Comment fonctionne l'infaillibilité pontificale ?

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Comment fonctionne l'infaillibilité pontificale ?

Message non lu par oak » lun. 31 oct. 2005, 9:34

Si il est une conception qui me pose problème c'est bien celle d'une infaillibilité institutionnelle , soit d'une communauté chrétienne et de ses représentants, soit d'un de ses représentants.

Un exemple - à mon sens tout à fait honorable - Il y a eu un pape (Grégoire si je me souviens bien) qui a dit et fait enseigner que Marie Madeleine , soeur de Lazare et amie de Jésus, était une prostituée.

Etait il infaillible à ce moment là. (l'erreur aurait pu être faite par un lecteur approximatif des textes bibliques, tout le monde aurait pu la faire à ce moment là )

Au 20ème siècle, un communique discret a rétabli une notion plus évangélique.

La communauté était elle infaillible à ce moment là.

J'ai lu ce fil sur NewAdvent mais je ne suis pas très convaincu :

http://www.newadvent.org/cathen/07790a.htm

En gros, comment les dogmes se forment ils dans l'institution catholique ? Et quel est leur place vis à vis de l'économie et du mouvement de la foi ?

Mon expérience
Si je compare avec ce que je connais, je connais des communautés qui révisent leurs confessions de foi, qui y ajoutent des articles, qui en changent d'autres parce que cela semble une meilleure manière de dire la foi, plus adaptée ou pertinente.

Mais la foi ne change pas, son expression peut changer, et tout n'a pas été figé au 1er siècle. Adhérer ou ne pas adhérer à la conception de la prédestination calviniste (ou de St Augustin d'Hippone si vous préférez , c'est quasiment la même) n'empêche pas d'être reconnu comme chrétien, par ceux qui partagent ou ne partagent pas cette conception.

Adhérer ou ne pas adhérer à l'expression de St Anselme sur la christologie, celle du sacrifice rédempteur, en tant que mode d'explication du salut apporté par le Christ , n'est pas un obstacle, il existe d'autres conceptions comme celle de Pierre Abélard "Quand le Christ sera élevé il attirera tous les hommes à lui".

Quelle différences faites vous entre articles de foi fondamentaux et opinions secondaires ?

Les articles de foi fondamentaux incluent ils la pratique du culte?

Et où se situe la limite ?


- le "filioque" est ce fondamental, mais la formulation en "non-filioque" des orthodoxes est elle aussi recevable?
(les excommunications mutuelles ayant été levées comme le dit Kallistos Waré..) Quand l'Occident et l'Orient étaient ils infaillibles , en prononçant les excommunications (1054) (elles ont été mutuelles) ou en les levant (en 1965 ?) - La conception de "l'infaillibilité" est une conception commune? n'est ce pas

- Sts Cyrille et Méthode ayant créé une liturgie en slavon pour aller vers les peuples slaves étaient ils dans l'erreur (hérésie ?) de ne pas le faire en grec (ou en latin).

Où était l'enjeu d'une liturgie exclusivement latine en Occident? Alors qu'elle était grecque ou russe ou vernaculaire en Orient?

C'est possible qu'il y ait bcp de questions, il est possible pour le modérateur de séparer les fils.

wanderer
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Message non lu par wanderer » lun. 31 oct. 2005, 10:05

Je réponds de manière très partielle n'étant pas apte encore à le faire correctement en tant que simple catéchumène.

La première chose, c'est que le mot "infaillible" vient du Christ lui-même.
31 Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible
comme le froment.
32 Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand
tu seras revenu, affermis tes frères.
"
33 Il lui dit : " Seigneur, je suis prêt à aller avec vous et en prison et à la
mort. "
34 Mais il dit : " Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd'hui que
tu n'aies trois fois nié me connaître. "
Ce passage montre toute la subtilité de ce dogme que l'Eglise a mis des siècles à expliciter. Le pape peut pécher, mais la prière du Christ le protège dans la foi. Pour connaître la position de l'Eglise sur ce sujet, je vous conseille de lire Pastor Aeternus, le texte de Vatican I qui a défini ce dogme. Numéros 3050 et suivants.

http://www.jesusmarie.com/denzinger_num ... _3273.html

Pour ce qui est de la hiérarchie dans les vérités de foi, je vous invite à lire un autre texte du magistère, juste en dessous.

http://www.vatican.va/holy_father/john_ ... em_fr.html

Cordialement,

Wanderer

:)

oak
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Message non lu par oak » lun. 31 oct. 2005, 12:38

Merci pour l'information parce qu'on peut se faire des idées peu appropriées à cause du mot lui même qui
est connoté négativement dans notre civilisation. :)

Le 3070 répond bien à ma question
3070
Car le Saint-Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu'ils fassent connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la Révélation transmise par les apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi.

