Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

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Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » jeu. 05 mars 2020, 3:03

Le tarot et ses risques

- Ainsi donc, en plus des envoûteurs et des sectes, il faut se garder des cartomanciens ?

Oui, car beaucoup sont associés à Satan. Par le moyen d'un pacte, d'un pacte d'amitié avec lui. Ce ne sont pas des possédés, juste des associés de Satan. Par son entremise, ils devinent. Il les "fait travailler", si vous voulez. Les gens vont les voir, en retirent des bénéfices, donc continuent d'y aller. Et ces personnes qui les consultent, le premier effet de leur contact avec Satan, c'est de s'éloigner complètement de Dieu. Ce qui intéresse Satan, ce n'est pas de faire de vous un possédé ou autre. Ce qui l'intéresse, c'est de vous éloigner de Dieu et de vous jeter dans le péché. Il veut que les gens aillent en enfer, alors que Dieu veut qu'ils aillent au paradis. Et en se liant aux cartomanciennes, en renonçant à la prière, on commence ce parcours qui consiste à s'éloigner de Dieu, à se mettre dans les mains du Malin.

La cartomancie est peut-être la forme de superstition la plus répandue, même s'il est difficile de la trouver pratiquée directement. Pour moi, l'occasion s'est présentée avec la requête d'un évêque argentin.

[...]

Voici le cas tel que présenté par cet évêque. Il a dans son diocèse une catholique pratiquante. Or, elle tire les cartes. Pour aider les gens. Pas du tout dans un but lucratif, et sans y mêler rien de malsain. Cette pratique est-elle licite ? Interrogée par une lettre rédigée en latin, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n'a pas répondu.

[...]

Je crois qu'elle n'a pas répondu parce qu'elle ne s'était jamais penchée sur le sujet. Pour ma réponse, dont j'ai bien précisé qu'il s'agissait d'un point de vue personnel, je me suis fondé sur des critères précis. Et j'ai estimé que, d'après mes critères, la cartomancie comptait parmi les formes de superstition, et en particulier de divination.

Le but est de connaître l'avenir, ou d'avoir accès à des choses occultes, et c'est là que se cache le danger. Le fondement, donc, la condamnation morale, réside dans le fait de vouloir connaître l'avenir ou des choses occultes en employant un moyen inadapté à l'objectif; autrement dit, on attribue au moyen choisi le pouvoir d'Indiquer une réalité ou des événements, sans tenir compte du fait que les cartes n'ont absolument pas ce pouvoir. Même si l'on invoque pas le démon, explicitement ou implicitement, et même si l'on ne fait pas appel à des bizarreries de type magique - avec des bougies de couleur disposées dans un certain ordre, par exemple, ou avec des herbes, ou encore avec des soucoupes destinées à accueillir de l'huile, etc. - il n'en demeure pas moins que l'on attribue à un objet un pouvoir qu'il n'a pas, cela dans le but de connaître des choses que Dieu, et lui seul, connaît ... Et cela représente une grave faute morale, l'Indice d,Une rébellion contre Dieu qui est le seul Seigneur de l'histoire; c'est aussi un indice de l'abandon de la foi et de la prière en faveur d'une dépendance psychologique : le lecture des cartes par tel ou tel cartomancien.

L'Église n'en parle pas assez

- Mais selon vous l'Église met-elle suffisamment en garde les fidèles contre les dangers liés aux charlatans, sorciers et cartomanciens ?

Hélas, non ! Il paraît que la page la plus lue des journaux est celle de l'horoscope. Le véritable problème se situe au sein d'une partie de l'Église. De nombreux prêtres n'y croient pas; en outre, au séminaire, on n'étudie plus les traités fondamentaux. Le premier traité, le De Deo Creante, examine la création de Dieu, comment Dieu a crée les anges, le péché des anges, la division entre les anges et le démon ... On n'enseigne plus ces choses-là.

Un deuxième traité aborde le sujet de la morale. Il interdit la fréquentation des sorciers et des cartomanciens ... avec référence à la Bible. [...] le traité mettait en lumière et condamnait toutes ces pratiques : consulter des envoûteurs, des cartomanciens, et ainsi de suite. Eh bien, de nos jours, on ne l'ouvre plus. Le troisième traité concernait la spiritualité. le texte parlait de la vie spirituelle, bien entendu, mais aussi des attaques du démon, et également des exorcismes. Cette matière était enseignée explicitement.

Il existe trois traités et on n'en parle pour ainsi dire plus. Pas même au sein de l'université pontificale.

On sort du séminaire, on devient prêtre, et on n'a jamais entendu parler du démon, jamais entendu parler d'exorcisme, encore moins du danger qu'il y a à fréquenter des envoûteurs et autres adeptes des sciences occultes. On ignore tout des possessions diaboliques. Donc, on n'y croit pas. On ne prêche jamais là-dessus. Très souvent, des prêtres venus assister à mes exorcismes m'ont dit : "Avant je n'y croyais pas, et maintenant j'y crois !"

Jésus exorcisait publiquement. Maintenant, on est obligé de le faire en cachette.

p. 269

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » jeu. 05 mars 2020, 2:14

Il disait aussi :
"... pendant les quatre premiers siècles de l'histoire chrétienne, tous les prêtres étaient habilités à effectuer des exorcismes. L'exorciste n'existait pas au sens ou nous l'entendons aujourd'hui : un praticien doté d'un mandat précis en matière sacerdotale. Pourtant, Jésus a dit : "En mon nom, ils feront la chasse aux démons." Il suffisait donc de croire en lui et d'agir avec foi. Or, cela reste vrai de nos jours encore. C'est pourquoi existent maintenant ces groupes du Renouveau spirituel, et aussi ces personnes particulières qui pratiquent - je ne dirais pas des exorcismes, car il faut différencier de vrais exorcistes, mais plutôt des "prières de libération". Quand elles sont faites avec foi, ces prières sont d'une grande efficacité, la même en fait que les exorcismes vrais et authentiques.

Mais revenons-en aux quatre premiers siècles. Tous les prêtres, donc, pratiquaient des exorcismes. Puis fut fondé l'exorcisat, un ordre mineur. Les exorcismes, dès lors, ont été confiés à ces prêtres-là, lesquels ne dépendaient que des évêques. Et c'est toujours comme ça que ça marche. Seuls les évêques ont la faculté de nommer les exorcistes ou de les destituer de leur charge. C'est un monopole absolu. Mais rien n'interdit les initiatives qui peuvent être prises pour libérer quelqu'un des démons : il reste toujours le prière privée que Jésus nous a apprise, et que tout le monde peut dire.

[...]

