Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par cmoi » jeu. 07 mars 2024, 4:09

Coco lapin a écrit :
mar. 05 mars 2024, 12:49
Il me semble que les âmes du purgatoire ont dès le début la charité parfaite : elles ne peuvent aimer que Dieu et rien vouloir d'autre que sa très sainte volonté.
Oui, l’âme elle est bien en état de contrition parfaite si au purgatoire, mais ses « puissances » n’y pouvant être (en cet état) et correspondre (par quel miracle, sinon ?), la souffrance l’occupe et la travaille en la purifiant pour les rendre compatibles. En fait, la souffrance n’est qu’un effet de cette purification et c’est pourquoi l’âme y adhère, cette souffrance pallie son impuissance à y parvenir ou y être parvenue par elle-même.
Coco lapin a écrit :
mar. 05 mars 2024, 12:49
Leur "cervelle", leur caractère, leur volonté, etc, tout ça est déjà corrigé d'entrée de jeu..
Non, cela serait le fruit d’une indulgence, donc un don de Dieu. Le purgatoire a précisément pour rôle d’y pallier et cela demande du temps.
Mais il faudrait plutôt parler ici de « puissances de l’âme », plutôt que de cervelle, caractère, volonté, etc.
Coco lapin a écrit :
mar. 05 mars 2024, 12:49
On peut voir ça comme une punition "médicinale" puisque ça permet ensuite d'entrer au paradis, mais ça reste une punition quand même.
Oui c’est médicinal. Mais c’est aussi là que se tient la « balance » (et donc ce n’est pas une punition à proprement parler) et non dans le fait de remettre ou non la peine, ce qui relève de la miséricorde.
Si vous déplacez arbitrairement cette balance pour y faire intervenir autre chose ayant trait à la miséricorde, vous vous mettez en position de juger injustement du comportement de Dieu et cela ne va plus.
Le seul fait de vous en apercevoir devrait vous retenir d’aller plus loin et vous recentrer sur un acte de foi et d’abandon en sa divine providence. S’il peut être agaçant d’avoir des pensées qui nous semblent justes mais qui conduisent au blasphème, il faut avoir le courage de les abandonner avant de leur avoir trouvé une solution et de s’en remettre à Dieu. De se contenter d’une pratique plus sainte et charitable.
Coco lapin a écrit :
mar. 05 mars 2024, 12:49
ChristianK a écrit :Ca va plus du tout avec le Docteur commun. Par définition un don par libéralité n’est pas obigatoire, ni exigé en justice, encore moins en justice commutative. Le libéral aime donner ses biens (dans les limites de la vertu de prudence) sans que ce soit mérité aucunement, en justice ou autrement.
Justement, si ce n'est pas mérité du tout, c'est une injustice, par définition ("immérité" et "injuste" sont synonymes). Disons que c'est une injustice positive.
Coco lapin a écrit :
mar. 05 mars 2024, 12:49
Un don est une injustice qui consiste à donner "injustement". C'est pourquoi Dieu ne fait pas de dons gratuits. Il réclame toujours des compensations (il faut l'aimer, obéir, souffrir, etc).
Non, un don n’a rien d’injuste et ne réclame aucune compensation, le voir ainsi c’est supprimer la liberté de Dieu.
C’est prendre une position d’opposition à Dieu et à sa nature-même. Vous devriez réfléchir aux conséquences que cela a et oublier un peu la justesse théorique de certains raisonnements qui semblent conçus pour rejeter Dieu, non pas son existence mais ce qu’il est, ce qui est bien plus grave.

La seule chose qui pourrait se dire, c’est que de ne pas bénéficier d’un don (d’une indulgence) est une punition, mais à condition que l’indulgence qui aurait été « gagnée » pour être attribuée de façon précise à cette âme soit redistribuée autrement, voire que l’âme n’ait pas été choisie pour bénéficier d’une indulgence dont le bénéficiaire était anonyme.