Leur doctrine apostolique a été reçue par tous les vénérables pères, vénérée et suivie par les saints docteurs orthodoxes ; ils savaient parfaitement que ce siège de Pierre demeurerait pur de toute erreur, aux termes de la promesse divine de notre Seigneur et Sauveur au chef de ses disciples : "J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas ; et quand tu seras revenu, affermis tes frères" Lc 22,32 .
C'est bien de l'exclusion d'une nouvelle doctrine qu'il s'agit, et cela "permet " ou autorise les erreurs de jugements ou de décision. (Du à des information incomplètes par exemple).

La seule remarque que je pourrais faire est que "la primauté de l'Apotre Pierre " ne ressort pas d'une manière évidente dans les écrits du Nouveau Testament.

A Jerusalem l'Apotre Jacques y est plus souvent cité , et dans le conflit réel sur la circonsision des païens devenus chrétiens (Actes 15 et Galates 2) il ne fait pas très bonne figure, ce qui ne l'empêche pas de prendre les bonnes décisions après.

On peut reconnaitre honnêtement : l'ouverture aux Samaritains, l'ouverture aux Ethiopiens l'Ouverture aux Romains (Actes 2 à 12) je vous passe les détails et c'est une orientation décisive pour le ministère de l'Eglise.

Mais au delà, en termes législatifs, d'organisation et de formulation de doctrine l'Apotre Paul vient bien devant. (Bon je réagis d'un point de vue d' "héritier de païens et des communautés fondées par les missions pauliniennes je suis d'accord);

Mais ce sont quand même certaines Epitres comme l'Epitre aux Romains et l'Epitre aux Hébreux (paulinienne ou pas le débat reste ouvert) qui structurent, résument et systématisent les contenus doctrinaux de la foi (disons l'essentiel pour faire court), ou les autres épitres de l'Apotre Paul.

[Il ne faut pas mettre de coté les autres écrivains, bien évidemment, sans eux la doctrine ne serait pas complète, et ils ont tous apportés quelque chose de fondamental ].

Depuis la disparition de la primitive communauté Judéo-chrétienne (bien que certains aujourd'hui tentent de la faire revivre, toutes les communautés ne sont elles pas issues de l'oeuvre missionaire de l'Apotre Paul ?

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Message non lu par VexillumRegis » lun. 31 oct. 2005, 18:17

[align=justify]Bonjour oak,
oak a écrit :C'est bien de l'exclusion d'une nouvelle doctrine qu'il s'agit, et cela "permet " ou autorise les erreurs de jugements ou de décision. (Du à des information incomplètes par exemple).
En effet. Selon saint Robert Bellarmin, le principe de l'inerrance [infaillibilité] ne s'étend pas aux jugements jugements qui portent sur de simples questions de fait, où tout repose sur des informations et des témoignages d'ordre purement humain.

Les jansénistes usèrent et abusèrent de cette restriction, en prétextant que les 5 propositions de Jansénius condamnées par le pape n'étaient pas dans Jansénius (et donc que le pape avait été mal informé). Cf. les Provinciales de Pascal.
oak a écrit :La seule remarque que je pourrais faire est que "la primauté de l'Apotre Pierre " ne ressort pas d'une manière évidente dans les écrits du Nouveau Testament.
Je crois au contraire que cette primauté est très évidente :

1°- Il est toujours cité en premier parmi les apôtres.
2°- Lui seul a mérité que le Christ lui donne le surnom de "Pierre".
3°- Lui seul a reçu les clefs du royaume des cieux.
4°- Lui seul a reçu la promesse que sa foi ne défaillerai pas, et l'ordre d'affermir ses frères.
5°- Lui seul a reçu du Christ ressuscité la charge de paître le troupeau des fidèles (Jn XXI, 15-17).

A lire sur ce sujet : De divina institutione pontificatus totius Ecclesiae in persona Petri apostoli, du cardinal Cajetan (1469-1534), récemment traduit sous le titre "Le successeur de Pierre", Courrier de Rome, 2005, 14 euros. Publié dans le cadre de controverses avec Luther, l'auteur y développe en particulier une exégèse serrée et convaincante de Mt XVI, 17-19.

In Christo,

- VR -[/align]

oak
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Message non lu par oak » mar. 01 nov. 2005, 17:14

Je crois au contraire que cette primauté est très évidente :

1°- Il est toujours cité en premier parmi les apôtres.
2°- Lui seul a mérité que le Christ lui donne le surnom de "Pierre".
3°- Lui seul a reçu les clefs du royaume des cieux.
4°- Lui seul a reçu la promesse que sa foi ne défaillerai pas, et l'ordre d'affermir ses frères.
5°- Lui seul a reçu du Christ ressuscité la charge de paître le troupeau des fidèles (Jn XXI, 15-17).