Je souhaite faire remarquer à ce propos que la vie des saints présente très souvent des épisodes témoignant du fait qu'ils libéraient des démons sans être eux-mêmes des exorcistes. Je citerai le nom d'un saint qui n'a jamais été nommé officiellement patron des exorcistes, mais que l'on considère un peu comme le protecteur de la confrérie : saint Benoit. Il n'était ni prêtre ni exorciste, c'était un moine, mais il faisait preuve d'une incomparable efficacité dans ses prières de libération ! Je citerai également le nom de sainte Catherine de Sienne. Quand les exorcistes ne réussissaient pas à libérer un patient, on l'envoyait chez sainte Catherine, qui n'était pourtant ni prêtre ni exorciste; et elle priait, et par sa foi obtenait des libérations prodigieuses. Sans parler de tous ces hommes et ces femmes, avec leur foi et leur sainteté ... Padre Pio lui-même ! Sans avoir jamais été officiellement investi de la charge d'exorciste, il délivrait des personnes de l'influence et de l'action du malin. Les témoignages ne manquent pas à ce sujet.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » mer. 04 mars 2020, 18:57

On peut lire ce dernier cas que je viens de citer et trouver que le père Amorth forçait sur le pain bénit ou qu'il aurait abusé du vin de messe. "Oh là ! Quand même !" C'est vrai que ce cas "gratiné" compte sûrement parmi les pires qu'il aurait pu raconter.



Mais il disait à une autre occasion :
Le père Amorth :

"J'ai moi-même croisé des âmes damnés - pas de simples défunts, mais des damnés. Mais j'ai toujours pu constater qu'il y avait derrière eux un démon pour les manipuler. Autrement dit, c'étaient des esclaves de Satan. A la merci du démon qui les envoyait infester des humains. Le démon se servait d'eux pour attirer des ennuis à telle ou telles personnes. C'est lui qui commandait.

Si j'ai pu faire cette découverte, c'est qu'à un moment donné je leur imposais de dire leur nom. Ils refusaient - la voix grondait comme celle des possédés. Parfois, je suggérais les noms qui me venaient, les plus courants : Satan, Lucifer, Asmodée aussi, et bien d'autres encore, Belzébuth ... S'Ils portent des noms bibliques, c'est qu'ils sont puissants. Car il y en a aussi qui ont peu de pouvoir; on a tôt fait de se libérer d'eux. Les damnés finissent par être obligés de me dire : "Oui, je suis Untel ou Untel ..." Je demandais alors : "Qui est ton guide ? Qui te commande ?" Après maints essais, ils prononçaient son nom. Je pouvais alors parler avec le démon, et je faisais les exorcismes sur lui.

Ils peuvent donc se servir des âmes de damnés ?

D'après mon expérience personnelle, oui, et même d'après celle d'autres exorcistes parmi les plus connus. Tel le père Matéo La Grua, un grand exorciste sicilien, aujourd'hui très âgé, qui vit à Palerme. Il a quatre-vingt-quatorze ans. Il se contente de bénir, il ne fait plus d'exorcismes. Il lui est arrivé à lui aussi de rencontrer des âmes damnées. Mais je pourrais encore citer l'expérience du regretté père Antonio, exorciste à Bénévent, qui me racontait à ce propos des histoires très fortes.

En ce qui concerne le problème des présences, et toujours en me fondant sur ma propre expérience, je n'ai jamais manqué de vérifier celle de l'esprit malin, soit dans les rares cas de possession, soit dans les nombreux cas d'Infestation personnelle ou locale. Une seule fois, l'esprit déclara être une âme damnée en me révélant son nom, son prénom, les circonstances de sa mort et la raison de sa présence dans le patient.

Le démon se sert-il des âmes de damnés ?

De nombreux cas que j'ai eus à traiter m'ont montré que les âmes pouvaient être rappelées; et surtout que, du fait de leur obsession démoniaque, elles décidaient de rester à tel endroit pour tourmenter les personnes qui y vivaient.

Un cas auquel j'ai eu affaire présentait un homme et deux femmes morts dans une maison. Pendant quelque temps, tous trois avaient tourmenté la famille qui leur avait succédé sous ce toit. Il arrive que nos prières d'exorcisme, pourtant inestimables, n'aient pas de prise sur ces âmes-là. Autrement dit, il faut avoir recours, en les adaptant, à des prières que nous récitons pour les morts; et aussi, en même temps, parler à ces âmes tourmentées, les chasser en leur faisant comprendre que la famille qu'elles persécutent n'éprouve aucune rancune à leur égard. Qu'elle leur pardonne. Au cours de la prière, j'essaie d'amener ces âmes dans la lumière du Christ, là ou Dieu pourra agir selon sa volonté.

Le fait est démontré - nous le tenons des affaires traitées par nombre d'exorcistes, des comptes rendus historiques, de l'anthropologie et des autres religions - que toutes les âmes, après la mort, vont immédiatement soit au paradis, soit au purgatoire , soit en enfer. Quelques unes restent "prises au piège" à cause de leur attachement aux biens matériels, du fait aussi des rancunes ou de la haine que les autres leur inspirent , ou encore parce que la personne concernée a elle-même confié son âme au démon.

A mon sens, il faut reconnaître qu'en dépit de la technologie moderne c'est seulement en tant qu'exorcistes que nous sommes capables de procéder à des distinctions rapides dans les événements et les situations qu'il nous faut affronter. Le démon n'a ni barrière ni limite quand il s'agit de s'aliéner des personnes ou des âmes. [...] On commence alors à vérifier ce qu'il en est, à provoquer l'individu. Alors, et alors seulement, il est possible de dire si ce qui avait été étiqueté comme maladie mentale en est vraiment une, ou s'Il ne s'agit pas plutôt d'un maléfice. Car nous devons toujours nous fonder sur des signes et des phénomènes observables; on peut aussi pratiquer des provocations silencieuses - avoir sur soi l'eucharistie, par exemple, à l'insu de tout le monde - en utilisant l'eau bénite, le sel bénit, ou l'eau servant aux liturgies pascales. Ils reconnaissent toujours l'eau bénite et le sel bénit. Pendant des années, on m'a craché à la figure : c'était quand il y avait une présence démoniaque dans la personne.

Nous devons rester attentifs, car dans le monde ou nous vivons et travaillons, le démon cherche à détruire le pouvoir de l'Église en ruinant le sacerdoce du Christ. Nous devons aussi apprendre à travailler avec nos collègues médecins. y compris dans le champ de la santé mentale : ils peuvent apporter à l'Église une aide significative. Habituons-nous à nous fier à leurs affirmations, comme eux-mêmes nous font confiance. Après tout, nous poursuivons le même but, le salut de l'individu en tant que personne.

p. 65

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » sam. 29 févr. 2020, 0:25

Un chose que j'aurai apprise avec le père Amorth - Oui, croyez-moi, car pour moi c'est du nouveau littéralement ! - c'est la question de la présence d'âmes d'êtres humains damnés jusque chez les personnes possédées. Incroyable !


