Prière et bruits environnants

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apatride
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Re: Prière et bruits environnants

Message non lu par apatride » mer. 26 août 2020, 0:39

Bonjour Quejana,

Vos interrogations me parlent tout particulièrement car avant ma conversion, j'ai pratiqué durant quelques années la méditation bouddhiste de manière assez intensive. La pratique dite de "samatha" notamment, où la concentration en un seul point, exige un maintien total de l'attention sur un objet de contemplation, et j'ai eu à lutter avec acharnement contre les pensées et tout ce qui pouvait les provoquer, comme les bruits (car ceux-ci en eux-mêmes ne sont pas un problème, ce sont les pensées d'agacement qu'ils génèrent qui vont accaparer l'attention).

Voici une réponse qui pourra vous réconforter : le fait d'être incommodés par des bruits environnants n'a AUCUN effet sur, disons l'efficacité (faute de meilleur terme) de votre prière. Dieu n'attend pas de nous que nous soyons plongés dans un recueillement profond et sans distraction aucune, et même plus : cela n'est pas en notre pouvoir, et c'est Dieu qui le moment venu nous en fait grâce.

Puisque cette réponse brève ne vous satisfera certainement pas, je me permets de citer ici quelques extraits du livre La prière du cœur à l'école de Marie de Jean Khoury qui m'ont permis de rompre pour de bon avec ces préoccupations épuisantes de l'efficacité et de l'attention dispersée. Maintenant que je sais et comprends que la prière se passe à un autre niveau que celui du petit moulin à paroles du mental, je l'aborde avec bien plus de calme et de confiance.

Ces extraits prennent encore plus de sens lorsqu'ils sont intégrés à l'ensemble de l'ouvrage, notamment quand ce dernier aborde de façon plus précise la différence entre la logique du mental et celle du cœur, ou encore l'articulation entre Grâce générale et Grâce particulière, aussi je ne peux que vous encourager à le lire et vous faire une idée. Je vous sais protestante, aussi j'espère que les allusions à Marie et à son rôle dans la prière ne vous indisposeront pas, voire même vous seront profitables ; au pire vous pourrez les ignorer et en tirer tout de même des enseignements profitables.

Puisse le Seigneur vous apporter la paix.
[+] Texte masqué
Certes nous n'avons pas un contrôle direct sur les personnes, sur les événements ou sur les objets, mais nous avons un contrôle et une capacité de décision sur ce qui tient la première place dans notre cœur. Nous n'avons pas une prise directe sur nos sentiments (avoir le sentiment "d'être encore attaché à") ni sur notre mémoire émotionnelle. Cependant nous avons le contrôle sur un simple acte libre de la part de notre volonté, acte dans lequel nous faisons le choix de vouloir mettre Dieu à la première place, par-dessus toutes considérations. Cet acte réalise en notre fond un réel détachement. C'est cela que Dieu attend de nous. Il est important pour cela de bien faire la différence entre l'acte de détachement (ou l'offrande de la chose / l’être auquel nous sommes attachés) et le sentiment d’attachement ou de libération d'un attachement. Nous pouvons produire un tel acte, mais le sentiment est ce qu'il est, changeant, ou fort, comme les vagues de la mer.

Un acte de détachement, offrant à Dieu la chose qui prend notre cœur, en la remettant entre ses Mains, met, par le fait même, Dieu à la première place dans notre cœur. Ainsi notre cœur est plus pur, plus libre de s'élancer vers Dieu et, désormais, il lui semble plutôt recevoir des mains de Dieu, selon son bon vouloir, la chose à laquelle il était attaché. On est ainsi mieux "dans la volonté du Seigneur".

L'acte réalisé, même si nous ne ressentons pas le détachement, notre cœur est en réalité, au fond de nous, libéré et léger pour voler vers Dieu. Dieu n'attend rien de plus de nous, il n'attend pas que nous nous débarrassions du sentiment d'attachement (car nous n'avons pas pouvoir sur le sentiment).

***

La sphère du cœur est indépendante de celle du mental.

Il faut préciser que la sphère du mental (de la pensée) est autre que celle du cœur qui s"'offre. En d'autres termes, la Prière du Cœur n'a pas lieu dans la tête, elle part du cœur et s'élance vers Dieu. La sphère du cœur est plus intérieure que celle du mental et du soi - sans notre consentement - les pensées, les distractions etc., n'ont pas de pouvoir sur le mouvement de notre cœur et sur sa rencontre intime avec Dieu. Donc même si nous avons des pensées ou des images sous forme de distractions, il ne faut pas s'en inquiéter, elles ne peuvent pas entraver l'action de DIeu ou l'élévation du cœur. Par contre le fait de s'en inquiéter, ou de leur accorder de l'importance, de les suivre et de les prolonger, décentre et entrave l'élévation de notre cœur.

