par Cinci » sam. 29 févr. 2020, 0:25
Un chose que j'aurai apprise avec le père Amorth - Oui, croyez-moi, car pour moi c'est du nouveau littéralement ! - c'est la question de la présence d'âmes d'êtres humains damnés jusque chez les personnes possédées. Incroyable !
Démons et âmes damnées
Je voudrais maintenant présenter aux lecteurs un témoignage qui met bien en lumière le fait suivant, à savoir que la possession diabolique implique souvent non seulement des diables, mais aussi des âmes damnées.
Il y a quelques années, un monsieur me demanda d"aller bénir sa maison. Il s'y déroulait des faits extraordinaires. Des pas retentissaient alors qu'il n'y avait personne. Sous un oreiller, ou sur le rebord de la fenêtre, ou encore sous le siège de la voiture, on trouvait trois pièces de monnaie, trois rameaux, trois cailloux. Souvent, en ouvrant le réfrigérateur, ils trouvaient un peigne ou le dentifrice. Pendant le repas, le bouchon de l'eau minérale s'envolait et atterrissait près de la maîtresse de maison; laquelle maîtresse de maison, et elle seulement, voyait ensuite de dos un beau jeune homme blond qui marchait dans la maison ou dans les prés alentour. Le monsieur avait prévenu les carabiniers, pensant qu'on leur faisait de mauvaises blagues; mais ces derniers, après avoir passé de longues journées à surveiller les lieux inutilement, avaient renoncé, pensant que l'imagination de ces gens leur jouait des tours, ou que leur cerveau malade leur donnait des hallucinations.
Je me suis tout de suite rendu sur place. Pendant que j'enfilais ma robe, la maîtresse de maison s'est éloignée et m'a regardé d'un oeil menaçant. J'ai commencé à prier, administrant ma bénédiction avec de l'eau bénite. Quelques gouttes tombées sur la femme ont déclenché des réactions impensables : aussitôt elle s'est mise à crier que l'eau bénite la piquait. Il ne me restait plus qu'à faire des recommandations au mari. "C'est sérieux. Accompagnez votre femme chez l'exorciste du diocèse."
Le lendemain, ils sont allés consulter l'exorciste, qui a conclu d'emblée à un cas grave. Il s'agissait d'une véritable et authentique possession diabolique. C'était sa sixième ou septième affaire grave depuis qu'Il pratiquait en tant qu'exorciste. Cette femme a dû venir se faire exorciser deux fois par semaine, en se présentant accompagnée. Ensuite, le prêtre a conseillé au mari d'aller demander à l'évêque du diocèse l'aide d'un autre exorciste. Car il fallait, selon lui, pouvoir intervenir tous les jours. Sinon, le temps nécessaire à la libération risquerait d'être très long. Les époux sont allés voir l'évêque qui a décidé de me confier cette charge, puisque je connaissais déjà les faits : j'étais leur curé.
C'est ainsi que je commençai à faire des visites quotidiennes à cette famille. Avant chaque exorcisme, la femme m'apostrophait : "Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as rien d'autre à faire ?" Dès le début de la prière, elle entrait en transe. Nous devions la retenir, le mari et moi, car elle devenait violente. A deux reprises, elle a réussi à se saisir d'un couteau avant l'ouverture de la séance. Une autre fois, elle est parvenue à s'enfermer dans la chambre à coucher; entrée dans une transe profonde, elle se moquait de nous. J'entrepris l'exorcisme à travers la porte. La femme se calma petit à petit et finit par nous ouvrir. Pendant l'exorcisme, elle parlait différentes langues, avec des voix différentes; elle chantait La Marseillaise ou déclamait l'Enfer de Dante. Après plusieurs exorcismes; obéissant à mes ordres, le démon nous révéla son nom : Zago. Il se déclara le chef d'un culte pratiqué dans un village voisin, près d'une église en ruine; s'exprimant de sa propre initiative, il affirma avoir gagné.
L'autre démon présent était Astarot. Lui s'occupait de détruire l'amour du couple et l'affection entre parents et enfants. Il y avait aussi un troisième démon, Serpent, dont la mission consistait à pousser la femme au suicide et l'incitait à se jeter du haut d'un pont. Souvent, elle faisait ses valises en disant qu'elle devait se rendre dans le village ou se trouvait cette église en ruine. C'est là-bas qu'il l'attendait, disait-elle. Il le lui ordonnait. Aux dires de Zago, agissait aussi une légion de démons mineurs.