Démons et âmes damnées

Je voudrais maintenant présenter aux lecteurs un témoignage qui met bien en lumière le fait suivant, à savoir que la possession diabolique implique souvent non seulement des diables, mais aussi des âmes damnées.

Il y a quelques années, un monsieur me demanda d"aller bénir sa maison. Il s'y déroulait des faits extraordinaires. Des pas retentissaient alors qu'il n'y avait personne. Sous un oreiller, ou sur le rebord de la fenêtre, ou encore sous le siège de la voiture, on trouvait trois pièces de monnaie, trois rameaux, trois cailloux. Souvent, en ouvrant le réfrigérateur, ils trouvaient un peigne ou le dentifrice. Pendant le repas, le bouchon de l'eau minérale s'envolait et atterrissait près de la maîtresse de maison; laquelle maîtresse de maison, et elle seulement, voyait ensuite de dos un beau jeune homme blond qui marchait dans la maison ou dans les prés alentour. Le monsieur avait prévenu les carabiniers, pensant qu'on leur faisait de mauvaises blagues; mais ces derniers, après avoir passé de longues journées à surveiller les lieux inutilement, avaient renoncé, pensant que l'imagination de ces gens leur jouait des tours, ou que leur cerveau malade leur donnait des hallucinations.

Je me suis tout de suite rendu sur place. Pendant que j'enfilais ma robe, la maîtresse de maison s'est éloignée et m'a regardé d'un oeil menaçant. J'ai commencé à prier, administrant ma bénédiction avec de l'eau bénite. Quelques gouttes tombées sur la femme ont déclenché des réactions impensables : aussitôt elle s'est mise à crier que l'eau bénite la piquait. Il ne me restait plus qu'à faire des recommandations au mari. "C'est sérieux. Accompagnez votre femme chez l'exorciste du diocèse."

Le lendemain, ils sont allés consulter l'exorciste, qui a conclu d'emblée à un cas grave. Il s'agissait d'une véritable et authentique possession diabolique. C'était sa sixième ou septième affaire grave depuis qu'Il pratiquait en tant qu'exorciste. Cette femme a dû venir se faire exorciser deux fois par semaine, en se présentant accompagnée. Ensuite, le prêtre a conseillé au mari d'aller demander à l'évêque du diocèse l'aide d'un autre exorciste. Car il fallait, selon lui, pouvoir intervenir tous les jours. Sinon, le temps nécessaire à la libération risquerait d'être très long. Les époux sont allés voir l'évêque qui a décidé de me confier cette charge, puisque je connaissais déjà les faits : j'étais leur curé.

C'est ainsi que je commençai à faire des visites quotidiennes à cette famille. Avant chaque exorcisme, la femme m'apostrophait : "Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as rien d'autre à faire ?" Dès le début de la prière, elle entrait en transe. Nous devions la retenir, le mari et moi, car elle devenait violente. A deux reprises, elle a réussi à se saisir d'un couteau avant l'ouverture de la séance. Une autre fois, elle est parvenue à s'enfermer dans la chambre à coucher; entrée dans une transe profonde, elle se moquait de nous. J'entrepris l'exorcisme à travers la porte. La femme se calma petit à petit et finit par nous ouvrir. Pendant l'exorcisme, elle parlait différentes langues, avec des voix différentes; elle chantait La Marseillaise ou déclamait l'Enfer de Dante. Après plusieurs exorcismes; obéissant à mes ordres, le démon nous révéla son nom : Zago. Il se déclara le chef d'un culte pratiqué dans un village voisin, près d'une église en ruine; s'exprimant de sa propre initiative, il affirma avoir gagné.

L'autre démon présent était Astarot. Lui s'occupait de détruire l'amour du couple et l'affection entre parents et enfants. Il y avait aussi un troisième démon, Serpent, dont la mission consistait à pousser la femme au suicide et l'incitait à se jeter du haut d'un pont. Souvent, elle faisait ses valises en disant qu'elle devait se rendre dans le village ou se trouvait cette église en ruine. C'est là-bas qu'il l'attendait, disait-elle. Il le lui ordonnait. Aux dires de Zago, agissait aussi une légion de démons mineurs.

A ma grande surprise, il y avait même parmi eux trois âmes damnées. D'abord, Michelle, une femme qui avait travaillé au Moulin Rouge et que la drogue avait tuée à l'âge de trente-neuf ans. Michelle prononçait souvent des phrases en français, de celles qu'elle répétait dans le passé pour racoler les clients. Alors le visage de la femme se faisait doux et persuasif; Michelle devait rester dans la femme jusqu'à la fin de l'exorcisme.

Et puis il y avait Belzébuth, un Marocain qui avait coupé la tête à trois missionnaires en 1872. Quand je lui demandai à quel ordre appartenait ces prêtres, il répliqua : "Je n'y connais rien, moi, à vos ordres religieux !" Pris de remords, il s'était suicidé.

La troisième âme damnée était Jordan, un Écossais qui avait assassiné sa mère. Il intervenait souvent. Il me semblait qu'il disait : "Le vrai Dieu est Zago; c'est lui le plus puissant." Je dis "il me semble", parce que je comprends mal l'anglais.

Durant l'exorcisme, Zago se vantait d'être le chef du monde. Il affirmait que tout se passait comme lui le voulait, que la guerre civile au Rwanda, lui-même l'avait suscité par goût du sang versé entre frères. Il me provoqua en disant : "Tes prêches, ce sont des fables, personne ne t'écoute !" Il m'a plus d'une fois menacé de venir une nuit m'arracher les tripes. Il m'a dit : 'Méfies-toi, je peux même m'introduire en toi.' Il a ajouté, après avoir réfléchi un instant : "Mais je ne me sentirais pas bien dans le corps d'un prêtre." Quand, à force d'Insistance, mes questions le poussaient dans ses retranchements, il me lançait : "Tu me casse les couilles !" A quoi je répondais : "Je ne savais pas que les démons avaient des couilles !" Il rétorquait : "Idiot ! C'est vous qui parlez comme ça !"

Après que je lui eus donné l'ordre de me dire quand ils étaient entré dans cette femme, il m'a raconté ceci : "J"y suis entré en 1972, alors qu'elle se préparait à franchir le seuil de l'église, le jour de son mariage, à midi." C'était parfaitement exact. J'avais moi-même célébré ce mariage. Zago s'était vu confier cette mission par un homme de Viterbe qui s'opposait à ce mariage. Ensuite, à minuit, lors d'Une messe noire au cours de laquelle un animal avait été sacrifié, les autres démons étaient entré à leur tour. Après ces révélations, un souvenir revint au mari. La veille du mariage, un prêtre avait été approché par un homme qui s'opposait à la célébration de ces noces.