Or Dieu sait ce qu’il fait, et la façon dont il se manifeste nous révèle mieux qui il est et vaut adoration. Vaut justice aussi. Vaut miséricorde encore. Tout dépend des circonstances qui nous le font comprendre et pourquoi, car les interventions de Dieu nous libèrent toujours.
Nous nous mettons à nous-même nos plus lourdes chaînes et cela s’appelle le péché.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par Coco lapin » jeu. 07 mars 2024, 21:29

cmoi a écrit :Oui, l’âme elle est bien en état de contrition parfaite si au purgatoire, mais ses « puissances » n’y pouvant être (en cet état) et correspondre (par quel miracle, sinon ?), la souffrance l’occupe et la travaille en la purifiant pour les rendre compatibles. En fait, la souffrance n’est qu’un effet de cette purification et c’est pourquoi l’âme y adhère, cette souffrance pallie son impuissance à y parvenir ou y être parvenue par elle-même.
Au purgatoire, la souffrance n'est pas un effet de la purification, c'est plutôt l'inverse. Les "puissances" (volonté, capacité d'aimer ?) sont déjà corrigées par la grâce de Dieu puisque celui qui a la contrition parfaite a la charité parfaite. La "purification" ne consiste donc qu'à éliminer par la souffrance la "dette" du péché : il faut expier ses fautes par une peine temporelle.
cmoi a écrit :Non, cela serait le fruit d’une indulgence, donc un don de Dieu. Le purgatoire a précisément pour rôle d’y pallier et cela demande du temps.
Vous n'avez pas dû lire beaucoup de témoignages d'âmes du purgatoire (relatés par des saints ou des mystiques). Les âmes du purgatoire ne souffrent que pour payer leurs péchés. C'est un châtiment.
cmoi a écrit :Oui c’est médicinal. Mais c’est aussi là que se tient la « balance » (et donc ce n’est pas une punition à proprement parler) et non dans le fait de remettre ou non la peine, ce qui relève de la miséricorde.
Le raccourcissement de la durée du châtiment ne dépend pas de la progression psychologique des âmes du purgatoire, mais des pécheurs qui payent pour eux en offrant leurs sacrifices.
cmoi a écrit :Non, un don n’a rien d’injuste et ne réclame aucune compensation, le voir ainsi c’est supprimer la liberté de Dieu.
Dieu est libre de faire les dons qu'il veut, mais il n'est pas libre de ne rien exiger en retour, car il lui faut rétablir l'équilibre de la justice (la balance).
cmoi a écrit :La seule chose qui pourrait se dire, c’est que de ne pas bénéficier d’un don (d’une indulgence) est une punition, mais à condition que l’indulgence qui aurait été « gagnée » pour être attribuée de façon précise à cette âme soit redistribuée autrement, voire que l’âme n’ait pas été choisie pour bénéficier d’une indulgence dont le bénéficiaire était anonyme.
Auriez-vous lu le Manuscrit du Purgatoire, où il est précisé que ceux qui sont dans le grand purgatoire (le niveau du bas) ne peuvent bénéficier d'aucune prière, par une disposition de Dieu qui les en empêche ?

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par cmoi » ven. 08 mars 2024, 9:15

Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Au purgatoire, la souffrance n'est pas un effet de la purification, c'est plutôt l'inverse. Les "puissances" (volonté, capacité d'aimer ?) sont déjà corrigées par la grâce de Dieu puisque celui qui a la contrition parfaite a la charité parfaite. La "purification" ne consiste donc qu'à éliminer par la souffrance la "dette" du péché : il faut expier ses fautes par une peine temporelle.
Après tout pourquoi pas.
Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Vous n'avez pas dû lire beaucoup de témoignages d'âmes du purgatoire (relatés par des saints ou des mystiques).
De grâce, cessons ces phrases qui ne mènent nulle part (j’avoue les avoir moi-même employées par le passé…)
Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Les âmes du purgatoire ne souffrent que pour payer leurs péchés. C'est un châtiment.
Certes, s’il n’y avait pas eu leur péché elles n’y seraient pas et on souffre au purgatoire. Après c’est une question d’interprétation. Mais je ne parlais pas de cela.
En revanche oui, j’avais inversé la proposition pour adopter votre vision qui (à ce qu’il me semblait que vous aviez écrit) assimile l’indulgence qui est une œuvre de sa miséricorde à une œuvre de justice. Evidemment, le purgatoire ne pallie pas l’indulgence puisque celle-ci n’est pas systématique mais optionnelle et relevant de la miséricorde.
Disons que quand elle fait défaut, la justice s’applique : je l’exprimais à l’envers, mais en effet la justice est première et par conséquent, et c’est ce que je disais, l’indulgence n’est nullement due mais un don et à ce titre son absence pour les uns seulement n’est nullement injuste, car ce don relève des critères discriminants de Dieu (lesquels relèvent de qui il est) qui font qu’il fait ou non miséricorde.
Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Le raccourcissement de la durée du châtiment ne dépend pas de la progression psychologique des âmes du purgatoire, mais des pécheurs qui payent pour eux en offrant leurs sacrifices.
Là encore, ce n’est pas ce dont je parlais et je suis d’accord. Sauf qu’aussi, certaines indulgences sont accordées qui ne dépendent pas de l’Eglise militante, mais de celle glorieuse qui est au ciel. Et parfois sans que personne ne « les » ait sollicitées : donc de Dieu seul. A l’occasion de fêtes par exemple.
Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Dieu est libre de faire les dons qu'il veut, mais il n'est pas libre de ne rien exiger en retour, car il lui faut rétablir l'équilibre de la justice (la balance).
Nous y voilà ! je ne vois pas d’où vous tirez cela, c’est le contraire de la miséricorde dont le concept semble vous rebuter. Et cela explique bien des désaccords (dont ci-dessus).
« En retour », il y a comme il l’a dit au pharisien dans Luc et comme pour expliquer qu’il pardonne à la pécheresse, davantage d’amour de sa part : mais ce n’est pas une question de justice ou de donnant/ donnant, mais de gagnant/gagnant et cela suppose un autre état d’esprit. Le fait que Dieu soit infini, l’alpha et l’omega c’est cela aussi : cela l’affranchit de toute nécessité de retour ou d’équilibre. Et c’est pourquoi il nous demande de faire pareil : de pardonner. Cela serait sinon impossible car injuste : oui.
La nécessité absolue d’une « réparation » n’a pas court quand il s’agit de miséricorde : d’ailleurs, notre sauveur est celui qui a été l’offensé : Dieu lui-même. Pardonner, pour l’offensé, c’est prendre lui-même en charge la réparation de l’offense, donc ce n’est pas une vraie réparation et il n’y a pas de « balance ». Ce qui peut être fait pour y correspondre n’est qu’un « plus » et dont le caractère superflu peut même devenir une gêne, presque une offense, et dévoyer l'amour.
Coco lapin a écrit :
jeu. 07 mars 2024, 21:29
Auriez-vous lu le Manuscrit du Purgatoire, où il est précisé que ceux qui sont dans le grand purgatoire (le niveau du bas) ne peuvent bénéficier d'aucune prière, par une disposition de Dieu qui les en empêche ?
Je me fie essentiellement aux grâces particulières que j’ai reçu, et parce que j’ai à leur égard de multiple devoirs (de fidélité, de reconnaissance, de partage, etc.) ce qui ne veut pas dire que je ne puisse en recevoir par une voie plus habituelle (lectures, etc.) mais les premières me servent aussi de critère de discernement. La difficulté, c'est qu'elles n'ont rien de théoriques et demandent beaucoup de rigueur dans l'expression quand on croirait n'en avoir pas besoin.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par Un passant qui passe » ven. 08 mars 2024, 11:00

Bonjour à vous,

J'ai parcouru ce sujet, et il me semble qu'il serait dommage de passer à côté d'un point intéressant qui rejoint le sujet originel; et peut être même l'orientation actuelle sur l'économie du Salut.
C'est celui de Tertulien, développé au IVème siècle par saint Jean Chrysostome et saint Augustin, et qu'on nomme : le sacrement du frère ou le huitième sacrement. C'est à dire une manière dont l’Église approche l’homme dans la présence du Christ crucifié et ressuscité, manière qui est célébrée dans la liturgie eucharistique et qui répondrait « à qui ? ».

Mais je ne faisais que passer, aussi je vous souhaite une bonne continuation dans votre Carême et une belle montée vers Pâques.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par Coco lapin » ven. 08 mars 2024, 11:52

cmoi a écrit :
ven. 08 mars 2024, 9:15
Le fait que Dieu soit infini, l’alpha et l’omega c’est cela aussi : cela l’affranchit de toute nécessité de retour ou d’équilibre.
C'est évidemment faux, car sinon Dieu ne serait ni juste ni infiniment bon. Votre conception de Dieu est complètement déconnectée de la réalité.
cmoi a écrit :
ven. 08 mars 2024, 9:15
La nécessité absolue d’une « réparation » n’a pas court quand il s’agit de miséricorde : d’ailleurs, notre sauveur est celui qui a été l’offensé : Dieu lui-même. Pardonner, pour l’offensé, c’est prendre lui-même en charge la réparation de l’offense, donc ce n’est pas une vraie réparation et il n’y a pas de « balance ». Ce qui peut être fait pour y correspondre n’est qu’un « plus » et dont le caractère superflu peut même devenir une gêne, presque une offense, et dévoyer l'amour.
La nécessité de réparation existe pour Dieu : le sacrifice du Christ était nécessaire. Cependant il ne suffit pas, sinon ce ne serait pas complètement juste, en effet. C'est pourquoi les pécheurs aussi doivent morfler ici-bas et au purgatoire.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par prodigal » ven. 08 mars 2024, 12:44

