Bonsoir Griffon,Griffon a écrit :Bonjour Philémon,philémon.siclone a écrit :Cher Raistlin,
Désolé de réagir si tard, je n'ai pas eu le temps de venir sur le site ces derniers jours.
Joyeux Noël à vous !
Pour vous répondre, je ne comprends pas bien la réalité concrète de la distinction que vous faites (et qui est d'ailleurs souvent reprise dans les discours abstraits et théoriques) entre juger une personne et juger un acte. Bien sûr, je comprends très bien ce qu'on entend par là, d'un point de vue théorique. Mais pratiquement, il me semble que cela revient exactement au même. Dans un procès, par exemple, ce sont bien des actes qui sont jugés, et à travers eux la personne qui les a commis. Et il en va de même dans tous les cas concrets où intervient un jugement quelconque, dans les diverses situations que l'on rencontre.
Cette distinction est utile lorsqu'on doit parler de l'homosexualité, de la fidélité dans le mariage,... ou de tout autre péché. Comme vous le soulignez, elle est théorique, et elle permet de poser les balises d'une saine moralité.
Vous, vous parlez d'une relation de la vraie vie.
Je ne prétends pas qu'il faut donner raison au péché. Le Christ, dans sa parabole de la paille et de la poutre, nous demande plutôt de ne pas regarder le péché d'autrui. Voilà à quoi j'essaye de me conformer. Et notez bien qu'il ne s'agit pas ici de tolérance. La tolérance est d'ailleurs souvent le début de l'intolérance. Ces gens ont surtout besoin d'être acceptées comme des personnes "normales". Et je crois que notre rôle, en tant que chrétiens, est justement de leur apporter ce soulagement qu'elles recherchent, que l'on appelle "amour". Car vouloir se sentir accepté, c'est finalement vouloir être aimé, et rien d'autre. Nous avons tous besoin de ça. Ne pas se sentir reconnu et accepté, c'est, je crois, la plus grande source de frustration et de souffrance qui soit sur terre. Tout le monde, absolument tout le monde, a besoin d'être reconnu et accepté. Et c'est d'ailleurs la grande faiblesse de l'être humain.
Vous avez raison, il s'agit d'amour. Mais... Comme cela est bien dit !
A partir du moment où vous regardez ce qui ne va pas chez ces personnes, et où vous vous autorisez à vous occuper intérieurement à ce genre de pensées (même s'ils n'en savent rien, mais il en transparaît toujours quelque chose), vous jetez alors un regard scrutateur et inquisiteur, et vous cessez d'apporter de l'amour, lequel ne juge jamais. Je pense qu'au contraire, il faut regarder et considérer ces personnes comme Dieu les regarde et les considère, et comme Dieu nous regarde et nous considère nous-mêmes, et comme d'ailleurs nous aimerions nous-mêmes être considérées et regardées, que ce soit par Dieu ou par les hommes.
Effectivement, Dieu regarde la personne, pas son péché.
Heureusement pour nous, surtout si on devait se considérer meilleur que les autres.
Que ressentons-nous lorsque les hommes nous déconsidèrent à cause de notre appartenance à l'Eglise catholique ? Nous ressentons de l'exclusion, un manque d'amour. Alors, "faites à vos frères ce que vous voulez qu'ils vous fassent", comment faut-il le comprendre ?
Je note que le même problème se pose quant aux personnes handicapées, qui elles aussi, recherchent non pas un regard de compassion, mais un regard qui sache les considérer comme des personnes "normales", c'est-à-dire comme faisant partie du même groupe. Elles demandent que nous fassions abstraction de leur handicap, afin de ne pas se sentir différentes, à part, pestiférées.
Intéressante comparaison !
Surtout lorsque le péché trouve sa source dans un habitus qui nous lie.
Pour apporter à ces êtres ce qu'ils attendent (et que l'on peut nommer "amour"), il est nécessaire d'apprendre à regarder intérieurement une personne au-delà de son handicap ou de son péché. Et pour regarder au-delà, il est nécessaire, me semble-t-il, de ne pas s'arrêter à ce handicap ou à ce péché, et de l'ignorer délibérément.
Bon, évidemment, ces " êtres " sont des personnes...
(évidemment ça ne nous dispense pas de tenir la porte à un manchot, mais vous comprenez ce que j'ai voulu dire).
Je ne puis que vous encourager encore à fréquenter ces amis.
Ce faisant, juste en restant vous-mêmes et en les aimant tels qu'ils sont, vous leur apporter l'amour du Christ.
Vous êtes pour eux une page d'Evangile.
Je m'incline aussi devant la clarté de votre expression, et vous souhaite un très joyeux Noèl.
Griffon.
Cher Raistlin,
Ce n'est rien d'autre qu'a voulu défendre Cracboum.
Était-ce lui, ou bien vous-même qui n'y comprenait rien ?
C'est votre réaction qui démontrera la grandeur de votre âme, et non pas des paroles qui, comme le disait Cracboum, peuvent être tenues par n'importe quel homme, qu'il soit pécheur ou injuste.
Très joyeux Noèl à vous aussi,
Griffon.
Mais que se passe-t-il ? On ne se tape plus dessus ?
Concernant l'attitude du chrétien face au monde qui l'entoure, je pense qu'elle va être amenée à se redéfinir de plus en plus, sans avoir à renier quoi que ce soit des vérités de la Foi. Et le comportement adopté par Jésus face aux pécheurs devrait être particulièrement éclairant. Et en disant cela, je ne me reconnais en rien dans la pastorale dite de l'enfouissement. Mais il me semble qu'il y a quelque chose de providentiel qui se trame tout au long de ces dernières décennies d'évolution. Les catholiques ont pratiqué l'enfouissement, et ont retiré le Christ aux yeux des mortels. En parallèle, c'est le Christ qui se soustrait d'une foule haineuse qui lui lance des pierres. Je veux dire par là qu'à un comportement lâche, fautif et démagogique des chrétiens correspond dans le même temps un geste libre et volontaire du Christ. A présent le Christ est caché, et c'est de cette manière qu'il doit se révéler aux païens et aux pécheurs, à travers le peuple chrétien qui est devenu lui aussi un peuple caché.
Comprenne qui peut ! Joyeux Noël !