Lorsque je prononçai la phrase : "Vienne le règne de Dieu", il corrigea immédiatement : "Vienne le règne de Zago !"

Plus les exorcismes avançaient, plus il y avait de malaises et de plaintes. Lorsque j'imposais les mains sur la tête de la femme, Zago criait. Il ne comprenait plus rien et vociférait : "Tu es en train de me salir la maison ! Tu fais entrer la lumière. Tu abîmes tout !" Je répondais que la lumière est une belle chose, que c'est la vie, mais il continuait de hurler : "Non ! Ma maison, ce sont les ténèbres." Il affirma qu'il était dans la tête de la femme. A la question "Pourquoi es-tu dans sa tête ?" Il répondait : "Parce que c'est de là que l'on commande tout le corps." L'imposition des mains le transformait en animal. La femme avait une bosse sur le crâne; il nous apprit que c'était lui qui la lui avait fait, des années auparavant. Le mari le confirma : cette bosse était apparue subitement; tout le monde s'en était alarmé, mais les analyses n'avaient rien révélé de préoccupant.

Souvent, je soufflais sur le corps de la femme pour lui faire éprouver le souffle de l'Esprit Saint, et elle criait alors en pleine agitation : "Ce vent me brûle !" Elle se lamentait ainsi chaque fois que je la bénissais avec de l'eau sacrée. Ces réactions furieuses disparurent après la fin de l'exorcisme et le départ du démon.

Pendant ce temps, les menaces contre la femme se multipliaient. C'est qu'elle avait commencé à prier. Depuis le jour de son mariage, elle ne mettait plus les pieds à l'église, ou rarement, et quand elle y allait, elle se sentait très mal à l'aise. Elle ne priait plus. Le démon la câlinait et lui faisait entendre dans la tête de la musique classique pendant des heures. A la question : "Pourquoi de la musique classique ?", il répondait : "Parce que la musique classique lui plaît." Il se présentait à elle comme un jeune homme blond, un type d'homme qu'elle appréciait. Dans la journée, il lui murmurait des paroles douces, au point qu'elle en venait à dire qu'elle se trouvait bien en sa compagnie; en réalité, elle s'était isolée de tous et vivait entièrement dans son monde à lui.

A chaque exorcisme, le démon, qui n'en pouvait plus, finissait pas s'en aller. Alors la femme sortait de son état de transe et demandait ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait dit; elle ignorait tout de ce qui s'était passé; elle se sentait seulement fatiguée, endolorie, comme si on l'avait rouée de coups.

Après l'exorcisme, la femme voyait le démon s'agiter dans la chambre ou dans le jardin, c'était sa façon de dire : "Je ne suis plus en elle." Mais après quelque temps, elle éprouvait de nouveau sa présence en elle. Un fois, après la fin de l'exorcisme, il fut impossible de rouvrir le portail automatique. La femme sortit et s'aperçut que le diable s'interposait entre le portail et la télécommande. Une bénédiction suffit pour que tout rentre dans l'ordre.

L'été revenu, je partis faire du camping en montagne avec des garçons de la paroisse. Mais une fois par semaine, je descendais exorciser. A mon arrivée, la femme était déjà en transe. Elle disait en me voyrant : "Tu n'étais pas bien là-haut ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ?" Suivaient des menaces. Je repris mes visites quotidiennes. Je sentais que la force et l'arrogance du démon allaient en diminuant. Il commença à en appeler à Satan : "Satan ne m'abandonne pas, Satan est auprès de moi, Satan est parmi nous. Aide-moi, Satan !"

Dès le mois de juin, il avait promis de s'en aller. Dans les premiers jours d'août, il se mit à dire qu'il sortirait la veille de l'Assomption. Il affirmait exactement ceci : "Quand tu iras balader ton mannequin (la statue de la Madone), je m'en irai." A mots couverts, je demandai à la communauté de prier et d'observer le jeûne. J'annonçai qu'un grand miracle surviendrait la veille de la fête de l'Assomption. Je fis placer la femme, son mari et un ami en un certain lieu qui devait voir passer la procession. Au passage de la Madone, la femme a poussé un grand cri et s'est évanouie.

Pendant une semaine, tout fut calme, puis la femme ressentit de fortes douleurs à l'abdomen. Des cloques se formaient sur tout son corps et des plaies lui venaient dans la bouche, au point qu'elle ne pouvait plus manger. Quand elle parvenait à avaler quelque chose, c'était pour le vomir presque tout de suite. Il était déjà arrivé qu'elle rende des mèches de cheveux, des clous et même des excréments. En plus, le démon l'obligeait à des gestes humiliants. Il la faisait uriner n'importe ou.

La femme priait, aidée de son mari. Mais le démon ne voulait pas de ses prières. Un jour, pendant l'exorcisme, il m'a crié, plein de colère : "Tu sais ce qu'elle a fait ? Elle a prié. Il ne faut pas ! Dorénavant, je vais lui envoyer beaucoup de douleurs." Les époux ont commencé à trouver sous leurs oreillers des billets de mille lires dont la figure était plantée d'un clou dans les yeux, dans la bouche, les oreilles ou la gorge. Ainsi le diable prévenait-il la femme qu'elle aurait à souffrir le lendemain des douleurs terribles dans les parties de son corps marquées par les clous. Et c'est exactement ce qui se passait !

Quelques jours après la fête de l'Assomption, le démon Serpent était de retour : il avait élu domicile dans le ventre de la femme. En fait, quand je lui imposais les mains sur le ventre, elle souffrait atrocement et je sentais sous mes doigts une chose dure qui tentait de s'échapper; si je serrais cette chose, elle se plaignait : "Tu m"étrangles, tu m'étouffes." Je répliquais qu'elle ne pouvait pas rester dans ce corps qui était la propriété de Dieu. Elle protestait avec fureur : "La tête est à toi, mais le corps est à moi."

C'était début décembre. Serpent était alors le seul à parler. Il s'exprimait d'une voix caverneuse, profonde, mais qui au fil des jours devenait toujours plus faible, plus accommodante. Il finit par promettre de s'en aller le dimanche suivant, fête de l'Immaculée Conception.

Durant cette période, j'entendis une nouvelle voix au cours de l'exorcisme, une voix féminine. Je l'ai interpellée avec force : "Qui es-tu ?" Elle répondit : "Je suis Vanessa, j'ai vingt-trois ans. J'étais étudiante à l'université. J'ai rencontré un jeune homme qui m'a emmenée à des messes noires près de l'église en ruine. C'est ce jour-là que j'ai commencé de servir le démon. Une nuit ou j'avais bu du sang et que j'étais sortie ivre de la cérémonie, j'ai traversé la rue et je suis morte renversée par une voiture."