Coco lapin a écrit :
ven. 08 mars 2024, 11:52
La nécessité de réparation existe pour Dieu : le sacrifice du Christ était nécessaire.
Je n'accorde pas ce point.
1) Jésus est entré librement dans sa passion.
2) Dieu, par définition, ne saurait être soumis à plus grand que lui. Dans le cas qui nous occupe, Dieu aurait pu, en toute justice, trouver un autre moyen de rédemption que le sacrifice du Christ, sans nécessairement demander leur aval ni au diable, ni aux théologiens. :-D
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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par Olivier JC » ven. 08 mars 2024, 14:12

Coco lapin a écrit :
ven. 08 mars 2024, 11:52
cmoi a écrit :
ven. 08 mars 2024, 9:15
La nécessité absolue d’une « réparation » n’a pas court quand il s’agit de miséricorde : d’ailleurs, notre sauveur est celui qui a été l’offensé : Dieu lui-même. Pardonner, pour l’offensé, c’est prendre lui-même en charge la réparation de l’offense, donc ce n’est pas une vraie réparation et il n’y a pas de « balance ». Ce qui peut être fait pour y correspondre n’est qu’un « plus » et dont le caractère superflu peut même devenir une gêne, presque une offense, et dévoyer l'amour.
La nécessité de réparation existe pour Dieu : le sacrifice du Christ était nécessaire. Cependant il ne suffit pas, sinon ce ne serait pas complètement juste, en effet. C'est pourquoi les pécheurs aussi doivent morfler ici-bas et au purgatoire.
La justice implique que la faute soit punie à proportion de sa gravité, ni plus, ni moins.

Or, d'ores et déjà, nous savons que l'expiation effectuée par Notre Seigneur pour tous les péchés fut surabondante. Premier problème.

Ensuite, quoique Notre Seigneur ait expié plus qu'il n'en fallait pour tous les péchés, on ne constate pas que nous nous trouvions dispensés d'expier, non seulement pour nos propres péchés mais encore pour ceux des autres à l'image de Notre Seigneur. Deuxième problème.

Raisonner en terme de justice n'est donc manifestement pas adéquat.

+
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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par cmoi » sam. 09 mars 2024, 7:16

Coco lapin a écrit :
ven. 08 mars 2024, 11:52
C'est évidemment faux, car sinon Dieu ne serait ni juste ni infiniment bon. Votre conception de Dieu est complètement déconnectée de la réalité.
Nous n'avons pas les mêmes évidences et je prends votre affirmation comme quasiment un compliment : me serais-je à ce point dépouillé du vieil homme ? Car oui, la réalité du monde n'est pas celle de Dieu, et ce monde connaîtra de cruelles désillusions.
Cela me fait penser à Jean (3 : 12).
Puisqu'il n'y a plus de perspective de vous faire rejoindre un chemin de paix, de pardon et d'amour, je laisse d'autres prendre le relais. Vous avez construit tout un système à partir d"une sagesse mondaine, prétendant obliger Dieu à se plier à ce qu'est la justice et la bonté selon celle-ci.
Or cela implique des présupposés sur Dieu qui sont implicites mais erronés.

Voilà la citation d'une locution de Jésus à une âme privilégiée, qui détruit un de ces présupposés. Après quoi je me tairais, car c'est le mieux qu'il reste à faire...
Nombreux sont ceux qui s'imaginent que je ne pense qu'à les éprouver, à les discipliner, à les plier à ma volonté. Sans doute dus-je inviter mes disciples à se charger de leurs croix (cf. Mathieu 16: 24). mais je leur préparai aussi avec beaucoup d'amour un repas de fête au bord du lac (Jean, 21:1-13). une agréable surprise et non un miracle apparemment nécessaire, comme celui qui servit à rassasier la multitude affamée (Jean, 6: 1-15). Et je me plut aussi à multiplier le vin aux noces de Cana (Jean, 2: 1-11).
Tout comme vous aimez à réserver des surprises à ceux qui savent les apprécier et s'en réjouir, je me plais moi-même à en préparer pour ceux qui savent y discerner une marque spéciale d'amour et une preuve délicate de la joie que je mets en eux.
Ils sont chers au coeur de mon Père, ceux qui ne voient pas seulement mes larmes - les larmes d'un sauveur - , mais aussi mon sourire - le sourire heureux d'un ami.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par cmoi » sam. 09 mars 2024, 7:18

