Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

« Dieu leur donnera peut-être de se convertir et de connaître la vérité. » (2Tm 2.25)
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Cinci » sam. 11 sept. 2010, 21:26

Yves54,

Vous auriez intérez à creuser davantage, nuancer et indiquer parfois la limite de vos propos. Il y a eu une levée des excommunications réciproques en 1965, du temps de Paul VI. Ainsi, l'Église catholique ne considère pas les chrétiens orthodoxes tels que pour devoir être collectivement des hérétiques. Eh non ! Ce ne sera pas le langage de Benoit XVI non plus. On peut le dire.

Ce n'est pas à partir d'une pauvre entrée de dictionnaire profane glanée sur internet que l'on va pouvoir se permettre ensuite de qualifier généreusement tout-un-chacun d'hérétique, en particulier des centaines de millions de chrétiens dans le monde.

La disproportion est tout de même énorme entre la légèreté avec laquelle vous voulez manipuler ici un terme semblable, la facilité avec laquelle vous expédiez ce mot à la cantonnade, puis inversement la lourdeur du sens réel que ce même mot est sensé couvrir.

BREF

Vous devriez faire un peu plus attention quant à votre propos, mais quand ce le serait pour penser représenter ensuite avec ça comme le point de vue de toute l'Église.

Merci d'avance.

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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Yves54 » dim. 12 sept. 2010, 19:13

Le message vaut aussi pour Cinci
le gyrovague a écrit :
Si l'Eglise catholique considère que les orthodoxes sont hérétiques, pourquoi, dans ce cas, reconnait-elle la validité des sacrements entre catholiques et orthodoxes ?
Ce sont deux choses différentes...

Un hérétique est quelqu'un qui professe au moins un dogme contraire à la Foi Catholique ou qu'il ne reconnait pas au moins un dogme de la Foi Catholique. Donc les orthodoxes sont des hérétiques. Je ne vois pas en quoi cela les empêche d'avoir des sacrements valides si le sacerdoce de leurs prêtres et évêques sont ininterrompus depuis les apôtres et s'ils utilisent les bonnes formules pour la consécration et l'ordination diaconale, presbytérale et épiscopale.




Par ailleurs, l'excommunication punie des catholiques pour des fautes (pas forcément doctrinale, regardez le cas de Mgr Lefebvre) donc un excommunié n'est pas forcément hérétique tout comme un hérétique n'est pas forcément excommunié (on le voit avec certains évêques français...). Il ne faut pas confondre l'erreur de Foi (l'hérésie) et la condamnation (l'excommunication).
« Commettre des erreurs est le propre de l'humain, mais il est diabolique d'insister dans l'erreur par orgueil »
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Yves54 » dim. 12 sept. 2010, 19:15

Pour le début du message, mon précédent post y répond.
Cinci a écrit : Vous devriez faire un peu plus attention quant à votre propos, mais quand ce le serait pour penser représenter ensuite avec ça comme le point de vue de toute l'Église.

Merci d'avance.
Dites moi où je suis en contradiction avec ce qu'enseigne l'Église. Surtout quand vous ne faites pas la distinction entre hérésie et excommunication...
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par archi » dim. 12 sept. 2010, 20:55

Yves54 a écrit :Par ailleurs, l'excommunication punie des catholiques pour des fautes (pas forcément doctrinale, regardez le cas de Mgr Lefebvre) donc un excommunié n'est pas forcément hérétique tout comme un hérétique n'est pas forcément excommunié (on le voit avec certains évêques français...). Il ne faut pas confondre l'erreur de Foi (l'hérésie) et la condamnation (l'excommunication).
Juste une question, quelle est la différence entre être excommunié et... ne pas être en communion avec quelqu'un? C'est la même notion me semble-t-il.

Il y a une chose certaine, c'est qu'actuellement, l'Eglise Catholique et l'Eglise Orthodoxe ne sont pas en communion.

Pour la levée des excommunications par Paul VI et Athénagoras, il me semble qu'elle ne concernait que l'excommunication mutuelle du patriarche Michel Cérulaire et du légat Hubert de Moyenmoutier en 1054, bref des excommunications de personnes et pas d'Eglises entières. Excommunication mutuelle qui, si elle marque un tournant, ne marque pas pour autant la fin de l'intercommunion, ni même le début de la rupture: d'une part il y a eu de multiples ruptures temporaires bien avant, d'autre part l'intercommunion a susbisté assez tard de façon plus ou moins restreinte. On ne peut pas dater formellement la séparation des 2 Eglises, seulement constater qu'actuellement, cette séparation (dans le sens d'une rupture de communion) est totale.

L'hérésie, c'est un autre problème. Déjà, il faut bien être conscient qu'une bonne partie des orthodoxes ne se gêne pas pour proclamer l'hérésie des catholiques, en particulier à cause du filioque mais pas seulement. D'autres (le patriarcat de Moscou peut-être) ne semblent pas le penser, mais cela risque d'être le plus gros problème pour une éventuelle réunion. Il faut savoir aussi que les diverses Eglises orthodoxes ne se gênent pas pour reconfirmer, voire rebaptiser des catholiques qui viennent chez elles (ce qui est un péché grave du point de vue catholique, et pas seulement catholique d'ailleurs quand on considère les positions des Eglises pré-Chalcédoniennes sur cette question, à ce que j'en sais elles ont globalement la même vision des sacrements que l'Eglise catholique).

