Bonjour Alexandre,
Alexandre-Invité a écrit : ↑sam. 16 févr. 2019, 0:44
Théodore a écrit : ↑lun. 08 oct. 2018, 23:49
Bonjour Philippe,
Je suis un ancien luthérien devenu catholique. Le luthéranisme constitue une rupture injustifiée avec la Tradition apostolique. Il détruit la gloire de la médiation du Christ via son Eglise (notamment par sa haine du Sacrifice de la Messe) et la douce vérité que nous sommes sauvés par une réelle communion d'amour à Dieu où le Christ nous donne de participer à ses mérites infinis quand nous grandissons en Son Amour. Luther a réduit tout ce dynamisme admirable de l'économie du Salut à néant par son "Sola Fide". Enfin, le Sola Scriptura est une aberration, incapable de fournir une assurance doctrinale suffisament forte à l'Eglise.
Luther, en voulant redécouvrir l'absolue gratuité du salut en Jésus-Christ, s'est coupé de ce que le Christ nous a donné pour goûter à ce Salut.
Vos propos sur Luther sont très durs et me font soulever quelques remarques et interrogations.
Sur quelle base affirmez-vous que Luther avait "la haine du Sacrifice de la Messe" ? Le chapitre dédié à la Cène dans son Grand Catéchisme me semble au contraire tout à fait respectueux et lucide.
Souhaitez-vous dire qu'il reconnaît l'aspect mémorial de l'eucharistie mais pas le renouvellement du sacrifice du Christ à chaque célébration ? Si tel est le cas, alors je dois moi aussi avoir de la haine car rien dans les Écritures ne permet selon moi de soutenir l'idée selon laquelle l'eucharistie est un nouveau sacrifice. Cela signifierait d'ailleurs que le sang versé par le Christ sur la Croix n'aurait pas été suffisant pour nous racheter.
Exactement, et vous faites exactement la même erreur que Luther ; l'Eucharistie n'est pas un nouveau sacrifice, elle n'est que le sacrifice de la Croix re-présenté au Père, cet unique sacrifice étant parfaitement et totalement suffisant pour nos péchés ; rien "de plus" n'est sacrifié.
Le sacrifice eucahristique n'est que la re-présentation du sacrifice du Calvaire, sous un mode différent ; il est un seul et même sacrifice avec celui de la Croix. Pour prendre une image : c'est le même Agneau "comme immolé", éternellement présenté comme sacrifice au Père dans le Temple céleste, et qui se présente à Dieu ici-bas à chaque Eucharistie par les mains de l'Eglise (qui est Son Corps). L'immolation de l'Agneau offert au Calvaire pour notre salut se perpétue ainsi sur les autels de l'Eglise (on parle "d'immolation non sanglante", pour différentier de celle du Calvaire, qui fut bel et bien sanglante ).
Le sacrifice de la messe nous colle le visage à la réalité du sacrifice du Calvaire, et nous y fait participer sacramentellement,
ici et maintenant.
Sauf que Luther rejetait cet enseignement.
Concernant les bases scripturaires du Sacrifice de la Messe, je vous renvoie à ce très bon article d'un ancien protestant :
https://erickybarra.org/2018/09/11/why- ... -the-mass/
Sur quelle autre base affirmez-vous que Luther "détruit la gloire de la médiation du Christ via son Eglise" ? Cela m'intéresse beaucoup car, en ce moment, je découvre avec plaisir ses écrits.
L'ecclésiologie de Luther rejette le fait que l'Eglise soit un moyen de grâce. Sans être totalement iconoclaste, il réduit la réalité de notre participation à l'Incarnation par les sacrements ; il rejette toute "l'économie sacramentelle" des bénédictions, rituels, etc sous prétexte qu'ils peuvent détourner de la foi simple dans le salut de la Croix.