Encore un prêtre assassiné

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Re: Encore un prêtre assassiné

par Fleur de Lys » ven. 04 févr. 2022, 16:13

Site très interessant, merci!
Je n'imaginais pas la situation au Vietnam aussi compliquée. Parce qu'on n'en parle pas assez.

Re: Encore un prêtre assassiné

par Nanimo » ven. 04 févr. 2022, 1:18

Eh bé ! Merci Foxy. J'avais effectivement eu vent d'une situation déplorable pour les croyants, mais là!

Re: Encore un prêtre assassiné

par Foxy » jeu. 03 févr. 2022, 11:55

Re: Encore un prêtre assassiné

par Nanimo » jeu. 03 févr. 2022, 3:31

Fleur de Lys a écrit :
mer. 02 févr. 2022, 17:18
Triste nouvelle. :( Je ne connais pas la situation des Chrétiens au Vietnam, est-ce un assassinat isolé ou est-ce lié à un climat anti Eglise?
Difficile à dire, mais comme vous je suis curieuse. Si un cathocitoyen connaissait le Vietnam et pouvait nous en dire plus...

Re: Encore un prêtre assassiné

par Fleur de Lys » mer. 02 févr. 2022, 17:18

Triste nouvelle. :( Je ne connais pas la situation des Chrétiens au Vietnam, est-ce un assassinat isolé ou est-ce lié à un climat anti Eglise?

Re: Encore un prêtre assassiné

par Alizee » mer. 02 févr. 2022, 12:34

[Commentaire supprimé parce qu'inutile ici : ce fil n'a pas pour but de comparer les assassinats de prêtres, mais simplement de mettre en évidence les violences qui visent nos prêtres où qu'ils soient. ]

Le prêtre vietnamien accueillait celui qui se présentait à lui. Les prêtres concentrent la haine sur eux. C'est malheureux, mais je ne vois pas ce que l'on pourrait faire pour mieux les protéger.
Dans les banlieues françaises un peu chaudes, nombre de prêtres ont reçu des menaces de mort. Je pense que ce n'est qu'une question de temps avant qu'un d'entre eux ne se fasse assassiner.
Désolée d'être pessimiste !

Re: Encore un prêtre assassiné

par PaxetBonum » mar. 01 févr. 2022, 15:49

Il donnait le pardon de Dieu, que Dieu lui accorde directement son pardon en retour.

Requiem æternam dona ei Domine et lux perpetua, luceat ei !

Re: Encore un prêtre assassiné

par Fée Violine » mar. 01 févr. 2022, 14:44

Un dominicain assassiné au Vietnam, tandis qu'il était au confessionnal :
https://fr.aleteia.org/2022/01/31/vietn ... onfession/

Re: Encore un prêtre assassiné

par Cinci » dim. 15 août 2021, 14:17

Possible d'accéder ici à un commentaire de l'évêque de Luçon, qui resterait un des premiers intéressés dans cette histoire. La communauté des pères monfortains impliquée réside dans le diocèse ...

https://www.famillechretienne.fr/36910/ ... -meurtrier

L'évêque déclare :

Il faut bien comprendre que s’il a accueilli avec sa communauté Emmanuel Abayisenga, c’est d’abord parce qu’on leur a demandé ! Cela s’est fait dans un dialogue avec les services judiciaires, la communauté, et l’aumônerie de la maison d’arrêt de Nantes où le réfugié rwandais était détenu. Ce dernier supportait très mal la prison, et c’est l’aumônerie de la maison d’arrêt qui a eu l’idée de solliciter les montfortains pour l’accueillir en attendant son procès en accord avec l’administration pénitentiaire et la justice.
- Remettez-vous en cause leur accueil d’Emmanuel Abayisenga ou pensez-vous malgré le drame, que c’était une bonne chose ?

Je pense que les pères Montfortains ont été fidèles à leur tradition d’accueil, dans les pas de leur fondateur. Saint Louis-Marie Grigon de Montfort a lui-même été tourné vers les pauvres, les personnes désemparées. Il a été aumônier d’un hôpital à Poitiers et a même déjà recueilli chez lui un homme aviné pour le mettre à l’abri, prenant lui aussi des risques. La charité implique parfois de se risquer, même si l’accueil ne doit pas se faire de façon anarchique. Et je ne crois pas que cela fut le cas avec le père Olivier
C'est bien vrai qu'il entre dans le mandat des pères monfortains de s'occuper des prisonniers. C'est le charisme se rattachant au fondateur de l'ordre.