Merci,

le point numéro 4 n'a été donné qu'au moment de la réconciliation avec Jésus Christ , c'est à dire au moment ou Pierre est revenu après l'avoir renié,

La triple affirmation "Pierre est ce que tu m'aimes " correspond exactement au triple reniement "Je ne connais pas cet homme",



Et, d'autre part, si lui seul a reçu la charge de paitre le troupeau des fidèles que fait donc Jacques en première place ?

Galates 2:9 :

Et reconnaissant la grâce qui m'a été donnée, Jacques, Cephas et Jean qui sont considérés comme les colonnes, me donnèrent la main de l'association.


Pour l'Apotre Paul et si on se réfère à l'usage antique de nommer les personnages les plus importants en premier l'Apotre Jacques vient avant l'Apotre Jean, en matière de prééminence.

Le décès prématuré de l'Apotre Jacques (sous l'effet de l'oppostion) a probablement laissé Pierre en poition de Décision mais il est mentionné aussi que Pierre redoute , a peur des "proches de Jacques"


Galates 2:12 "Avant l'arrivée de personnes de l'entourage de Jacques il mangeait et buvait". Ce n'est pas vraiment une marque de prééminence, ni de respect des personnes de l'entourage de Jacques.On pourrait dire qu'il s'agit d'un conflit de pouvoirs provisoire, dans lequel Pierre, malgré les intimidations et Paul arrivent à faire prévaloir quelque chose de constructif....

Mais dans Actes 15 l'autorité de Pierre n'est absolument pas établie, c'est du moins le témoignage direct de Luc et de l'Apotre Paul.


Par contre cela peut vouloir dire que l'autorité de Pierre s'est affirmée au travers des conflits, le livre des Actes étant un recueil de nature historique nous relate la manière dont les évènements se sont passés.

Après avoir admis le centurion Cornelius Actes 10, il et obligé de justifier son attitude dans Actes 11 c'est à dire qu'il se laisse remettre en cause dans ces décisions par une contestation (ce qui est le contraire d'un dirigeant affirmé à l'autorité reconnue).


Il est vrai qu'il arrive ainsi à faire partager sa vision , mais ce n'est que le début d'une série de conflits. (Le moins qu'on puisse dire est que l'église primitive n'était pas consensuelle, mais qu'elle a construit son unité de manière conflictuelle)


Ceci dit il y a une primauté certaine, il est un des rares avec Jacques et Jean à avoir produit des lettres universelles, adressées à tous,et non "contextuelles", adressées à une communauté à un lieu et en un temps donné. Il a ouvert l'église à ceux qui n'étaient pas les ressortissants de l'Ancienne Alliance, la rendant universelle. Un coté novateur et pionnier certainement.

Pourrait on penser qu'il exerçait son modèle d'autorité dans un style collégial? Celà paraitrait plus sûr, et cela renvoie alors à notre compréhension de ce qu'est l'autorité et la primauté et la manièe de l'exercer.


(Remarque à postériori qui m'indique que j'ai encore des choses à apprendre... que j'ai des préjugés des projections vis à vis de ce qu'est la primauté et un bon style d'autorité)

Luther ayant évolué sur ses positions entre le début et la fin de sa vie, je ne sais pas à quelle époque fait allusion le travail du Cardinal Cajetan,d'une part, ni à quel niveau de controverse il s'adresse. (Nous sommes dans le 21ème siècle n'est ce pas ?).

Cela me gêne comme d'avoir affaire avec des écrits polémiques protestants ou catholiques qui se réfèrent à une actualité trop ancienne, un texte sans contexte n'est qu'un prétexte (vieux proverbe des biblistes confirmés).


Merci

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Hélène
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Message non lu par Hélène » mar. 01 nov. 2005, 22:29

Bonjour Oak, je vous souhaite à mon tour bienvenue sur la Cité ! :)
oak a écrit :
Je crois au contraire que cette primauté est très évidente :

1°- Il est toujours cité en premier parmi les apôtres.
2°- Lui seul a mérité que le Christ lui donne le surnom de "Pierre".
3°- Lui seul a reçu les clefs du royaume des cieux.
4°- Lui seul a reçu la promesse que sa foi ne défaillerai pas, et l'ordre d'affermir ses frères.
5°- Lui seul a reçu du Christ ressuscité la charge de paître le troupeau des fidèles (Jn XXI, 15-17).
Merci,

le point numéro 4 n'a été donné qu'au moment de la réconciliation avec Jésus Christ , c'est à dire au moment ou Pierre est revenu après l'avoir renié,