Ensuite, en cas de réunion, je vois mal comment on pourrait tenir les Conciles du 2e millénaire comme ayant autorité pour les orthodoxes alors qu'ils n'y ont pas participé. La réunion éventuelle devra donc nécessairement définir une minorité de dogmes sur lesquels on pourra mais aussi devra s'entendre pour que la foi de chacun ne soit pas bradée. L'Assomption ne devrait pas poser de problème sérieux, l'Immaculée Conception devrait passer si les orthodoxes admettent une définition réputée n'avoir guère de sens dans leur théologie, pour le Pape, la vision de son rôle précis... reste la 1ere question à résoudre. C'est d'ailleurs, pour ce que j'ai pu en comprendre, la raison 1ere de la divergence entre la sphère romaine et celle du patriarcat de Constantinople... depuis que l'empereur Constantin a déplacé sa capitale dans cette dernière ville au IVe Siècle, c'est dire si c'est vieux.

Bref, rien n'est simple et rien n'est fait.

Reste quand même l'impression persistante chez beaucoup de chrétiens honnêtes de ces 2 Eglises, que des divergences qui ne sont pas nouvelles et n'ont pourtant pas empêché les 2 Eglises d'être, globalement, unies lors du 1er millénaire, ne justifient pas qu'elles continuent à être 2 Eglises séparées.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Re: Les apparitions en général

Message non lu par le fureteur » dim. 12 sept. 2010, 21:03

Yves 54,

J'ai l'impression que l'on dévie tout à fait du sujet initial qui, je vous le rappelle, est : "les apparitions". Là depuis quelques jours, c'est l'apologie du protestantisme que vous faites. Il faudrait peut-être ouvrir un sujet spécifique sur ce thème.
A mon intervention précédente, vous m'avez répondu que la seule façon de s'entendre avec nos "frères chrétiens", c'est la conversion. C'est à dire "retour à la case départ" Dites faut pas rêver ! Comment dire à ces personnes qui ont reçu l'instruction religieuse de leurs aïeux "Vous vous plantez" ? Les protestants prient le même Dieu que nous et lisent le même Evangile transmis par les apôtres. Ce sont des chrétiens et leur baptême est reconnu par l'Eglise catholique romaine. S'ils passent au catholicisme ils ne seront pas à nouveau baptisés. Je parle pour les Eglises officielles (luthériens, réformés, certains évangéliques), pour les membres des sectes j'avoue que je ne sais pas.
Quant aux orthodoxes et aux anglicans ils ne sont pas hérétiques, mais ils sont schismatiques. S'il vous plaît ne nous tapons pas dessus entre chrétiens. Nous sommes tous frères... même séparés. Rappelez vous que le Seigneur a dit : "Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père". Il n'a pas condamné les différences, Il a condamné le Mal.
Fraternellement à vous.
"Ce qui te préoccupe, Dieu s'en occupe" Fr. Roger de Taizé

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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Cinci » lun. 13 sept. 2010, 6:23

Yves54,

Mais pourriez-vous me montrer vous-même la déclaration magistérielle à l'effet que tous les chrétiens orthodoxes seraient des hérétiques ? Je ne pense pas. Il n'y a pas de jugement global comme vous le suggeriez. Telle Église orthodoxe n'est peut-être pas en pleine communion avec le diocèse à Rome, il n'en signifie pas qu'elle doit être composée d'un ramassis d'hérétiques. Il est plus de bien que de mal dans l'Église orthodoxe et chez les orthodoxes eux-mêmes. Je ne peux pas vous expliquer cela en deux lignes mais ce que je vous dis là sur ces considérations concernant l'hérésie, pour moi c'est suite à la lecture surtout d'un grand ouvrage du cardinal Journet, L'Église du Verbe incarné.

http://christopheferey.over-blog.net/ar ... 00438.html
( vous cliquerez sur le lien pour découvrir un peu sa vie. Il y a un vidéo fort passionnant pour découvrir l'homme derrière Gaudium et Spes).

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Et .... ah oui !

Message non lu par Cinci » lun. 13 sept. 2010, 6:38

«Dieu ne nous demande jamais que le oui que nous pouvons donner à ce moment-ci de notre vie.»

( Une phrase qui est pas mal intéressante soit dit en passant. Elle peut être bonne à méditer avant de s'empresser à qualifier d'hérétique qui que ce soit. C'est dans le blog où se situe le document mis en lien )

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Yves54
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Yves54 » lun. 13 sept. 2010, 20:36

A mon intervention précédente, vous m'avez répondu que la seule façon de s'entendre avec nos "frères chrétiens", c'est la conversion.
Oui, parce que :
CEC a écrit :169 Le salut vient de Dieu seul ; mais parce que nous recevons la vie de la foi à travers l’Église, celle-ci est notre mère : " Nous croyons l’Église comme la mère de notre nouvelle naissance, et non pas en l’Église comme si elle était l’auteur de notre salut " (Faustus de Riez, Spir. 1, 2 : CSEL 21, 104). Parce qu’elle est notre mère, elle est aussi l’éducatrice de notrefoi.
CEC a écrit :" Hors de l’Église point de salut "

846 Comment faut-il entendre cette affirmation souvent répétée par les Pères de l’Église ? Formulée de façon positive, elle signifie que tout salut vient du Christ-Tête par l’Église qui est son Corps :

Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du Baptême, c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du Baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Église catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés (LG 14).

847 Cette affirmation ne vise pas ceux qui, sans leur faute, ignorent le Christ et son Église :

En effet, ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel (LG 16 ; cf. DS 3866-3872).

848 " Bien que Dieu puisse par des voies connues de lui seul amener à la foi ‘sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu’ (He 11, 6) des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile, l’Église a le devoir en même temps que le droit sacré d’évangéliser " (AG 7) tous les hommes.


