Menthe a écrit :Je lis tout et son contraire sur ce sujet.
La question m'intéresse aussi.
L'affirmation que vous citez paraît manquer de nuance, mais je pense que ce n'est pas facile de mesurer la nature exacte et la portée des interdictions qui ont effectivement eu lieu. Il faudrait non seulement recenser tous les textes législatifs, ceux à l'échelle de l'Eglise et ceux à l'échelle de tel ou tel diocèse ou de certains diocèses, mais aussi mesurer la façon dont ils étaient appliqués, et les possibilités que laissaient les autorisations (e.g. dans tel cas on a le droit de lire une Bible si c'est d'une traduction approuvée, mais pouvait-on en trouver couramment à l'époque?). Sachant que ça n'a très probablement pas été la même chose en tous lieux et à toutes les époques.
Il est très possible que ce travail de compilation et d'analyse des sources ait réellement été fait, mais par qui et où le trouver?
En ce qui me concerne j'ai trouvé ceci:
http://www.newadvent.org/cathen/03519d.htm
The result was the so-called "Index Tridentinus," which, however, was not published until 1564, by order of the council, along with the brief of Pius IV; wherefore it is also called "Index of Pius IV." Besides a revised catalogue of forbidden books, this index contained, as a most important modification, ten general rules composed by the council, since known as the "Tridentine Rules."
First, these ten rules contain prohibitions
of all heretical and superstitious writings;
of all immoral (obscene) books, the old classics alone excepted, which, however, are not to be used in teaching the young;
of all Latin translations of the New Testament coming from heretics.
(...)
Third, on certain conditions, and after asking special permission, leave is granted for the reading of Latin translations of the Old Testament edited by heretics, and for the use of Bible-versions in the vernacular written by Catholics.
A une époque plus récente:
The highest ecclesiastical authority, Leo XIII himself, has done so in the most solemn way by the aforesaid Bull "Officiorum ac Munerum" (23 Jan., 1897) which obliges very strictly all the faithful. This papal constitution contains the general legal enactments (decreta generalia) arranged under two headings of ten and five chapters respectively, in forty-nine paragraphs or articles. The forty-nine paragraphs exhibit not only the prohibition of certain classes of books, together with the injunction of preventive censorship for other classes, but also detailed regulation concerning the application and sanction of the whole law.
(...)
The third and last group also comprehends several classes of forbidden books. To these belong, in the first place, all editions and versions of Holy Writ not approved by competent ecclesiastical authorities. For by paragraphs 5, 6, and 8, leave to use editions and versions published by non-Catholics, provided they do not attack Catholic dogmas either in the preface or the annotations, is given only to such as are occupied with theological or Biblical studies. And by paragraph 7, all vernacular versions, even those prepared by Catholic authors, are prohibited if they are not, on the one hand, approved by the Apostolic See, or, on the other, are not supplied with annotations taken from the works of the Holy Fathers and learned Catholic writers and accompanied by an episcopal approbation.
Donc il apparaît que juridiquement, depuis Trente et ça n'a pas changé après, il n'était possible de lire même une traduction de la Bible en vernaculaire par un catholique, que sous conditions et en demandant la permission. La bulle de Léon XIII semble avoir mis en place le système dont on retrouve les traces dans les Bibles catholiques, où les traductions autorisés en vernaculaire devaient être accompagnées d'annotations (et qui me semble à 1ere vue être une application de la juridiction tridentine qui facilite les choses, s'il suffit de se procurer une édition approuvée).
Maintenant, dans quelle mesure ces interdictions et contraintes étaient effectivement respectées dans telle ou telle région, dans quelle mesure les évêques facilitaient ou restreignaient la diffusion des éditions autorisées... je n'ai pas de sources.
In Xto,
archi.
Edit: traduction rapide des citations ci-dessus pour les non-anglophones:
Le résultat fut ce qu'on a appelé l'"Index Tridentin" qui, néanmoins, ne fut pas publié avant 1564, par ordre du Concile, en même temps que le bref de Pie IV, raison pour laquelle il est également appelé "Index de Pie IV". En plus d'un catalogue révisé des livres interdits, cet index contenait, modification très importante, dix règles générales composées par le concile, connues depuis comme les "Règles Tridentines".
Premièrement, ces 10 règles comprennent certaines interdictions:
- de tous les écrits hérétiques et superstitieux
- de tous les livres immoraux (obscènes), à la seule exception des anciens classiques qui, néanmoins, ne doivent pas être utilisés dans l'enseignement de la jeunesse
- de toutes les traductions latines du Nouveau Testament venant des hérétiques
(...)
Troisièmement, à certaines conditions, et après demande d'une permission spéciale, la possibilité est laissée de lire des traductions latines de l'Ancien Testament éditées par des hérétiques, et pour l'utilisation de versions vernaculaires de la Bible écrites par des catholiques.
La plus haute autorité ecclésiale, Léon XIII lui-même, l'a fait de la manière la plus solennelle dans la Bulle susmentionnée "Officiorum ac Munerum" (23 Janvier 1897) qui oblige très fermement tous les fidèles. Cette constitution papale contient les actes législatifs généraux (decreta generalia) arangés sous 2 regroupements de 10 et 5 chapitres respectivement, en 49 paragraphes ou articles. Les 49 paragraphes comprennent non seulement l'interdiction de certaines catégories de livres, ainsi que l'injonction de censurer préventivement d'autres catégories, mais aussi une réglementation détaillée concernant l'application et la sanction de toute la loi.
(...)
Le 3e et dernier groupe comprend aussi plusieurs catégories de livres interdits. A ceux-ci appartiennent, en premier lieu, toutes les éditions et versions de l'Ecriture Sainte qui ne sont pas approuvées par les autorités ecclésiales compétentes. Par les §5, 6 et 8, la permission d'utiliser des éditions et des versions publiées par des non-catholiques, sous réserve qu'ils n'attaquent pas les dogmes catholiques que ce soit dans la préface ou les annotations, est donnée uniquement à ceux qui s'occuppent d'études bibliques ou théologiques. Et par le §7, toutes les versions vernaculaires, même celles préparées par des auteurs catholiques, sont interdites si elles ne sont pas, d'une part, approuvées par le Siège Apostolique, ou de l'autre, ne sont pas accompagnées d'annotations extraites des oeuvres des Saints Pères et d'auteurs catholiques érudits, et accompagnés de l'approbation épiscopale.