La triple affirmation "Pierre est ce que tu m'aimes " correspond exactement au triple reniement "Je ne connais pas cet homme",
Oui…et aussi à la miséricorde manifestée dans le fait que Dieu est garant de l’homme qui a reconnu la Miséricorde de Dieu à son égard...et lui fait confiance malgré ses lâchetés… Désormais, Pierre ne pourra plus s’appuyer sur ses propres forces (alors qu’il croyait aimer Jésus assez pour aller à la mort avec lui) mais seulement sur la Miséricorde de Son Seigneur. Les trois reniements et les trois « Pierre, est-ce que tu m’aimes ? » sont aussi les trois chutes et les trois relèvements de l’homme que Jésus a assumées sur son chemin de Croix. La traduction grecque de ces paroles est très intéressante : « Pierre, m’aimes-tu ? » Sont dites en trois termes différents. La dernière fois, où Pierre semble exaspéré, est en fait un aveu qu’il peut seulement aimer avec son pauvre cœur humain et que Jésus devra désormais aimer en lui s’il veut qu’il fasse paître le troupeau. C’est donc à Pierre, qui reconnaît bien humblement ne pas être capable d’aimer par lui-même, qu’est confiée la charge du troupeau.

Cela est sans compter tous les passages où Simon Pierre est implicitement reconnu comme ayant la primauté devant ses frères :

Par exemple, lorsque Jésus est à Capharnaüm lors de la guérison d’un paralytique et qu’ils font un trou dans le toit pour qu’il puisse être guéri par Jésus qui était entré dans la maison…il s’agit de la maison de Pierre…ce détail n’est pas un hasard. Chaque mot de la Bible compte…voilà pourquoi il est important pour notre vie spirituelle de faire « lectio divina »…mastiquer, mâcher, manger la Parole quotidiennement… Le passage de Marc 2, 1 dit : « Quelques jours après, Jésus entra à Capharnaüm et l’on apprit qu’il était à la maison. » La maison…laquelle ? Celle de Pierre…son Église.

Il faut savoir également que dans l’Évangile de Luc, la barque symbolise l’Église. Si vous allez lire le passage de la pêche miraculeuse (dans Luc 5, 1-11), je crois qu’il est très parlant. Je vous cite ce qui nous intéresse : « Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac; les pêcheurs qui en étaient descendus lavaient leur filets. Il monta dans l’une des barques, qui appartenait à Simon, et demanda à celui-ci de quitter le rivage et d’avancer un peu; puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules… » et la suite est tout autant révélatrice pour ce qui est de la mission de Pierre… Pourquoi ce détail que Jésus est entré dans la barque de Pierre et non l’autre barque ? Les Évangélistes ou plutôt l’Esprit Saint ne parle pas pour rien dire. Il faut laisser cette parole descendre et agir en nous…Il y a un mystère à découvrir. De nombreux passages comme celui-ci nous révèlent la primauté de Pierre tout au long des Évangiles.
Et, d'autre part, si lui seul a reçu la charge de paitre le troupeau des fidèles que fait donc Jacques en première place ?
Pour ce qui est de Jacques et de Paul, je ne vois pas en quoi il y aurait opposition ou rivalité sinon celle que nous nous imaginons dans nos consciences collectives blessées. Ils ne sont pas rivaux mais frères, apôtres, disciples qui se complètent dans la mission de l’Église du Christ.

Je ne vois pas où il y a conflit. Pas parce qu’ils ne sont pas d’accord sur certains points qu’ils sont divisés ou jaloux de la mission de l’autre. D’ailleurs, Paul le dit que certains se réclament de Paul d’autre se réclament d’Apollos, d’autres disant qu’ils appartiennent à Céphas alors que tous sont unis au Christ et il se désole de cette division (1 Co 1, 10-17). Ou encore, son exemple du corps qui a besoin de tous ses membres. « L’oreille ne peut pas dire à la main, je n’ai pas besoin de toi ».

Dans l’Église Catholique on dit que Paul et Pierre sont les deux colonnes de l’Église. Ils ne sont pas en rivalité, ils se complètent mutuellement. Par ailleurs, ils ont tous deux reçu une mission particulière pour l’Église : servir leurs frères. C’est la volonté de Dieu sur son Église. C'est Lui qui la conduit. Le Seul et Unique Grand Prêtre...Jésus, par son Esprit Saint...donné en surabondance à Pierre et à son successeur.

