par Altior » dim. 03 nov. 2019, 23:31
Toto2 a écrit : ↑dim. 03 nov. 2019, 19:59
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Question 6: Le sens littéral et historique étant présupposé, est-il possible de mettre en oeuvre, de façon sage et utile, une interprétation allégorique et prophétique de certains passages de ces mêmes chapitres, conformément à l'exemple lumineux des saints Pères et de l'Eglise elle-même?
Réponse: Oui.
Cette question et cette réponse demandent une attention particulière, car, à mon avis, en peu de mots, elles contiennent la clé de toute bonne compréhension de la Sainte Écriture. Ainsi, on voit bien que les différents niveaux d'interprétation ne s'excluent pas l'un l'autre, mais se complètent, de façon que c'est pour cela que la Bible est un livre si merveilleusement profond. Je vais exemplifier par un verset pris au hasard, interprété aux quatre niveaux classiques, selon mes faibles connaissances:
Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.
Le sens littéral: Eve a été une création de Dieu, à partir d'un os d'Adam
Le sens allégorique: l'homme et la femme partagent la même nature humaine. Ce n'est pas par hasard qu'il s'agit justement d'une côte et pas d'un os du crâne ou d'une phalange. Sans doute, Dieu tout puissant pouvait faire la même chose à partir de la poussière de la terre ou à partir de n'importe quel os, mais il prend justement un os d'Adam et exactement celui-là, chose qui doit avoir une signification. Une fois cette signification assimilée, cela ne veut pas dire que cette première opération chirurgicale avec anesthésie générale n'a pas eu lieu, cela veut dire qu'i faut chercher un sens plus profond au fait que le divin docteur ait choisi un os et un tel os.
Le sens moral: Homme et femme sont faits pour être ensemble. L'amour c'est la plénitude de refaire cette unité primordiale. Notons que maintes fois jusqu'ici Dieu dit de ses oeuvres que cela est bon. Pourtant, juste avant cette opération, après avoir créé Adam, pour la première fois Dieu n'est pas satisfait, puisqu'il dit «il n'est pas bon». Quoi exactement ? «Il n'est pas bon que l'homme soit seul».
QU'est-ce que cette signification morale, une fois acquise, ne signifie pas ? Elle ne signifie pas qu'il n'y a aucun sens dans le fait qu'il s'agit justement d'une côte.
Le sens anagogique: tout comme pour la création d'Adam, le livre saint insiste sur le fait que les être humains sont faits à partir d'une matière préexistante. Pour les plantes et les animaux, le livre de la Genèse ne dit pas comment ils furent faits. On comprend plutôt que la procédure fut
ex nihilo et par commande divine. Mais le même Livre insiste bien pour les deux premiers êtres humains, afin qu'ils n'oublient pas qu'ils sont fait à partir de la matière, par les «mains» de Dieu.
Qu'est-ce que cette signification anagogique, une fois acquise, ne dit pas ? Elle ne dit pas que l'amour est autre chose que la reconstitution d'une unité, elle ne dit pas qu'il est bien que l'homme (tout comme la femme) soit seul.
Sans doute, vous trouverez chez les Pères une beaucoup plus riche interprétation que j'ai pondue avec ma pauvre tête. Ce que j'ai voulu dire est que plus on bêche à la racine de la fleur qui est le sens littéral, plus on découvre un trésor caché. Cela ne veut pas dire qu'il faut tuer la fleur et encore moins qu'on ne tue pas cette fleur, puisqu'elle n'a jamais existé en tant que fleur réelle, ici avec ses parfums, là avec ses épines qui nous bouleversent nos idées reçues ou fabriquées, qui nous blessent comme des échardes notre image d'un Dieu benoît toujours souriant vers nous, notre image d'un Dieu pépère.
Laudetur!
A.
[quote=Toto2 post_id=410617 time=1572803965 user_id=17103]
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Question 6: Le sens littéral et historique étant présupposé, est-il possible de mettre en oeuvre, de façon sage et utile, une interprétation allégorique et prophétique de certains passages de ces mêmes chapitres, conformément à l'exemple lumineux des saints Pères et de l'Eglise elle-même?
Réponse: Oui.
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Cette question et cette réponse demandent une attention particulière, car, à mon avis, en peu de mots, elles contiennent la clé de toute bonne compréhension de la Sainte Écriture. Ainsi, on voit bien que les différents niveaux d'interprétation ne s'excluent pas l'un l'autre, mais se complètent, de façon que c'est pour cela que la Bible est un livre si merveilleusement profond. Je vais exemplifier par un verset pris au hasard, interprété aux quatre niveaux classiques, selon mes faibles connaissances:
[b][i]Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.[/i][/b]
[b]Le sens littéral[/b]: Eve a été une création de Dieu, à partir d'un os d'Adam
[b]Le sens allégorique[/b]: l'homme et la femme partagent la même nature humaine. Ce n'est pas par hasard qu'il s'agit justement d'une côte et pas d'un os du crâne ou d'une phalange. Sans doute, Dieu tout puissant pouvait faire la même chose à partir de la poussière de la terre ou à partir de n'importe quel os, mais il prend justement un os d'Adam et exactement celui-là, chose qui doit avoir une signification. Une fois cette signification assimilée, cela ne veut pas dire que cette première opération chirurgicale avec anesthésie générale n'a pas eu lieu, cela veut dire qu'i faut chercher un sens plus profond au fait que le divin docteur ait choisi un os et un tel os.
[b]Le sens moral[b][/b][/b]: Homme et femme sont faits pour être ensemble. L'amour c'est la plénitude de refaire cette unité primordiale. Notons que maintes fois jusqu'ici Dieu dit de ses oeuvres que cela est bon. Pourtant, juste avant cette opération, après avoir créé Adam, pour la première fois Dieu n'est pas satisfait, puisqu'il dit «il n'est pas bon». Quoi exactement ? «Il n'est pas bon que l'homme soit seul».
QU'est-ce que cette signification morale, une fois acquise, ne signifie pas ? Elle ne signifie pas qu'il n'y a aucun sens dans le fait qu'il s'agit justement d'une côte.
[b]Le sens anagogique[/b]: tout comme pour la création d'Adam, le livre saint insiste sur le fait que les être humains sont faits à partir d'une matière préexistante. Pour les plantes et les animaux, le livre de la Genèse ne dit pas comment ils furent faits. On comprend plutôt que la procédure fut [i]ex nihilo[/i] et par commande divine. Mais le même Livre insiste bien pour les deux premiers êtres humains, afin qu'ils n'oublient pas qu'ils sont fait à partir de la matière, par les «mains» de Dieu.
Qu'est-ce que cette signification anagogique, une fois acquise, ne dit pas ? Elle ne dit pas que l'amour est autre chose que la reconstitution d'une unité, elle ne dit pas qu'il est bien que l'homme (tout comme la femme) soit seul.
Sans doute, vous trouverez chez les Pères une beaucoup plus riche interprétation que j'ai pondue avec ma pauvre tête. Ce que j'ai voulu dire est que plus on bêche à la racine de la fleur qui est le sens littéral, plus on découvre un trésor caché. Cela ne veut pas dire qu'il faut tuer la fleur et encore moins qu'on ne tue pas cette fleur, puisqu'elle n'a jamais existé en tant que fleur réelle, ici avec ses parfums, là avec ses épines qui nous bouleversent nos idées reçues ou fabriquées, qui nous blessent comme des échardes notre image d'un Dieu benoît toujours souriant vers nous, notre image d'un Dieu pépère.
Laudetur!
A.