Chrétienté et sexualité

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salésienne05
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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par salésienne05 » ven. 03 août 2012, 15:20

PaxetBonum, je m'interroge : avez-vous des enfants ?
Dire qu'un enfant élevé dans notre monde occidental ne "coûte" rien en dehors du temps et de l'attention, c'est réellement donner de fausses idées aux personnes, leur faisant croire que nous pouvons vivre de la même manière qu'au 19ème siècle. De même, avez-vous connu la pauvreté ?

Je dis ça car mon mari, issu d'une famille pauvre de 10 enfants, et malgré le fait qu'il s'en soit bien sorti, me dit aujourd'hui, à 42 ans, que nous ne pourrions pas faire comme ses parents (et qu'il ne le souhaite surtout pas). Il habitait une grande ferme, ne manquait pas de place, ni de nourriture, ne de temps, ni d'attention, ni d'amour mais manquait tout le temps de vêtements "propres" et non usés, de nourriture un peu agréable (ils mangeaient pour se nourrir et ce n'était jamais bon), de petits plaisirs "communs" (comme une bicyclette, des chaussures de sport), de silence, et d'amis.
Avec des moyens plutôt suffisant et seulement trois enfants, nous n'arrivons pas nous-mêmes à boucler nos fins de mois, et nous n'avons ni smartphone, ni télé, ni home-cinéma, nous ne sortons jamais, je fais tout moi-même, nous n'achetons que le nécessaire... C'est toujours facile quand on n'a jamais connu le manque, l'humiliation de la précarité, le regard des autres, de dire "on peut se passer de plein de choses". C'est vrai pour des adultes mûrs et aguerris. C'est très difficile pour des enfants qui sont quotidiennement confrontés à la violence du monde consummériste et au regard des autres (c'est valable aussi dans les établissements catholiques).
Bref, le temps et l'attention, certes, mais pour avoir du temps et de l'attention et de l'amour à donner, il faut soi-même être quelque peu "déchargé" des gros problèmes financiers (il faut de quoi nourrir une famille -la nourriture est actuellement très chère, et de quoi la loger -là, on atteint des sommets actuellement). Et il est inconscient de dire que l'Eglise incite à "procréer" sans tenir compte des situations particulières à chacun : on n'a pas tous la capacité financière, psychologique, technique, médicale, d'élever de nombreux enfants. Et l'Eglise ne nous le demande pas : Dieu nous fait confiance sur notre capacité à discerner ce qui est de l'ordre de l'égoïsme et du caprice, et ce qui est de l'ordre de l'amour, car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Quant à la sexualité, il suffit de lire le Cantique des Cantique pour s'apercevoir qu'il n'est pas forcément question de procréation. De même dans Saint Paul, où St Paul exhorte les frères à prendre une épouse s'ils ne peuvent se passer de fornication. Bref, les rapports sexuels doivent être ouverts à la vie mais appelons un chat un chat : la régulation des naissances est de fait une contraception, même si le vécu des méthodes naturelles est bien différent de l'usage de la contraception. Je peux dire que les périodes de continences imposées par les méthodes naturelles sont bien plus difficiles à supporter pour mon mari que pour moi-même :siffle: . Et si j'en juge par les témoignages : ce sont souvent les hommes qui bénéficient spirituellement (et humainement) plus de ces méthodes que les femmes.

Dieu merci, le plaisir est une composante essentielle du couple, sinon, le Seigneur aurait mal fait les choses, ce que nous ne pouvons guère admettre !

On ne peut pas non plus reprocher à un jeune couple qui désire passer sa vie ensemble de vouloir partager sa joie avec les autres. Avec le recul, je me dis que c'est le jour où l'on profite le moins de Dieu mystiquement parlant... mais la fête, c'est la joie, c'est Dieu qui se communique autrement.


@Shelton : avez-vous pensé à juste aller discuter de tout ça avec un prêtre que vous appréciez ? Surtout les vieux prêtres, ils sont souvent de très bon conseil, détricotent les situations qui semblent inextricables, et déculpabilisent beaucoup. :oui:

Fraternellement.

Cécile

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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par Raistlin » ven. 03 août 2012, 16:30

salésienne05 a écrit :Dieu merci, le plaisir est une composante essentielle du couple, sinon, le Seigneur aurait mal fait les choses, ce que nous ne pouvons guère admettre !
Pas tant le plaisir que la communion entre les époux (dont le plaisir est une composante).

Ce sont les deux finalités de la sexualité que l'Église tient fermement :
:arrow: La communion des époux
:arrow: La procréation

Nous ne pouvons nier l'un ou l'autre.