A ma grande surprise, il y avait même parmi eux trois âmes damnées. D'abord, Michelle, une femme qui avait travaillé au Moulin Rouge et que la drogue avait tuée à l'âge de trente-neuf ans. Michelle prononçait souvent des phrases en français, de celles qu'elle répétait dans le passé pour racoler les clients. Alors le visage de la femme se faisait doux et persuasif; Michelle devait rester dans la femme jusqu'à la fin de l'exorcisme.
Et puis il y avait Belzébuth, un Marocain qui avait coupé la tête à trois missionnaires en 1872. Quand je lui demandai à quel ordre appartenait ces prêtres, il répliqua : "Je n'y connais rien, moi, à vos ordres religieux !" Pris de remords, il s'était suicidé.
La troisième âme damnée était Jordan, un Écossais qui avait assassiné sa mère. Il intervenait souvent. Il me semblait qu'il disait : "Le vrai Dieu est Zago; c'est lui le plus puissant." Je dis "il me semble", parce que je comprends mal l'anglais.
Durant l'exorcisme, Zago se vantait d'être le chef du monde. Il affirmait que tout se passait comme lui le voulait, que la guerre civile au Rwanda, lui-même l'avait suscité par goût du sang versé entre frères. Il me provoqua en disant : "Tes prêches, ce sont des fables, personne ne t'écoute !" Il m'a plus d'une fois menacé de venir une nuit m'arracher les tripes. Il m'a dit : 'Méfies-toi, je peux même m'introduire en toi.' Il a ajouté, après avoir réfléchi un instant : "Mais je ne me sentirais pas bien dans le corps d'un prêtre." Quand, à force d'Insistance, mes questions le poussaient dans ses retranchements, il me lançait : "Tu me casse les couilles !" A quoi je répondais : "Je ne savais pas que les démons avaient des couilles !" Il rétorquait : "Idiot ! C'est vous qui parlez comme ça !"
Après que je lui eus donné l'ordre de me dire quand ils étaient entré dans cette femme, il m'a raconté ceci : "J"y suis entré en 1972, alors qu'elle se préparait à franchir le seuil de l'église, le jour de son mariage, à midi." C'était parfaitement exact. J'avais moi-même célébré ce mariage. Zago s'était vu confier cette mission par un homme de Viterbe qui s'opposait à ce mariage. Ensuite, à minuit, lors d'Une messe noire au cours de laquelle un animal avait été sacrifié, les autres démons étaient entré à leur tour. Après ces révélations, un souvenir revint au mari. La veille du mariage, un prêtre avait été approché par un homme qui s'opposait à la célébration de ces noces.
Lorsque je prononçai la phrase : "Vienne le règne de Dieu", il corrigea immédiatement : "Vienne le règne de Zago !"
Plus les exorcismes avançaient, plus il y avait de malaises et de plaintes. Lorsque j'imposais les mains sur la tête de la femme, Zago criait. Il ne comprenait plus rien et vociférait : "Tu es en train de me salir la maison ! Tu fais entrer la lumière. Tu abîmes tout !" Je répondais que la lumière est une belle chose, que c'est la vie, mais il continuait de hurler : "Non ! Ma maison, ce sont les ténèbres." Il affirma qu'il était dans la tête de la femme. A la question "Pourquoi es-tu dans sa tête ?" Il répondait : "Parce que c'est de là que l'on commande tout le corps." L'imposition des mains le transformait en animal. La femme avait une bosse sur le crâne; il nous apprit que c'était lui qui la lui avait fait, des années auparavant. Le mari le confirma : cette bosse était apparue subitement; tout le monde s'en était alarmé, mais les analyses n'avaient rien révélé de préoccupant.
Souvent, je soufflais sur le corps de la femme pour lui faire éprouver le souffle de l'Esprit Saint, et elle criait alors en pleine agitation : "Ce vent me brûle !" Elle se lamentait ainsi chaque fois que je la bénissais avec de l'eau sacrée. Ces réactions furieuses disparurent après la fin de l'exorcisme et le départ du démon.
Pendant ce temps, les menaces contre la femme se multipliaient. C'est qu'elle avait commencé à prier. Depuis le jour de son mariage, elle ne mettait plus les pieds à l'église, ou rarement, et quand elle y allait, elle se sentait très mal à l'aise. Elle ne priait plus. Le démon la câlinait et lui faisait entendre dans la tête de la musique classique pendant des heures. A la question : "Pourquoi de la musique classique ?", il répondait : "Parce que la musique classique lui plaît." Il se présentait à elle comme un jeune homme blond, un type d'homme qu'elle appréciait. Dans la journée, il lui murmurait des paroles douces, au point qu'elle en venait à dire qu'elle se trouvait bien en sa compagnie; en réalité, elle s'était isolée de tous et vivait entièrement dans son monde à lui.