Re: Encore un prêtre assassiné

par Cinci » sam. 14 août 2021, 15:22

C'est un histoire dramatique. Probablement que tout est vrai au sujet de ce qui est rapporté plus haut (douceur, gentillesse, etc.)

Indépendamment de la question de l'immigration, du traitement des réfugiés et ses critiques : il arrive assez fréquemment, maintenant, et peut-être plus aujourd'hui qu'hier, que des individus psychologiquement perturbés (déstabilisés, enragés, etc.) se lancent dans un "acting out" meurtrier. Est-ce la moderne solitude ?

Une malheureuse histoire ...

:(

Re: Encore un prêtre assassiné

par PaxetBonum » ven. 13 août 2021, 23:08

apatride a écrit :
ven. 13 août 2021, 12:38
Un témoignage d'une proche d'Emmanuel, le meurtrier du père Olivier Maire, qui apportera un peu de perspective sur cette tragique affaire

Merci Apatride pour ce texte.
Il met clairement en valeur l'aveuglement des personnes qui accueillent ces migrants.
Il brûle la cathédrale c'est parce qu'il l'aimait beaucoup…
Il tue celui qui lui tend la main c'est à cause de toubles psychiatriques…
C'est le mal de notre époque de tout psychanalyser afin de trouver des excuses aux pires crimes.
Aujourd'hui Staline serait une victime qui a été traumatisé très jeune.
Kim Jong Un est certainement aussi une pauvre victime comme tout bon taliban d'Afghanistan ou du Mali…
Et pourtant combien de psychopathes sont sortis des camps de concentration vietmin ou des goulags ?

A lire ce texte cette dame explique fort bien pourquoi tout ceci c'est déroulé : ce criminel n'a pas été expulsé aussi rapidement qu'il ne l'aurait dû.

Désolé mes commentaires régulièrement censurés sont toujours en décalage car je suis un ignoble pécheur en pénitence

Re: Encore un prêtre assassiné

par Vladimir » ven. 13 août 2021, 19:19

Je vois plusieurs problèmes même si je précise que je trouve louable la volonté de ce prêtre et en général de l'Eglise, d'accorder son pardon et une seconde chance à ceux ne le méritant pas toujours (parfois à ses dépends).

1) Que cette personne (l'accusé) après 4 sommations à quitter le territoire (donc après examen complet de son cas) soit toujours sur le territoire (ce qui arrive souvent pour diverses raisons).

2) Que lorsque l'on est déjà dans l'illégalité, on puisse EN PLUS s'attaque de façon criminelle au patrimoine du pays susceptible de nous accueillir.

3) Que l'accusé ne soit toujours pas jugé plus d'un an après l'incendie, si vraiment son état psychiatrique est en cause, il aurait fallu l'interner (pour son bien) directement au lieu de le laisser dans une pareille difficulté, résultat un honnête prêtre est mort de par le laxisme judiciaire si caractéristique de la France.

4) Dans un message de deuil, que l'on puisse parler de récupération politique.. c'est d'une tristesse.. est-ce dont ce que la société est devenue ?

5) Parler d'acte anti-chrétien, si cette homme avait été recueilli par un imam ou un rabbin, cela se serait également arrivé.

Re: Encore un prêtre assassiné

par Cinci » ven. 13 août 2021, 14:34

Une déposition qui irait dans le sens que j'indiquais précédemment. On n'a pas affaire au cas d'une personne malade, connue pour avoir dû traîner un lourd passif médical en psychiatrie. Ce n'est pas tel un schizophrène qui aurait dû perdre réellement le contact avec la réalité. Il s'agirait bien d'une «fragilité» psychologique, un conflit psychique, une perte de maîtrise de soi consécutive à une frustration quelconque, un sentiment d'injustice, etc.

Re: Encore un prêtre assassiné

par apatride » ven. 13 août 2021, 12:38

Un témoignage d'une proche d'Emmanuel, le meurtrier du père Olivier Maire, qui apportera un peu de perspective sur cette tragique affaire : https://www.facebook.com/ccylou/posts/10159516250561667

Texte intégral pour ceux qui n'ont pas accès à Facebook :
[+] Texte masqué
Témoignage que je viens de rédiger. Je ne peux plus me taire. Cécile Murray, le mardi 10 août 2021.
Partagez si le cœur vous en dit.