Fraternellement en Christ
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Message non lu par oak » mer. 02 nov. 2005, 10:28

Dans l’Église Catholique on dit que Paul et Pierre sont les deux colonnes de l’Église. Ils ne sont pas en rivalité, ils se complètent mutuellement. Par ailleurs, ils ont tous deux reçu une mission particulière pour l’Église : servir leurs frères. C’est la volonté de Dieu sur son Église. C'est Lui qui la conduit. Le Seul et Unique Grand Prêtre...Jésus, par son Esprit Saint...donné en surabondance à Pierre et à son successeur.

Fraternellement en Christ
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Ce n'était pas mon intention de les mettre en opposition, je suis plutot de culture "paulinienne", si je comprend bien la primauté est une primauté pastorale, je reconnais la mission spécifique de Pierre ainsi que ce qu'on appelle "les clés".

La notion de "clé du royaume est exposée dans le 16eme chapitre de Mathieu, c'est une réfèrence à la mission de Pierre , ouvrir les portes , déclarer obligatoire (lier = vocabulaire rabbinique) ou déclarer optionnel (délier dans le vocabulaire rabbinique de l'époque) , c'est le droit à l'initiative, tout n'a pas été décrit exhaustivement.

Et la primauté pastorale est décrite dans le 22eme chapitre de Luc comme étant celle de celui qui sert - difficile donc - vu comme celà cela peut amener à améliorer mon point de vue
27 Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

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Message non lu par VexillumRegis » jeu. 03 nov. 2005, 18:22

[align=justify]Il faut noter que la tradition la plus ancienne de l'Eglise romaine fait de Pierre et de Paul les deux fondateurs du Siège Apotolique. S. Irénée de Lyon s'en fait l'écho au livre III de son Adversus Haereses : (...) Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d'énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l'une d'entre elles, l'Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome ; en montrant que la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes. Les deux apôtres, en rendant leur dernier témoignage dans la capitale de l'Empire, ont en quelque sorte scellé dans leur sang la prééminence du siège romain. Et l'on peut dire, en effet, en se référant à l'histoire de l'Eglise catholique, qu'elle a réunie en elle la primauté de Pierre et le zèle missionnaire universel de Paul.

En ce qui concerne l'apôtre Jacques, évêque de Jérusalem, on ne peut nier son prestige dans l'Eglise ancienne. On reconnaîtra cependant que ce prestige tient surtout aux liens du sang qui le liaient à Jésus (c'est l'un de ceux que les Evangiles qualifient de frères du Seigneur). Son autorité n'a cependant pas la solidité qui caractérise le fondement de la primauté pétrinienne, puisqu'elle n'est pas fondée sur les paroles solennelles du Christ.

In Christo,

- VR -[/align]

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Re: L'infaillibilité ? Comment fonctionne t'elle ?

Message non lu par Raistlin » mar. 27 mai 2008, 10:18

Bonjour à tous,

Je reprends ce fil interrompu depuis quelque temps.

L'infaillibilité pontificale en tant que telle est cohérente avec les Evangiles et logique avec le plan de Dieu : si la Vérité ne peut être garantie nulle part, alors cela voudrait dire que Dieu a échoué dans la Révélation qu'Il fait de Lui-même, ce qui est un non-sens.

Cependant, je trouve qu'il n'est pas simple de distinguer, dans les déclarations du Magistère, ce qui tombe dans le domaine de l'infallibilité et ce qui n'y tombe pas (et ce malgré le fait que je connaisse les conditions de l'infaillibilité).
Ainsi, pas plus tard qu'hier soir, quelqu'un (ayant fait des études de théologie) m'assurait que la déclaration du Concile de Trente sur l'existence du péché originel ne relevait pas de l'infaillibilité. Ce qui n'a pas manqué de me laisser perplexe...

Du coup, qu'est-ce qui tombe de manière sûre et certaine dans le domaine de l'infaillibilité ? Faut-il que le Pape déclare expressément faire appel à cette infaillibilité ?

Merci pour vos réponses.

En Christ,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Christophe
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Re: L'infaillibilité ? Comment fonctionne t'elle ?

Message non lu par Christophe » mar. 27 mai 2008, 17:34

Raistlin a écrit :Ainsi, pas plus tard qu'hier soir, quelqu'un (ayant fait des études de théologie) m'assurait que la déclaration du Concile de Trente sur l'existence du péché originel ne relevait pas de l'infaillibilité. Ce qui n'a pas manqué de me laisser perplexe...
Les déclarations dogmatiques des Conciles œcuméniques sont infaillibles.
Il existe deux "infaillibilités" : l'infaillibilité ecclésiale et l'infaillibilité pontificale.
Je n'ai pas le temps de développer, mais d'autres le feront certainement... ;)

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A propos de l'infaillibilité

Message non lu par Serge BS » mer. 20 août 2008, 13:18

Le Concile de Trente a défini l'infaillibilité de l'Église pour ce qui est de la foi, des moeurs et de la discipline, que celle-ci soit générale ou universelle. À Trente, on a considéré que « l'Église ne saurait errer » en enseignant une doctrine ou en prenant une mesure d'ordre disciplinaire contre un fidèle catholique - et seulement eux -, même si l'on y a admis qu'une telle mesure était susceptible, selon les circonstances et les temps, d'être modifiée.