Un passant qui passe a écrit :
ven. 08 mars 2024, 11:00
Mais je ne faisais que passer, aussi je vous souhaite une bonne continuation dans votre Carême et une belle montée vers Pâques.
Merci à vous d'être passé... et pour la petite graine déposée avec si grande humilité.

Coco lapin
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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par Coco lapin » lun. 11 mars 2024, 10:03

Bonjour, prodigal
1) Volontairement oui, mais il ne pouvait pas faire autrement que de se plier à la volonté de son Père, sinon il aurait péché. Le coup des "légions d'anges", ce n'était que de l'esbroufe. Impossible que Jésus décide soudainement de renoncer à la mort de la croix et de retourner direct dans son paradis.
2) Un autre moyen qui satisfasse la justice, pourquoi pas. Mais il fallait bien une juste compensation pour pouvoir pardonner leurs péchés aux hommes et leur ouvrir l'accès au Ciel. D'ailleurs c'est ce que semblait penser Pie IX puisqu'il disait dans Ineffabilis Deus que la Sainte Mère de Dieu avait été préservée du péché originel parce qu'elle avait été rachetée en prévision des mérites du Rédempteur (et non bêtement "parce que Dieu a décidé de la préserver, or il est complètement libre de faire ce qu'il veut").

Bonjour, Olivier
L'expiation n'est "surabondante" qu'en vertu de l'infinité de Dieu. Et pourtant, les saints doivent compléter par leurs sacrifices "ce qui manque aux souffrances du Christ", et les pécheurs continuent de souffrir en expiation de leurs péchés. Dieu n'a pas décidé tout ça parce que ça lui fait plaisir, mais pour une raison de justice.

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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par prodigal » lun. 11 mars 2024, 11:02

Coco lapin a écrit :
lun. 11 mars 2024, 10:03
Il ne pouvait pas faire autrement que de se plier à la volonté de son Père, sinon il aurait péché.
Bonjour Coco lapin,
je me permets de corriger votre formulation, sans désaccord sur le fond, mais parce que c'est essentiel à la question qui nous occupe, celle de la nécessité de la mort de Jésus sur la croix.
Jésus pouvait faire autrement qu'obéir à la volonté de son Père, c'est pourquoi il a connu l'agonie au Jardin des Oliviers, mais c'eût été au prix d'un péché, et donc il ne le devait pas. Généralisons : un saint peut toujours pécher, mais il ne le veut pas et il ne le fait pas. Il n'est pas pour cela moins libre, bien au contraire.
Coco lapin a écrit :
lun. 11 mars 2024, 10:03
Un autre moyen qui satisfasse la justice, pourquoi pas. Mais il fallait bien une juste compensation pour pouvoir pardonner leurs péchés aux hommes et leur ouvrir l'accès au Ciel. D'ailleurs c'est ce que semblait penser Pie IX puisqu'il disait dans Ineffabilis Deus que la Sainte Mère de Dieu avait été préservée du péché originel parce qu'elle avait été rachetée en prévision des mérites du Rédempteur (et non bêtement "parce que Dieu a décidé de la préserver, or il est complètement libre de faire ce qu'il veut").
Si vous voulez. Je ne nie pas la pertinence du sacrifice sur la croix ni son efficacité, mais seulement sa nécessité. On peut très bien imaginer que les mérites du rédempteur se soient manifestés autrement, pourvu que l'on se souvienne que ce n'est qu'imagination, et que c'est bien par le sacrifice de la croix, parce qu'il a plu à Dieu qu'il en soit ainsi, que s'est accomplie la rédemption.
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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par ChristianK » mer. 13 mars 2024, 18:18

