La tolérance

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Cinci
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Re: La tolérance

Message non lu par Cinci » mar. 18 juin 2019, 14:16

Une attitude politique relevant de la vertu de prudence ? Ça y ressemble beaucoup en tout cas,

:)


Nous avons appris à nous méfier aussi de la morale, et d'autant plus qu'elle se croit davantage absolue. A L'éthique de la conviction, nous préférons ce que Max Weber appelle une éthique de la responsabilité, laquelle, sans renoncer aux principes (comment le pourrait-elle ?) se préoccupe aussi des conséquences prévisibles de l'action. Une bonne intention peut aboutir à des catastrophes et la pureté des mobiles, fût-elle avérée, n'a jamais suffi à empêcher le pire. Il serait donc coupable de s'en contenter : l'éthique de la responsabilité veut que nous répondions non seulement de nos intentions ou de nos principes, mais aussi pour autant que nous puissions les prévoir, des conséquences de nos actes.

C'est une éthique de la prudence, et la seule éthique qui vaille. Mieux vaut mentir à la Gestapo que de lui abandonner un Juif ou un résistant. Au nom de quoi ? Au nom de la prudence, qui est la juste détermination (pour l'homme, par l'homme) de ce mieux. C'est morale appliquée, et que serait une morale qui ne s'appliquerait pas ? Les autres vertus, sans la prudence, ne pourraient que paver l'Enfer de leurs bonnes intentions.

Prudentia, remarquait Cicéron, vient de "providere", qui signifie aussi bien prévoir que pourvoir. Vertu de la durée, de l'avenir incertain, vertu de patience et d'anticipation. On ne peut vivre dans l'instant. On ne peut aller toujours au plaisir par le plus court chemin. Le réel impose sa loi, ses obstacles, ses détours. La prudence est l'art d'en tenir compte : c'est le désir lucide et raisonnable. Les romantiques feront la fine bouche qui préfèrent leurs songes. Les hommes d'action savent au contraire qu'il n'est pas d'autre voie, fût-ce pour réaliser l'improbable ou l'exceptionnelle.

La prudence est cette paradoxale mémoire du futur, ou pour mieux dire cette paradoxale et nécessaire fidélité à l'avenir. Les parents le savent, qui veulent préserver celui de leurs enfants - non pour l'écrire à leur place, mais pour leur laisser le droit, et si possible leur donner les moyens, de l'écrire eux-mêmes. L'humanité doit aussi le comprendre, si elle veut préserver les droits et les chances d'une humanité future. L'écologie par exemple relève de la prudence, et c'est par quoi elle touche à la morale. On se tromperait en croyant la prudence dépassée : c'est la plus moderne de nos vertus, ou plutôt celle de nos vertus que la modernité rend la plus nécessaire,

Morale appliquée, disais-je, et aux deux sens du terme : c'est le contraire d'une morale abstraite ou théorique, mais le contraire aussi d'une morale négligente. Que cette dernière notion soit contradictoire dit assez combien la prudence est nécessaire, y compris pour protéger la morale du fanatisme (toujours imprudent à force d'enthousiasme), et d'elle-même. Combien d'horreurs accomplies au nom du Bien ? Combien de crimes, au nom de la vertu ? C'était pécher contre la tolérance, presque toujours, mais aussi contre la prudence, le plus souvent. Méfions-nous de ces Savonarole, que le Bien aveugle. Trop attachés aux principes pour considérer les individus, trop sûrs de leurs intentions pour se soucier des conséquences ...

Morale sans prudence, c'est morale vaine ou dangereuse. "Caute", disait Spinoza : "Méfies-toi". C'est la maxime de la prudence, et il faut se méfier aussi de la morale quand elle néglige ses limites ou ses incertitudes.

p. 50

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Re: La tolérance

Message non lu par Carolus » mar. 18 juin 2019, 17:41

Kerygme a écrit :
lun. 17 juin 2019, 15:03
Kerygme :
Carolus a écrit :
lun. 17 juin 2019, 14:27
Carolus :
S’agit-il d’un signe de tolérance si je ne dis rien contre (si je tolère) le travail des enfants dans ces pays, car je veux être considéré comme « quelqu'un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres » :?:
Bonjour Carolus,

En effet on pourrait considérer que la tolérance (sans la Charité) puisse être un acte de coopération, assez autocentré pour le coup : je suis tolérant envers autrui car j'attends en retour qu'il le soit envers moi.
On est assez loin du modèle chrétien pour ce cas, car ce n'est pas forcément l'amour du prochain (ou l'amour du prochain par amour de Dieu) qui invite à la tolérance mais l'amour de soi-même.