La Constitution dogmatique Pastor aeternus de Vatican I - présidé par Pie IX -sur l'Église du Christ, définissant le magistère infaillible du pontife romain, nous dit que le Pape dispose du pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l'Église, non seulement en ce qui touche la foi et aux moeurs, mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l'Église.

Elle précise aussi que lorsque le pontife romain parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue par toute l'Église, il jouit (...) de l'infaillibilité (...) lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi ou la morale.

Vatican I n'a donc fait que poser le champ de l'infaillibilité pontificale à l'égal - ni plus, ni moins - de l'infaillibilité de l'Église, rappelant en outre que le jugement de l'Église était irréformable pour toute question liée à la foi et à la Révélation, et ce même si la position du Pape reste décisive dans les matières relevant de l’infaillibilité. Pie IX confirmera ce fait dans sa réponse à Bismarck de mars 1875 (le Chancelier allemand s'opposait à l'infaillibilité pontificale) par ces mots :

«Comme le concile Vatican I l'a déclaré en termes clairs et nets, et comme cela résulte de la nature même des choses, l'infaillibilité se rapporte exclusivement à une qualité du magistère du souverain pontife, et ce pouvoir s'étend exactement sur le même domaine que l'infaillible enseignement de l'Église, et il est lié au contenu de la sainte Écriture et à la Tradition, aussi bien qu'aux décisions doctrinales données antérieurement par l'enseignement de l'Église »

On notera que, finalement, Pie IX n'aura pas restreint le champ de l'infaillibilité de l'Église tout en faisant admettre définitivement et clairement - car il s'agissait là d'une question déjà traitée lors des conciles des premiers siècles - l'infaillibilité pontificale.

Vatican II a confirmé tout cela dans Lumen Gentium et n'a remis en cause ni l'infaillibilité de l'Église, ni celle du Pape, réaffirmant les définitions précédentes, les reprenant quasiment au mot près pour certaines !

De même, les canons relatifs à l'infaillibilité du Code de droit canonique de 1917 - en fait préparé et rédigé sous la direction de Saint Pie X - n'ont pas été remis en cause par la nouvelle version du Code de droit canonique de 1983. Ainsi, le premier paragraphe du canon 749 du Code de droit canonique dit :

«Le Pontife Suprême, en vertu de sa charge, jouit de l'infaillibilité dans le magistère lorsque, comme Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles auquel il appartient de confirmer les frères dans la foi, il proclame par un acte décisif une doctrine à tenir sur la foi ou les moeurs. »

La similitude avec le texte de Vatican I est ici frappante.

À noter que sont considérés comme anathèmes ceux qui refusent l'infaillibilité du pape et de l'Église sur les questions de Foi et de morale, ainsi que la primauté décisive du Pape en la matière, la non-infaillibilité étant reconnue pour les autres cas. Contester cela est anathème, y compris au sens des Conciles de Trente et de Vatican I ! C'est être gallican, janséniste, fébronien, n’importe quoi, mais en aucun cas catholique ! Ne l'oublions pas....

Je rappelle qu’il a existé un gallicanisme religieux posant l’idée de la supériorité des conciles sur la papauté ; ce fut la théorie conciliaire selon laquelle le Pape ne serait qu’un apôtre, qu’un Évêque parmi les autres, que l’Évêque de Rome, ne pouvant de ce fait être infaillible sur une question que si sa décision est approuvée par les Évêques qui jugent de la foi au même titre que lui. De plus, cette théorie voulait imposer la prise en compte des coutumes et des lois nationales, donc la création d’Églises nationales, ce que sera en France l’Église gallicane, tout particulièrement sous … Louis XIV…

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Re: A propos de l'infaillibilité

Message non lu par doris » ven. 22 août 2008, 21:08

Pour le 'troupeau' cette infaillibilité est rassurante. Elle nous mène sur le bon chemin.
Il m'a fallut 20 ans, pour m'apercevoir que les Sacrements que la sainte Église a ordonnés, développés, sont les actes mêmes du Christ. (Certes, je ne parle pas de l'Eucharistie, car en cela, l'évangile et très clair). Merci, car je ne connaissais pas le texte exact, ni les réactions que l'infaillibilité a suscitée. Et même aujourd'hui, c'est la première chose qui est attaquée.
L'infaillibilité n'est pas un pouvoir. Et si il est un pouvoir c'est celui de l'obéissance au Christ et à son évangile.
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Re: L'infaillibilité ? Comment fonctionne t'elle ?

