par Kerniou » dim. 17 mars 2019, 16:49
Ceux qui étaient connus en tant que tels n'ont pas eu la tâche facile … dans ma campagne natale de l'ouest de la France, les mères sont parties à Paris avant la naissance de leur enfant, souvent, stigmatisées. A cette époque on pensait que les filles et les femmes violées avaient suscité leur agression en se montrant " provoquantes "… même sans le vouloir … C'est dire combien dans les années d'après - guerre, la femme était encore perçue "comme fille de Satan"... le chanteur, Gérard Lenormand, est un de ces enfants et n'en fait pas de secret; je l'ai entendu témoigner. Il a été élevé par sa grand-mère dans le Cotentin.
Dans le village de ma famille maternelle, les soldats allemands étaient logés dans les familles françaises dont les chambres étaient "réquisitionnées" par les troupes allemandes non en fonction des places disponibles mais en fonction du nombre de soldats à loger…
Le draps étaient fournis et entretenus bénévolement par la famille.
Une veuve qui avait une fille et deux chambres (un grand lit et un lit d'une personne) s'est vue imposer 1 soldat allemand : Werner qui était un catholique pratiquant et un soldat très correct avec les français ...Werner savait fermer ses oreilles quand il entendait des choses qu'il n'aurait pas dû entendre en tant que sous- officier des troupes d'occupation …
Werner et la fille de la logeuse sont tombés amoureux et avaient le projet de se marier après la guerre …
Ils se rendaient à la messe ensemble. Ils faisaient souvent la même promenade et s'asseyaient toujours sur le même tronc d'arbre avant de rentrer.
Un jour du mois d'Avril 1944 une voiture s'est arrêtée; des pseudo résistants, inconnus de la jeune fille, les ont agenouillés face à face:
Ils l'ont tondue devant Werner, le forçant à regarder ; puis ils l'ont abattu devant elle, lui redressant la tête pour qu'elle regarde …
La scène a été vue par des enfants qui rentraient de l'école par un petit chemin et qui ont regardé à travers la haye.
Lors des procès de l'épuration, elle a été convoquée à la sous- préfecture ...
Elle s'y est rendue , de bonne foi, sans avocat, s'attendant à devoir raconter son histoire avec Werner ...
Elle était accusée d'avoir transmis à l'ennemi, des renseignements relatifs à une opération de la résistance … Opération qui avait échoué...
Elle ignorait les projets de la résistance … mais son voisin qui lui avait fait des avances qu'elle avait repoussées considérait qu'elle avait écouté ses conversations pour les divulguer à Werner; d'où l'opération ratée …
N'ayant pas pris d'avocat et sidérée par la gravité des accusations dont elle était l'objet, elle s'est mal défendue et s'est vue déchue de ses droits civiques et particulièrement du droit de vote pendant 20 ans ! ...
Mes parents m'ont raconté son histoire quand elle a recouvré le droit de vote …
Sa mère, qui vivait recluse est, ce jour-là, revenue avec sa fille et son gendre, à l'église qu'elle avait désertée depuis le procès.
La jeune fille était allée à Rennes où elle avait trouvé du travail, s'était mariée et avait fait sa vie…
Elle n'est revenue dans son village natal que le jour où elle a pu, enfin , voter ...
Voilà ce qui arrivait à une française de l'ouest de la France, fiancée en tout bien tout honneur à un soldat allemand …
Alors celles qui avaient des enfants … dans le péché ... et avec un ennemi...
J'ai connu, dans les années soixante, des filles qui partaient à Paris parce qu'elles attendaient un enfant ... Elles ne revenaient pas dans leur famille dont elles étaient la plupart du temps bannies pour des décennies …
Certaines ne sont revenues que des années et des années après: pour l'inhumation de leur père ...
Il est des pères qui ne voulaient même pas voir leur "fille perdue" à l'inhumation de leur mère ... certaines, avec la complicité d'une amie, y assistaient tout de même, mais pas avec leur famille ... dans l'assemblée ...