Cordialement.
Merci de votre réponse, cher Kerygme. :)

Il n’y a qu’une seule occurrence du terme latin “tolerantia = tolérance ” dans la Vulgate.
2 Co 1, 6 Si nous sommes affligés, c'est pour votre consolation et pour votre salut ; si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation, qui vous fait supporter avec patience [tolerantia] les mêmes souffrances que nous endurons aussi.
La version Crampon traduit ce terme latin comme “patience” et la version AELF comme “persévérance”.

Les disciples de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ doivent « supporter avec patience » ceux qui ne croient pas encore en LUI.
CEC 2 Pour que cet appel retentisse par toute la terre, le Christ a envoyé les apôtres qu’Il avait choisis en leur donnant mandat d’annoncer l’Évangile : " Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit.
Il faut annoncer l’Évangile avec patience (tolerantia) et persévérance (tolerantia).

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Re: La tolérance

Message non lu par Cinci » mer. 19 juin 2019, 0:59

Cepora :

Dans son acception courante, c'est un terme politique utilisé pour faire la promotion de la laïcité et de l'immigration ; un terme de propagande en usage dans l'éducation nationale et les médias dominants. À priori donc, il n'a pas de rapport positif avec le christianisme.
Le terme "tolérance" utilisé comme un moyen de propagande ? Peut-être d'une manière accessoire et assez vague. Il ne me semble pas que le mot se rencontre si souvent dans le discours politique courant.

On entend parler plutôt de vivre-ensemble, de la diversité comme d'une nécessité (une richesse, etc.), d'un nécessaire pluralisme et tout. Nous avons affaire aujourd'hui à une sorte de moralisme qui entend nous imposer de gré ou de force une fameuse diversité de points de vue au plan de la morale, de la sexualité, etc. C'est bien différent de la tolérance dont nous parlerions ici, il me semble.

Exemple :

Dans une société chrétienne, les comportements homosexuels pourraient être perçus comme des comportements fautifs, déficients, incorrects en soi, répréhensibles, coupables. Le pouvoir civil ou le prince pourrait donc en principe veiller à ce que les comportements délictueux soit châtiés. Le gouvernement détiendrait en principe ce droit de réprimer assez solidement ces comportements corrupteurs des bonnes moeurs. La tolérance dans ce cadre n'en peut que provenir du fait d'une décision de gouvernement ayant le "droit de". Le prince aurait le droit de faire emprisonner des homosexuels impénitents, pécheurs publics, fiers de leurs bravades, zélotes et militants pour leur cause. La tolérance s'insère de manière prudentielle entre le droit théorique du prince à faire jeter des corrompus aux oubliettes, en contrepartie d'une décision plus sage consistant à user de modération dans la répression, à tabler davantage sur l'éducation et autres bons incitatifs, préférant supporter la présence possible de contradicteurs chez soi au lieu d'agir comme s'il faudrait faire disparaître à tout prix le moindre pécheur de la catégorie visée, compris en usant des moyens les plus cruels qui soient. On va dire que tel prince chrétien dans son royaume est tolérant. Il est tolérant, ce qui veut pas dire qu'il serait indifférent ni qu'il s'abstiendrait de se prononcer lui-même pour ou contre.

Dans la société libérale dite du "multi", il est fait défense aux citoyens de penser que l'homosexualité serait une manière d'être déficiente, malheureuse à quelque part, sanctionnée à bon droit par la Bible ou par Dieu-le-Père. Le quidam que l'on inviterait à la radio pour parler de la chose ou juste pour s'y exprimer accessoirement en lien ne pourrait pas s'attendre à dire franchement ce qu'il en penserait, sans qu'une pénalité (un coût, un fort désagrément) puisse s'y rattacher, si par malheur son expression n'aurait pas l'heure d'évoluer dans le même sens de ce que tout le monde a le droit de dire dans la société du "multi" ... et soit que l'homosexualité est chose bien normale, naturelle, sans problème, plus qu'acceptable, preuve d'une avancée de civilisation, etc.