A chaque exorcisme, le démon, qui n'en pouvait plus, finissait pas s'en aller. Alors la femme sortait de son état de transe et demandait ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait dit; elle ignorait tout de ce qui s'était passé; elle se sentait seulement fatiguée, endolorie, comme si on l'avait rouée de coups.
Après l'exorcisme, la femme voyait le démon s'agiter dans la chambre ou dans le jardin, c'était sa façon de dire : "Je ne suis plus en elle." Mais après quelque temps, elle éprouvait de nouveau sa présence en elle. Un fois, après la fin de l'exorcisme, il fut impossible de rouvrir le portail automatique. La femme sortit et s'aperçut que le diable s'interposait entre le portail et la télécommande. Une bénédiction suffit pour que tout rentre dans l'ordre.
L'été revenu, je partis faire du camping en montagne avec des garçons de la paroisse. Mais une fois par semaine, je descendais exorciser. A mon arrivée, la femme était déjà en transe. Elle disait en me voyrant : "Tu n'étais pas bien là-haut ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ?" Suivaient des menaces. Je repris mes visites quotidiennes. Je sentais que la force et l'arrogance du démon allaient en diminuant. Il commença à en appeler à Satan : "Satan ne m'abandonne pas, Satan est auprès de moi, Satan est parmi nous. Aide-moi, Satan !"
Dès le mois de juin, il avait promis de s'en aller. Dans les premiers jours d'août, il se mit à dire qu'il sortirait la veille de l'Assomption. Il affirmait exactement ceci : "Quand tu iras balader ton mannequin (la statue de la Madone), je m'en irai." A mots couverts, je demandai à la communauté de prier et d'observer le jeûne. J'annonçai qu'un grand miracle surviendrait la veille de la fête de l'Assomption. Je fis placer la femme, son mari et un ami en un certain lieu qui devait voir passer la procession. Au passage de la Madone, la femme a poussé un grand cri et s'est évanouie.
Pendant une semaine, tout fut calme, puis la femme ressentit de fortes douleurs à l'abdomen. Des cloques se formaient sur tout son corps et des plaies lui venaient dans la bouche, au point qu'elle ne pouvait plus manger. Quand elle parvenait à avaler quelque chose, c'était pour le vomir presque tout de suite. Il était déjà arrivé qu'elle rende des mèches de cheveux, des clous et même des excréments. En plus, le démon l'obligeait à des gestes humiliants. Il la faisait uriner n'importe ou.
La femme priait, aidée de son mari. Mais le démon ne voulait pas de ses prières. Un jour, pendant l'exorcisme, il m'a crié, plein de colère : "Tu sais ce qu'elle a fait ? Elle a prié. Il ne faut pas ! Dorénavant, je vais lui envoyer beaucoup de douleurs." Les époux ont commencé à trouver sous leurs oreillers des billets de mille lires dont la figure était plantée d'un clou dans les yeux, dans la bouche, les oreilles ou la gorge. Ainsi le diable prévenait-il la femme qu'elle aurait à souffrir le lendemain des douleurs terribles dans les parties de son corps marquées par les clous. Et c'est exactement ce qui se passait !
Quelques jours après la fête de l'Assomption, le démon Serpent était de retour : il avait élu domicile dans le ventre de la femme. En fait, quand je lui imposais les mains sur le ventre, elle souffrait atrocement et je sentais sous mes doigts une chose dure qui tentait de s'échapper; si je serrais cette chose, elle se plaignait : "Tu m"étrangles, tu m'étouffes." Je répliquais qu'elle ne pouvait pas rester dans ce corps qui était la propriété de Dieu. Elle protestait avec fureur : "La tête est à toi, mais le corps est à moi."
C'était début décembre. Serpent était alors le seul à parler. Il s'exprimait d'une voix caverneuse, profonde, mais qui au fil des jours devenait toujours plus faible, plus accommodante. Il finit par promettre de s'en aller le dimanche suivant, fête de l'Immaculée Conception.
