Jessica a écrit :
-Pensez-vous que ma fille est en danger ?
Oui, si le danger est de se renier elle-même pour un autre. Aucun amour ne survit à un reniement de soi.
Non, si le garçon n'est pas comme je l'ai ressenti. Je ne peux me situer que d'après les descriptions faites sur ce fil et me tromper; mais ce que j'ai lu me sautait aux yeux sans arrêt, j'y ai donc réagi. Gardez à l'esprit que je ne fais que proposer une vision, je n'ai pas le monopole de la vérité. Mais je suis comme ça; si je pense un truc, je le dis, en face, tout de suite. Parce que c'est toujours mieux de dire clairement les choses que de rester sans bouger en se disant "ouais, bof, laissons-les tourner autour du pot, et on verra bien ce que l'avenir leur réserve". Non. J'ai trouvé que ça sentait mauvais, je vous l'ai dit.
-Pourquoi considérez vous le judaïsme comme sectaire et radical ?
Non, pas du tout, cette religion ne me parait rien de cela dans son ensemble
j'ai des amis juifs (non pratiquants certes) et des tas de connaissances juifs, et je les respecte.
Ce que je ne supporte pas, et dans toutes les religions, c'est de vendre son royaume contre un plat de lentilles.
Si croire c'est être radical et sectaire, obliger l'autre à une conversion, obliger l'autre à épouser tout ce qui fait soi sans faire un pas vers lui, si croire c'est extérieurement être manipulateur, obsédé par des principes, rigide, et ne jamais avoir le courage de se situer face à ça parce que le poids tradition/famille est hypercontraignant, alors c'est de l'écrasement de personne. Et ça, c'est sectaire, même si la religion judaïque dans son ensemble n'est pas une secte. On pourrait transposer ça chez les musulmans, et là ça parlerait à tout le monde. Mais non, des extrémistes, il y en a dans toutes les religions, et votre gendre m'a l'air hyperconditionné depuis sa naissance et hyperconditionnant à son tour. Donc quelque chose ne vas pas.
-Pourquoi considérez vous que le refus de mariage mixte est un "racisme religieux" ? Nous aussi nous sommes opposés à un mariage mixte, à moins d'une conversion ...
Ce que je qualifie de "racisme religieux", c'est le fait de demander à quelqu'un de changer de religion par arrangement, alors que cette personne jusque-là se foutait du judaïsme comme de sa première chaussette (il n'y a pas trace d'un seul coup d'oeil spontané de sa part pour cette religion avant de tomber amoureuse); c'est petit et ça signifie que l'autre ne sera jamais accepté inconditionnellement, mais qu'il ne sera accepté que si ceci ou cela; c'est de la non-reconnaissance de personne, c'est de l'écrasement, du mépris. Ca va à l'encontre de tous les principes de respect de l'individu, d'amour pour lui et de respect de sa liberté de penser, qui est rappelons-le la liberté la plus sacrée de l'être humain, celle que Dieu a placée au coeur de sa relation avec l'Homme. Ca me choque des pratiques pareilles, alors je ne vais pas me taire! Encore une fois, libre à vous de considérer que je ne suis pas dans le bon ton.
-Et surtout, croyez-vous vraiment que ce jeune homme ne peut pas être sincère, et qu'il est un manipulateur ?