Dans notre société libérale, l'intolérable (scandaleuse vérité ?) est de dire publiquement, ouvertement et franchement : l'homosexualité est un mal. Un juge qui dirait cela ("scandale !") pourrait se faire destituer, un député se faire virer de son Parti politique, un professeur congédié (non renouvellement de contrat, etc,), un animateur de talk-show perdre son poste à la télé, un chroniquer vedette dans un journal être désormais affecté à la couverture des chiens écrasés dans la cahier C (si le patron est d'humeur généreuse).

Mais, - certes !- , cette société libérale est encore tolérante. Elle l'est également, tolérante, en ce qu'elle peut bien souffrir que des prêtres peuvent enseigner les sottises qu'ils enseignent à propos de l'homosexualité et même si leurs enseignements traditionnels seraient criminels à la limite. Aucun grand parti politique ne demande à ce que les curés "déviants" (ceux qui enseignent la doctrine de leur Église) soient châtiés comme ils le mériteraient ou expédiés en camp de rééducation. Les religieux ignorants peuvent toujours bien faire leurs simagrées entre eux et en privé, en autant qu'ils fassent profil bas en public et qu'ils n'aient pas la prétention monstrueuse de penser pouvoir convertir la majorité des gens à leurs idées de fou.

Comme notre ami Comte-Sponville pourrait le dire : il n'y a pas tellement d'amour tendre entre les adeptes du multi et les religieux catholiques fervents en réalité. Il peut y avoir une relative tolérance.

Depuis 500 ans, la tolérance ne disparaît pas des radars. Même si, dans un contexte philosophique ou culturel changeant, l'application de la tolérance ne se fera plus dans le même esprit qu'au départ. Il me semblerait un peu faux quand même d'aller dire que le concept de tolérance serait positivement étranger au christianisme. Quant à la propagande d'aujourd'hui, moi je ne trouve pas qu'elle porte tellement sur la tolérance (au sens historique du terme, voltairien du XVIIIe siècle voire) comme sur le fait que nous devrions (Yaka il le faut eh DuC ... !) être métissés, mélangés (A bas les murs !), capables de recevoir et d'accepter comme bons des cultes étrangers.

Je ne sais pas si vous voyez bien la différence ?

La tolérance chrétienne n'exigeait nullement du prince (ni Voltaire de son auguste personne) ou d'à peu près tous les sujets du royaume qu'ils pensent du bien de la religion minoritaire tolérée, qu'ils la trouvassent bonne, admirable, fantastique ou aimable. Mais la libéralisme politique d'aujourd'hui semble avoir pour ambition de faire en sorte que tous et toutes puissent penser et percevoir comme bonnes toutes les religiosités autres que chrétiennes. Comme si la condition pour qu'il puisse y avoir du vivre-ensemble, une sorte de paix civile, serait qu'il dusse y avoir vraiment de l'amour réel entre les rabbins pour le Pape, un amour du grand mufi pour le judaÏsme ou du recteur de l'université Al-Azhar pour le christianisme et les chrétiens, etc.

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Re: La tolérance

Message non lu par Cinci » mer. 19 juin 2019, 2:41

Il y avait le coup aussi de la poste belge qui avait édité un timbre sur lequel paraissait des représentants des trois grandes religions. Une horreur. Mais tout à fait dans l'esprit actuel voulant que les religieux se bécotent les uns les autres.

- Comment ?
- Haaah mais il va falloir. Il le faut-pas le choix.

On peut se trouver sous un régime de tolérance. Mais ça ne veut pas dire pour autant que l'on puisse bien apprécier ou aimer tellement la philosophie de ceux qui nous dirigent.