La mission – une exigence de la catholicité de l’Église


849 Le mandat missionnaire. " Envoyée par Dieu aux nations pour être le sacrement universel du salut, l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement de son fondateur est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes " (AG 1) : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 19-20).

850 L’origine et le but de la mission. Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : " De par sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père " (AG 2). Et but dernier de la mission n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour (cf. Jean-Paul II, RM 23).

851 Le motif de la mission.. C’est de l’amour de Dieu pour tous les hommes que l’Église a de tout temps tiré l’obligation et la force de son élan missionnaire : " car l’amour du Christ nous presse... " (2 Co 5, 14 ; cf. AA 6 ; RM 11). En effet, " Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité " (1 Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l’Église à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle croit au dessin universel de salut qu’elle doit être missionnaire.

852 Les chemins de la mission." L’Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale " (RM 21). C’est lui qui conduit l’Église sur les chemins de la mission. Celle-ci" continue et développe au cours de l’histoire la mission du Christ lui-même, qui fut envoyé pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle ; c’est donc par la même route qu’a suivi le Christ lui-même que, sous la poussée de l’Esprit du Christ, l’Église doit marcher, c’est-à-dire par la route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation de soi jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection " (AG 5). C’est ainsi que " le sang des martyrs est une semence de chrétiens " (Tertullien, apol. 50).

853 Mais dans son pèlerinage l’Église fait aussi l’expérience de la " distance qui sépare le message qu’elle révèle et la faiblesse humaine de ceux auxquels cet Évangile est confié " (GS 43, § 6). Ce n’est qu’en avançant sur le chemin " de la pénitence et du renouvellement " (LG 8 ; cf. 15) et " par la porte étroite de la Croix " (AG 1) que le Peuple de Dieu peut étendre le règne du Christ (cf. RM 12-20). En effet, " comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la Rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut " (LG 8).

854 Par sa mission même " l’Église fait route avec toute l’humanité et partage le sort terrestre du monde ; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l’âme de la société humaine appelée à être renouvelée dans le Christ et transformée en famille de Dieu " (GS 40, § 2). L’effort missionnaire exige donc la patience. Il commence par l’annonce de l’Évangile aux peuples et aux groupes qui ne croient pas encore au Christ (cf. RM 42-47) ; il se poursuit dans l’établissement de communautés chrétiennes qui soient des " signes de la présence de Dieu dans le monde " (AG 15), et dans la fondation d’Églises locales (cf. RM 48-49) ; il engage un processus d’inculturation pour incarner l’Évangile dans les cultures des peuples (cf. RM 52-54) ; il ne manquera pas de connaître aussi des échecs. " En ce qui concerne les hommes, les groupes humains et les peuples, l’Église ne les atteint et ne les pénètre que progressivement, et les assume ainsi dans la plénitude catholique " (AG 6).

855 La mission de l’Église appelle l’effort vers l’unité des chrétiens (cf. RM 50). En effet " les divisions entre chrétiens empêchent l’Église de réaliser la plénitude de catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes, lui appartiennent par le Baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine communion. Bien plus, pour l’Église elle-même, il devient plus difficile d’exprimer sous tous ses aspects la plénitude de la catholicité dans la réalité même de sa vie " (UR 4).

856 La tâche missionnaire implique un dialogue respectueux avec ceux qui n’acceptent pas encore l’Évangile (cf. RM 55). Les croyants peuvent tirer profit pour eux-mêmes de ce dialogue en apprenant à mieux connaître " tout ce qui se trouvait déjà de vérité et de grâce chez les nations comme par une secrète présence de Dieu " (AG 9). S’ils annoncent la Bonne Nouvelle à ceux qui l’ignorent, c’est pour consolider, compléter et élever la vérité et le bien que Dieu a répandus parmi les hommes et les peuples, et pour les purifier de l’erreur et du mal " pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme " (AG 9).

Il faut convertir les "frères" séparés. Ce n'est pas une option. Car si effectivement ils peuvent arriver au Salut par la grâce de Dieu, il ne doit pas pouvoir nous être reproché à nous, catholiques, de ne pas avoir évangélisé pour les amener au Salut si ils se retrouvent en enfer.



C'est à dire "retour à la case départ" Dites faut pas rêver !
J'aurais plutôt dit : "Retour dans la maison du Père".

Comment dire à ces personnes qui ont reçu l'instruction religieuse de leurs aïeux "Vous vous plantez" ?
Par la grâce de l'Esprit Saint qui est force d'évangélisation.

Les protestants prient le même Dieu que nous et lisent le même Evangile transmis par les apôtres.
Le même Dieu, oui, il est trine. Le même Christ j'ai personnellement de très gros doutes.
Ce sont des chrétiens et leur baptême est reconnu par l'Eglise catholique romaine.
Les musulmans se feraient baptiser au "Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit" qu'ils auraient un baptême reconnu par l'Église. Mais ça ne ferait pas d'eux des chrétiens.

Foules d'athées ont reçus le baptême, aucun n'est chrétien.



S'ils passent au catholicisme ils ne seront pas à nouveau baptisés. Je parle pour les Eglises officielles (luthériens, réformés, certains évangéliques), pour les membres des sectes j'avoue que je ne sais pas.
Un sacrement est valide et intemporel. Donc c'est normal. Encore une fois, ça n'engage en rien leur chrétienté.

Quant aux orthodoxes et aux anglicans ils ne sont pas hérétiques, mais ils sont schismatiques.
Ils sont hérétiques ET schismatiques.

Hérétiques : ils renient au moins le dogme de l'infaillibilité pontificale.
Schismatiques : ils ont quittés la Sainte Église Catholique.

