Yves54,
«... car parler de formation dans le cas de communier avec Dieu, c'est juste irréaliste et aux antipodes de la relation d'Amour que ça implique. Est ce que vous avez appris à aimer vos parents ? Le point le plus important n'est donc pas la formation mais la FOI.»
Voici :
- «Je suis frappé de la tentation multiforme de bon nombre de nos contemporains en direction du fidéisme, ce fidéisme dont il faut dire qu'il est finalement contre la foi, comme le dogmatisme est contre le dogme, comme le traditionnalisme est contre la tradition, un certain rationnalisme est contre la raison.
S'il y a des dogmes dans l'Église, c'est finalement pour qu'on ne s'abuse pas sur ce qu'est l'amour. Je sais bien que les dogmes prêtent le flan au grief d'idéologie, mais en réalité, ils ont pour but et doivent avoir pour effet d'empêcher que l'amour ne soit transformé en idéologie. La fonction des dogmes est d'opposer des bornes à la subjectivité débridée, pour la retenir d'affirmer selon son propre élan. Ne croyons pas que l'Église honore son Dieu au titre de professeur suprême qui thématiserait son Être en énoncés logiquement articulés pour la satisfaction de l'esprit. N'allons pas croire que l'Église impose d'autorité,de façon toute extrinsèque, des théorèmes qu'elle se ferait fort d'avoir démontrés et dont elle prétendrait que la connaissance est nécéssaire au salut. Non, l'Église veille simplement à ce que soit correctement reçue par tout homme la lumière qui vient du Christ et c'est ce souci qui la conduit à formuler sur telle ou telle visée du mystère, à tel moment de l'histoire, sa propre expérience, afin que la relation vivante des chrétiens avec leur Dieu ne soit pas pervertie. (source : François Varillon, «L'humilité des croyants», Christus, no 104, octobre 1979)
C'est parce que le croyant n'est pas simplement impliqué dans une relation isolée, pour être seul à seul avec Dieu. Il y a ''quand même'' la dimension horizontale.
La charité chez le croyant va faire en sorte que celui-ci va se mettre d'accord avec ses frères, tout en recevant correctement ce que l'Église dit («Quand j'aurais la foi aussi grande qu'une montagne, si je n'ai pas la charité ...»; «Comment pourrais-tu aimer Dieu que tu ne vois pas quand tu n'aimeras pas le frère que tu vois ?»)
Un croyant (en rupture avec Rome, etc) ne peut pas s'amener incognito dans une église pour communier («J'ai la foi !») et comme si de rien n'était. Ce serait l'équivalent d'une équipe de
Act-Up envahissant la cathédrale pour forcer l'évêque à bénir un simulacre de mariage. Il se trouve une sorte de violence en-deça (la passion désordonnée). Et puis c'est ça le problème.
Je discutais une fois avec un protestant évangélique qui prétendait que lui-même devrait pouvoir communier dans une église catholique à l'occasion, comme si l'envie lui prenait de le faire une journée, et ce,
tout en continuant de nier l'autorité de l'Église catholique, tout en refusant de croire aux dogmes de l'Église, à la présence réelle dans l'Eucharistie. Quand je lui aurai signaler qu'une pareille chose ne se faisait pas : mon homme fut très vexé. Il ne m'aura plus jamais reparlé. Non, j'étais devenu un sectaire indigne, complice à n'en pas douter des rôtisseurs d'hérétiques de l'an 1200. D'amical et plutôt affable qu'il pouvait être jusque là, mon interlocuteur sera passé à la couleur cramoisi et à une sorte de colère froide en même temps (une rage difficilement contenue; littéralement), aussitôt après lui avoir indiqué l'existence d'une limite.
Bref, je comprends que le père Guy ait pu vous répondre comme il l'aura fait, Yves54. Je crois qu'il le faisait non pas tellement en fonction de vous (à croire que vous seriez le vilain ? Non) comme
pensant plutôt à d'autres (comme cet évangélique de mon exemple) et qui entendraient, eux, le genre de mot que vous venez de lancer au-dessus.