Au cours de l'exorcisme, je demandai tantôt à Michelle tantôt à Vanessa si elles étaient baptisées. Je leur rappelai le jour de fête de leur première communion. Elles me répondaient à contrecoeur, avec colère. Et elles continuaient à semer dans toute la maison des signes mystérieux. Un crâne se dessinait sur les murs, les oreillers ou les draps. Le signe de la mort. Et le signe de la victoire pour le démon Serpent : le décès de la maîtresse de maison. Pourtant, c'étaient les dernières tentatives auxquelles il se livrait.

J'invitai le mari à prier davantage encore avec sa femme. Il lui faisait des signes de croix sur le corps ou sur les bras pour la calmer quand elle devenait violente. Un jour, le démon lui dit : "Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas prêtre, toi !" Il était évident que ces signes de croix l'incommodaient.

Pendant les exorcismes du mois de décembre, le diable se découragea plus d'une fois. Il déclarait alors : "Tu as gagné, tu as gagné. Je ne peux plus rester. Il y a trop de lumière dans cette femme-là." Je le harcelais pour savoir ce qui l'obligeait à s'en aller. Il répondait à contrecoeur : "Sa prière, à celle-là. C'est une femme bonne. Et tu es venu si souvent. Vous avez gagné, vous avez gagné, il faut que je m'en aille." Je voulus savoir ou il avait l'intention d'aller répandre le mal désormais. Il me répondit : "J'irai sur d'autres rivages, mais méfiez-vous, je pourrais revenir.'

Dans les dernières prières d'exorcisme, deux faits étranges survinrent. Une croix d'un rouge décoloré était apparue sur le front de la femme. Je me dis que ça devait être du rouge à lèvres ou quelque chose de ce genre. Mais le mari en touchant cette croix, observa que c'était du sang. Nous en avons demandé la cause, et une réponse renversante nous fut apportée : "C'est le sang d'un enfant de quatre jours qui m'a été offert par sa mère, une de mes adeptes d'autrefois.'Nous en restâmes sidérés, horrifiés.

Voici le second fait étrange. Le démon me dit, pendant un exorcisme : "Va voir ce que je lui ai fait à ton mannequin." Il y avait dans le jardin de la maison, une statuette de la Madone. J'ai prié le mari d'allez voir. En revenant, il m'a dit que la petite Madone pleurait des larmes de sang. Après l'exorcisme, nous sommes allés dans le jardin pour vérifier. Je pus constater le fait par moi-même. Du sang coulait de ses yeux. A l'aide d'Un Polaroid, nous avons pris plusieurs photos que je possède encore. Nous avons nettoyé le visage de la petite Madone; mais le même fait se répéta le jour suivant.

Le 10 décembre, le diable promit que le lendemain, "le jour de ton Seigneur" (c'était un dimanche), l'après-midi, pendant l'exorcisme, il s'en irait à jamais. Le lendemain donc, vers 15 heure trente, je me rendis dans la maison. A peine commencée la prière, le diable se mit à crier : " Je vois saint Michel qui s'approche [...] Et qui est cette femme, là, en pleine lumière ? Elle vient aussi !" Je criai à mon tour : 'C'est la Madone !" Il continua : "Il y a une grande lumière ... elle a douze étoiles et une lune sous les pieds ... Je n'en peux plus, je ne peux plu rester." Il y eut ensuite un hurlement comme je n'en avais jamais entendu de ma vie. C'était fini. Nous étions très émus.

[...]

Par la grâce de Dieu, tout cela a pris fin. La paix et le sourire règnent aujourd'hui dans cette maison. La femme se sent très bien, même s'il lui arrive de tomber parfois dans la mélancolie. D'après l'exorciste du diocèse, c'est le démon qui revient de temps en temps; il faut, dit-il, continuer à prier, et se faire bénir toutes les semaines.

Tiré de :

P. Gabriel Amorth, Confessions. Mémoires de l'exorciste officiel du Vatican, 2010, p, 145

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » ven. 28 févr. 2020, 21:59

Anecdote :

Ce matin même, ce vendredi suivant les Cendres, pendant l'homélie : notre prêtre nous a conté un petit fait parfaitement véridique étant survenu dans son propre ministère de prêtre il y a deux ans. Il l'a fait pour nous expliquer l'importance du jeûne et de la prière.

Donc, il y a deux ans de cela, il est appelé par un de ses collègues dans le ministère, pour rendre une visite à un couple de paroissiens de ce dernier. Ces monsieur et dame avaient une petite fille de huit ans. Il faisait plus de six mois qu'elle ne fréquentait plus l'école. Elle n'avait pas d'amies, elle ne sortait pas de chez elle, préférant rester dans sa bulle, dans son monde, comme le disait et le pensait sa mère. Les enfants ne voulaient pas jouer avec elle, etc.

Un moment donné, notre prêtre (Robert) demande à la petite ce qu'elle fait pour s'amuser, jouer, se distraire. Elle ne s'ennuie pas tout seule ? Et, la petite, de lui répondre qu'elle a un ami. "Il est ou ton ami ?" L'enfant lui fait un signe comme lui montrant sa tête ou l'arrière de sa tête. "Hem !" Et, notre prêtre, de sentir alors une petite lumière rouge s'allumer à l'intérieur de lui-même. Il demande alors aux parents s'Il peut juste faire une simple prière en compagnie de l'enfant, avec son collègue. Les deux s'exécutent ensemble, et alors notre prêtre raconte : la petite s'est allongée par terre. A l'évocation du nom de Jésus dans la prière, la petite s'est retrouvée avec des yeux exorbités, une grimace méchante, et les deux parents ensembles peinaient à pouvoir l'immobiliser sur place. Un enfant de huit ans ! Les parents ont bien réalisé qu'il y avait là quelque chose de vraiment anormal.

Nos deux ministres consacrés promettent alors de revenir le lendemain. Entre-temps, ils auront jeûné et prié. Le lendemain, ils disent une prière de libération. La petite, revenue à elle, comme si de rien n'était : elle se lève et va chercher un album de photos. Elle explique qu'ici c'est son baptême, là, c'est sa grand-mère, etc. Elle est libérée ! Elle ne se souvient de rien en ce qui concerne la prière ou son état précédent.

Quatre mois plus tard, notre prêtre reçoit un appel. C'est la mère qui veut juste donner des nouvelles pour son enfant. Elle va bien, elle est retournée en classe et ne se trouve plus "ostracisée" par les autres enfants. Comme si rien n'aurait pu être arrivé.

Le fait est que la petite était bel et bien au prise avec un "esprit mauvais" qui la tenait captive de quelque façon. Mais comment avait-elle bien pu contracter un tel hôte indésirable ? C'est ce que se demandait Robert. Il ne croyait pas que ce pouvait être l'enfant qui aurait pu être responsable de cela.