Je suis choquée d’apprendre le meurtre d’un homme, qui était prêtre et qui tendait la main aux personnes dans le besoin. Je veux lui dire merci.

Je suis bouleversée pour cet homme qui a tendu la main à Emmanuel.

Et je suis bouleversée parce que Emmanuel, le suspect, était mon élève et mon ami depuis 2013.

Et pour cette raison, je ressens vraiment le besoin en lisant tout ce qu’il se dit sur les réseaux de donner mon témoignage, qui j’espère clarifiera et aidera à mieux comprendre cette tragique situation.

Peut être pourra il aider à ne pas juger trop vite.

Je ne crois pas, comme beaucoup le déclarent, qu’il s’agisse d’un incident terroriste ou radical.

Madame Le Pen, non, ne faites pas l’erreur de vous emparer trop vite de cette histoire tragique. Car cette histoire nous ramène bien avant l’incendie, bien avant ce meurtre terrible.

J’avais 24 ans lorsque j’ai connu Emmanuel. Aujourd’hui j’en ai 32. Emmanuel a mangé à notre table, nous avons été au musée ensemble, plusieurs fois je l’ai conduit ici ou là en voiture, seule, parce qu’Emmanuel était un homme bon et doux, profondément respectueux, avec lequel on se sentait en sécurité. Il a offert à la naissance de mon premier fils une peluche que nous avons toujours. Il a joué avec mes enfants.

Il a été hébergé par des membres de ma famille plusieurs mois, lorsqu’il n’avait nulle part où aller. Il était discret, gentil, était aimé de tous. Bref, vous l’avez compris, je connais bien cet homme.

Il avait la confiance de beaucoup de personnes, avant l’incendie à la cathedrale. Il était benevole, tous le décrivaient comme calme, paisible, plutôt timide et discret. Il bégayait un peu. De tous les réfugiés que je connais (et on emploie le terme “réfugié” à tort parce que justement, il ne l’était pas), il était que j’aurais placé en dernier sur la liste de ceux qui pourraient un jour faire du mal à autrui.

Je précise, avec regret mais je m’y sens forcée vu les commentaires lus aujourdui, qu’il n’était pas musulman. Il était chrétien, catholique.

Et il s’est beaucoup investi bénévolement au service de l’Eglise Catholique.

En 2013 j’ai lu en long et en large Les documents qu’il a reçus oú sa demande d’asile était refusée. Nous étions assis dans ma salle à manger, je lisais en silence le courrier de l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides), essayant de rester calme. Emmanuel pleurait, impuissant. Dans ce dossier, il y avait la transcription de son interview à l’OFPRA, et donc de son histoire. J’ai tout lu en ravalant mes larmes et j’ai attendu qu’il reparte de chez moi pour m’effondrer. C’était la première fois que je lisais les détails de son histoire. Je me demandais comment il pouvait tenir si calmement, sans suivi psychiatrique après ces horreurs. Il me faudrait, si je traversais ça, un suivi psychiatrique de plusieurs années pour m’en remettre !

Non seulement il avait besoin d’un suivi psy, comme de nombreux demandeurs d’asile d’ailleurs, qui vivent hantés par leurs souvenirs et les traumas... mais en plus, puisque le refus de ‘OFPRA doit toujours être argumenté, on lui disait que son histoire n’était pas la vérité. On remettait en question la véracité des documents qu’il avait fournis, par exemple. Tant de personnes vivent ça. Ça serait tellement plus sain pour ceux qui racontent la vérité d’entendre qu’on ne peut pas accueillir davantage de personnes en France. S’entendre dire qu’on ment n’est pas facile pour tout le monde. J’ai vu ce jour là commencer pour cet homme qui avait déjà vécu la torture (au premier degré) une torture psychologique. L’angoisse, la peur, le sentiment d’injustice. Ce dossier est confidentiel et j’espère qu’un jour il sera relu, afin qu’on puisse réaliser non seulement l’horreur que cet homme a traversé, mais aussi la brutalité et l’indifférence avec laquelle on répond à une personne sur un sujet si délicat que l’histoire de sa vie, surtout parsemée de tels traumas.

Vous vous direz peut être : si ils ont jugé que son histoire n’est pas recevable, ils sont experts, nous devons faire confiance.