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Re: La tolérance

Message non lu par Ombiace » mer. 19 juin 2019, 3:29

Kerygme a écrit :
mar. 18 juin 2019, 8:58
Je serais curieux d'avoir votre point de vue selon ce principe à ne pas interférer, à être tolérant, avec la liberté d'autrui.
Mon propos était que je visais la liberté d' autrui. Être tolérant ne fait pas partie de mes soucis, vous m'avez mal compris si vous pensez le contraire. Je préfère tenter d'être chrétien. Cela suppose d' avoir le courage avec Christ de dire ce: "Va, et désormais ne pèche plus", qui est bien de l' intolérance pure au péché. Cela fait suite à cette injonction pour celui qui n' aurait jamais péché de jeter la première pierre.

Vous avez votre réponse: Jésus renvoie les accusateurs à leurs oignons ( et leur péché ), à leur propre conscience. De sauveur du corps de la pécheresse, il la libère ( "va"), et, ne reculant pas devant sa mission de sauveur des âmes, (également, en plus du corps), lui dit de ne plus pécher.
Si Jésus avait été un tolérant (au sens contemporain), jamais il n' aurait dit à la pécheresse de ne plus pécher.
Et si Christ fait de la correction fraternelle avec la pécheresse, tout en visant sa liberté ( à la pécheresse), c' est que c' est ici le compromis de liberté maximale qui soit possible pour libérer en totalité la pécheresse. En effet, correction fraternelle et liberté ne sont pas incompatibles.

Ne confondez pas: le péché ne libère pas, pas plus que la tolérance : ils rendent esclave, au contraire(il y a illusion de liberté)

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Re: La tolérance

Message non lu par Kerygme » mer. 19 juin 2019, 9:18

pierrot2 a écrit :
mer. 19 juin 2019, 3:29
...
Malheureusement vous semblez ne vouloir répondre que dans le sens qui vous intéresse, occultant même l'essentiel de la question qui concernait le dilemme du tramway. L'apologiste défend sa position mais est-ce forcément par le monologue ?

Blaise Pascal disait : "Il y a assez de lumière [en Dieu] pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire.". Alors je ne dis pas que vous êtes dans des dispositions contraires, mais seulement qu'on peut au travers des versets bibliques affirmer une position et la réfuter également, être éclairé ou plongé plus encore dans l'obscurité. Vous partez d'une définition mondaine et vous essayez de trouver dans la Bible des versets qui appuient cette définition qui représente votre position, mais cela peut aussi la réfuter :

En Matthieu 13, le Christ expose clairement la tolérance divine dans la parabole du blé et de l’ivraie. Lorsque les serviteurs proposent au maître d’arracher l’ivraie, ce dernier répond : « Non, de peur qu’en enlevant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps. ». En attendant le jugement final, il vaut mieux tolérer du mal que de chercher à l’éradiquer entièrement. Ne pas tolérer du mal en ce monde risquerait de faire plus de mal que de bien !

Donc à la question Dieu est-Il tolérant, la réponse semble évidente : oui ! Dieu tolère le mal. Il le tolère en nous ! Il tolère le mal qui pourtant l’offense et le blesse. Il y a quelque chose de divin dans la tolérance !

Vous voyez, se référencer à la Bible en partant d'une définition mondaine pour y trouver une justification me semble périlleux. C'est la puissance lumineuse du Christ qui doit éclairer le mot tolérance, pas sa définition fusse-t-elle académique. Mais ce n'est que mon avis.
Comme vous le dites si bien, tentons d'être chrétiens.

Alors je vais être téméraire mais retirer toute origine divine dans la tolérance me fais indubitablement penser aux Pharisiens qui accusent Jésus de guérir par Belzébul et non l'Esprit Saint.


Cordialement.
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Re: La tolérance

Message non lu par Ombiace » mer. 19 juin 2019, 13:21

Kerygme a écrit :
mer. 19 juin 2019, 9:18
dilemme du tramway
Bonjour Kerygme,
De quoi s agit-il, je vous prie ? Ça a l'air d aller de soi, à vous lire. Je suis un peu demeuré voyez-vous.
Kerygme a écrit :
mer. 19 juin 2019, 9:18
Donc à la question Dieu est-Il tolérant, la réponse semble évidente : oui ! Dieu tolère le mal.
Dieu n est pourtant pas resté impassible après le péché originel. Jésus ne félicite pas la pécheresse pour sa conduite.. Mais c est un fait: C'est l'évangile.. Vous mentionnez Matthieu 13, ça ne vous contrarie néanmoins pas de citer l'évangile, ça me rassure.. (Au passage, Il n appelle pas bon grain l'ivraie.)