A force d'échanger avec la mère et, elle, la mémoire lui revenant : elle s'est rappelée qu'au moment ou elle était enceinte de sa fille, elle avait bien visité le salon de l'ésotérisme en compagnie d'une amie. Et, là-bas, passant d'un quiosque à l'autre, par curiosité, elle avait fini par accepter les services de quelque cartomancienne ou sorte de mage qui lui avait "tirer les cartes", pour lui dire la bonne aventure. Moralité ? C'est à ce moment-là que l'esprit impur était passé dans la mère, pour aller faire ensuite son habitation dans l'enfant à naître ! La petite était née avec ce visiteur indésirable.

Notre prêtre nous expliquait comment le jeûne avec la prière servaient justement, - et comme Jésus le disait lui-même -, à chasser toute une catégorie de démons. On voit cela dans l'Évangile. Pendant que l'époux-Jésus est présent en personne avec les disciples en Galilée, ces derniers n'ont pas à jeûner. Non, ils sont avec l'époux. Mais un jour l'époux leur sera ôté, et c'est alors qu'ils jeûneront. Pourquoi ? Ils vont jeûner, mais alors pour poursuivre le ministère de Jésus et chasser (en son nom) tous les esprits mauvais. Une simple prière de délivrance aura suffi ici à libérer la petite; néanmoins, non pas avant que nos prêtres aient pu jeûner pour cela.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » jeu. 27 févr. 2020, 5:36

Si je poursuis à propos de Marie chez le père Amorth, il dit autre chose qui est intéressant. Vous allez voir.

Ici :

En reprenant l'exemple du mariage si particulier de Marie et Joseph, je dois commencer par dire que Dieu a préparé Marie à devenir Mère de Dieu. Il l'a préparée en la faisant Immaculée, toujours Vierge et Épouse de Joseph. Elle était ainsi disposée à devenir la Mère de Dieu.

[...]

Dieu a aussi préparé Joseph. Il est de la descendance de David, car c'est lui qui doit remettre à Jésus la maison de David. Il est le Juste. Et que signifie ce mot dans la Bible ? Il désigne celui qui est fidèle aux lois de Dieu et à la volonté de Dieu. Il est toujours disposé à la suivre, les yeux fermés, sans demander de pourquoi. Il est le chaste époux de Marie.

Je suis diplômé en droit, même si aujourd'hui je n'y connais plus grand chose, pourtant je suis capable de dire que si Marie et Joseph s'étaient mariés en ayant des vues différentes sur leur manière de vivre ce mariage - Joseph voulant fonder une famille et Marie rester vierge - ce mariage aurait été nul. Or je pense que Dieu a préparé Joseph à être époux de Marie, un époux spécial. Il lui a appris à vénérer Marie, comme tout époux vénère son épouse, mais aussi comme tout homme vénère la Mère de Dieu. Je crois que cette préparation incluait la grâce spéciale de la virginité, réalité qui n'était pas du tout dans la culture hébraïque.

La vision messianique de la religion ne donnait une place d'honneur qu'à la maternité. Les femmes espéraient être les heureuses élues, être la mère du Messie. Si une femme était atteinte par la stérilité, elle le vivait comme une malédiction, un déshonneur. La maternité était la valeur suprême. La virginité n'était pas connue, elle n'avait aucune valeur. Sa valeur est née avec Marie; elle est née avec la venue de Jésus. Lorsqu'il dit à ses disciples : "Laisse tout et suis-moi", il institue la virginité consacrée. Auparavant, elle n'existait pas.

Je pense donc que Dieu a préparé Joseph tout autant qu'il a préparé Marie. Il l'a préparé à devenir l'époux de Marie et c'est pour cela que je crois qu'Il lui a fait ce don spirituel extraordinaire de concevoir sa relation d'époux dans la virginité. Nazareth était une petite bourgade d'environ cent trente personnes. Dans un village de cette taille, tout le monde se connaît depuis l'enfance. Les mariages étaient arrangés par les parents, même si bien sûr, ces derniers écoutaient l'avis de leurs enfants. C'est pourquoi je pense que Marie et Joseph se connaissaient depuis leur plus jeune âge, surtout si on sait que la différence d'âge des époux n'était pas si grande : les jeunes filles se mariaient à l'âge de douze-quatorze ans, et les jeunes garçons à l'âge de dix-sept, dix-huit ans.

Quelles étaient les étapes du mariage juif ? Il y en avait deux : tout d'abord les parents se concertaient et arrangeaient le mariage. Ensuite, le jour fixé par la famille, l'époux se rendait avec ses parents à la maison de sa future épouse, qui l'attendait sur la pas de la porte accompagnée des siens. C'est à ce moment qu'était prononcée la phrase : "Je t'épouse selon la loi de Moïse", ou une phrase équivalente. Les parents recevaient la bénédiction de leurs parents, bénédiction qui donnait tout son sens sacré, en élevant le mariage à sa plénitude, car il y avait déjà mariage. C'est la raison pourquoi j'en veux à Ratzinger, j'en veux au nouveau Catéchisme, j'en veux à la Conférence Épiscopale Italienne, et j'en veux à nos missels liturgiques pour la mauvaise traduction du passage de l'Annonciation. Aujourd'hui, voilà ce qu'on lit : "L'Archange Gabriel fut envoyé dans la ville de Nazareth à une femme nommée Marie, fiancée à un homme appelé Joseph". Comment ça, "fiancée" ?

[...]

Marie et Joseph étaient déjà mariés, si bien que si trahison il y avait, la loi de la lapidation devait s'appliquer. C'est une insulte envers Marie que de dire qu'elle n'était que fiancée. Et alors, n'était-elle que fiancée quand elle devint mère ? Non, elle devint mère en tant que femme mariée. La preuve, c'est que lorsque l'Archange Gabriel apparaît en songe à Joseph, il lui dit : "Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse". L'ange n'a pas dit ; "ta fiancée', sapristi ! Selon la tradition, dès la première année le jeune couple pouvait avoir un enfant; en général ils attendaient un peu, car le jeune époux devait procurer à la famille un toît pour vivre; il devait payer aussi le monar, la dot, aux parents de son épouse. Donc, il était parfaitement accepté que Marie ait un enfant pendant la période qui précédait le mariage solennel, le moment ou l'époux introduisait son épouse chez lui, cérémonie qui durait en général environ sept jours. Voilà comment était vécu le mariage hébraïque. J'insiste, dès le début, dès le moment ou l'époux prononçait les paroles : "Je te prends pour épouse selon la loi de Moïse", et que les parents donnaient leur bénédiction, le mariage était complet. Si l'un des époux trahissait l'autre, c'était l'adultère. Il n'y a aucun doute là-dessus.