C’est là que les choses se compliquent : ces 9 dernières années au contact de demandeurs d’asile m’ont appris que, bien au delà de l’histoire de la personne, il y a des enjeux politiques et des accords entre les pays, voire même l’implication de notre pays dans certains conflits qui font que certains demandeurs d’asile ayant vraiment vécu atrocités et danger de mort ne sont pas reconnus réfugiés en France. Pour le Rwanda, la France considère que le genocide est terminé. Elle ne reconnaît pas les représailles qui ont pu avoir lieu après le genocide. Or un genocide et la haine ne se termine pas du jour au lendemain. Ça se saurait. Je me retiens de parler du Tchad et de la position de la France, et tellement d’autres exemples qui peuvent nous faire tellement honte, nous citoyens français.

Personnellement, je n’ai jamais réussi à m’imaginer dans la peau d’Emmanuel.

Il a fui la violence, pour finalement vivre un autre cauchemar de plusieurs années, sans toit, sans futur, sans être cru. Une fragilité psychologique s’est progressivement installée.. une impuissance terrible.

Il a essayé de croire, essayé de positiver. Plusieurs fois, nous avons prié. Il était croyant, catholique. Il essayait de placer sa confiance en Dieu. Il passait du temps d’ailleurs à l’église. Il a même été rencontré le Pape et était très fier d’une photo de lui qui lui serrait la main. L’Eglise, c’était sa bouffée d’oxygène.

Mais récépissés, OQTF se sont enchaînés. Les montagnes russes. Le désespoir revenait souvent. On ne peut pas ce que c’est. Pendant 8 ans, errer sans toit, dépendre de la bienveillance de certains qui t’accueillent. Tu ne peux pas travailler. Tu n’es pas réfugié. Tu ne peux pas retourner au pays, parce même si la France veut pas te croire pour ses raisons à elle qui dépasse de loin l’échelle des individus concernés, toi tu as connu la torture et l’horreur. Mais on te dit que tu mens. Malgré ce que le docteur qui a inspecté ton corps a écrit. Malgré les preuves que tu fournis. Aucune issue.

Il y a eu un tournant, dans la santé mentale d’Emmanuel. C’était en hiver 2019 (?) il me semble. Ça faisait déjà longtemps qu’on ne s’était pas revus. Emmanuel est venu chez nous, balafré à la joue, ses lunettes cassées, dans un état de panique, il était confus, il pleurait, il n’arrivait pas à s’exprimer. Le regard dans le vide, il répétait qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été attaqué. Quelques jours plus tôt, sur le parvis de la cathédrale, il avait été attaqué. Je lui ai mis de la crème sur la joue, je lui ai donné le tube. Je devais partir faire je ne sais quoi avec mes enfants, je n’ai pas pris le temps qu’il fallait. Je n’ai pas mesuré ce qu’il se passait. Je crois que ce jour la, il a vécu un trauma de plus, un trauma de trop. Peut être qu’à cette attaque, des traumas sont remontés...

Il y a quelques mois, je parlais avec un jeune qui était dans ma classe de francais, avec Emmanuel. B. avait 16 ans quand il est arrivé. Lui aussi avait eu un OQTF (obligation de quitter le territoire français ) et lui aussi je l’avais vu pleurer, dans notre salon. Sa maman lui manquait. Il n’était qu’un ado, après tout ! Il ne savait pas où il allait. Mais parce qu’il était mineur, il a bénéficié de la protection de l’enfance et après une année de galère et de détresse, il a reçu ses papiers. Aujourd’hui iil a fait des études, il travaille et il conduit. Alors que je lui donnais la terrible nouvelle de l’incendie de la cathedrale, voici ce qu’il a dit: « Si les problèmes avaient duré 8 ans pour moi, moi aussi je serais devenu fou, c’est invivable, intenable. Je suis désolé pour Emmanuel.»
...

Comprenons nous ?

Déjà l’année dernière à l’incendie de la cathédrale, de nombreuses personnes ont crié à l’attaque terroriste. Cette cathédrale, Emmanuel l’aimait beaucoup. C’était son lieu de travail et son lieu de recueillement. En quelque sorte, c’était chez lui. Il ne s’agit pas d’un homme qui est entré dans une cathédrale pour y mettre le feu! Il s’agit d’un homme qui n’en pouvait plus et qui a foutu le feu à l’endroit qu’il connaissait peut être le mieux. Nous qui connaissons Emmanuel savons que c’était bien plus profond. Il aimait vraiment servir à l’église, ça lui permettait de penser à autre chose. Il aimait vraiment l’église. Sauf que même l’Eglise n’avait pu l’aider à hauteur du besoin. Le soutenir comme il l’aurait fallu. Parce qu’un homme a qui on refuse de vivre comme un homme, à un moment, ne peut plus tenir. Malgré le vrai soutien qu’il a reçu de la part de plusieurs personnes et de l’Eglise.