Oui. Et possiblement à son insu. Il a subi cela depuis sa naissance, il le reproduit, parce qu'il n'a pas dépassé le modèle parental/social/traditionnel qu'il connait depuis toujours, et peut-être ne le dépassera-t-il jamais. Il est peut-être très heureux et extrèmement attaché à ses valeurs, et c'est tant mieux pour lui. Mais depuis quand c'est à lui de décider pour les autres? Il est qui, lui, par rapport à Dieu? Depuis quand le salut des hommes est décidé par l'homme, depuis quand pour convertir quelqu'un on ne s'en remet pas tout d'abord et avant tout à Dieu, pour que ce soit Dieu qui lui montre son chemin? Nous savons vous et moi que la foi est d'abord un cadeau de Dieu, que c'est Lui qui nous trouve avant même que nous l'ayons cherché, que pour beaucoup la rencontre est même quasi-palpable, et que les heureux convertis de coeur sont tellement heureux qu'ils ne pensent qu'à le crier au monde, à le partager, à encourager les autres, à les rendre heureux, mais toujours dans un respect total d'autrui. Depuis quand s'arroge-t-on le droit de voler cet instant à autrui pour le forcer (en douceur certes, mais la fin justifie les moyens) à mettre des oeillères dans une direction déjà décidée pour lui? En vous lisant c'est ce que j'ai compris, alors je vous le dis. Libre à vous de penser que j'ai mal perçu là aussi.
C'est que, je n'ai pas ressenti les choses comme ça. C'est un tout autre problème. S'il s'agit d'un membre d'une autre communauté religieuse qui demande la conversion pour se marier dans son église, sa "synagogue" en fait, alors c'est inquiétant pour l'âme de ma fille, son salut ... "Pas plus" ! (si j'ose dire)
S'il s'agit d'un manipulateur psychorigide, sectaire et qui opère un lavage de cerveau, alors c'est autrement plus inquiétant pour elle, son bonheur, sa liberté, son futur !!!
Voilà, là, votre position me choque terriblement, et ce sont ce type de mots qui font que je ne peux pas me taire, mais c'est par solidarité envers vous (remarquez, si vous trouvez ma solidarité inopportune car de mauvaise analyse, je me tais, après tout...).
Pour moi, là, vous faites l'autruche par angoisse, ce qui est très humain et nous arrive à tous, on est bien d'accord.
Mais le salut de votre fille ne dépendra pas de sa seule conversion forcée; si Dieu condamnait tous ceux qui se laissent tromper par amour, ben, il se retrouverait assez vite tout seul. Ce n'est pas tant le salut de votre fille qui m'inquiète à moi; sa vie n'est pas jouée, et son salut est dans de bonnes mains, et ce d'autant plus que la prière l'accompagnera. Elle a devant elle toute une vie pour réfléchir à ses actes présents, et en tirer les conclusions qui lui iront, qui lui seront utiles. Ensuite, Dieu étant plutôt du genre aussi déterminé qu'acharné, Il exploitera sans relâche toutes les failles de son choix de vie pour lui tourner autour et l'attirer à Lui. De ce coté-là, rien n'est joué, et pour personne, tant qu'on en est pas à son dernier jour, alors pas la peine de spéculer humainement sur des choses divines.
Il n'en reste pas moins que ni vous en tant qu'entourage ni votre fille ne peut se reposer sur ça et se dire "ma foi, on verra bien, etc..". Votre devoir vous appelle à vous bouger pour votre fille, à prier pour elle, à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour lui montrer une autre voie que celle de son fiancé, sa liberté de décision en dépend, sa liberté de jugement, sa liberté de penser vraiment. Ce n'est pas son fiancé qui lui élargira sa vision de l'humanité, vous pouvez en être certaine, il en est bien incapable!
Priez. Priez dans la Paix de celui qui prie, n'abandonnez jamais la prière. Si pour vous cela fait sens, allez en pèlerinage, jeunez, faites prier, mais bref, soutenez-là au maximum spirituellement; vous le sentez bien quand même que votre fille est en flottement, ne pense pas seule et par-elle même, mais est complètement inféodée (par aveuglement amoureux, certes, mais ça n'enlève rien à la gravité de la récupération) à une pensée qui en toute autre circonstance lui serait totalement étrangère? Battez-vous pour son âme, ne laissez jamais cela de coté, mais sans oublier de tout remettre à Dieu. Ca demande un grand sens de l'équilibre spirituel, mais engagez Dieu dans la bataille, n'hésitez pas!