C'est pour cela que je ne pardonne pas [sourire] à ceux qui ont fait le nouveau Catéchisme, ceux qui ont remanié les textes de la CEI et de la liturgie. Aujourd'hui, dans les églises, on entend : "L'Ange Gabriel fut envoyé à Marie, fiancée de Joseph". Non, cela je ne peux l'accepter.

p. 214

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Kerygme » lun. 24 févr. 2020, 9:40

zelie a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 20:17
Merci Kerygme de m'avoir répondu sur la Russie, juste moi c'est Zélie, pas Apatride.
Bonjour Zélie, désolé pour cette confusion dans le suivi des réponses.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par apatride » dim. 23 févr. 2020, 22:19

Altior a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 19:59
Bonjour, apatride!
apatride a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 9:21

J'ai souvent lu des prêtres mettre en garde contre les techniques énergétiques, car elles font appel à des entités qui collaborent avec le guérisseur mais cela a toujours un prix. Par contre beaucoup de prêtres estiment que l'acupuncture est sans danger tant qu'elle se limite à une pure action physique. C'est lorsqu'elle se mêle de techniques énergétiques type imposition des mains, etc. que cela devient tendancieux, et il faut bien admettre que la plupart des praticiens en médecines alternatives incorporent ce genre de pratiques à leur boîte à outils.
Je peux vous assurer, en tant que praticien de l'acupuncture, que cette technique n'a rien à voir avec l'imposition des mains (magnétisme, reiki, radiesthésie, thérapie par polarité et d'autre noms qui signifie plus ou moins la même chose). Théoriquement, seuls les médecins peuvent pratiquer l'acupuncture en France et aucun, à ce que je sache, n'utilise de pareils techniques.
Bonjour Altior,

Je vous crois sans réserve, constatez bien que dans mon message je distingue l'acupuncture des techniques dites énergétiques dont l'action s'effectue à distance. J'ai dû mal m'exprimer. Je constatais que la population attirée par l'acupuncture est souvent susceptible de s'intéresser à ces techniques, parfois en association avec l'acupuncture.

J'ai pour ma part croisé des praticiens s'inspirant de l'acupuncture par la manipulation des points par des moyens divers et variés (bâton d'encens, lampe infrarouge, ou simple acupression) qui incorporaient aussi certaines de ces techniques à leur éventail. A titre d'exemple, nous avons ici en Nouvelle-Calédonie une pratique assez répandue nommée la Psycho Bio-Acupressure (PBA), que certains mêlent de pratiques plus ou moins ésotériques. Je ne confonds pas pour autant cela avec la stricte pratique de cette technique, peut-être tout à fait valable. Encore moins avec celle de l'acupuncture traditionnelle.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par zelie » dim. 23 févr. 2020, 21:27

Oui, effectivement, ça laisse un peu perplexe cette histoire de Russie...

Comme quoi rien n'est simple en ce bas monde... Si effectivement les choses n'ont pas été faites exactement selon le coeur de Marie, c'est dommage... Mais Marie a bien dû prendre la notion de la grande difficulté et des grandes oppositions qui ont été subies par le Pape Jean-Paul II, ainsi que son désir d'obéissance si contrarié...

Mais merci de toutes vos réponses.

Le Père Amorth a dû avoir beaucoup de courage d'aller remuer une telle chose quand on imagine les pressions par lesquelles il a dû passer par ricochet...

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Cinci » dim. 23 févr. 2020, 20:39

Zélie,

Pour votre réponse

le père Amorth :

Jean-Paul II. après son attentat, a décidé de consacrer le monde au Coeur Immaculée de Marie. Il l'a fait pour la première fois à Fatima, le 13 mai 1982, et pour la deuxième fois, à Rome, dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure, le 25 mars 1984. Cette consécration est probablement une forme de défense de l'humanité contre les menaces du mal et du diable. Qu'en pensez-vous ?

Il l'a fait effectivement à Fatima, alors qu'il était encore convalescent des suites de son attentat. Je l'ai suivi de très près parce que je suis un fan de Fatima.

Ensuite, il l'a réalisé une autre fois à Sainte-Marie-Majeure. Mais Lucia (une des enfants voyantes de Fatima) avait dit : "La Sainte Vierge veut que la consécration soit faite dans le monde entier, et prononcée par le pape et par les évêques au même moment". Le Pape avait donc à l'avance envoyé aux évêques la prière de consécration et leur avait demandé : "Faites-la le samedi 24 mars, moi je la ferai le 25, sur la place Saint-Pierre". Mais beaucoup d'évêques ne l'ont pas faite.

Oh combien le Pape a-t-il dû se battre pour pouvoir faire ce que demandait la Sainte Vierge : consacrer la Russie ! Parce que tout le monde était contre cette idée : "Si vous consacrez la Russie, le patriarche de Moscou va s'offenser, et avec lui tous les orthodoxes". La bataille a été si difficile que le Pape a dû se résigner à ne pas mentionner la Russie dans la consécration. Mais cela l'a fait souffrir car c'était son désir. Et il s'en est sorti par une pirouette : "Je consacre toutes les nations au Coeur Immaculée de Marie".

J'était au premier rang, en 1984, lors de la consécration du monde. En tendant le bras, j'aurais pu toucher le Pape, parce que j'étais le secrétaire du comité de consécration. Nous avons été reçu par lui à peine la cérémonie terminée. Le Pape a d'ailleurs ajouté dans la consécration une phrase qui n'était pas prévue : "Nous te consacrons de façon spéciale les nations dont tu as explicitement demandé la consécration".

Il y avait des théologiens qui s'étaient opposés au mot "consécration" : La consécration appartient à Dieu seul; il faut utiliser le mot confier". Le Pape a alors ajouté les deux mots dans la prière : 'Je te confie et te consacre". Et il n'y a eu aucun théologiens mariaux - aucun pour lui dire qu'il s'agissait de deux choses complètement différentes. La Sainte Vierge avait demandé la consécration. Consacrer, c'est offrir définitivement quelque chose à Dieu. Confier s'applique seulement quand il s'agit de provisoire. Quand par exemple je pars en vacance et que je ne sais pas quoi faire de mon chien, alors je le confie à des amis. C'est provisoire; ce n'est pas définitif. Ce sont deux choses différentes. Or la Vierge a insisté qu'elle voulait une consécration. Mais. en revenant à ce que nous disions au départ, combien le Pape a souffert et pleuré de ne pas pouvoir prononcer le mot : Russie. Quel dommage !

p. 60
En un mot, du travail bâclé ! La chose n'a pas réellement été faite. Quelque chose a été fait, mais non pas ce qu'il aurait fallu.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par zelie » dim. 23 févr. 2020, 20:17

Merci Kerygme de m'avoir répondu sur la Russie, juste moi c'est Zélie, pas Apatride.