Durant cette période, j'entendis une nouvelle voix au cours de l'exorcisme, une voix féminine. Je l'ai interpellée avec force : "Qui es-tu ?" Elle répondit : "Je suis Vanessa, j'ai vingt-trois ans. J'étais étudiante à l'université. J'ai rencontré un jeune homme qui m'a emmenée à des messes noires près de l'église en ruine. C'est ce jour-là que j'ai commencé de servir le démon. Une nuit ou j'avais bu du sang et que j'étais sortie ivre de la cérémonie, j'ai traversé la rue et je suis morte renversée par une voiture."
Au cours de l'exorcisme, je demandai tantôt à Michelle tantôt à Vanessa si elles étaient baptisées. Je leur rappelai le jour de fête de leur première communion. Elles me répondaient à contrecoeur, avec colère. Et elles continuaient à semer dans toute la maison des signes mystérieux. Un crâne se dessinait sur les murs, les oreillers ou les draps. Le signe de la mort. Et le signe de la victoire pour le démon Serpent : le décès de la maîtresse de maison. Pourtant, c'étaient les dernières tentatives auxquelles il se livrait.
J'invitai le mari à prier davantage encore avec sa femme. Il lui faisait des signes de croix sur le corps ou sur les bras pour la calmer quand elle devenait violente. Un jour, le démon lui dit : "Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas prêtre, toi !" Il était évident que ces signes de croix l'incommodaient.
Pendant les exorcismes du mois de décembre, le diable se découragea plus d'une fois. Il déclarait alors : "Tu as gagné, tu as gagné. Je ne peux plus rester. Il y a trop de lumière dans cette femme-là." Je le harcelais pour savoir ce qui l'obligeait à s'en aller. Il répondait à contrecoeur : "Sa prière, à celle-là. C'est une femme bonne. Et tu es venu si souvent. Vous avez gagné, vous avez gagné, il faut que je m'en aille." Je voulus savoir ou il avait l'intention d'aller répandre le mal désormais. Il me répondit : "J'irai sur d'autres rivages, mais méfiez-vous, je pourrais revenir.'
Dans les dernières prières d'exorcisme, deux faits étranges survinrent. Une croix d'un rouge décoloré était apparue sur le front de la femme. Je me dis que ça devait être du rouge à lèvres ou quelque chose de ce genre. Mais le mari en touchant cette croix, observa que c'était du sang. Nous en avons demandé la cause, et une réponse renversante nous fut apportée : "C'est le sang d'un enfant de quatre jours qui m'a été offert par sa mère, une de mes adeptes d'autrefois.'Nous en restâmes sidérés, horrifiés.
Voici le second fait étrange. Le démon me dit, pendant un exorcisme : "Va voir ce que je lui ai fait à ton mannequin." Il y avait dans le jardin de la maison, une statuette de la Madone. J'ai prié le mari d'allez voir. En revenant, il m'a dit que la petite Madone pleurait des larmes de sang. Après l'exorcisme, nous sommes allés dans le jardin pour vérifier. Je pus constater le fait par moi-même. Du sang coulait de ses yeux. A l'aide d'Un Polaroid, nous avons pris plusieurs photos que je possède encore. Nous avons nettoyé le visage de la petite Madone; mais le même fait se répéta le jour suivant.
Le 10 décembre, le diable promit que le lendemain, "le jour de ton Seigneur" (c'était un dimanche), l'après-midi, pendant l'exorcisme, il s'en irait à jamais. Le lendemain donc, vers 15 heure trente, je me rendis dans la maison. A peine commencée la prière, le diable se mit à crier : " Je vois saint Michel qui s'approche [...] Et qui est cette femme, là, en pleine lumière ? Elle vient aussi !" Je criai à mon tour : 'C'est la Madone !" Il continua : "Il y a une grande lumière ... elle a douze étoiles et une lune sous les pieds ... Je n'en peux plus, je ne peux plu rester." Il y eut ensuite un hurlement comme je n'en avais jamais entendu de ma vie. C'était fini. Nous étions très émus.
[...]
Par la grâce de Dieu, tout cela a pris fin. La paix et le sourire règnent aujourd'hui dans cette maison. La femme se sent très bien, même s'il lui arrive de tomber parfois dans la mélancolie. D'après l'exorciste du diocèse, c'est le démon qui revient de temps en temps; il faut, dit-il, continuer à prier, et se faire bénir toutes les semaines.