Fraternellement,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

Théophile
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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par Théophile » ven. 03 août 2012, 19:43

Merci Salésienne pour votre témoignage de vie, qui montre aux plus jeunes un peu la réalité actuelle de certaines familles.
salésienne05 a écrit :Bref, les rapports sexuels doivent être ouverts à la vie mais appelons un chat un chat : la régulation des naissances est de fait une contraception, même si le vécu des méthodes naturelles est bien différent de l'usage de la contraception.
J'aimerai nuancer votre propos, car c'est l'état d'esprit qui compte pour beaucoup dans les méthodes naturelles.
On peut utiliser les méthodes naturelles comme une contraception bio, en effet. Mais elles permettent aussi d'avoir des enfants, puisqu'elles indiquent les moments fertiles de l'épouse, contrairement aux moyens contraceptifs.
L'Eglise propose un art de vivre un peu plus subtil, celui de vivre dans la générosité et dans la responsabilité.
Générosité quant à l'ouverture d'esprit sur un nouvel arrivant, ainsi que le don total entre conjoints.
Responsabilité quant à la prise de conscience de l'importance de l'union conjugale (ne pas faire n'importe quoi).
Ainsi l'Eglise propose aux couples de vivre la sexualité en ministre (gestionnaire des affaires du bon Dieu) mais pas en maître. Ca laisse une ouverture au St-Esprit. Ainsi, un couple peut s'unir pendant plusieurs années en période infertile dans cet état d'esprit, et se laisser convaincre par l'appel du Saint-Esprit à accueillir un nouvel être dans la famille, sans que ce sois un accident.
Avec un état d'esprit contraceptif, on fait la sourde oreille.
C'est ainsi qu'un couple a témoigné un jour de sa manière de voir les choses. Ayant choisi d'avoir au début de leur mariage 4 enfants maximum, ils en eurent huit. Pourtant aucun enfant n'est venu "par accident", vu qu'ils appliquent la méthode sympto-thermique à la lettre. A chaque union, comme ils étaient au courant du cycle féminin, ils sont parfaitement libre : en période infertile ils n'ont aucune crainte d'avoir une surprise, en période fertile ils peuvent agir en conséquence (renoncer ou s'unir, c'est selon.)

Je ne sais pas si vous m'avez compris, car j'ai de la peine à le formuler clairement. Pourtant cette subtilité change tout. Elle permet de vivre pleinement les deux finalités cité par Raistlin qui peuvent paraître contradictoires, dans la générosité et dans la responsabilité.
Je peux dire que les périodes de continences imposées par les méthodes naturelles sont bien plus difficiles à supporter pour mon mari que pour moi-même .
Biologiquement, les hommes sont plus chauds lapins, ils réagissent souvent au quart de tour. Chez les femmes, l'éveil prend souvent plus de temps, elle a besoin de plus de préliminaires. Ce n'est donc pas merveille si les hommes sont plus fragiles de ce côté-là, surtout dans notre société pornotisée. Certaines filles n'imaginent même pas les combats qu'elles imposent à leur entourage par leur manière de se vêtir, et crient au scandale si on leur fait quelque remarque, au nom de la liberté.
Et si j'en juge par les témoignages : ce sont souvent les hommes qui bénéficient spirituellement (et humainement) plus de ces méthodes que les femmes.
Ils partagent entièrement leurs bénéfices à leurs épouses en leur restant fidèles ! :p

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PaxetBonum
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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par PaxetBonum » ven. 03 août 2012, 21:01

salésienne05 a écrit : Dire qu'un enfant élevé dans notre monde occidental ne "coûte" rien en dehors du temps et de l'attention, c'est réellement donner de fausses idées aux personnes, leur faisant croire que nous pouvons vivre de la même manière qu'au 19ème siècle. De même, avez-vous connu la pauvreté ?
Relisez ma réponse, je n'ai pas dit cela.
Je répondais à Shelton qui disait :
Shelton a écrit : "Mais si vous voulez je me pose des questions, quand je vois certaines familles, qui à cause de la précarité, des problèmes d'organisation, problèmes financiers, finissent par complètement louper l'éducation de leurs enfants,"
Il n'était là que question d'éducation et là je persiste les seules choses nécessaires sont du temps et de l'attention.
L'éducation ne demande pas de grands moyens financiers : il y a des jeunes qui vont dans de grandes écoles fort coûteuses et qui ont une éducation bien moins réussie que certains jeunes du monde rural qui vivent dans une ferme avec 10 frères et sœurs.