Cordialement aussi

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Re: La tolérance

Message non lu par prodigal » mer. 19 juin 2019, 14:01

Mais cher pierrot2, la tolérance, cela n'a jamais signifié le fait d'appeler bien ce qui est mal!
Je trouve que Kerygme vous l'a d'ailleurs bien expliqué, et je me permets de vous conseiller de le lire avec attention. Il faut veiller à ne pas arracher le bon grain sous prétexte d'enlever l'ivraie. C'est un devoir qui est ici prescrit, et il définit bien la raison d'être de la tolérance.
Celle-ci n'est donc pas un respect qui serait dû à toute opinion quelle qu'elle soit, ce qui nous conduirait en effet à des aberrations. Mais elle est une forme d'humilité et de respect de la personne, recommandée, et même exigée, par l'évangile.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: La tolérance

Message non lu par Cinci » mer. 19 juin 2019, 14:09

Pierrot2 :

Dieu n est pourtant pas resté impassible après le péché originel.
Jésus ne félicite pas la pécheresse pour sa conduite..
La tolérance chrétienne n'a rien à voir avec le fait de "féliciter le fautif d'avoir fauté". On dirait que dans votre esprit le terme "tolérance" pourrait rimer avec complicité dans le mal ou bonnasserie finissant par acquiescer au méfait de l'un ou l'autre. Remarquez que ce pourrait être le cas parfois.

Dans votre exemple tiré de l'Évangile, le Christ serait le seul en droit de foudroyer la pécheresse pour sa malfaisance. Il est tolérant en ne le faisant pas. Sa tolérance n'équivaut pas à une reconnaissance du fait qu'il faudrait désormais appelé bien ce qui est mal (vice-versa). Non, le mal reste le mal, le bien le bien. La tolérance a pour objet que le pécheur se convertisse.

Mais il est vrai que le concept de tolérance pourrait peut-être se dévoyer dans notre monde d'aujourd'hui, si par tolérance l'on n'entend justement pas le fait de viser finalement au Bien, mais plutôt le fait que l'on dusse trouver en principe bon ou aussi juste, possible ou sensé une foule de systèmes les plus contradictoires les uns avec les autres, acceptables ensuite toutes les religions. "Défense de juger en mal de la scientiologie !"; "Interdit au premier ministre du pays d'aller dire que le christianisme c'est mieux", etc. L'idée démocratique du "Je fais comme je veux, je pense ce que je veux penser et j'ai droit de me faire ma propre religion aussi" peut certainement correspondre à un mal dans la perspective chrétienne. La tolérance dû à de l'indifférentisme ne correspond pas "spécialement" à un bien. Moi, j'ai l'Impression que nous en sommes là en tant que société. Les pouvoirs publics sont indifférents par rapport à la vraie religion, aux droits du vrai Dieu et tout. Ils seront tolérants d'une certaine manière ... or qu'il faudra parler d'une tolérance n'ayant pas pour objet que chacun puisse trouver "le" seul vrai Bien.

;)

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Re: La tolérance

Message non lu par Cinci » mer. 19 juin 2019, 14:33

Prodigal :
Mais cher pierrot2, la tolérance, cela n'a jamais signifié le fait d'appeler bien ce qui est mal!
Nos messages se sont croisés. Je n'avais pas vu le vôtre juste au-dessus. Sur le plan de l'objectivité, c'est tant mieux. Il en renforcerait juste la première impression produite par les messages de Pierrot2.

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Re: La tolérance

Message non lu par Kerygme » mer. 19 juin 2019, 14:43

Re Pierrot2,
pierrot2 a écrit :
mer. 19 juin 2019, 13:21
Dieu n est pourtant pas resté impassible après le péché originel. Jésus ne félicite pas la pécheresse pour sa conduite..
Il ne la condamne pas non plus, il remet sa vie en perspective et il la redresse.
Jésus se révèle donc tolérant, mais il ne verse pas pour autant dans le relativisme ou le laxisme.
C'est bien pour cela qu'il y a du divin dans la tolérance, cette pauvre Samaritaine aurait probablement été atomisée si son jugement nous appartenait.
pierrot2 a écrit :
mer. 19 juin 2019, 13:21
Vous mentionnez Matthieu 13, ça ne vous contrarie néanmoins pas de citer l'évangile, ça me rassure..
Ca sent le jugement préconçu, il m'arrive en effet d'en ouvrir quelques pages. Soyez rassuré.
J'ai même trouvé ce verset : " je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver" (Jean 12).


