Bonjour DA95,
DA95 a écrit :Un Gentil Athée a écrit :Non, ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit que le but de l'agir éthique est de développer (et exprimer) la potentialité de l'être, de la personne, non pas des actes.
C'est vrai vous l'avez dit. Mais pour déterminer le potentiel de l'être il faut l'évaluer et donc en connaître la limite. Peut-être alors se tromper, relativiser ce potentiel, ne pas en saisir la grandeur et la dignité.
L'être est il que potentiel?
Le développement du potentiel fait partie de ce que j'ai appelé la délibération des moyens (2eme moment de l'acte libre)
La potentialité fait donc bien partie de l'acte.
Je crains que nous nous soyons mal compris au sujet de cette notion de potentialité. Je ne l'entendais pas au sens d'une puissance aristotélicienne, mais comme une capacité active. Relisez ce que j'avais écrit entre parenthèses pour préciser le sens de ce terme de potentialité : connaissance de soi, compétences, savoirs, volonté.
Pour éclairer cela, je vais prendre un exemple concret :
Considérons un bébé qui vient de naître et un professeur de mathématiques. Tous deux ont la potentialité, au sens aristotélicien, de résoudre un système de deux équations à deux inconnues. Mais seul le professeur de mathématiques a la potentialité, au sens où je l'entends, de le faire.
Le but de l'agir éthique est le bonheur.
Ah, ravi que vous ayez changé d'avis à ce sujet
Vous pouvez être heureux sans développer votre potentiel. Deux exemples: en aimant ou se donnant vous me direz qu'en aimant ou donnant je me réalise moi même et donc que je développe mon potentiel. Mais le but de l'amour et du don n'est pas dans la réalisation de moi-même, bien que l'assument (cette réalisation) elle la dépasse car dans l'amour je recherche le bien de l'autre.
Ca ne contredit en rien mes propos. Que le but final soit le développement et l'expression du potentiel de tous et de chacun n'empêche pas que l'on puisse choisir, dans le concret de l'existence, de privilégier d'abord, comme but intermédiaire, le développement et l'expression du potentiel d'autrui.
Oui j'ai écrit trop vite. Ce n'est pas sur le plaisir que je vous demande de démontrer. Votre "non" porté sur le don. Je reformule demontrez ce non là
Non, ça peut être un don lorsqu'elle ne vise pas la recherche du plaisir pour lui-même.
Dit autrement en quoi, comment, pourquoi la masturbation pourrait être un don?
Supposons que la masturbation ne soit jamais un don. Elle serait ainsi semblable, par cet aspect, à une myriade d'autres activités humaines qui ne sont semblablement pas des dons, mais qui, pour autant, ne subissent pas les foudres de votre jugement moral. Si par exemple je vais me promener à bicyclette seul, ou que je me coupe les ongles, ou que je me bois un thé seul dans mon appart, il ne s'agit pas de dons (du moins je ne crois pas). Or ces activités ne sont pas rendues immorales du simple fait qu'elles ne sont pas des dons. Par conséquent, si la masturbation n'est pas un don, cela ne suffit pas à la qualifier d'immorale.
Cependant, je crois que la masturbation peut être un don, si par exemple elle est pratiquée au sein du couple. Pourquoi ? Reprenons quelques exemples concrets : si je donne un pot de Nutella à ma femme, c'est un don ; si je vais au ciné avec ma femme et que je lui paye sa place, c'est un don ; si je masse les pieds de ma femme, c'est un don ; si je nettoie la voiture de ma femme, c'est un don ; si je serre ma femme contre moi par amour, c'est un don ; si je discute philosophie avec ma femme ou si on se confie nos misères, c'est un échange, donc c'est un don. Donc, 99,9% des activités impliquant moi, ma femme, et consistant en le fait d'apporter un bien ou de prodiguer un service ou d'exprimer mon amour ou ma bienveillance, à destination de ma femme, est un don. Pourquoi serait-ce différent si je masturbe ma femme ? La charge de la preuve vous incombe.
dans 99,9% des actes humains, l'absence de potentialité procréative n'a strictement aucune espèce d'importance morale. Pourquoi est-ce différent avec la masturbation ? La charge de la preuve vous incombe...