S'il vous plaît ne nous tapons pas dessus entre chrétiens. Nous sommes tous frères... même séparés. Rappelez vous que le Seigneur a dit : "Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père". Il n'a pas condamné les différences, Il a condamné le Mal.
Fraternellement à vous.

Belle fin en apologie du relativisme !
Vous prenez une phrase de l'évangile, et hop ! un petit tour de passe passe et elle se transforme dans le sens du relativisme. Magnifique ! Seulement relisez les passages du catéchisme que j'ai posté, il y a une seule maison du Père : l'Église Catholique.

Pour information, cette phrase de l'évangile veut dire que tous le monde est appelé à demeurer auprès du Père. Cela ne veut pas dire qu'on y demeure n'importe comment.
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Yves54 » lun. 13 sept. 2010, 20:45

Cinci a écrit :Yves54,

Mais pourriez-vous me montrer vous-même la déclaration magistérielle à l'effet que tous les chrétiens orthodoxes seraient des hérétiques ? Je ne pense pas. Il n'y a pas de jugement global comme vous le suggeriez. Telle Église orthodoxe n'est peut-être pas en pleine communion avec le diocèse à Rome, il n'en signifie pas qu'elle doit être composée d'un ramassis d'hérétiques. Il est plus de bien que de mal dans l'Église orthodoxe et chez les orthodoxes eux-mêmes. Je ne peux pas vous expliquer cela en deux lignes mais ce que je vous dis là sur ces considérations concernant l'hérésie, pour moi c'est suite à la lecture surtout d'un grand ouvrage du cardinal Journet, L'Église du Verbe incarné.

http://christopheferey.over-blog.net/ar ... 00438.html
( vous cliquerez sur le lien pour découvrir un peu sa vie. Il y a un vidéo fort passionnant pour découvrir l'homme derrière Gaudium et Spes).

Qu'il y est plus de bien que de mal chez les orthodoxes, c'est un fait. Cela n'enlève rien en ce qu'ils soient des hérétiques.
CEC a écrit :2089 L’incrédulité est la négligence de la vérité révélée ou le refus volontaire d’y donner son assentiment. " L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité. L’apostasie est le rejet total de la foi chrétienne. Le schisme est le refus de la soumission au Souverain Pontife ou de communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis " (⇒ CIC, can. 751).

Donc résumons, les orthodoxes :
- schismatiques car : "Le schisme est le refus de la soumission au Souverain Pontife ou de communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis"
- hérétiques car : L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique (ici l'infaillibilité pontificale)
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Re: Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

Message non lu par Cinci » mer. 15 sept. 2010, 5:19

Bonjour,

Alors merci d'avoir crée ce fil, cette espace. Vous me verrez comme forcé de mettre un peu de lectures. Ce sera des extraits de l'Église du Verbe incarné. C'est le livre que vous pouvez apercevoir sur le vidéo dont j'aurai déjà glissé le lien. Il est très recommandable le livre, et le vidéo aussi.

On plonge tout de suite :
  • Les critères de l'héréticité.

    S'il est vrai que l'hérésie est un péché, non une erreur, et qu'une doctrine de soi contraire à la foi ne devient hérétique qu'au moment où il se trouve un chrétien pour la soutenir avec pertinacité, on ne devra parler d'hérétiques et d'hérésies qu'à propos d'une doctrine : 1) contraire à la foi divine et catholique 2) soutenue par un chrétien 3) avec pertinacité.

    [...]

    C'est le troisième point surtout qui fera difficulté. Il s'ensuit que le critère de l'héréticité sera finalement le critère de la pertinacité, ou en d'autres termes de la culpabilité. On est donc rejeté sur le plan du probable et du vraisemblable. Même dans les cas les plus nets on ne dépassera pas les assurances de l'ordre moral. Un tel jugement ne saurait relever du magistère infaillible. L'homme qui se comporte comme un hérétique, et qui est selon toute vraisemblance un hérétique, n'est peut-être au vrai qu'un psychopathe. C'est Dieu qui juge les consciences, non les canonistes. Ils n'échappent pas à l'erreur judiciaire. Ils le savent : «Ces genres de décisions, dans lesquelles les juges s'efforcent, à partir d'indices et de vestiges, de pénétrer dans le coeur des hommes, ne sont guères que conjecturales »

    [...]

    Les anciens canonistes énuméraient les signes auxquels de leur temps les tribunaux ecclésiastiques convenaient de s'en remettre pour déceler le crime d'hérésie. Ils décrivaient de la sorte une notion jurisprudentielle, toute pragmatique et phénoménale, disons - si les canonistes y consentaient - une notion purement canonique de l'hérésie, destinée à sous-tendre la notion théologique en vue des exigences de la vie pratique. Même ceux qui s'efforçaient d'en user prudemment n'étaient pas garantis contre les erreurs. Elles ont été nombreuses, tragiques. En un sens tous les erreurs des chrétiens sont tragiques. Dans le système de la chrétienté sacrale, les erreurs en matière d'hérésie, comme celles aussi des procès de sorcelleries, étaient sanglantes, monstrueuses.

    Aujourd'hui, le système de la chrétienté sacrale est définitivement révolu. On pourra, on devra continuer de juger de l'héréticité, de dire d'un tel homme qu'il est coupable d'hérésie, et d'agir en conséquence : «Après un ou deux avertissements, éloigne-toi de l'homme hérétique, sachant qu'un homme de cette espèce est perverti et qu'en péchant il se condamne lui-même» (Tit,. III, 10-11). Mais, dans le régime de la chrétienté présente, les conséquences et les sanctions de l'hérésie sont redevenues ce qu'elles étaient aux temps apostoliques.