Pour mieux considérer l'inconsistance du mental face à la sphère du cœur nous pouvons le comparer à l'écran de cinéma. Le film projeté sur l'écran n'a pas de réalité physique, ce sont 24 images par seconde projetées sur une toile blanche qui nous donnent l'impression fluide d'événements à trois dimensions - mais ce n'est qu'illusion. Il nous arrive certes de nous laisser émouvoir par les événements d'un film, mais si, en nous abstrayant durant quelques instants, nous pensons : "Ceci n'est qu'un film", nos émotions reviennent au calme, ne trouvant plus de raison pour s'émouvoir. De même pour le "film" de nos distractions, elles restent imaginaires tant que nous ne consentons pas à les suivre volontairement.

***

Cependant, comme nous l'avons signalé plus haut, il nous arrive souvent de ressortir au dehors, vers le mental. Nous perdons le contact et la communication avec DIeu. nous nous laissons prendre par une pensée, par une image, ou par un souvenir ou une sensation. Que faire ? Dès que nous nous en rendons compte, il ne faudrait pas s'énerver, s'emporter contre soi-même en constatant qu'une fois de plus nous n'avons pas persévéré dans la communication avec Dieu. Non, il ne s'agit pas d'exploits sportifs à qui demeure le plus longtemps en Dieu. Dieu ne cherche pas la longueur du contact avec lui, ou à la vigilance qu'il met pour se maintenir en contact. Cela ne ferait que fausser les choses, ou au moins nous stresser. Dieu regarde notre bonne volonté et la qualité de la confiance que nous avons en Lui. Donc, dès que nous nous rendons compte que nous sommes sortie du contact avec Dieu, que nous divaguons par notre imagination ou par notre pensée, eh bien, paisiblement, reprenons le mouvement d'offrande nous-mêmes à l'Esprit, entre les mains de Marie et ce, autant de fois qu'il sera nécessaire durant les 60 minutes de notre rencontre. Il est important de ne pas s'emporter contre soi-même mais de reprendre paisiblement le mouvement. S'emporter contre soi n'est pas fructueux. L'énervement attire l'énervement, et la paix attire la Paix. Donc plus notre attitude, note réaction face à la constatation de notre faiblesse est paisible et sereine, plus nous pouvons considérer la constance de l'Amour de Dieu pour nous, et plus nous attirons Dieu qui est Paix. Il connaît notre faiblesse et n'attend pas de nous des exploits. Il veut voir notre amour pour Lui se renouveler, et ce, autant de fois que c'est nécessaire.

Parfois, il interviendra de manière plus forte, mais ce ne sont que les exceptions. A ces moments, il nous maintiendra en lui en nous attirant en lui de manière irrésistible et parfois prolongée. Mais cela lui appartient. Par contre sortir et puis revenir vers lui est notre pain quotidien, car à caque que nous décidons et que nous choisissons de revenir à lui, nous ne faisons que lui renouveler notre amour. Nous lui montrons ce que nous faisons de notre liberté. Car aimer c'est se donner.

Donc il est bon de répéter une prière lente et paisible au rythme de la respiration comme : "Doux cœur de Marie / soyez note refuge", au rythme de : inspiration / expiration. Le répéter de manière machinale sans y penser, juste pour occuper le mental, l'amadouer, l'appâter, demander l'aide de Marie, afin que, de ses mains, elle protège et couve cette rencontre sacrée avec Dieu. Il est important que la prière, la phrase répétée, contienne le Nom de Marie, ou au moins celui de Jésus.

***

Les flèches du mental, la pensée, les images, les souvenirs, peuvent toujours atteindre notre attention et la détourner de la rencontre sacrée. Dès que l'on est pris à l'hameçon du mental, eh bien revenir lentement et paisiblement en renouvelant notre mouvement. Le faire autant que cela est nécessaire, autant de fois que ça se présente.

Répétons une des raisons d'exister de cette prière/phrase à répéter : leur rôle est d'attiser note désir de Dieu, de le lui exprimer avec ferveur et amour. La fine pointe de la Prière du Cœur est de désirer Dieu, d'avoir une soif toujours grandissante de Lui. Dieu a soif que l'on ait soif de Lui. Ainsi la mèche de notre cœur se rend disponible et sèche pour que le Feu de l'Esprit prenne en elle.