Ceux qui étaient connus en tant que tels n'ont pas eu la tâche facile … dans ma campagne natale de l'ouest de la France, les mères sont parties à Paris avant la naissance de leur enfant, souvent, stigmatisées. A cette époque on pensait que les filles et les femmes violées avaient suscité leur agression en se montrant " provoquantes "… même sans le vouloir … C'est dire combien dans les années d'après - guerre, la femme était encore perçue "comme fille de Satan"... le chanteur, Gérard Lenormand, est un de ces enfants et n'en fait pas de secret; je l'ai entendu témoigner. Il a été élevé par sa grand-mère dans le Cotentin.
Dans le village de ma famille maternelle, les soldats allemands étaient logés dans les familles françaises dont les chambres étaient "réquisitionnées" par les troupes allemandes non en fonction des places disponibles mais en fonction du nombre de soldats à loger…
Le draps étaient fournis et entretenus bénévolement par la famille.
Une veuve qui avait une fille et deux chambres (un grand lit et un lit d'une personne) s'est vue imposer 1 soldat allemand : Werner qui était un catholique pratiquant et un soldat très correct avec les français ...Werner savait fermer ses oreilles quand il entendait des choses qu'il n'aurait pas dû entendre en tant que sous- officier des troupes d'occupation …
Werner et la fille de la logeuse sont tombés amoureux et avaient le projet de se marier après la guerre …
Ils se rendaient à la messe ensemble. Ils faisaient souvent la même promenade et s'asseyaient toujours sur le même tronc d'arbre avant de rentrer.
Un jour du mois d'Avril 1944 une voiture s'est arrêtée; des pseudo résistants, inconnus de la jeune fille, les ont agenouillés face à face:
Ils l'ont tondue devant Werner, le forçant à regarder ; puis ils l'ont abattu devant elle, lui redressant la tête pour qu'elle regarde …
La scène a été vue par des enfants qui rentraient de l'école par un petit chemin et qui ont regardé à travers la haye.
Lors des procès de l'épuration, elle a été convoquée à la sous- préfecture ...
Elle s'y est rendue , de bonne foi, sans avocat, s'attendant à devoir raconter son histoire avec Werner ...
Elle était accusée d'avoir transmis à l'ennemi, des renseignements relatifs à une opération de la résistance … Opération qui avait échoué...
Elle ignorait les projets de la résistance … mais son voisin qui lui avait fait des avances qu'elle avait repoussées considérait qu'elle avait écouté ses conversations pour les divulguer à Werner; d'où l'opération ratée …
N'ayant pas pris d'avocat et sidérée par la gravité des accusations dont elle était l'objet, elle s'est mal défendue et s'est vue déchue de ses droits civiques et particulièrement du droit de vote pendant 20 ans ! ...
Mes parents m'ont raconté son histoire quand elle a recouvré le droit de vote …
Sa mère, qui vivait recluse est, ce jour-là, revenue avec sa fille et son gendre, à l'église qu'elle avait désertée depuis le procès.
La jeune fille était allée à Rennes où elle avait trouvé du travail, s'était mariée et avait fait sa vie…
Elle n'est revenue dans son village natal que le jour où elle a pu, enfin , voter ...
Voilà ce qui arrivait à une française de l'ouest de la France, fiancée en tout bien tout honneur à un soldat allemand …
Alors celles qui avaient des enfants … dans le péché ... et avec un ennemi...
J'ai connu, dans les années soixante, des filles qui partaient à Paris parce qu'elles attendaient un enfant ... Elles ne revenaient pas dans leur famille dont elles étaient la plupart du temps bannies pour des décennies …
Certaines ne sont revenues que des années et des années après: pour l'inhumation de leur père ...
Il est des pères qui ne voulaient même pas voir leur "fille perdue" à l'inhumation de leur mère ... certaines, avec la complicité d'une amie, y assistaient tout de même, mais pas avec leur famille ... dans l'assemblée ...