D'un autre coté, il se peut bien sûr que votre fille croit ou pas en Dieu sous quel culte que ce soit; cela appartient à elle et à Dieu. On ne donnera jamais à boire quelqu'un qui n'a pas soif, même si on lui ressort tous les sirops les meilleurs. Mais au moins vous aurez fait votre maximum; c'est de ce maximum dont vous êtes redevable devant Dieu, c'est cela qu'Il vous demandera. Ne négligez jamais votre tâche d'ici-bas.
Pour le reste, le temporel, l'actuel, là est mon questionnement d'aujourd'hui. Quel est le choix, le véritable choix de votre fille? Vivre toute sa vie, voir ses enfants et les enfants de ses enfants vivrent à l'orientale et dans une religion tellement radicalisée qu'elle se manifeste exagérément à l'extérieur tout en suintant une grande pauvreté intérieure, tellement la pensée ne s'exerce plus du tout sous la force exagérée du conditionnement? Mais enfin, vous la voyez ou pas la voie de larmes qui va torturer votre famille peut-être pour toujours quand vous verrez les futurs vôtres réagir en mode automatique? Où est la prudence, la tempérance, le respect de soi, le discernement longuement mûri, exercé sans relâche, dans le choix de votre fille? A-t-elle prié, elle si pratiquante, pour que Dieu lui envoie son futur époux, le lui choisisse dans son immense sagesse, et lui en donne le discernement? Si elle ne le fait pas, faites-le pour elle.
Je vois que vous n'avez pas, vous non plus, les juifs en grande estime.
NON. Au contraire, de la même façon qu'un jour j'ai dit sur un forum que j'aimais particulièrement les musulmans, qui sont hospitaliers, conviviaux, sincères, honnêtes, pieux, obéissants, respectueux, prudents et chastes dans leur tenue, et que je les admire pour cela; j'admire tous les gens qui manifestent ces qualités et d'autres, souvent à leur insu, dans une humilité confondante, qu'ils soient juifs ou pandoriens, et croyez-moi, des personnes édifiantes dans ce que leur foi, qui n'est pas la nôtre, leur insuffle de suave et sublime, il y en a, et on pourrait largement les prendre comme modèle.
De plus, quand on lit la bible, il est impossible de ne pas finir par nourrir une grande admiration pour la foi incroyable du peuple juif.
Mais les extrémistes me font horreur, humainement, tous, de tous bords. Ce sont eux qui m'attirent le plus dans la prière, mais vraiment, il n'y a que spirituellement que je les défends; pour le reste, c'est plutôt leur gâchis et leurs victimes qui m'interpellent.
Le conditionnement humain, qui s'adresse à Dieu mais qui ne le sert pas, et sert autre chose que Lui, je l'abhorre.
Elle porte un voile (différent de celui des arabes) et ne s'habille qu'en jupe longue, et manches longues. Elle ne doit jamais montrer son corps nulle part, ni à la plage, ni à la piscine, ni à un docteur homme, jamais. Elle s'occupe de la maison, des enfants, et du mari pour lui laisser le plus de temps libre pour qu'il étudie la Torah. Elle ne parle pas à d'autres hommes. Et comme les hommes, elle possède des commandements spécifiques qu'elle doit accomplir, etc.
Ma fille semble adhérer à cela...
Mouais? Adhérer à vie? Mais il n'y a rien à faire; pour moi, ça sent le bridage de la pensée humaine sous un forçage, pas une libre pensée qui s'exerce et qui nourrit véritablement la personne, et qui lui permettra de parcourir le chemin de sa vie en ayant intégré librement les choses. Il vaut mieux avoir beaucoup d'idées, comme ça on peut au moins en faire le tri; dans la pensée unique, même si on a les idées, on ne risque pas de les mettre en oeuvre.
D'un autre coté, je comprends en partie votre fille; le modèle de vie à l'occidentale, qui est très imparfait, ne la satisfait manifestement pas; ce "modèle de vie oriental modéré", si je peux me permettre l'expression, peut lui apparaître comme un refuge, quelque chose de plus sain, au vu de sa simplicité apparente; mais... c'est bien connu que les apparences sont trompeuses, et que l'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à coté... donc prudence.