Dans la vidéo que j'ai postée, où justement le Père Amorth explique que cette consécration n'est pas faite.
Et que cela aurait un caractère de gravité.
Et que dès que cette consécration sera faite, cela inaugurera le règne du Coeur Immaculé de Marie sur le monde. Et donc, selon lui toujours, nous n'y sommes pas, même et surtout depuis fin 1989...
D'où question, parce que c'est vrai que cette histoire, ça va et ça revient... et que devant la multiplication des essais des papes, on ne s'y retrouve plus...

J'ai l'impression, mais peut-être je me trompe, que cette consécration, depuis la chute de l'URSS, n'est pas diplomatiquement possible à cause de la susceptibilité des autorités orthodoxes...
Mais bon... comme vous le dites, qui vivra verra.
Merci encore.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Altior » dim. 23 févr. 2020, 20:10

Bonjour, Zélie!
zelie a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 9:36

J'ai une question sur un tout autre thème. Le Père Amorth a soutenu que la consécration de la Russie demandée à Fatima en 1917 n'a toujours pas eu lieu, malgré la cérémonie de 1984 de Jean-Paul II dont il était un des organisateurs. Cette consécration de la Russie, c'est un véritable serpent de mer : un coup c'est réglé, un coup c'est encore à faire, on ne sait jamais où on en est.
Selon l'opinion largement prévalente parmi les catholiques traditionalistes, la consécration de la Russie demandée à Fatima n'a pas été réalisée et c'est pourquoi les erreurs de l'athéisme (=marxisme dissimulé) et leurs conséquences morales délétères ont infecté, de nos jour, le monde entier. Aucune tentative de répondre à la demande de la Sainte Vierge n'a rempli les deux conditions: 1) qu'il s'agisse de la consécration de la Russie à son Coeur Immaculé et 2) que cela soit fait par le Pape avec ses évêques.

Bien à vous,
A.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Altior » dim. 23 févr. 2020, 19:59

Bonjour, apatride!
apatride a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 9:21

J'ai souvent lu des prêtres mettre en garde contre les techniques énergétiques, car elles font appel à des entités qui collaborent avec le guérisseur mais cela a toujours un prix. Par contre beaucoup de prêtres estiment que l'acupuncture est sans danger tant qu'elle se limite à une pure action physique. C'est lorsqu'elle se mêle de techniques énergétiques type imposition des mains, etc. que cela devient tendancieux, et il faut bien admettre que la plupart des praticiens en médecines alternatives incorporent ce genre de pratiques à leur boîte à outils.
Je peux vous assurer, en tant que praticien de l'acupuncture, que cette technique n'a rien à voir avec l'imposition des mains (magnétisme, reiki, radiesthésie, thérapie par polarité et d'autre noms qui signifie plus ou moins la même chose). Théoriquement, seuls les médecins peuvent pratiquer l'acupuncture en France et aucun, à ce que je sache, n'utilise de pareils techniques.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Kerygme » dim. 23 févr. 2020, 18:34

Bonjour Apatride,
J'ai une question sur un tout autre thème. Le Père Amorth a soutenu que la consécration de la Russie demandée à Fatima en 1917 n'a toujours pas eu lieu [...] quelqu'un aurait-il plus d'infos?
Ce problème est délicat car il a déclenché des guerres de clochers, et pour ne pas faire dévier le sujet je le place en spoiler :
[+] Texte masqué
D'un côté le Vatican dit que oui et d'un autre Soeur Lucie, une des voyantes de Fatima, affirmait que non.

Un petit historique :

Le pape Pie XI refusa de faire l’acte demandé à tel point que notre Seigneur adressa de terribles paroles à Sœur Lucie (révélation de Rianjo, août 1931).

Le pape Pie XII fit une consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, le 31 octobre 1942 mais n'étant pas la consécration singulière de la Russie demandée, elle est considérée comme non réalisée. Idem le 7 juillet 1952, consécration de tous les peuples de la Russie (un ricochet pour dire la Russie sans froisser le Kremlin ?) au Cœur Immaculé de Marie (lettre apostolique Sacro vergente anno) mais ce n'était pas un acte solennel, public, en union avec tous les évêques.

Le pape Jean-Paul II a fait deux actes d’offrande du monde (autre ricochet qui inclus indirectement la Russie ?) au Cœur Immaculé de Marie. Le premier le 13 mai 1982 à Fatima mais sœur Lucie fit savoir que cet acte ne correspondait pas à ce qu’avait demandé Notre-Dame ( absence de demande aux évêques de s’unir à lui). La seconde fois, le 25 mars 1984 à Rome, saint Jean-Paul II avait informé les évêques sans toutefois leur demander de s’unir à lui. (si je ne dis de bêtises, cela va au delà de l'accord tacite. Les évêques du monde doivent être en communion de prière avec le pape au moment de la consécration).

Soeur Lucie affirma au cardinal Bernard LAW, lors d'un entretien au Carmel quelques temps après, que le Saint-Père considérait qu’elle avait été faite au mieux des circonstances (le mur était encore debout et on semblait ne pas vouloir froisser ce qui était encore l'URSS), mais que ce n'était pas le cas.

Dans son dernier livre paru en 2000, Sœur Lucie n'en parle absolument pas. Silence qui fait dire à certains que c'est une preuve éloquente de son désaccord avec la position du Vatican. D'autres, au contraire, disent que la chute du mur et la fin du communisme en Russie seraient le fruit de cette consécration et qu'elle a donc été valide. Pourtant Soeur Lucie disait en 1989, quelques semaines avant la chute du mur, que cette consécration était bien faite, mais bien entendu certains attribuent ses propos à une pression associée à son vœu d'obéissance.

Voilà pour la petite histoire, après à chacun de voir : tempus omnia revelat (le temps révèle tout).
Cordialement.

Re: Le père Gabriele Amorth (1925-2016)

par Kerygme » dim. 23 févr. 2020, 17:47

Bonjour Zelie,
zelie a écrit :
dim. 23 févr. 2020, 8:57
L'acupuncture? Mais pourquoi ?
Il est vrai que cité tel quel cela peut surprendre. En fait le père Amorth en parle comme un traitement bénéfique à condition qu'il soit réalisé par un professionnel. C'est plus une mise en garde pour éviter les praticiens ésotériques.

Pages 155 et 156 :

"Quand l'acupuncture est réalisé par un médecin spécialisé, c'est un traitement efficace et bénéfique [...] si elle pratiquée par un charlatan c'est autre chose. Aujourd'hui beaucoup s'autoproclament spécialistes en acupuncture ...".


Cordialement.

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