Bonjour Cheyenne,
j'ai lu vos messages et les réponses et cela a éveillé un écho en moi car j'étais dans la même situation (pas aussi difficile mais ...) il y a environ 5 ans.
Comme j'étais très démoralisée j'ai téléphoné à une association de soutien aux familles.
Pendant 5 minutes j'ai eu l'impression que la conversation était stérile et que ces personnes ne pouvaient rien comprendre.
Puis ça c'est décoincé, en fait je crois que la dame avait compris que je n'avais pas besoin de conseils sur
comment prendre soin de ma mère , mais sur
comment me protéger moi.
Là elle m'a donné des conseils très utiles et pratiques :
- poser des limites
- réfléchir à ce que je peux donner de mon temps et ce que je dois garder pour moi, mon mari, mes enfants.
- annoncer à l'avance à ma mère les moments où je viens et les actions que je prends en charge, et se tenir à ce calendrier.
- ne pas être troublée par ses récriminations : si elle est frustrée, c'est son problème, ça ne doit pas être le mien.
- se souvenir que si je suis mal moi je ne pourrais plus aider personne.
Cette conversation m'a beaucoup aidé donc je vous en fais part : vous pourrez peut être y trouver quelque chose d'aidant.
Après cela j'ai commencé à prendre du recul par rapport à l'investissement en temps que je passais au près de ma mère, et à mettre en place des solutions d'aide de tierces personnes : aide ménagère, courses, aide soignantes pour la toilette.
Ma mère opposait une résistance, notamment en faisant intervenir les pompiers pour m'obliger à écourter nos vacances auprès de mes beaux parents. Au passage : les pompiers sont des gens extraordinaires !
Mais j'ai tenu bon ; j'ai même pu aider mon mari et sa fratrie à trouver de bonnes solutions pour l'aide à mon beau-père qui se trouvait dans une situation pire que ma mère, avec un comportement encore plus manipulateur.
En fait tout est allé mieux à partir du moment où j'ai réalisé que je n'étais ni indispensable ni coupable.
Par ailleurs j'ai pris mieux en compte les avis et le ressenti de mon frère, avis qui se sont révélés très bons : ma mère étant tombé il y a 3 ans, l'hôpital nous a conseillé de la mettre dans un EPHAD. Mon frère a refusé net de payer (mon mari était d'accord pour payer la moitié !).
Heureusement que mon frère a refusé : j'ai trouvé une résidence pour personnes âgées autonomes, à prix correct. Aujourd'hui ma mère marche sans canne à 91 ans alors qu'il y a 3 ans elle se trainait en déambulateur !
Un médecin plus au courant de la gériatrie, des voisines qui l’entrainent ? Un miracle peut être ?
Dans l’Évangile nous avons beaucoup d'exemple de la gentillesse de Jésus, de son amour inconditionnel, du pardon à apporter aux offenses.
Mais il y a aussi des passages où Jésus montre l'exemple du comportement juste devant les abus : il s'élève contre les disciples qui veulent chasser les enfants; il s'élève contre les pharisiens qui reprochent aux gens de cueillir pour manger, il s'élève contre les pharisiens qui veulent l'empêcher de soigner le jour du sabbat.
La gentillesse n'exclut pas la fermeté et peut être qu'il ne faut pas être gentil devant l'injustice et les abus.
Nous aimons nos parents avec leurs défauts, mais peut être que nous ne sommes pas tenu d'aimer leurs défauts.
Quand nos parents parlent mal, à nous ou autrui, quand ils manipulent nous, nos frères et sœurs, quand ils crient pour embêter les voisins,
clairement ils ont tort. ça n'empêche pas qu'on les aime mais peut être qu'on doit essayer de les canaliser et de réduire leurs possibilités de nuisance. Le fait qu'on soit gentil ne doit pas faire qu'on peut aider des gens, fussent-ils nos parents, à être méchant.
J'en suis venu à ces réflexions lentement, j'ai pris conscience lentement que ma mère avait toujours eu un comportement un peu hystérique et tendance à se mettre en position de victime et à faire agir des gens, dont moi, pour soi disant la défendre. Et aussi pour faire croire à des gens qu'elle était victime, que moi j’abusais d'elle.
J'étais écœurée et démoralisée au début , maintenant, comme je pense que c'est une maladie, je lui pardonne de bon cœur. Mais je ne marche plus : là elle veut que j'écrive un courrier pour se plaindre de la directrice de la résidence. Je ne ferai pas cela.
Je ne sais pas si ce témoignage peut vous aider , j'espère un peu : prenez soin de vous, réfléchissez à la vie que vous voulez pour vous, et à la place juste mais pas proéminente de votre mère dans cette vie là.
Vous habitez à la campagne : peut être que vous aimez marcher ? Vous dites que vous n'avez plus de vie sociale : peut être qu'il y a des clubs ou associations qui vous intéresseraient dans le coin ? Mon conseil : annoncez à votre mère que telles heures, tels jours, vous avez vos activités et n'êtes pas disponible.
Amitiés