Message non lu par Olivier JC » jeu. 02 oct. 2008, 19:59

Bonsoir,
Raistlin a écrit :Du coup, qu'est-ce qui tombe de manière sûre et certaine dans le domaine de l'infaillibilité ?
La question est intéressante d'un point vue théorique. En pratique, elle n'en a aucun. Je m'explique...

L'Eglise ne peut pas errer, c'est-à-dire qu'elle ne peut pas se tromper dans l'exercice de son munus docendi, de sa mission d'enseigner.

De là, deux types d'enseignement :
1) L'enseignement dit "authentique". C'est un enseignement qui n'est pas définitif, en ce sens qu'il est susceptible d'approfondissement. L'enseignement n'est pas infaillible comme tel, mais la direction que prend cet enseignement l'est.
2) L'enseignement dit "définitif". C'est un enseignement qui est suffisamment approfondi pour que le Magistère estime pouvoir le proposer de manière définitive, c'est-à-dire qu'il estime que la recherche et le débat sur ce point doivent être clos. On y distingue deux choses :
  • a. L'enseignement définitif portant sur une vérité appartenant à la Révélation (exemple : le dogme de l'Assomption) ;
    b. L'enseignement définitif portant sur une vérité qui n'appartient pas à la Révélation, mais qui lui est connexe ou liée (exemple : la doctrine d'Humanae Vitae ou d'Ordination sacerdotalis).
La conjonction de ces deux éléments, à savoir :
  • > L'Eglise ne peut pas errer dans sa mission d'enseignement ;
    > Le Magistère, ainsi assisté, propose un enseignement définitif.
Cette conjonction, donc, permet de conclure que l'enseignement ainsi proposé est de soi irréformable (sauf à affirmer que l'Eglise puisse errer). Il est donc infaillible.

Il y a enfin une autre manière, pour le Magistère, de s'exprimer. C'est celle qui consiste à intervenir dans des questions débattues pour assurer le bien des fidèles, questions où se trouvent en jeu des principes fermes et d'autres plus contingents. Dans ce cas, l'inerrance n'est pas en cause.

Ainsi, pour en revenir à votre hurluberlu soit-disant théologien qui vous soutient que la doctrine du péché originel ne serait pas infaillible (prélude à sa destruction en règle, sans doute)...
  • Premièrement, le fait d'anathématiser est une décision d'une certaine gravité, qui implique que le Magistère extraordinaire (concile) entend proposer un enseignement définitif. Lorsqu'une question n'est pas suffisamment mûre, en effet, un Concile se garde bien de l'aborder. Vu qu'il s'agit d'un enseignement définitif, qu'il s'agit d'un point contenu dans la Révélation, il y a donc infaillibilité.

    Deuxièmement, vous aurez compris de ce qui précède que ne fut-il pas revêtu d'infaillibilité que l'enseignement du Concile de Trente sur le péché originel n'en montre pas moins la bonne et seule direction possible. Qu'il n'y ait pas infaillibilité, cela voudrait seulement dire que cette doctrine est susceptible d'approfondissement, mais uniquement dans la continuité de l'enseignement proposé.
Donc, quel que soit le cas envisagé, la doctrine du péché originel n'est pas optionnelle, elle n'est pas susceptible d'être librement débattue (sauf à l'approfondir, et certainement pas à le contredire en quelque manière), sauf à être anathème. Ce qui expose, en cas de persistance, à être reconnu coupable d'hérésie et à encourir l'excommunication.

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Re: Comment fonctionne l'infaillibilité pontificale ?

Message non lu par Raistlin » ven. 03 oct. 2008, 9:30

Bonjour Olivier, :)

Merci pour vos explications claires et précises.

Une petite question tout de même :
Olivier JC a écrit :L'enseignement dit "authentique". C'est un enseignement qui n'est pas définitif, en ce sens qu'il est susceptible d'approfondissement. L'enseignement n'est pas infaillible comme tel, mais la direction que prend cet enseignement l'est.
Si je prends l'exemple concret du sort des enfants morts sans baptême, il me semble que l'Eglise enseignait - jusqu'à récemment - qu'ils n'étaient pas sauvés puisque nons baptisés. Or cette orientation a changé ces dernières décennies, et l'Eglise s'est mise à réfléchir sur un Salut possible.

Idem pour le Salut des non-chrétiens.

Que faut-il en déduire ? Sur ces sujets, n'y a-t-il pas une "erreur" dans la direction prise par l'Eglise jusqu'à présent ?