Une remarque générale: quand on regarde notre société en général, je comprends que des sociétés qui représentent une véritable alternative, un véritable défi, une véritable coupure, attirent certains jeunes. Ils y trouvent un retour à des valeurs qui les rassurent, les réconfortent, leur permettent de construire autre chose que de perénniser une société tellement mouvante et vidée spirituellement, et même moralement, de tant de principes, qu'on ne s'y sent plus ni guidé ni protégé. Alors on migre ailleurs... mais si cela est fait en toute conscience, c'est autre chose que si cela est fait par illusion amoureuse; car alors ce serait prendre le risque de se sentir ultérieurement victime d'un marché de dupes et de beaucoup en souffrir.
C'est une excellente chose, comme vous l'avez finalement relevé, que son chemin de conversion soit long, au moins le temps jouera pour elle, et vous permettra d'y voir clair dans la réalité de ses engagements.
Mais ne la laissez pas faire ce chemin singulier sans prier pour elle, accompagnez-là au mieux de tout ce que vous pourrez faire pour que le discernement véritable, celui qui est le sien, celui qui lui montrera sa vraie voie, quelle qu'elle soit, opère en elle. Si sa voie doit être atypique, tant mieux pour elle si c'est SA voie. Là est le principal; que veut-elle, elle, corps et AME, pour le restant de ses jours? Cette question demande parfois des années de mûrissement.
C'est aussi pour moi que je commence à me faire du souci, car leurs paroles en viennent presque à me déstabiliser dans ma foi. Mais en fait, je ne m'inquiète pas trop. Dans quelques temps, je les aurai oubliées ...
NON.
Ils ne vous laisseront pas oublier. A qui croyez-vous avoir affaire? A des mous? Les personnes que vous décrivez sont conditionnées à un tel point qu'elles sont persuadées jusqu'à la moelle que votre salut passent par elles.
Ce sont des guerriers spirituels, indomptables et déterminés comme des archanges dans leurs engagements, immuables et incorruptibles, tellement pour eux ils sont détenteurs d'une vérité à transmettre. Autant leur foi est indicible, autant ils se trompent de chemin par orgueil de rejeter Jésus et surtout, ses enseignements, qui doivent rester au coeur de toute votre démarche.
Alors vous aussi, revêtez votre armure de prière et montrez-leur, jusqu'à votre dernier souffle, qui est Jésus. Appelez-le à l'aide pour que ce soit Lui votre combattant, remettez-Lui tout.
Priez.
Une vie spirituelle se nourrit, et ne vous gênez pas pour la nourrir intensément. Lisez.
Si votre fille persiste, vous êtes bien partie pour avoir affaire à un prosélytisme permanent pour le restant de vos jours (je ne vise pas votre fille, plutôt son entourage).
Votre attitude sera ou non une source puissante de réflexion pour elle, et peut-être une composante de son chemin particulier vers Dieu. Alors incarnez dès aujourd'hui les valeurs que justement vous ne voulez pas que votre fille oublie: faites passer ces valeurs par vos actes plus que par vos paroles, les actes sont toujours beaucoup plus marquants, même dans le silence. Relisez Mère Térésa et inspirez-vous de son attitude quotidienne dans la foi face à toutes les difficultés du monde.
Un point important : ne sous-estimez jamais la puissance de la prière, même si elle est invisible et totalement imperceptible. ELLE EXISTE. Elle est même notre épée. Par la prière on peut déplacer des montagnes.
Nourrissez-vous de Dieu, et pas qu'à la Sainte Messe, mais dans vos lectures, dans votre travail de tous les jours, dans tous les aspects de votre vie. Le travail, les actes sont prières aussi, apprenez à faire cela.
Ouvrez-vous si vous le pouvez aux autres à la mesure de ce que votre tâche vous laisse comme temps.
Vivez en chrétienne, dans la Paix et une douce et suave Joie au coeur d'être à Jésus!
Bonne chance!
Mais relisez Saint Augustin et accompagnez votre fille de neuvaines !!!