De l’utilité morale d‘une religion

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cmoi
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De l’utilité morale d‘une religion

Message non lu par cmoi » mer. 22 janv. 2020, 10:51

(pour sortir du débat « scientifique » tenant à la preuve de l’existence de Dieu, en question dans le topic « débat Dumouch Vs Durand» et prise sous son angle biologique, et en prolonger une des diversions qui méritent mieux)

Adieu12,

Vous ne m’avez pas répondu : êtes-vous oui ou non favorable à l’avortement ?
J’avais auparavant développé les raisons pourrait-on dire philosophiques pour lesquelles la vie d’un fœtus doit être considérée comme l’égale de celle d’une personne adulte ou du moins née. Vous ne les avez pas encore contestées.
Oui je l’avais fait pour avoir choisi l’avortement comme exemple, afin d’illustrer le débat par lequel vous entendiez nier une utilité morale à la religion. Vous appuyant sur l’idée qui serait selon vous reconnue comme quoi il n’y a pas de différence de comportement moral entre un croyant et un incroyant.
J’ai pour ma part choisi cet exemple car il est bien celui qui me semble le plus actuel et symptomatique d’une différence, mais il ne sera pas difficile d’élargir ensuite cet exemple à tout autre discriminant moral : le vol, le mensonge, etc.
Si vous parvenez à me démontrer que en tant qu’athée l’avortement doit être tenu pour un acte moralement bon, nous aurons déterminé qu’il y a une différence morale tenant à la religion, même si certains croyants sont en désaccord avec la morale qui devrait être la leur et appliquent votre morale, le sujet ne tient plus alors qu’à leur fragilité humaine, or vous avez déclaré vous-même qu’une morale ne saurait être consensuelle – ce qui est bien vrai pour un croyant, elle ne l’est pas si Dieu existe, car cela implique d’avoir un certain comportement moral en fonction de règles non discutables.
Qu’il n’y ait pas de différence « sociologique » je ne l’ai pas contesté, en ce que d’une part, un croyant ne bénéficiant pas du soutien d’une religion pour être pardonné de ses fautes, il se sent comme obligé d’en faire moins, tandis qu’il en va différemment du croyant qui n’aurait pas compris l’exigence de perfection à laquelle Dieu le convie – la religion étant sensée gérer nos rapports avec Dieu et donc notre comportement avec Lui et sa création.
Il ne s’agit pas de discuter de la bonne application ou volonté des croyants, de leur degré de foi, mais de l’utilité morale d’une religion.
Que j’ai déjà présentée comme devant tenir à 2 choses :
D’une part, une aide pour ne serait-ce que vouloir déterminer une règle morale qui ne soit pas celle du caprice de chacun, sans favoriser personne, mais commune. Or si cette règle est relative et discutable, si au final chacun peut agir comme bon lui semble en fonction de ses intérêts, pourvu de ne léser ouvertement personne sans en avoir le droit, à quoi bon cette recherche !
D’autre part, une énergie pour s’en tenir à cette règle et agir en conséquence, même quand elle nous semble défavorable.
Vous voudrez bien reconnaître que se servir d’une religion pour commettre ce qu’elle tient pour des fautes, parce que celle-ci en prévoit le pardon, c’est la dévoyer. Quand d’ailleurs la religion prédominait socialement, ce pardon s’accompagnait malgré tout de sanctions jugées pertinentes, c’est donc l’affaiblissement de cette religion qui permet ce dévoiement, en ce que la sanction n’est plus pratiquée.
Nous parlons donc bien là de règles morales qui sont différentes selon que l’on soit croyant ou non. Et la question de l’utilité morale d’une loi civile n’est pas ici en cause, sinon qu’elle interfère sur le sujet et nous oblige à le réduire à ce qui, de la morale, échappe à son jugement. Or s’il s‘avérait que la religion avait une utilité morale, il y aurait une utilité à incorporer ses exigences à la loi – sous réserve de ne pas porter préjudice à son intégrité : je pense notamment aux règles de clémence propres à beaucoup de religions.
En revanche, qu’il n’y ait aucun différence quant aux règles mêmes, et cette différence tiendrait alors en ce que la croyance en Dieu donne plus de force pour y correspondre, ce qui commence par le fait de ne pas se mentir ni s’interroger sur la nécessité et le bon droit de cette règle.
Il y aurait donc bien 2 différences comportementales, une qui serait la plus difficilement mesurable (et que viendrait contredire le degré de perversité des croyants et inversement le degré de vertu des incroyants, mais nous pourrions admettre que si ces deux facteurs ont une action efficace sur cette mesure, effectivement la religion ne serait d’aucune utilité morale à moins qu’elle ne serve qu’à secourir les plus pervers d’entre nous, ce qui serait immoral !) et l’autre, à laquelle tient cette utilité morale de la religion, et qui consisterait à maintenir et préserver la morale de toute interprétation indue qui la falsifierait pour en promouvoir une autre, fausse ou limitée.

Vous n’avez pas répondu à une autre de mes questions : pour un incroyant, quel remède y a-t-il à ses fautes ? C’est un point important car nul n’est parfait et quelle que soit la vertu d’un incroyant, il lui faut gérer ses fautes. S’il ne peut les réparer, cela l’invite à refuser de les voir ou s’assombrir et se désespérer. Et s’il le peut, comment sinon par lui-même, à quoi bon s’en soucier ? Ce qui affaiblit beaucoup la portée d’une morale quelle qu’elle soit. En vertu de quoi et comment, un autre que lui pourrait l’aider ou l’obliger à les réparer, sans que cela finisse par nuire à l’un ou l’autre car au détriment de quoi et pour quel profit ?
Vu le zèle que vous mettez à répondre de façon très précise et circonstanciée à des arguments « scientifiques », j’aimerais creuser avec vous cet aspect ô combien plus important des choses, quand il s’agit de religion…
Vous reconnaîtrez d’abord que la morale ne relève en rien de la quantité, mais de la qualité, puisqu’elle dépend du cœur et de la conscience de chacun.
Ainsi s’il adhère à quelque lubie collective, guerre de religion, inquisition, etc. celle-ci en ce qu’elle serait viciée ne saurait prendre la religion pour autre chose qu’un prétexte, étant admis que l’homme ne saurait durablement vivre dans la perfection sans tomber dans une expression contraire, peu en importe la raison. Ce qui seul compte au regard de notre sujet seront donc ses fautes ponctuelles et personnelles, sa responsabilité indépendamment du contexte.

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