Je suis d'accord avec vous quand vous dites cela, "dans 99,9% des actes humains, l'absence de potentialité procréative n'a strictement aucune espèce d'importance morale." Pourquoi cela change dans le cas de la masturbation, car elle est un acte avec un sexe. Un acte où la sexualité de l'homme s'exprime.
Or donc ? Un acte peut n'exprimer que partiellement une dimension de l'humanité, sans pour autant être immoral. Par exemple, porter un kilo exprime la puissance musculaire de l'homme, mais pas toute sa puissance musculaire (un homme normalement constitué peut porter davantage). Regarder des images fixes en noir et blanc exprime partiellement la vision humaine, qui est également capable de saisir les couleurs et le mouvement, etc.
un acte qui est vraiment vrai que dans la radicalité de l'union d'un homme et d'une femme.
Je ne vois pas pourquoi. Vous semblez partir du principe qu'un acte n'est vrai que s'il exprime la totalité de la dimension dont il est l'expression. Or, par mes exemples précédents, vous voyez bien que tel n'est pas le cas.
J'ajoute (mais je ne fais que répéter ce que j'ai déjà dit dans un message précédent) qu'une union charnelle avec une personne stérile ne présente aucune potentialité procréatrice. Une telle union n'exprime donc pas la totalité de la dimension sexuelle de l'humanité, de même que le déplacement laborieux d'un unijambiste n'exprime pas la totalité de la dimension locomotrice de l'humanité. Vous me direz que le couple stérile fait du moins ce qu'il peut pour exprimer la dimension sexuelle de l'humanité, et que l'unijambiste fait ce qu'il peut pour exprimer la dimension locomotrice de l'humanité. Mais le couple fécond qui choisit délibéremment de s'unir seulement durant les périodes infécondes de la femme, parce qu'ils ont déjà 12 enfants, n'exprime pas davantage la totalité de la dimension sexuelle de l'humanité que ne le fait le même couple fécond avec 12 enfants, qui choisit lui la sexualité non-reproductive.
C'est clair, la sexualité s'exprime au sein du couple. Dans la union de ce qui est séparé (Cf. secare) à savoir les sexes. Et pour qu'elle ne soit pas un mensonge, une diminution de la vérité qu'elle porte il faut une donation personnelle totale. Ce qui suppose puisque l'on parle d'un acte engagant la totalité de ma personne de ne pas séparer les deux significations de la l'union conjugale (on y revient encore).
Justement, si la sexualité potentiellement procréatrice est un acte qui engage la totalité de la personne, il n'en est pas de même pour la sexualité non-procréatrice par nature. Vous ne pouvez donc pas arguer que la sexualité non-procréatrice par nature est immorale du simple fait qu'il ne faut pas séparer les significations d'un acte qui engage la totalité de la personne, puisque précisément, la dite séparation supprime les conditions requises pour que cet acte engage la totalité de la personne. Par conséquent, sa vérité n'implique plus une donation totale. C'est comme si vous jugiez la façon d'écrire une langue, sur la base de la grammaire, de l'orthographe et du vocabulaire d'une autre langue.
Autrement dit, un acte sexuel n'engage plus la totalité de la personne à partir du moment où ses deux significations sont séparées. Par conséquent, l'expression adéquate et véritable de cet engagement personnel partiel, n'est plus une donation personnelle totale, mais une donation personnelle partielle.
(NB : J'essaye d'utiliser votre vocabulaire selon le sens que vous lui donnez. Cela dit, je ne vois pas en quoi on ne pourrait pas parler de don personnel total pour une personne qui secourt les sans-abris, quand bien même ce secours n'impliquerait pas une union charnelle potentiellement procréatrice avec les sans-abris en question
)
Pour le reste, je vous renvoie aux réponses très pertinentes de Baroque.
Bien cordialement,
Mikaël