Je voudrais dire à Madame Le pen que oui, oui, il fallait accueillir cet homme menacé de mort au Rwanda. Oui il fallait l’accueillir. Mais ce n’est pas ce que nous avons fait. Il n’a pas été accueilli par la France, on lui a refusé l’asile suite à une interview, on lui a dit qu’il mentait, et pour des raisons qui dépassent son histoire et qui concernent la France et ses accords politiques, et cela malgré son intégration, son bénévolat, ses grands efforts, sa claire envie de s’en sortir, toutes les attestations que nous autres avons fournies, sa motivation à travailler, on l’a laissé survivre seul, sans ressources, sans toit, sans futur et sans perspective d’avenir. On l’a laissé la nuit revivre l’horreur de son passé dans ses cauchemars et le jour, faire face au cauchemar que vit l’homme débouté du droit d’asile. L’homme qui ne peut vivre comme un homme. On la laissé dans une détresse psychologique telle qu’un homme pourtant si doux, et encore une fois je ne suis pas la seule à le dire, se retrouve aujourd’hui tellement perturbé psychologiquement qu’il a tué celui qui lui tendait la main. Sans parler de la prison depuis l’acte terrible d’incendier la Cathédrale. L’Unité psychiatrique de la prison. Il ne mangeait plus pendant un temps. Il ne parlait plus. L’avez vous visité? avez vous cherché ce qui a pu le pousser à déclencher un incendie dans la cathédrale?

On a fait vivre un cauchemar à ce pauvre homme, pendant de nombreuses annees. Aujourd’hui, je pense qu’Emmanuel souffre de troubles psychiatriques graves qui ont fait de lui, hier, lundi 9 août 2021, un criminel. Il a tué cet homme qui lui tendait la main. C’est un acte d’une gravité énorme, et un acte incompréhensible qui, pour moi et à la lumière de ce que je sais de cette histoire, ne s’explique que par le trouble psychiatrique. Un trouble psychiatrique qui doit être reconnu. Un trouble psychiatrique installé par des années d’angoisse, dû à l’indifférence et la survie que vivent les déboutés du droit d’asile.

Et ce sont des citoyens, des religieux, des missionnaires, qui dans l’ombre prennent soin de ces gens qui sont là sans être là. Peu d’associations le font puisqu’il n’y a pas de financement pour ce public la. Qui sont les fantômes de notre République des droits de l’homme. Qui bossent au black dans notre pays.

Aujourd’hui je peux dire que mon ami Emmanuel est devenu un meurtrier, lui qui avait fui son pays et tout risqué pour ne pas l’être. Il est devenu un meurtrier.

Mais jamais je n’oublierais qu’avant hier, lundi, il était d’abord une victime, une victime du Rwanda, et une victime d’une France qui ne lui a pas tendu la main alors qu’il avait besoin de secours, pendant de longues années.

Madame Le Pen se permet de s’emparer du sujet en le reliant à un acte terroriste, disant que cet homme n’aurait jamais dû venir en France. Elle se saisit d’une histoire qu’elle ne connaît pas comme d’un argument pour faire pencher la balance en sa faveur.

Cet homme comme tant d’autres est venu trouver refuge en France parce que nous sommes le pays des Droits de L’Homme. Mais nous ne lui avons pas donné refuge. Nous l’avons laissé dans la misère et sa souffrance a pris le dessus. Hier il a commis le pire.

Aucun de nous ne peut savoir s’il aurait supporté les souffrances d’Emmanuel. Celles du Rwanda, et celles de ces 9 dernières années en France. Moi, je ne pense pas que j’aurais pu les supporter. Déjà les lire dans un dossier c’était trop. Alors les vivre, non.

Au prêtre décédé hier, tué par l’ami qu’il hébergeait, avec l’espoir de le voir aller mieux : merci du fond de mon cœur ♥️ il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous avez tendu la main que la France n’a pas tendu à cet homme.

A tous, que celui qui a déjà vécu une vie comme celle d’Emmanuel lui jette la première pierre.

Moi, fille de fils d’immigré d’Algerie, j’ai eu la chance d’apprendre à écrire. Aujourd’hui je tenais à ce que ma plume témoigne de l’histoire d’un exilé, qui n’a lui pas eu la même chance que ma famille en France. Un exilé qui a été ignoré lorsqu’il tenait bon, et qui aujourd’hui est connu parce qu’il est tombé.