    Sur le texte de saint Paul que nous venons de citer, saint Augustin écrit : « Ceux qui défendent leur opinion, même fausse et funeste, sans esprit de pertinacité, nulla pertinaci animositate, surtout lorsqu'elle est, non pas le fruit de leur audace et de leur présomption, mais l'héritage de parents séduits et tombés dans l'erreur, s'ils cherchent la vérité avec une prudente sollicitude et sont prêts, quand ils l'auront trouvée, à corriger leurs erreurs, ne doivent en aucune façon être rangés parmi les hérétiques »

    Source : Charles Journet, L'Église du Verbe incarné; II sa structure interne et son unité catholique, tome III, dir.Mgr Pierre Mamie; R.P. Georges Cottier o.p. (théologien de la maison pontificale), Éditions Saint-Augustin, 2000, 2276 p. [ cit. p. 1354]

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Re: Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

Message non lu par Cinci » mer. 15 sept. 2010, 5:31

( La dissidence, le schisme )


  • ... ce qui empêche l'entente, c'est, dit-il, d'une part, que nous sommes trop peu catholiques, trop enclins à nous satisfaire des accoutumances de l'esprit latin, trop paresseux pour apprendre à estimer les formes de vie spirituelle d'autrui; et que, d'autre part, les pravoslaves sont trop peu orthodoxes, trop grevés d'influences malsaines, hétérodoxes et séparatistes, trop oublieux de certains principes de doctrine et d'action qui ont fait la grandeur de l'ancienne orthodoxie, non-séparée de Rome. Pour nous catholiques, efforçons-nous de sortir des petits horizons locaux que nous croyons parfois et à tort être ceux de l'Église catholique; montrons un coeur accueillant à tout ce qu'il y a de vraiment orthodoxe dans la vie des dissidents orientaux ; il n'y a pas à craindre pour l'intégrité du catholicisme, puisque toute valeur positive de la pravoslavie se trouve, sinon en acte du moins en puissance dans les forces vives du catholicisme. Ayons un coeur large comme celui de notre Maître qui savait trouver le bien chez tous les hommes de bonne volonté. Et demandons à nos frères séparés de libérer la vraie orthodoxie d'origine préséparatiste des multiples superstructures hétérogènes qui la recouvrent et qui sont dues en partie à la pression de l'idée impériale byzantine et en partie aux infiltrations doctrinales venues d'une Europe anticatholique; demandons-leur de construire toute leur vie religieuse dans le prolongement de cette antique orthodoxie authentique. Ne nous fâchons pas quand nos frères séparés nous montrent nos étroitesses, nos manques d'esprit catholique, nos lacunes intellectuelles ou morales. De quel droit demander aux pravoslaves d'être orthodoxes, si nous nous contentons d'un catholicisme de passeport et si, au lieu de nous efforcer de réaliser plus sérieusement en nous l'idéé catholique, nous la compromettons dans des manières de parler ou d'agir qui sentent le particularisme, l'égoïsme, l'esprit de clocher.

    [...] au point de vue historique, pour ce qui touche aux responsabilités du triste état de désunion des chrétiens, il faut en finir avec les solutions qui consistent à jeter toute la faute sur l'adversaire. L'Église catholique, elle, n'a pas pris la voie de l'erreur; mais les catholiques des siècles passés, même très haut placés dans la hiérarchie ecclésiastique, ont une très grande part de responsabilité dans la tragédie du monde chrétien. Combien de fois, dans nos rapports avec les dissidents, et avant même qu'ils ne fussent tels, avons-nous pris une attitude méprisante, offensante, provocante ! Encore une fois, reconnaissons que trop souvent nous avons fait preuve d'un manque d'esprit catholique vraiment déplorable. Il suffit de rappeler les horreurs commises par les croisés à Constantinople, si sévèrement condamnées par Innocent III; encore la conduite des voisins occidentaux de la Russie aux moments les plus durs de son existence [...] certes, nos frères des Églises séparées nous ont rendu avec largesse la même monnaie, mais cela ne change rien au fait que nous avons commis des actions peu glorieuses et d'autres fort peu édifiantes. Sur ce terrain, nous avons à nous pardonner mutuellement nos erreurs sans chercher à défendre l'indéfendable.

    [...]

    il faudra s'armer de patience et de discernement [...] avec le matériel que nous avons, nous pouvons nous faire une idée suffisamment exacte des voies par lesquelles un nombre notable de chrétiens séparés, pieux et sincères, sont arrivés à un degré de perfection sans aucun doute très élevé. Que d'actes héroïques, quelle constance dans la générosité, quelle dévotion au Christ ! Cela ne doit pas nous étonner. Les vrais saints pravoslaves - non pas les saints canonisés par des autorités illégitimes pour des raisons politiques ou d'ordinnaire trop humaine - ont toujours agi, non seulement en pleine bonne foi, mais encore en vertu de principes de sanctifications communs aux pravoslaves et aux catholiques; ils ne se sont jamais nourris spirituellement de doctrines anticatholiques; ils ont eu foi au grand principe sanctificateur qui détermine la constitution de l'Église catholique, à savoir l'obéissance évangélique. Il est rare qu'un saint pravoslave authentique se prononce contre le catholicisme, et quand il semble le faire, c'est qu'il se réfère à des manières d'agir de catholiques indignes de leur nom, ou à un catholicisme imaginaire, fabriqué par des détracteurs de la papauté, à un catholicisme que le pape serait le premier à condamner [...] Étudions sérieusement la vie des saints pravoslaves : anachorètes, moines, laïques et missionnaires. Cette étude nous montrera comment on peut être totalement oriental et parfaitement catholique.