Tiré de :
P. Gabriel Amorth, Confessions. Mémoires de l'exorciste officiel du Vatican, 2010, p, 145
Un chose que j'aurai apprise avec le père Amorth - Oui, croyez-moi, car pour moi c'est du nouveau littéralement ! - c'est la question de la présence d'âmes d'êtres humains damnés jusque chez les personnes possédées. Incroyable !
[b]Démons et âmes damnées
[/b]
Je voudrais maintenant présenter aux lecteurs un témoignage qui met bien en lumière le fait suivant, à savoir que la possession diabolique implique souvent non seulement des diables, mais aussi des âmes damnées.
Il y a quelques années, un monsieur me demanda d"aller bénir sa maison. Il s'y déroulait des faits extraordinaires. Des pas retentissaient alors qu'il n'y avait personne. Sous un oreiller, ou sur le rebord de la fenêtre, ou encore sous le siège de la voiture, on trouvait trois pièces de monnaie, trois rameaux, trois cailloux. Souvent, en ouvrant le réfrigérateur, ils trouvaient un peigne ou le dentifrice. Pendant le repas, le bouchon de l'eau minérale s'envolait et atterrissait près de la maîtresse de maison; laquelle maîtresse de maison, et elle seulement, voyait ensuite de dos un beau jeune homme blond qui marchait dans la maison ou dans les prés alentour. Le monsieur avait prévenu les carabiniers, pensant qu'on leur faisait de mauvaises blagues; mais ces derniers, après avoir passé de longues journées à surveiller les lieux inutilement, avaient renoncé, pensant que l'imagination de ces gens leur jouait des tours, ou que leur cerveau malade leur donnait des hallucinations.
Je me suis tout de suite rendu sur place. Pendant que j'enfilais ma robe, la maîtresse de maison s'est éloignée et m'a regardé d'un oeil menaçant. J'ai commencé à prier, administrant ma bénédiction avec de l'eau bénite. Quelques gouttes tombées sur la femme ont déclenché des réactions impensables : aussitôt elle s'est mise à crier que l'eau bénite la piquait. Il ne me restait plus qu'à faire des recommandations au mari. "C'est sérieux. Accompagnez votre femme chez l'exorciste du diocèse."
Le lendemain, ils sont allés consulter l'exorciste, qui a conclu d'emblée à un cas grave. Il s'agissait d'une véritable et authentique possession diabolique. C'était sa sixième ou septième affaire grave depuis qu'Il pratiquait en tant qu'exorciste. Cette femme a dû venir se faire exorciser deux fois par semaine, en se présentant accompagnée. Ensuite, le prêtre a conseillé au mari d'aller demander à l'évêque du diocèse l'aide d'un autre exorciste. Car il fallait, selon lui, pouvoir intervenir tous les jours. Sinon, le temps nécessaire à la libération risquerait d'être très long. Les époux sont allés voir l'évêque qui a décidé de me confier cette charge, puisque je connaissais déjà les faits : j'étais leur curé.
C'est ainsi que je commençai à faire des visites quotidiennes à cette famille. Avant chaque exorcisme, la femme m'apostrophait : "Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as rien d'autre à faire ?" Dès le début de la prière, elle entrait en transe. Nous devions la retenir, le mari et moi, car elle devenait violente. A deux reprises, elle a réussi à se saisir d'un couteau avant l'ouverture de la séance. Une autre fois, elle est parvenue à s'enfermer dans la chambre à coucher; entrée dans une transe profonde, elle se moquait de nous. J'entrepris l'exorcisme à travers la porte. La femme se calma petit à petit et finit par nous ouvrir. Pendant l'exorcisme, elle parlait différentes langues, avec des voix différentes; elle chantait La Marseillaise ou déclamait l'Enfer de Dante. Après plusieurs exorcismes; obéissant à mes ordres, le démon nous révéla son nom : Zago. Il se déclara le chef d'un culte pratiqué dans un village voisin, près d'une église en ruine; s'exprimant de sa propre initiative, il affirma avoir gagné.
L'autre démon présent était Astarot. Lui s'occupait de détruire l'amour du couple et l'affection entre parents et enfants. Il y avait aussi un troisième démon, Serpent, dont la mission consistait à pousser la femme au suicide et l'incitait à se jeter du haut d'un pont. Souvent, elle faisait ses valises en disant qu'elle devait se rendre dans le village ou se trouvait cette église en ruine. C'est là-bas qu'il l'attendait, disait-elle. Il le lui ordonnait. Aux dires de Zago, agissait aussi une légion de démons mineurs.