Cordialement.
Dernière modification par Kerygme le mer. 19 juin 2019, 15:29, modifié 1 fois.
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Re: La tolérance

Message non lu par Carolus » mer. 19 juin 2019, 14:53

Kerygme a écrit :
mer. 19 juin 2019, 9:18
Kerygme :
En Matthieu 13, le Christ expose clairement la tolérance divine dans la parabole du blé et de l’ivraie.
Merci de votre réflexion, cher Kerygme. :(
CEC 1037 [L’Église] implore la miséricorde de Dieu, qui veut " que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir " (2 P 3, 9) :
CEC 1037 cite 2 P 3, 9 :
2 P 3, 9 Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.
Le Seigneur prend patience envers ceux qui ne sont pas encore arrivés au repentir, n’est-ce pas :?:
CEC 681 Au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l’ivraie, auront grandi ensemble au cours de l’histoire .
L’ivraie symbolise ceux qui ne sont jamais arrivés au repentir, n’est-ce pas ?

Il ne faut pas confondre la patience divine avec l’idée moderne de tolérance.

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Re: La tolérance

Message non lu par Kerygme » mer. 19 juin 2019, 15:21

pierrot2 a écrit :
mer. 19 juin 2019, 13:21
Kerygme a écrit :
mer. 19 juin 2019, 9:18
dilemme du tramway
Bonjour Kerygme,
De quoi s agit-il, je vous prie ?
Comme je ne veux pas faire dévier ce fil, je me limite à une simple recherche Google placée en spoiler.
[+] Texte masqué
En général je l'utilise en morale pour parler de l'utilitarisme, mais ses conclusions peuvent s'adapter à la tolérance.

Dilemme du tramway

Pour notre cas qu'est ce qui est tolérable ? Je remet en contexte en rappelant que nous parlions de la liberté d'autrui, à ne pas interférer. Pas de réponse à fournir, mais si vous le souhaitez juste à méditer.
Cordialement.
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Re: La tolérance

Message non lu par Ombiace » mer. 19 juin 2019, 17:11

prodigal a écrit :
mer. 19 juin 2019, 14:01
Celle-ci n'est donc pas un respect qui serait dû à toute opinion
prodigal a écrit :
mer. 19 juin 2019, 14:01
elle est une forme d'humilité et de respect de la personne
Bonjour Prodigal,
Vous semblez assimiler ivraie à une mauvaise opinion, je me trompe?
Je le suppose, sinon veuillez m'éclairer, car, l' explication de l' ivraie, c' est qu'il s'agit des sujets du malin (Matthieu 13, toujours), non d' un esprit de mauvaise opinion qui serait dans l'homme.

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Re: La tolérance

Message non lu par Ombiace » mer. 19 juin 2019, 17:30

Cinci a écrit :
mer. 19 juin 2019, 14:09
le Christ serait le seul en droit de foudroyer la pécheresse pour sa malfaisance. Il est tolérant en ne le faisant pas.
Bonjour Cinci,
Je me répète:
Le Christ ne félicite pas la pécheresse, c'est à dire, il ne pratique pas la langue de bois: "désormais, ne pèche plus". S'il n' avait pas ajouté cela, oui, il serait tolérant.
Cinci a écrit :
mer. 19 juin 2019, 14:09
bonnasserie finissant par acquiescer au méfait de l'un ou l'autre. Remarquez que ce pourrait être le cas parfois
C' est malheureusement le point de départ de toutes les dérives. La tolérance n' est que la première marche d' un long escalier. On ne se souvient plus de l' avoir foulée
Cinci a écrit :
mer. 19 juin 2019, 14:09
La tolérance a pour objet que le pécheur se convertisse.
Ou bien tout le contraire..

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