salésienne05 a écrit : Avec des moyens plutôt suffisant et seulement trois enfants, nous n'arrivons pas nous-mêmes à boucler nos fins de mois, et nous n'avons ni smartphone, ni télé, ni home-cinéma, nous ne sortons jamais, je fais tout moi-même, nous n'achetons que le nécessaire...
Là c'est autre chose même si il y a un lien. C'est pour cela que je précisais : "Du temps vous n'en n'aurez jamais assez quelque soit votre profession". Je sous-entendais par là que il faut effectivement travailler honnêtement au-delà du raisonnable pour entretenir sa famille et dés lors le père de famille n'a plus le temps de bien éduquer ses enfants si il veut juste pouvoir les faire vivre, la mère a une charge très importante de ce côté là.
L'équation c'est qu'il faut travailler beaucoup pour gagner peu et pouvoir faire vivre sa famille. Mais pour l'éducation il suffit de volonté et de temps pas d'argent.
salésienne05 a écrit : Et il est inconscient de dire que l'Eglise incite à "procréer" sans tenir compte des situations particulières à chacun : on n'a pas tous la capacité financière, psychologique, technique, médicale, d'élever de nombreux enfants. Et l'Eglise ne nous le demande pas : Dieu nous fait confiance sur notre capacité à discerner ce qui est de l'ordre de l'égoïsme et du caprice, et ce qui est de l'ordre de l'amour, car c'est bien de cela qu'il s'agit.
Quant à la sexualité, il suffit de lire le Cantique des Cantique pour s'apercevoir qu'il n'est pas forcément question de procréation. De même dans Saint Paul, où St Paul exhorte les frères à prendre une épouse s'ils ne peuvent se passer de fornication. Bref, les rapports sexuels doivent être ouverts à la vie mais appelons un chat un chat : la régulation des naissances est de fait une contraception, même si le vécu des méthodes naturelles est bien différent de l'usage de la contraception.
Ce n'est pas l'Eglise qui incite à procréer, c'est Dieu : 'croissez et multipliez'.
Je n'ai pas dit que l'on ne devait pas utiliser sa raison pour ce qui est de la procréation.
J'ai souligné que tout acte conjugal devait rester ouvert à la vie, c'est l'enseignement de l'Eglise à la suite de la révélation divine.
Les méthodes naturelles s'apparentent parfois à de la contraception mais ont ceci de diamétralement différent des contraceptifs : elles impliquent la chasteté du couple vécu dans le respect de l'autre, une volonté commune dans un projet commun. Pas le report de nos responsabilité procréatrice dans la chimie pharmaceutique destructrice.
salésienne05 a écrit : On ne peut pas non plus reprocher à un jeune couple qui désire passer sa vie ensemble de vouloir partager sa joie avec les autres. Avec le recul, je me dis que c'est le jour où l'on profite le moins de Dieu mystiquement parlant... mais la fête, c'est la joie, c'est Dieu qui se communique autrement.
Je ne reproche pas la volonté de vouloir partager cette joie que je qualifiait de "légitime".
Mais comme vous j'ai trop, voire systématiquement ressenti un décalage délétère dans ces fêtes par rapport à l'importance du sacrement qui vient d'être célébré. Je pense que Dieu est bien trop souvent absent de ces fêtes…
Dés lors, que cette fête deviennent l'obstacle au mariage c'est un comble.
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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par Shelton » ven. 03 août 2012, 21:50

salésienne05 c'est exactement ce que je pense, vous me rassurez un peu, enfin vous me "déculpabilisé" un petit peu.

Je ne suis jamais allé voir un prêtre de ma vie, et je ne suis même pas baptisé :incertain: ( Comme je l'explique dans un autre sujet )
Je pense pas que c'est demain la veille que j'aurais le courage pour aller parler à un prêtre face à face, faut déjà que j'essaie d'aller à la messe pour voir, mais c'est tellement pas mon univers que j'ai peur d'être ridicule.
Je compte trouver des chrétiens dans la ville ou je vais pour continuer mes études, et commencer le contact avec de simple croyant.


PaxetBonum je suis d'accord sur la réflexion mais en réalité je sais très bien que je me sentirais trop gêné de pas organiser quelque chose. De plus celà peut être fait ainsi que si l'épouse est chrétienne.

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PaxetBonum
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Re: Chrétienté et sexualité

Message non lu par PaxetBonum » lun. 06 août 2012, 8:22

En quoi pourriez-vous être ridicule d'aller à la messe ?
L'Eglise est la maison de votre Père qui est aux Cieux, vous y serez toujours le bienvenu !

C'est cela qui est important : comprendre où est l'essentiel.
Encore une fois je ne cherche pas à vous faire porter des fardeaux que je ne voudrais pas déplacer, mais bien à vous faire entrevoir la seule volonté de Dieu et les fardeaux trop lourds que nous nous imposons souvent par convention.

"Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,28-30)

Dieu vous Bénisse et vous Garde !
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St François d'Assise

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