Coco lapin a écrit :Mais si Dieu torture des gens seulement pour dissuader les autres de commettre des fautes, n'est-ce pas de la cruauté ? .
Torture est trop fort pour purification, élimination totale des mauvaises tendances. L’absence de purification entrainant absence de dissuasion n’entrainerait-elle pas damnations de plusieurs , ce qui serait cruel?
C’est vrai qu’il y a paiement, mais il faut regarder aussi quelle forme prend ce paiement : Le mal de peine (cramer) est bon pour éliminer la tendance à la joie goutée dans le péché; en cette élimination réside le 1er facteur, qui permet d’entrer au paradis. Ici, il s’agit d’un autonettoyage différent du paiement de dette externe, même si c’est lié.
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Il me semble que les âmes du purgatoire ont dès le début la charité parfaite : elles ne peuvent aimer que Dieu et rien vouloir d'autre que sa très sainte volonté. Ce n'est pas leur coeur qui a besoin d'être purifié, mais leur âme. Leur "cervelle", leur caractère, leur volonté, etc, tout ça est déjà corrigé d'entrée de jeu. Il ne leur reste qu'à expier leurs péchés par la souffrance intense. On peut voir ça comme une punition "médicinale" puisque ça permet ensuite d'entrer au paradis, mais ça reste une punition quand même.
Oui par un aspect. Mais c’est pas seulement une affaire de récompense après, c’est un nettoyage du cœur, exactement, i.e.des attachements affectifs aux joies passées du péché
Ca va plus du tout avec le Docteur commun. Par définition un don par libéralité n’est pas obigatoire, ni exigé en justice, encore moins en justice commutative. Le libéral aime donner ses biens (dans les limites de la vertu de prudence) sans que ce soit mérité aucunement, en justice ou autrement.
------------------------------
Justement, si ce n'est pas mérité du tout, c'est une injustice, par définition ("immérité" et "injuste" sont synonymes). Disons que c'est une injustice positive.
Ça peut pas coller. Ou en tout cas pas complètement. La libéralité n’a rien à voir avec la justice commutation et le récipient ne mérite rien. Il est très possible que les étudiants internationaux de Paris, privilégiés, ne méritaient aucunement la magnificence (libéralité dans les grandes choses) de Rockefeller quand il donna la maison centrale de la cité U de Paris. Il avait quand même la vertu admirable de magnificence, et il n’était aucunement obligé d’agir ainsi.
Il serait injuste d’être généreux!
D’autre part, dans la remise de dette j’ai précisé « débiteur non escroc ». Mais c’est seulement pour ne pas encourager le vice, pas pcq le nonescroc mérite quoi que ce soit; il ne peut mériter, pcq le don est totalement gratuit. Arisote écrit « ce qui caractérise l’homme libéral, c’est plutôt de donner à ceux à qui il convient de donner…
Le libéral suscite de la gratitude du côté de celui qui reçoit ses largesses. »

UN commentaire écrit : « parfois traduit par générosité. La libéralité est en effet cette action qui consiste à
dépenser sans rien attendre en retour, elle est ce don gratuit «

Si le récipiendaire méritait auprès du libéral, celui-ci aurait un devoir de donner, ce qui n’est pas le cas
Un don est une injustice qui consiste à donner "injustement".
Indéfendable. Car la libéralité est une vertu! Comme elle ne consiste jamais en un échange, elle ne relève pas de la justice. Ses contraires sont l’avarice et la prodigalité, lesquelles ne sont pas des injustices. Untel peut être avare ou prodigue en remplissant toutes ses obligations de justice.
Certainement faux pour des débiteurs non escrocs à qui je fais don de la dette par vertu de libéralité. Ceux-ci ne sont aucunement différents de tout un chacun à qui je donne une libéralité sur mes biens. Elle est par nature gratuite, et ne viole aucune justice commutative.
----------------------
Si vous annulez une dette, vous allez à l'encontre de la justice rétributive. Et si vous faites un don de façon antécédente, cela relève de la justice distributive ; or si vous déséquilibrez la balance, il faudra la rééquilibrer tôt ou tard. C'est pourquoi Jésus disait "à celui qui a plus reçu, il sera plus demandé"..
Jésus n’a rien à voir là dedans, on parle de loi naturelle. Il ne s’agit pas de justice distributive si rien n’est dû au récipiendaire. Une libéralité n’est pas de l’ordre de l’échange.
Annuler une dette est un don, lequel n’est ni dû ni obligatoire en justice.
Non si la libéralité ne contredit pas la justice. Comme quand je remets une dette à un débiteur non escroc : je ne suis pas injuste en ce cas. Je donne en ayant mes raisons de le faire, sans obligation.
----------------------
La libéralité contredit la justice rétributive. Vous vous dépossédez, et vous remettez injustement la dette d'un débiteur qui ne le mérite pas.
Il n’a pas besoin de le mériter, car la libéralité est une vertu du côté du donateur, de son rapport aux possessions.
La générosité est une vertu sans être de l’ordre du dû à autrui. C’est gratuit par définition. Sinon on arrive à cette absurdité que les seuls libéraux sont ceux qui ont des dettes, qui doivent donner à autrui, éventuellement y être forcé par la loi.
Contredire Aristote sur ces points c’est prendre de grands risques.