    Nous sommes en droit de demander à nos frères pravoslaves de tenir compte des calomnies systématiques que tous les athées militants, de toute appartenance sociale, diffusent à pleines mains depuis des siècles dans le monde entier contre la papauté. Nous leur demandons de ne pas se laisser séduire par les commentaires de la presse irreligieuse sur l'activité doctrinale et humanitaire du Saint-Siège. Quant à nous, nous avons le devoir de rejeter toutes les calomnies que les adversaires du christianisme répandent sur le compte des ecclésiastiques séparés et sur les institutions religieuses dissidentes. Les portes de l'enfer qui soutiennent l'action antiromaine des protestants et des pravoslaves, combattent le protestantisme et la pravoslavie dans la mesure où s'y trouvent des éléments de la vraie Église du Christ.

    Ibid., pp. 1413-1417
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Olivier C
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Re: Les apparitions en général

Message non lu par Olivier C » mer. 15 sept. 2010, 6:26

Bonjour, je voudrais réagir à ceci :
Shinran a écrit :Oui effectivement c'est la lecture catholique des événements, les orthodoxes doivent en avoir une bien différente, sont-ils considérés comme hérétiques eux aussi?
Yves54 a écrit :Ils refusent au moins un dogme de l'Eglise : l'infaillibilité papale. Je vous laisse conclure...
Il n'y a aucune conclusion de ce genre à tirer dans ce cas précis : on ne déclare jamais comme "hérétique" une Église ou communauté chrétienne ne reconnaissant pas les nouvelles définitions dogmatiques a posteriori. À partir du moment où elle reste dans sa tradition et garde le dépôt de la foi tel qu'elle l'a reçue au moment du schisme, celle-ci n'est pas tenue d'aller plus loin dans le développement doctrinal. Les éléments de foi que nous avons pu développer et expliciter par la suite et qu'elle tiens souvent déjà comme des théologoumènes ne font pas d'elle une "hérétique".

Bien sûr, pour un rapprochement dans l'unité ces questions devrons être abordées. D'ailleurs la plupart des Églises orthodoxes seraient d'accord pour reconnaître une "primauté d'honneur" à l'Évêque de Rome. Ce qui de mon point de vue est insuffisant mais souligne déjà la reconnaissance d'un statut particulier du pape pour les Églises orthodoxes.

Afin de dialoguer avec eux sur des forums j'avais édité un petit compte rendu de Saint Irénée de Lyon sur ce sujet :

Les déclarations de Saint Irénée sur l’Église de Rome et son évêque
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Re: Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

Message non lu par Cinci » mer. 15 sept. 2010, 6:41

Hors de l'Église pas de salut

... l'acceptation du primat de Pierre, tout comme l'appartenance au Christ et à l'Église, peut être latente et tendancielle et pourtant déjà salutaire. Il se peut qu'un homme droit sente sa conscience protester et se révolter contre la doctrine du primat de Pierre. En raison d'une série de malentendus accumulés depuis des siècles et dont il est victime sans nulle faute de sa part, cette doctrine peut lui apparaître aujourd'hui, non plus pour ce qu'elle est, à savoir comme le testament d'amour du Christ organisant ses brebis avant de remonter au ciel, mais comme une reviviscence du paganisme, un sacrilège, une offense à la sainteté de Dieu et de l'Évangile. Que dira le théologien catholique ! Il dira que si vraiment cet homme est droit et humble de coeur, docile aux grâces divines qui viennent secrètement le visiter, soumis sans réserve aux desseins de Dieu et du Christ, il a déjà accepté dans sa source et radicalement, une doctrine qu'il ne nie dans sa teneur directe et formellement, que faute d'en apercevoir la divine origine.

Il pourra se faire pourtant que cet homme voie se dissiper progressivement, sous la lumière de la grâce, des erreurs qui jusqu'ici avaient été pour lui insurmontables.

C'est ce qui advint à Newman, à Soloviev, à des milliers d'autres. Alors il entendra se prononcer d'elle-même au fond de son coeur, avec une insistance divine et chargée d'un sens qu'il n'avait pu encore soupçonner, la parole du Christ à Pierre : Pais mes brebis. À ce moment, la définition catholique de la primauté romaine, cessant de lui être un scandale, lui sera un pur trait de lumière.

id,. p. 1776


[...]


Pie IX : la part de l'ignorance invincible

Pie IX revient sur ces pensées dans l'encyclique Quanto conficiamur, du 10 août 1863. Il réprouve comme tout à fait contraire à la doctrine catholique, le dogme de l'indifférence doctrinale en matière religieuse, suivant lequel on peut accéder à la vie éternelle hors de la vraie foi et de l'unité catholique.


  • «[...] Sans doute, ceux qui sont dans l'ignorance invincible de notre très sainte religion, s'ils s'efforcent de suivre la loi naturelle et ses préceptes divinement gravés dans tous les coeurs, s'ils sont prêts à obéir à Dieu et mènent une vie droite et honnête, peuvent, par la vertu de la lumière et de la grâce divine, entrés dans la vie éternelle; car Dieu, qui voit à découvert, sonde, connaît tous les esprits, intentions, pensées, dispositions des hommes, ne permettrait jamais, dans sa bonté souveraine et dans sa clémence, qu'un être qui n'est pas coupable de faute volontaire soit châtié de peines éternelles.

    Mais s'autre part, c'est un dogme catholique bien connu, que personne ne peut être sauvé hors de l'Église catholique; que ceux qui se rebellent contre l'autorité et les dispositions de cette Église, se séparant avec pertinacité de l'unité de l'Église [...] »


Et il conclut :

  • «Que jamais cependant, les enfants de l'Église catholique, ne soient en rien ennemis de ceux qui ne leur sont pas unis par les liens de la foi et de la charité. Bien plus, s'ils sont pauvres, ou malades, ou affligés de quelque infortune, qu'ils s'efforcent, en toute circonstance de les assister et de les secourir, avec toutes les ressources de la charité chrétienne. Qu'ils s'ingénient surtout à les arracher aux ténèbres de l'erreur où ils sont retenus prisonniers, pour les conduire à l'Église comme à une mère très aimante»


[...]