A ma grande surprise, il y avait même parmi eux trois âmes damnées. D'abord, Michelle, une femme qui avait travaillé au Moulin Rouge et que la drogue avait tuée à l'âge de trente-neuf ans. Michelle prononçait souvent des phrases en français, de celles qu'elle répétait dans le passé pour racoler les clients. Alors le visage de la femme se faisait doux et persuasif; Michelle devait rester dans la femme jusqu'à la fin de l'exorcisme.
Et puis il y avait Belzébuth, un Marocain qui avait coupé la tête à trois missionnaires en 1872. Quand je lui demandai à quel ordre appartenait ces prêtres, il répliqua : "Je n'y connais rien, moi, à vos ordres religieux !" Pris de remords, il s'était suicidé.
La troisième âme damnée était Jordan, un Écossais qui avait assassiné sa mère. Il intervenait souvent. Il me semblait qu'il disait : "Le vrai Dieu est Zago; c'est lui le plus puissant." Je dis "il me semble", parce que je comprends mal l'anglais.
Durant l'exorcisme, Zago se vantait d'être le chef du monde. Il affirmait que tout se passait comme lui le voulait, que la guerre civile au Rwanda, lui-même l'avait suscité par goût du sang versé entre frères. Il me provoqua en disant : "Tes prêches, ce sont des fables, personne ne t'écoute !" Il m'a plus d'une fois menacé de venir une nuit m'arracher les tripes. Il m'a dit : 'Méfies-toi, je peux même m'introduire en toi.' Il a ajouté, après avoir réfléchi un instant : "Mais je ne me sentirais pas bien dans le corps d'un prêtre." Quand, à force d'Insistance, mes questions le poussaient dans ses retranchements, il me lançait : "Tu me casse les couilles !" A quoi je répondais : "Je ne savais pas que les démons avaient des couilles !" Il rétorquait : "Idiot ! C'est vous qui parlez comme ça !"
Après que je lui eus donné l'ordre de me dire quand ils étaient entré dans cette femme, il m'a raconté ceci : "J"y suis entré en 1972, alors qu'elle se préparait à franchir le seuil de l'église, le jour de son mariage, à midi." C'était parfaitement exact. J'avais moi-même célébré ce mariage. Zago s'était vu confier cette mission par un homme de Viterbe qui s'opposait à ce mariage. Ensuite, à minuit, lors d'Une messe noire au cours de laquelle un animal avait été sacrifié, les autres démons étaient entré à leur tour. Après ces révélations, un souvenir revint au mari. La veille du mariage, un prêtre avait été approché par un homme qui s'opposait à la célébration de ces noces.
Lorsque je prononçai la phrase : "Vienne le règne de Dieu", il corrigea immédiatement : "Vienne le règne de Zago !"
Plus les exorcismes avançaient, plus il y avait de malaises et de plaintes. Lorsque j'imposais les mains sur la tête de la femme, Zago criait. Il ne comprenait plus rien et vociférait : "Tu es en train de me salir la maison ! Tu fais entrer la lumière. Tu abîmes tout !" Je répondais que la lumière est une belle chose, que c'est la vie, mais il continuait de hurler : "Non ! Ma maison, ce sont les ténèbres." Il affirma qu'il était dans la tête de la femme. A la question "Pourquoi es-tu dans sa tête ?" Il répondait : "Parce que c'est de là que l'on commande tout le corps." L'imposition des mains le transformait en animal. La femme avait une bosse sur le crâne; il nous apprit que c'était lui qui la lui avait fait, des années auparavant. Le mari le confirma : cette bosse était apparue subitement; tout le monde s'en était alarmé, mais les analyses n'avaient rien révélé de préoccupant.
Souvent, je soufflais sur le corps de la femme pour lui faire éprouver le souffle de l'Esprit Saint, et elle criait alors en pleine agitation : "Ce vent me brûle !" Elle se lamentait ainsi chaque fois que je la bénissais avec de l'eau sacrée. Ces réactions furieuses disparurent après la fin de l'exorcisme et le départ du démon.
Pendant ce temps, les menaces contre la femme se multipliaient. C'est qu'elle avait commencé à prier. Depuis le jour de son mariage, elle ne mettait plus les pieds à l'église, ou rarement, et quand elle y allait, elle se sentait très mal à l'aise. Elle ne priait plus. Le démon la câlinait et lui faisait entendre dans la tête de la musique classique pendant des heures. A la question : "Pourquoi de la musique classique ?", il répondait : "Parce que la musique classique lui plaît." Il se présentait à elle comme un jeune homme blond, un type d'homme qu'elle appréciait. Dans la journée, il lui murmurait des paroles douces, au point qu'elle en venait à dire qu'elle se trouvait bien en sa compagnie; en réalité, elle s'était isolée de tous et vivait entièrement dans son monde à lui.