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Re: Prière et bruits environnants

Message non lu par apatride » jeu. 27 août 2020, 5:04

De rien Quejana, je réalise à vous lire dans plusieurs sujets que je partage un certain nombre d'interrogations qui sont les vôtres, alors si je peux en retour partager ce qui m'a permis d'y répondre ou de m'en accommoder, c'est bien la moindre des choses.
Quejana a écrit :
mer. 26 août 2020, 6:20
Je suis notamment attirée par l'oraison silencieuse quiétiste (que l'on rapproche souvent des traditions bouddhistes, même si Mme Guyon n'en avait sûrement pas connaissance). Je sais que pour un catholique, c'est considéré comme une hérésie. D'ailleurs, si quelqu'un pouvait m'expliquer les dangers qu'il ou elle voit dans cette "hérésie" (en tant que protestante, j'utilise ce mot avec des guillemets), je suis preneuse.
Je n'ai plus en tête les propos de Mme Guyon sur l'oraison, j'ai son petit livret dans ma bibliothèque mais je ne suis pas chez moi à l'heure où je vous réponds.

Sans vouloir faire une promotion éhontée pour M. Khoury et son livre sur la Prière du Coeur, il se trouve que je l'ai lu tout récemment et qu'il y traite justement du quiétisme. Il s'agit de passages brefs que je vais agrémenter d'autres extraits afin de mieux comprendre comment il situe le quiétisme par rapport à ce qu'il considère comme une pratique juste de la prière.
[+] Texte masqué
Le quiétisme est une mauvaise façon de comprendre la passivité de l'homme face à l'action de Dieu.

***

La bonne manière de se donner, c'est par un mouvement clair, franc et total. J'offre mon cœur, je donne tout.

***

Si nous voulons faire oraison et qu'il y a quelque chose que nous n'avons pas donné volontairement, consciemment, il ne pourra pas agir. Il voudrait bien agir, mais je n'ai pas tout donné, je le sais et je ne veux pas donner. Il faut donc un don de soi entier, humble, confiant en l'action de Dieu.

***

Nous pourrions aussi ajouter le cas d'une absence de mouvement. Combien de personnes et combien d'écoles de spiritualité prônent juste le geste de s'exposer "par la foi" ou "dans la foi" l'action mystérieuse de Dieu. Expression imprécise, qui pour certains ne suppose de fait aucun mouvement. On part du faux principe "qu'il suffit d'être là" et que Dieu agira quand Il le veut et comme Il le veut. Or nous annulons la liberté de l'homme ; et c'est un quiétisme bien caché qui se dissimule là. Le mouvement, aussi simple et bref qu'il soit, est nécessaire.

***

Il y a donc un mouvement qui n'en est pas un et qui est une sorte de passivité de foi, dans la foi. C'est tout simplement du quiétisme, c'est-à-dire une fausse manière de comprendre la passivité humaine face à l'action de Dieu. La juste passivité humaine est de se donner à DIeu (non pas une fois pour toutes le matin ou au début de la prière) mais en renouvelant le don afin de laisser Dieu nous prendre et agir librement. Si l'on ne manifeste pas notre consentement, par ce mouvement, rien ne se passe. C'est comme lorsqu’on rencontre quelqu'un : nous tendons la main pour la lui serrer et pour manifester notre salut. De même avec Dieu, quand nous le rencontrons, nous tendons notre cœur et nous le lui offrons.