Il faut bénir Pie IX d'avoir proclamé à nouveau, simultanément, trois points de la doctrine évangélique et patristique :

1. L'absolue nécéssité pour tout homme d'appartenir à l'Église, s'il veut être sauvé.
2. L'existence d'une ignorance invincible, c'est à dire non coupable, relativement à la pleine révélation de cette Église [...]

3. L'existence, derrière le rideau de cette ignorance invincible, d'une activité cachée de Dieu (le bras du Seigneur n'est pas raccourci), de visites secrètes de la lumière et de la grâce divine, de dons de la grâce céleste, qui ne manquent jamais à ceux dont le coeur est droit, et qui peuvent les conduire dans la vie éternelle. En d'autres mots, l'existence derrière le rideau d'une ignorance invincible touchant la pleine révélation de l'Église, d'une appartenance ignorée, initiale, tendancielle, déjà salutaire, à cette même Église.

[...]

Pie XII

La reconnaissance d'une appartenance latente et tendancielle à l'Église apparaît de bien des manières dans les doxuments des derniers papes.


Dès l'encyclique Summi pontificatus, 20 octobre 1939, Pie XII écrivait :

  • « Nous ne voulons pas passer sous silence la joie que nous ont apportée les souhaits et les voeux de ceux qui, sans appartenir au tissus visible de l'Église catholique [...] n'ont pas voulu, dans la noblesse et la sincérité innée de leur âme, que fût jeté à l'oubli tout ce qui les lie à nous, soit dans l'amour de la personne du Christ, soit dans la foi en Dieu. Qu'à tous aille nos sentiments de gratitude. Nous les confions tous et chacun à la protection et au gouvernement divin [...]
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L'encyclique Mystici corporis, 29 juin 1943, revient sur la même pensée :
  • « Pour ceux qui n'appartiennent pas au tissus visible de l'Église catholique, qui ad aspectabilem non pertinent catholicae Ecclesiae compagem, vous savez bien, vénérables frères, que dès le début de notre pontificat, nous les avons confiés à la protection et au gouvernement d'en-haut, en donnant l'assurance solennelle, qu'à l'exemple du bon Pasteur, nous n'avions pas de plus grand désir sinon qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient plus abondemment. Cette assurance solennelle, nous désirons la renouveler ici ... les invitant tous et chacun avec amour à consentir de plein gré aux impulsions de la grâce divine, et à s'efforcer de sortir d'un état où nul ne peut être sûr de son salut éternel. Car même si, par un certain désir et voeu inconscient, ils se trouvent ordonnés au corps mystique du Rédempteur [...] ils sont pourtant privés de ces nombreux secours [...]
Et une petite note explicative qui s'ensuit un peu plus loin :

Hors de l'Église point de salut n'a pas d'autres significations que le mot de saint Paul : Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu; c'est à dire qu'il n'y a pas de salut pour celui qui résiste à la vérité connue [par lui] ... il y a dans cette sentence un mot qui se supplée, c'est le mot volontairement ... A cette question : l'Église croit-elle à la perte de ceux qui, nés et élevés là où ils n'ont pu la connaître, sont dans une ignorance invincible de la loi de Jésus Christ, mais ont fidèlement pratiqué tout le bien qui leur était connu ? Il faut répondre : non ! Et y a-t-il sur cette question diversité d'opinions parmi les docteurs de l'Église ? Encore une fois, non ! ... Quand on dit : Hors de l'Église point de salut sans ajouter les explications élémentaires qui viennent d'être données, c'est qu'on s'adresse à ceux qui, comme vous et moi [il s'agit bien de catholiques ici], seraient inexcusables d'être hors de l'Église, puisqu'ils ne pourraient l'abandonner sans fermer les yeux à la lumière. La difficulté se résout donc en une affaire de bonne foi, non en ce que la bonne foi excuse d'être hors de l'Église, mais en ce sens qu'elle fait qu'on est pas véritablement hors de l'Église. « On peut être dans l'Église de coeur sans y être de corps. N'est-il pas bien clair que tout homme de bonne foi appartient à l'Église par le coeur, puisqu'il y entrerait si elle lui était connue ? » - Cardinal Deschamps, archevêque de Malines, 4e entretien sur la démonstration catholique de la révélation chrétienne, dans Oeuvres complètes, Malines, 1874, t. I, p. 362

note infra : Charles Journet cite l'archevêque de Malines pour la dernière phrase, p. 1780

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Re: Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

Message non lu par Cinci » mer. 15 sept. 2010, 6:55

(Pour finir ici la série d'extraits)

Tout ce qu'il y a de vraie sainteté dans le monde relève déjà de l'Église de Pierre.

... le deuxième axiome, en rattachant à l'Église du Christ la sainteté de ceux qui lui appartiennent spirituellement, par le désir (voto), renverse les malentendus qui empêchent de voir que tout ce qu'il y a de sainteté authentique dans le monde, soit dans les religions pré-chrétiennes, soit dans le judaïsme, soit dans les formations dissidentes, témoigne en réalité, de près ou de loin, non pas en défaveur, mais en faveur de cette Église dont le Christ a fait son corps et son épouse et qu'il a confiée à Pierre.