A chaque exorcisme, le démon, qui n'en pouvait plus, finissait pas s'en aller. Alors la femme sortait de son état de transe et demandait ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait dit; elle ignorait tout de ce qui s'était passé; elle se sentait seulement fatiguée, endolorie, comme si on l'avait rouée de coups.
Après l'exorcisme, la femme voyait le démon s'agiter dans la chambre ou dans le jardin, c'était sa façon de dire : "Je ne suis plus en elle." Mais après quelque temps, elle éprouvait de nouveau sa présence en elle. Un fois, après la fin de l'exorcisme, il fut impossible de rouvrir le portail automatique. La femme sortit et s'aperçut que le diable s'interposait entre le portail et la télécommande. Une bénédiction suffit pour que tout rentre dans l'ordre.
L'été revenu, je partis faire du camping en montagne avec des garçons de la paroisse. Mais une fois par semaine, je descendais exorciser. A mon arrivée, la femme était déjà en transe. Elle disait en me voyrant : "Tu n'étais pas bien là-haut ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ?" Suivaient des menaces. Je repris mes visites quotidiennes. Je sentais que la force et l'arrogance du démon allaient en diminuant. Il commença à en appeler à Satan : "Satan ne m'abandonne pas, Satan est auprès de moi, Satan est parmi nous. Aide-moi, Satan !"
Dès le mois de juin, il avait promis de s'en aller. Dans les premiers jours d'août, il se mit à dire qu'il sortirait la veille de l'Assomption. Il affirmait exactement ceci : "Quand tu iras balader ton mannequin (la statue de la Madone), je m'en irai." A mots couverts, je demandai à la communauté de prier et d'observer le jeûne. J'annonçai qu'un grand miracle surviendrait la veille de la fête de l'Assomption. Je fis placer la femme, son mari et un ami en un certain lieu qui devait voir passer la procession. Au passage de la Madone, la femme a poussé un grand cri et s'est évanouie.
Pendant une semaine, tout fut calme, puis la femme ressentit de fortes douleurs à l'abdomen. Des cloques se formaient sur tout son corps et des plaies lui venaient dans la bouche, au point qu'elle ne pouvait plus manger. Quand elle parvenait à avaler quelque chose, c'était pour le vomir presque tout de suite. Il était déjà arrivé qu'elle rende des mèches de cheveux, des clous et même des excréments. En plus, le démon l'obligeait à des gestes humiliants. Il la faisait uriner n'importe ou.
La femme priait, aidée de son mari. Mais le démon ne voulait pas de ses prières. Un jour, pendant l'exorcisme, il m'a crié, plein de colère : "Tu sais ce qu'elle a fait ? Elle a prié. Il ne faut pas ! Dorénavant, je vais lui envoyer beaucoup de douleurs." Les époux ont commencé à trouver sous leurs oreillers des billets de mille lires dont la figure était plantée d'un clou dans les yeux, dans la bouche, les oreilles ou la gorge. Ainsi le diable prévenait-il la femme qu'elle aurait à souffrir le lendemain des douleurs terribles dans les parties de son corps marquées par les clous. Et c'est exactement ce qui se passait !
Quelques jours après la fête de l'Assomption, le démon Serpent était de retour : il avait élu domicile dans le ventre de la femme. En fait, quand je lui imposais les mains sur le ventre, elle souffrait atrocement et je sentais sous mes doigts une chose dure qui tentait de s'échapper; si je serrais cette chose, elle se plaignait : "Tu m"étrangles, tu m'étouffes." Je répliquais qu'elle ne pouvait pas rester dans ce corps qui était la propriété de Dieu. Elle protestait avec fureur : "La tête est à toi, mais le corps est à moi."
C'était début décembre. Serpent était alors le seul à parler. Il s'exprimait d'une voix caverneuse, profonde, mais qui au fil des jours devenait toujours plus faible, plus accommodante. Il finit par promettre de s'en aller le dimanche suivant, fête de l'Immaculée Conception.
