par Gaudens » lun. 15 avr. 2019, 13:13
Bonjour Christian et Cepora,
Je me suis peut-être trop vaguement exprimé. Essayons de répondre à vos objections :
- quand je dis que , sans le savoir, le concile Vatican II clôturait une époque alors que ses participants croyaient être au début d’une autre, permettant un accord avec un Monde qu’ils croyaient solidement établi sur de bonnes bases, et une »nouvelle Pentecôte dans l’Eglise,etc… » je me situe plus au plan sociétal, civilisationnel qu’ecclésial. Bien sûr que Vatican II n’a pas mis le grégorien à l’index , bien au contraire ; c’est justement l’esprit post-conciliaire, totalement suiveur par rapport à l’esprit des temps manifesté à partir de la moitié des années 1960 , qui a poussé à cela comme à des tas d’autres virages à 180 degrés qui se sont révélés fatals.
- mais comme l’Eglise est immergée dans la société , je pense qu’elle ne peut pas ne pas prendre acte du changement civilisationnel intervenu , pour tenter de l’infléchir avec force, ce qui demandera du temps. Il me semble que si vous assénez partout dans le monde occidental, voire ailleurs, des pratiques de tout ordre datées du temps de Pie XII , vous prendrez les gens tellement à rebrousse-poil qu’ils se détourneront massivement malgré toutes vos bonnes intentions. Sauf à vous adresser aux seuls milieux sociologiques qui sont affamés de fixisme . J’ai près de chez moi une chapelle lefevriste très fréquentée par des gens de tous âges et avec beaucoup de jeunes familles, davantage que dans une paroisse type « ordinaire » ; mais de milieux très différents, j’en suis moins sûr...Il est frappant de voir que tout est arrêté chez eux en 1958 dans les moindres détails, jusqu’au brassard des garçons faisant leur première communion …Il est malheureusement vraisemblable qu’une aube pour ces communiants ou une chasuble autre que la boite à violon pour les célébrants choqueraient violemment ce public ( ce qui me rend sceptique, hélas, sur la capacité d’évolution et de compromis pour les tenants de la FSSPX). Mais tous les autres fuiraient à toutes jambes.
- c’est pourquoi quand vous parlez de tests, Christian, j’ai envie de vous dire qu’ils sont déjà faits dans toutes les chapelles tradis ,qu’elles soient ou non en communion avec Rome ( pas sûr que ce soit très différents chez les ralliés). Les ghettos qu’elles constituent vont certainement s’étoffer quelque peu mais ce seront toujours des ghettos, je le crains.
- Alors que faire ? Laic de base, je n’ai pas le remède miracle ; mon intuition me dit simplement qu’il faut y aller par petites touches, avec patience, prendre les gens là où ils en sont sans leur asséner des pratiques qu’ils jugeront antédiluviennes, toutes respectables qu’elles soient . Les faire évoluer vers une vraie compréhension de la foi, de la doctrine chrétienne, de la liturgie,etc…pour éviter qu’ils ne s’assèchent dans ce néo-christianisme humanitaire que nous voyons pointer à l’horizon, voire s’installer * et qui n’a plus de christianisme que le nom. Mais je n’ai pas le détail du parcours à proposer …
*quand je dis s’installer, c’est d’ailleurs discutable : « religion de sortie de la religion » comme dit Marcel Gauchet , il ne se transmet généralement même pas aux générations suivantes qui passent en général à l’humanitarisme pur et simple sans la forte référence au Christ de leurs parents.
Bonjour Christian et Cepora,
Je me suis peut-être trop vaguement exprimé. Essayons de répondre à vos objections :
- quand je dis que , sans le savoir, le concile Vatican II clôturait une époque alors que ses participants croyaient être au début d’une autre, permettant un accord avec un Monde qu’ils croyaient solidement établi sur de bonnes bases, et une »nouvelle Pentecôte dans l’Eglise,etc… » je me situe plus au plan sociétal, civilisationnel qu’ecclésial. Bien sûr que Vatican II n’a pas mis le grégorien à l’index , bien au contraire ; c’est justement l’esprit post-conciliaire, totalement suiveur par rapport à l’esprit des temps manifesté à partir de la moitié des années 1960 , qui a poussé à cela comme à des tas d’autres virages à 180 degrés qui se sont révélés fatals.
- mais comme l’Eglise est immergée dans la société , je pense qu’elle ne peut pas ne pas prendre acte du changement civilisationnel intervenu , pour tenter de l’infléchir avec force, ce qui demandera du temps. Il me semble que si vous assénez partout dans le monde occidental, voire ailleurs, des pratiques de tout ordre datées du temps de Pie XII , vous prendrez les gens tellement à rebrousse-poil qu’ils se détourneront massivement malgré toutes vos bonnes intentions. Sauf à vous adresser aux seuls milieux sociologiques qui sont affamés de fixisme . J’ai près de chez moi une chapelle lefevriste très fréquentée par des gens de tous âges et avec beaucoup de jeunes familles, davantage que dans une paroisse type « ordinaire » ; mais de milieux très différents, j’en suis moins sûr...Il est frappant de voir que tout est arrêté chez eux en 1958 dans les moindres détails, jusqu’au brassard des garçons faisant leur première communion …Il est malheureusement vraisemblable qu’une aube pour ces communiants ou une chasuble autre que la boite à violon pour les célébrants choqueraient violemment ce public ( ce qui me rend sceptique, hélas, sur la capacité d’évolution et de compromis pour les tenants de la FSSPX). Mais tous les autres fuiraient à toutes jambes.
- c’est pourquoi quand vous parlez de tests, Christian, j’ai envie de vous dire qu’ils sont déjà faits dans toutes les chapelles tradis ,qu’elles soient ou non en communion avec Rome ( pas sûr que ce soit très différents chez les ralliés). Les ghettos qu’elles constituent vont certainement s’étoffer quelque peu mais ce seront toujours des ghettos, je le crains.
- Alors que faire ? Laic de base, je n’ai pas le remède miracle ; mon intuition me dit simplement qu’il faut y aller par petites touches, avec patience, prendre les gens là où ils en sont sans leur asséner des pratiques qu’ils jugeront antédiluviennes, toutes respectables qu’elles soient . Les faire évoluer vers une vraie compréhension de la foi, de la doctrine chrétienne, de la liturgie,etc…pour éviter qu’ils ne s’assèchent dans ce néo-christianisme humanitaire que nous voyons pointer à l’horizon, voire s’installer * et qui n’a plus de christianisme que le nom. Mais je n’ai pas le détail du parcours à proposer …
*quand je dis s’installer, c’est d’ailleurs discutable : « religion de sortie de la religion » comme dit Marcel Gauchet , il ne se transmet généralement même pas aux générations suivantes qui passent en général à l’humanitarisme pur et simple sans la forte référence au Christ de leurs parents.