l'Esprit Saint parce qu'elle s'oppose à la rémission des péchés, qui s'opère par l'Esprit Saint, amour du Père et du Fils.
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Un tel péché est impardonnable, non pas en lui-même, comme si Dieu avait condamné l'homme dès cette vie; il est impardonnable parce que l'homme s'exclut et se prive de la miséricorde divine et s'obstine dans son état irrémédiable.
Il semble donc qu'on peut affirmer que, pour saint Augustin comme pour saint Thomas, le péché contre l'Esprit Saint consiste dans le [i]refus répété de la grâce de conversion en cette vie[/i], et se consomme dans le fait de [i]ne pas demander pardon avant la mort pour ses péchés graves[/i]. Il ne s'agit pas d'un autre péché surajouté, juste avant la mort, par-dessus ceux qui existent déjà, bien que cela puisse arriver; il s'agit encore moins d'un choix fait lorsque l'âme est déjà "dans la mort". En effet, l'homme est bien capable, avant sa dernière heure, de se couper de Dieu par des actes concrets qui ne sont pas forcément des actes de haine formelle [...]
Le texte suivant de la [b]Commission théologique internationale[/b] réaffirme avec force et de manière répétée la doctrine traditionnelle en rappelant l'unicité et le sérieux de la vie terrestre, la gravité du péché, et la responsabilité éternelle que l'on a pour les choix qui y sont posés; ainsi ce passage, nous semble-t-il, appuie la thèse défendue dans ces pages :
[quote][color=#0000FF][b]CTI :[/b]
Non seulement Dieu a crée l'homme, mais il l'a aussi placé au paradis ([b]Gn 2,4[/b]). Par cette image, l'Écriture Sainte veut dire que le premier homme a été constitué dans la proximité et l'amitié de Dieu. On comprend alors que, par un péché contre un précepte grave de Dieu, le paradis ait été perdu ([b]Gn 3,23-24[/b]), puisque ce péché détruit l'amitié de l'homme avec Dieu [...] [i]Tant que le chrétien demeure en cette vie[/i], il se sait placé sous le jugement futur du Christ : "Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu'il aura fait [i]pendant qu'il était dans son corps[/i], soit en bien, soit en mal" ([b]2 Co 5,10[/b]) [...] Puisque le cours de notre vie terrestre est unique ([b]He 9, 27[/b]), et puisque l'amitié et l'adoption divine nous y sont gratuitement offertes, avec le danger de les perdre par le péché,[i] le sérieux de cette vie apparaît clairement[/i]. En effet, [i]les décisions que nous y prenons ont des conséquences éternelles[/i]. Le Seigneur nous a placés devant "le chemin de la vie et le chemin de la mort" ([b]Jr 21,8[/b]). Bien que, par la grâce prévenante et adjuvante, il nous invite au chemin de la vie, nous pouvons choisir l'un des deux chemins. Après notre choix, Dieu respecte sérieusement notre liberté, sans cesser d'offrir sa grâce salvifique [i]ici sur terre[/i] même à ceux qui se séparent de lui. ([b]Commission théologique internationale[/b], "Eschatologie", chap. 2, 3. p. 136)
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Source : [b]Dom Pius Mary Noonan[/b], [i]L'option finale dans la mort. Réalité ou mythe ?[/i], p. 478