cmoi
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Re: Jésus s'est sacrifié à qui exactement ?

Message non lu par cmoi » sam. 16 mars 2024, 8:32

Coco lapin a écrit :
lun. 11 mars 2024, 10:03
Bonjour, prodigal
1) Volontairement oui, mais il ne pouvait pas faire autrement que de se plier à la volonté de son Père, sinon il aurait péché. Le coup des "légions d'anges", ce n'était que de l'esbroufe. Impossible que Jésus décide soudainement de renoncer à la mort de la croix et de retourner direct dans son paradis.
2) Un autre moyen qui satisfasse la justice, pourquoi pas. Mais il fallait bien une juste compensation pour pouvoir pardonner leurs péchés aux hommes et leur ouvrir l'accès au Ciel. D'ailleurs c'est ce que semblait penser Pie IX puisqu'il disait dans Ineffabilis Deus que la Sainte Mère de Dieu avait été préservée du péché originel parce qu'elle avait été rachetée en prévision des mérites du Rédempteur (et non bêtement "parce que Dieu a décidé de la préserver, or il est complètement libre de faire ce qu'il veut").
Je rejoins la réponse que vous a faite Prodigal concernant l’absence de nécessité.
Les prophéties ont eu lieu dans le respect de la liberté des hommes qui ont agi et ont entraîné la passion du Christ. En effet, cela semble donner satisfaction à votre idée de « compensation », ou de balance, qui ne vous est pas propre, puisque son sacrifice reprendrait celui des animaux de l’AT et pour le conduire à l’efficacité, etc..
Mais dès qu’on s’en approche, cela ne « colle » plus : c’est Dieu la victime, donc aussi l’offensé. Lui, il a simplement agi en fonction de nous pour témoigner de son amour.
Non, il n’y a aucune esbroufe, il y a sa libre volonté de nous montrer jusqu’où son amour peut aller, à savoir se soumettre à tout ce qu’on lui demandera pour, et sans limite.
Vous semblez considérer la liberté avec laquelle Dieu nous aime et se comporte envers nous comme un dû, et dévalorisez ainsi son amour en le prenant pour une réalité incontournable sans lequel il pécherait ! Pour le coup, l’existence de l’enfer vous contredit…
Coco lapin a écrit :
lun. 11 mars 2024, 10:03
L'expiation n'est "surabondante" qu'en vertu de l'infinité de Dieu. Et pourtant, les saints doivent compléter par leurs sacrifices "ce qui manque aux souffrances du Christ", et les pécheurs continuent de souffrir en expiation de leurs péchés. Dieu n'a pas décidé tout ça parce que ça lui fait plaisir, mais pour une raison de justice.
Le problème ici c’est avec le verbe « doivent ». Car d’abord, ce n’est pas pour devenir saints mais parce qu’ils sont saints qu’ils doivent, mais ce « doivent » a un caractère de liberté ou de probabilité. C’est comme une option vocationnelle et pour ajouter des mérites à la communion des saints, pour le salut du monde (de chacun) mais il y a d’autres manières privilégiées pour y contribuer que par des sacrifices, sans les exclure quand l’occasion s’en présente.
Ce qu’ils doivent c’est répondre à l’appel de Dieu et ce dernier peut prendre d’autres formes : prêche, méditation, travail, œuvre de miséricorde, etc. La « nécessité » de la souffrance n’est qu’une conséquence de la séparation due au péché.

Concernant les pécheurs, l’indulgence gagnée dispense de cette expiation ou la remplace. Elle repose essentiellement sur une pratique comportant un peu de prière et la contrition parfaite (vraiment parfaite…). Rien qui semble satisfaire à votre idée de justice à quoi Dieu ne pourrait déroger.
Votre présentation supprime le dynamisme propre à la relation avec Dieu.

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