L'enseignement de l'Église catholique est qu'en-dehors de son influence immédiate il y a, en fait de sainteté, non pas rien, mais rien qui ne mette en marche vers elle. Ceux qui ne lui appartiennent pas encore pleinement, corporellement, manqueront toujours soit de la plénitude des grâces sacramentelles, soit de la plénitude de l'orientation juridictionnelle; et dès lors leur sainteté ne sera jamais parfaite. Cependant, ils peuvent appartenir à l'Église initialement, spirituellement, par le désir de la charité théologale. Cette sainteté imparfaite est authentique et parfois profonde. D'elle-même, sans toujours en prendre conscience, elle est ordonnée à la sainteté plénière de l'Église, comme la tige à sa fleur et la fleur à son fruit. Procédant vraiment du Christ , elle tend vraiment vers l'achèvement de son corps mystique, qui n'est possible que là où la hiérarchie est plénière. Dès lors c'est en faveur de la plénitude de ce corps mystique qu'elle témoigne, à la manière dont les choses de l'exil témoignent des choses de la patrie. Le témoignage des saints des Églises orthodoxes, ou des Églises protestantes, ou du judaïsme, ou de l'Islam, ou de l'Inde, si leur sainteté est authentique, n'affaiblirait l'éclat de la sainteté de l'Église catholique que si elle enseignait qu'il n'y a de vie surnaturelle et de sainteté authentique que dans ceux qui lui sont incorporés corporellement, et qu'il n'y ait ni vie surnaturelle ni sainteté authentique - bien qu'imparfaitement éclose - dans ceux qui lui sont incorporés spirituellement. Elle enseigne le contraire.

C'est à bon droit que Jacques Maritain écrit « Le catholicisme n'est pas un parti religieux, il est la religion, l'unique religion véritable, et il se réjouit sans jalousie de tous les biens, même produit hors de ses frontières, car ce bien n'est hors de ses frontières qu'en apparence; en réalité il lui appartient invisiblement. [...]

Id., p. 1508

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Re: Les notions de schisme et d'hérésie (églises orthodoxes)

Message non lu par Yves54 » mer. 15 sept. 2010, 22:03

Pour commence, je vous ferais remarquer que j'ai cité le Catéchisme alors que vous ne citez que des passages de textes d'un livre écrit, certes par un Cardinal, en dehors du Magistère de l'Eglise donc qui n'en fait pas partie.

Vous souffrirez donc que je relève certains passages qui m'ont fait "sauter au plafond" comme on dit.
Aujourd'hui, le système de la chrétienté sacrale est définitivement révolu.
Ce qui était vrai hier, est encore vrai aujourd'hui et sera encore vrai demain. La Vérité est intemporelle, par conséquent les sacrements étant le fondement de l'Eglise et le fondement de son fonctionnement, dire que le système de la chrétienté sacrale est révolu veut dire que les sacrements ne sont plus le fondement de l'Eglise et de son fonctionnement.

Bref, ce n'est pas vraiment catholique...

ce qui empêche l'entente, c'est, dit-il, d'une part, que nous sommes trop peu catholiques, trop enclins à nous satisfaire des accoutumances de l'esprit latin, trop paresseux pour apprendre à estimer les formes de vie spirituelle d'autrui;
Comme le dit Vatican II, il y a des parcelles de Vérité dans les autres religions mais TOUTE la pleine Vérité se trouve UNIQUEMENT dans l'Eglise Catholique. Par conséquent, agir en Catholique, c'est professer cette Foi et évangéliser, ce n'est pas s'extasier sur la "spiritualité" des autres religions.


Ayons un coeur large comme celui de notre Maître qui savait trouver le bien chez tous les hommes de bonne volonté.
Qu'est ce que le Bien ? Le bien c'est ce qui mène à Dieu. Un homme qui agit saintement dans sa vie, si il n'a pas la Foi, il peut ne pas être sauvé.

La Foi doit être l'élément moteur de notre vie, c'est par elle que nous agissons en chrétien, si ce n'est pas par elle, alors notre action ne plaira pas à Dieu et il dira lors du jugement "Qui es tu ? Je ne te connais pas."



il faudra s'armer de patience et de discernement [...] avec le matériel que nous avons, nous pouvons nous faire une idée suffisamment exacte des voies par lesquelles un nombre notable de chrétiens séparés, pieux et sincères, sont arrivés à un degré de perfection sans aucun doute très élevé.
La seule perfection se trouve dans l'Église Catholique. Dire qu'un non-catholique peut accéder à un degré de perfection élevé, c'est baisser cette perfection a une notion humaine là où c'est une notion divine. La perfection ne peut s'atteindre que dans l'Eglise Catholique.

Il dira que si vraiment cet homme est droit et humble de coeur, docile aux grâces divines qui viennent secrètement le visiter, soumis sans réserve aux desseins de Dieu et du Christ, il a déjà accepté dans sa source et radicalement, une doctrine qu'il ne nie dans sa teneur directe et formellement, que faute d'en apercevoir la divine origine.

Et c'est à qui de lui faire apercevoir la divine origine ? C'est à nous, catholiques. De fait œcuménisme version Benoit XVI qui est de ramener les "frères séparés" dans l'Église est, je pense, le bon chemin.




C'est ma contribution, pour ma position ici je ne me suis pas basé forcément sur le Magistère parce que je ne connais pas tout du Magistère. Seulement, j'aurais aimé justement basé le débat à partir du Magistère cela éviterait les débats inutiles sur des écrits qui n'ont rien de Magistériel et qui, par conséquent, n'exprime pas la Foi de l'Église.
« Commettre des erreurs est le propre de l'humain, mais il est diabolique d'insister dans l'erreur par orgueil »
Saint Augustin
(sermon 164, 14)

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