Voila, merci de m’avoir lue.

Cécile Issaad Murray
cecile.asolidaire@gmail.com

Ma tante, Odile Brousse, qui a hébergé Emmanuel plusieurs mois, tient à dire qu’elle co-signe cette lettre.
Vous pouvez partager, et largement si le cœur vous en dit.
[Merci pour ce témoignage dont la Modération propose quelques extraits ci-dessous pour ceux qui ne liraient pas ce long récit]

Je suis bouleversée parce que Emmanuel, le suspect, était mon élève et mon ami depuis 2013.

J’avais 24 ans lorsque j’ai connu Emmanuel. Aujourd’hui j’en ai 32. Emmanuel a mangé à notre table, nous avons été au musée ensemble, plusieurs fois je l’ai conduit ici ou là en voiture, seule, parce qu’Emmanuel était un homme bon et doux, profondément respectueux, avec lequel on se sentait en sécurité. Il a offert à la naissance de mon premier fils une peluche que nous avons toujours. Il a joué avec mes enfants.

Il a été hébergé par des membres de ma famille plusieurs mois, lorsqu’il n’avait nulle part où aller. Il était discret, gentil, était aimé de tous.

Il était chrétien, catholique.

Et il s’est beaucoup investi bénévolement au service de l’Eglise Catholique.

En 2013 j’ai lu en long et en large les documents qu’il a reçus où sa demande d’asile était refusée.
J’ai tout lu en ravalant mes larmes et j’ai attendu qu’il reparte de chez moi pour m’effondrer. C’était la première fois que je lisais les détails de son histoire. Je me demandais comment il pouvait tenir si calmement, sans suivi psychiatrique après ces horreurs.

Plusieurs fois, nous avons prié. Il était croyant, catholique. Il essayait de placer sa confiance en Dieu. Il passait du temps d’ailleurs à l’église. Il a même été rencontrer le Pape et était très fier d’une photo de lui qui lui serrait la main. L’Eglise, c’était sa bouffée d’oxygène.

Il y a eu un tournant, dans la santé mentale d’Emmanuel. C’était en hiver 2019 (?) il me semble. Ça faisait déjà longtemps qu’on ne s’était pas revus. Emmanuel est venu chez nous, balafré à la joue, ses lunettes cassées, dans un état de panique, il était confus, il pleurait, il n’arrivait pas à s’exprimer. Le regard dans le vide, il répétait qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été attaqué. Quelques jours plus tôt, sur le parvis de la cathédrale, il avait été attaqué.

Déjà l’année dernière à l’incendie de la cathédrale, de nombreuses personnes ont crié à l’attaque terroriste. Cette cathédrale, Emmanuel l’aimait beaucoup. C’était son lieu de travail et son lieu de recueillement. En quelque sorte, c’était chez lui.

Re: Encore un prêtre assassiné

par Altior » ven. 13 août 2021, 10:54

Fée Violine a écrit :
ven. 13 août 2021, 10:24
Et pour vous, un psychopathe doit aller en prison ? Ce n'est pas un malade qu'il faut soigner ?
Vous avez raison. Ainsi, si ce psychopathe était responsable au moment où il a mis le feu à la cathédrale, tout comme au moment où il a matraqué le religieux qui l'hébergeait, alors il doit aller en prison et y bénéficier de traitement. Là, il y a infirmerie, médecin, psychologue. Si le cas dépasse les moyens du milieu carcéral, alors il doit être envoyé exécuter sa peine dans une institution spécialisée pour les emprisonnés psychopathes. Oui, oui, ça existe, en Sarthe.

Si, par contre, il s'avère qu'il était irresponsable lors de ses deux crimes (irresponsable ça veut dire qu'il n'avait pas la représentation de ce qu'il fait au moments des faits, car n'imaginez pas que tous les psychopathes soient irresponsables par principe), alors il doit être, compte tenu de sa dangerosité, interné en psychiatrie, recevoir un traitement d'appointe, puis vite expulsé, pour qu'il puisse bénéficier d'un traitement adapté dans son pays.

En tout cas, le fait qu'un clandestin incendiateur se balade dans la rue, en dépit de trois ordres d'expulsion depuis 2017 et d'une mise en examen depuis un an est inacceptable et montre un grave impuissance de l'État. État qui, pourtant, s'avère très puissant contre ses opposants.

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