***

Ce n'est pas de l'activisme que de donner son cœur, de manifester sa liberté et son amour. Tant que nous sommes sur terre nous pouvons croître dans l'amour, et ce la, c'est notre liberté qui le décide. Et nous ne remplaçons pas l'activité de Dieu par la nôtre, mais nous nous rendons disponibles, nous nous mettons entre ses mains afin qu'il agisse selon sa modalité qui est divine.
Si vous voulez approfondir le sujet de la prière du cœur (ou oraison), outre le livre déjà cité précédemment, je vous recommande cette série de deux vidéos :
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... Aa-vHJvvHv
Quejana a écrit :
mer. 26 août 2020, 6:20
Oui, réduire notre relation à Dieu à une affaire de sentiments est sans doute problématique et mortifère. Car on ne maîtrise pas beaucoup ces derniers. Et puis, c'est comme idolâtrer ses propres intuitions et ses propres émotions : cela enferme le divin dans une case. Mais il est vrai qu'en tant que protestante, je n'ai pour seule manière de me rapprocher de Jésus que des moyens très intérieurs et subjectifs.
D'autant plus que Dieu n'est pas un être sensible, il s'adresse à l'esprit qui dans l'anthropologie chrétienne est supra-conscient, alors que c'est l'âme qui est concernée par les choses sensibles. Il arrive que Dieu nous fasse la grâce de manifester Son action de manière sensible, mais cela reste une exception.
Quejana a écrit :
mer. 26 août 2020, 6:20
Si je comprends bien le texte que vous avez envoyé, c'est l'intention qui compte le plus, la volonté et non les sentiments et les pensées qui défilent et qui sont éphémères.
C'est cela et surtout, nous pouvons agir sur notre volonté tandis que les sentiments et les pensées nous viennent malgré nous. La bonne nouvelle, c'est que Dieu nous demande de réaffirmer notre volonté avec douceur et confiance, c'est cela qu'Il attend.
Quejana a écrit :
mer. 26 août 2020, 6:20
Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous m'expliquer ce qui vous a fait renoncer à la méditation (celle d'origine bouddhiste) pour vous tourner vers la prière chrétienne ? Il y a des chrétiens, même des catholiques qui ont christianisé la méditation d'inspiration bouddhiste et développé des techniques de méditation chrétienne. Je trouve personnellement cette démarche intéressante. D'ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraître, la méditation m'a parfois aidée à surmonter ma misophonie. Précisément parce que je n'y mets aucun affect et donc j'accepte mieux d'éprouver des sentiments désagréables. C'est quand je commence à éprouver un certain attachement (même un attachement à Dieu ou plutôt à l'idée que je me fais de Dieu) que je risque de souffrir.
Cela ne me dérange, la difficulté viendra plutôt du fait que j'ai moi-même encore à comprendre ce qui m'a détourné de la méditation bouddhiste (samatha / vipassana) alors que j'y ai mis toute mon énergie pendant 5 années à raison de 30 à 60 minutes par jour, et parfois jusqu'à plusieurs heures d'affilée, à tel point que cela tournait à l'obsession au point de devenir prioritaire sur mes obligations familiales. Et puis un beau jour, changement radical, le désir-même de méditer avait disparu.

Je me suis beaucoup interrogé là-dessus et j'ai trouvé des raisons a posteriori, une rationalisation devant le fait accompli qui vaut ce qu'elle vaut. Une chose est sûre, je commençais à percevoir des effets indésirables de la méditation : des phénomènes énergétiques inconfortables, notamment une forte pression et des mouvements au niveau du troisième œil, qui parfois m'abrutissaient et culminaient en vertiges très désagréables ; une indifférence (que je ne confonds pas avec le détachement) grandissante envers les choses du monde, comme si je me considérais de plus en plus comme un pur esprit non affecté et au-dessus de tout, alors même que je devenais père. Ce sont les principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à sérieusement remettre en question le bien fondé de ma pratique, qui me faisait devenir quelqu'un que je n'aimais pas. A ce jour je n'ai toujours pas compris ce qui a provoqué un arrêt aussi abrupt, mais cela couvait depuis quelques temps.
Quejana a écrit :
mer. 26 août 2020, 6:20
De ce fait, je suis aussi attirée dans le christianisme par la notion de détachement et par la théologie apophatique, qui vise à nous dépouiller de notre attachement à certaines idées que nous avons sur Dieu (si j'ai bien compris). Le détachement me semble une voie possible à explorer.
Je vois que vous souhaitez cultiver le détachement, et vous disiez plus haut chercher à éviter un certain attachement dont vous risqueriez de souffrir. Dans mon expérience personnelle, j'ai eu à souffrir de certains attachements dans mes relations, et je crois que pour m'en protéger j'ai chéri mon indépendance, mon autonomie et mon libre arbitre. Voici ce qu'étaient mes idoles, et cela se traduisait par une certaine licence et un rejet de tout engagement quel qu'il soit. Je pense que la méditation était aussi devenue un prétexte à échapper aux souffrances du quotidien.

Aujourd'hui j'en viens à accepter ces causes potentielles de souffrance, car elles sont aussi sources de joie. Au point de penser que la pire des trahisons vaut bien la joie de vivre en confiance, aidé en cela par la promesse qu'au bout du chemin, il y en a Un qui ne nous trahira jamais.

Envers Dieu aussi je tâche de cultiver un détachement qui serait en fait une disponibilité grandissante à ce qu'Il a à me dire, sans que l'attachement à mes petites attentes personnelles et autres préconceptions ne viennent parasiter la communication.

Ce sont des réflexions toute personnelles mais peut-être y trouverez-vous un écho.

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Re: Prière et bruits environnants

Message non lu par Carolus » dim. 30 août 2020, 3:50

Quejana a écrit :
mar. 25 août 2020, 18:38
Quejana :
Bonsoir !
Personne pour me répondre ?
Je prie pour vous, chère Quejana. 🙏

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