Durant cette période, j'entendis une nouvelle voix au cours de l'exorcisme, une voix féminine. Je l'ai interpellée avec force : "Qui es-tu ?" Elle répondit : "Je suis Vanessa, j'ai vingt-trois ans. J'étais étudiante à l'université. J'ai rencontré un jeune homme qui m'a emmenée à des messes noires près de l'église en ruine. C'est ce jour-là que j'ai commencé de servir le démon. Une nuit ou j'avais bu du sang et que j'étais sortie ivre de la cérémonie, j'ai traversé la rue et je suis morte renversée par une voiture."
Au cours de l'exorcisme, je demandai tantôt à Michelle tantôt à Vanessa si elles étaient baptisées. Je leur rappelai le jour de fête de leur première communion. Elles me répondaient à contrecoeur, avec colère. Et elles continuaient à semer dans toute la maison des signes mystérieux. Un crâne se dessinait sur les murs, les oreillers ou les draps. Le signe de la mort. Et le signe de la victoire pour le démon Serpent : le décès de la maîtresse de maison. Pourtant, c'étaient les dernières tentatives auxquelles il se livrait.
J'invitai le mari à prier davantage encore avec sa femme. Il lui faisait des signes de croix sur le corps ou sur les bras pour la calmer quand elle devenait violente. Un jour, le démon lui dit : "Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu n'es pas prêtre, toi !" Il était évident que ces signes de croix l'incommodaient.
Pendant les exorcismes du mois de décembre, le diable se découragea plus d'une fois. Il déclarait alors : "Tu as gagné, tu as gagné. Je ne peux plus rester. Il y a trop de lumière dans cette femme-là." Je le harcelais pour savoir ce qui l'obligeait à s'en aller. Il répondait à contrecoeur : "Sa prière, à celle-là. C'est une femme bonne. Et tu es venu si souvent. Vous avez gagné, vous avez gagné, il faut que je m'en aille." Je voulus savoir ou il avait l'intention d'aller répandre le mal désormais. Il me répondit : "J'irai sur d'autres rivages, mais méfiez-vous, je pourrais revenir.'
Dans les dernières prières d'exorcisme, deux faits étranges survinrent. Une croix d'un rouge décoloré était apparue sur le front de la femme. Je me dis que ça devait être du rouge à lèvres ou quelque chose de ce genre. Mais le mari en touchant cette croix, observa que c'était du sang. Nous en avons demandé la cause, et une réponse renversante nous fut apportée : "C'est le sang d'un enfant de quatre jours qui m'a été offert par sa mère, une de mes adeptes d'autrefois.'Nous en restâmes sidérés, horrifiés.
Voici le second fait étrange. Le démon me dit, pendant un exorcisme : "Va voir ce que je lui ai fait à ton mannequin." Il y avait dans le jardin de la maison, une statuette de la Madone. J'ai prié le mari d'allez voir. En revenant, il m'a dit que la petite Madone pleurait des larmes de sang. Après l'exorcisme, nous sommes allés dans le jardin pour vérifier. Je pus constater le fait par moi-même. Du sang coulait de ses yeux. A l'aide d'Un Polaroid, nous avons pris plusieurs photos que je possède encore. Nous avons nettoyé le visage de la petite Madone; mais le même fait se répéta le jour suivant.
Le 10 décembre, le diable promit que le lendemain, "le jour de ton Seigneur" (c'était un dimanche), l'après-midi, pendant l'exorcisme, il s'en irait à jamais. Le lendemain donc, vers 15 heure trente, je me rendis dans la maison. A peine commencée la prière, le diable se mit à crier : " Je vois saint Michel qui s'approche [...] Et qui est cette femme, là, en pleine lumière ? Elle vient aussi !" Je criai à mon tour : 'C'est la Madone !" Il continua : "Il y a une grande lumière ... elle a douze étoiles et une lune sous les pieds ... Je n'en peux plus, je ne peux plu rester." Il y eut ensuite un hurlement comme je n'en avais jamais entendu de ma vie. C'était fini. Nous étions très émus.
[...]
Par la grâce de Dieu, tout cela a pris fin. La paix et le sourire règnent aujourd'hui dans cette maison. La femme se sent très bien, même s'il lui arrive de tomber parfois dans la mélancolie. D'après l'exorciste du diocèse, c'est le démon qui revient de temps en temps; il faut, dit-il, continuer à prier, et se faire bénir toutes les semaines.
Tiré de :
[b]P. Gabriel Amorth[/b], [u]Confessions. Mémoires de l'exorciste officiel du Vatican[/u], 2010, p, 145