Bien à vous,
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Re: Comment fonctionne l'infaillibilité pontificale ?

Message non lu par Olivier JC » ven. 03 oct. 2008, 10:33

Bonjour,
Raistlin a écrit :Si je prends l'exemple concret du sort des enfants morts sans baptême, il me semble que l'Eglise enseignait - jusqu'à récemment - qu'ils n'étaient pas sauvés puisque non baptisés. Or cette orientation a changé ces dernières décennies, et l'Eglise s'est mise à réfléchir sur un Salut possible.
L'enseignement du Magistère a toujours été très prudent sur cette question, de sorte que tout ce que l'on peut en dire, c'est que le baptême est indispensable au salut. La doctrine des limbes, si elle a été défendue contre les jansénistes qui y voyaient du pélagianisme, n'a cependant pas été assumée par le Magistère.

Cette doctrine n'a donc jamais quitté le statut de simple opinion théologique, même si, de fait, elle a été la doctrine commune dans la mesure où il fallait bien fournir une réponse à la question que se posaient les fidèles, et que les pasteurs n'avaient pas mieux sous la main. De là l'impression d'un changement dans l'enseignement, alors qu'en réalité, il n'y en aucun, puisqu'il n'y avait pas d'enseignement à proprement parler.

Soit, comme dans Auctorem Fidei, le Magistère condamne l'opinion des jansénistes qui voient dans la doctrine des limbes une doctrine hérétique. Ce qui n'équivaut pas à une assomption de cette doctrine.

Soit, comme pour le second Concile de Lyon, la question est traitée d'un point de vue théorique dans le cadre d'une question plus large (il y fut affirmé que ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel descendent immédiatement en enfer, où elles sont punies de peines inégales), à savoir l'immédiateté du jugement après la mort (dans la continuité de Benedictus Deus. Le Magistère réaffirme simplement ici que le péché originel est un obstacle à la vision béatifique.

La conclusion en fut tirée que cela visait les enfants morts sans baptême, mais en réalité, le Magistère n'a jamais affirmé que les enfants qui meurent sans avoir reçu le baptême meurent en état de péché originel. Même s'il est, naturellement, tentant de le conclure (ce qui n'a pas manqué d'être fait), ce lien n'a jamais été fait par le Magistère.

A l'heure actuelle, voilà où nous en sommes : le Magistère, sans s'en expliquer en détails, a tranché : il est permis d'espérer que les enfants qui meurent sans avoir reçu le baptême (sous-entendu sacramentel) ne meurent pas pour autant en état de péché originel (sous-entendu, Dieu pourvoit). C'est l'enseignement du CEC, qui ne parle que d'espérer, essentiellement parce que la "brique" permettant d'expliquer comment un enfant qui meurt sans avoir reçu le sacrement du baptême, et sans avoir l'advertance raisonnable requise pour désirer ce baptême, peut cependant mourir en ayant été purifié du péché originel, sans que cela ne remette en cause la nécessité du baptême pour le salut...

Il n'y a donc aucune erreur, mais simplement une très très très grande prudence du Magistère sur cette question, qui a eu pour conséquence (s'agissant d'une question qui a beaucoup préoccupé les fidèles) la diffusion de la doctrine des limbes. Doctrine que le Magistère n'a jamais assumé dans son enseignement authentique, mais qu'en revanche il a toujours indirectement défendu en condamnant ceux qui voyaient tous ces enfants automatiquement en enfer ou automatiquement au paradis. Ce qui peut donner l'impression d'un soutien positif, qu'une étude des documents dissipe.
Idem pour le Salut des non-chrétiens.
Là également, le Magistère n'a jamais affirmé que les non-chrétiens étaient damné, même si les pasteurs ne se sont pas privés de l'enseigner en chaire, et les fidèles de le croire.

Le Magistère a seulement affirmé que le baptême est nécessaire au salut, de nécessité absolue, puisque la vision béatifique suppose d'être en état de grâce, et que l'état de péché originel est radicalement incompatible avec l'état de grâce.

En déduire que les non-chrétiens sont donc tous en enfer est certes tentant, mais il suppose admis une mineure (que les non-chrétiens meurent, par principe, sans être en état de grâce) qui n'a jamais été enseignée par le Magistère, et qui ne me semble même pas pouvoir prétendre au rang d'opinion théologique.

D'ailleurs, le Magistère n'a jamais affirmé que quiconque se trouvait en enfer (sauf Judas, mais c'est un cas particulier puisque c'est l'Ecriture elle-même qui l'affirme).

+
Dernière modification par Olivier JC le ven. 03 oct. 2008, 10:40, modifié 1 fois.
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