Bonjour Quejana,
Vos interrogations me parlent tout particulièrement car avant ma conversion, j'ai pratiqué durant quelques années la méditation bouddhiste de manière assez intensive. La pratique dite de "samatha" notamment, où la concentration en un seul point, exige un maintien total de l'attention sur un objet de contemplation, et j'ai eu à lutter avec acharnement contre les pensées et tout ce qui pouvait les provoquer, comme les bruits (car ceux-ci en eux-mêmes ne sont pas un problème, ce sont les pensées d'agacement qu'ils génèrent qui vont accaparer l'attention).
Voici une réponse qui pourra vous réconforter : le fait d'être incommodés par des bruits environnants n'a AUCUN effet sur, disons l'efficacité (faute de meilleur terme) de votre prière. Dieu n'attend pas de nous que nous soyons plongés dans un recueillement profond et sans distraction aucune, et même plus : cela n'est pas en notre pouvoir, et c'est Dieu qui le moment venu nous en fait grâce.
Puisque cette réponse brève ne vous satisfera certainement pas, je me permets de citer ici quelques extraits du livre La prière du cœur à l'école de Marie de Jean Khoury qui m'ont permis de rompre pour de bon avec ces préoccupations épuisantes de l'efficacité et de l'attention dispersée. Maintenant que je sais et comprends que la prière se passe à un autre niveau que celui du petit moulin à paroles du mental, je l'aborde avec bien plus de calme et de confiance.
Ces extraits prennent encore plus de sens lorsqu'ils sont intégrés à l'ensemble de l'ouvrage, notamment quand ce dernier aborde de façon plus précise la différence entre la logique du mental et celle du cœur, ou encore l'articulation entre Grâce générale et Grâce particulière, aussi je ne peux que vous encourager à le lire et vous faire une idée. Je vous sais protestante, aussi j'espère que les allusions à Marie et à son rôle dans la prière ne vous indisposeront pas, voire même vous seront profitables ; au pire vous pourrez les ignorer et en tirer tout de même des enseignements profitables.
Puisse le Seigneur vous apporter la paix.
Prière et bruits environnants
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- apatride
- Quæstor
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Re: Prière et bruits environnants
De rien Quejana, je réalise à vous lire dans plusieurs sujets que je partage un certain nombre d'interrogations qui sont les vôtres, alors si je peux en retour partager ce qui m'a permis d'y répondre ou de m'en accommoder, c'est bien la moindre des choses.
Sans vouloir faire une promotion éhontée pour M. Khoury et son livre sur la Prière du Coeur, il se trouve que je l'ai lu tout récemment et qu'il y traite justement du quiétisme. Il s'agit de passages brefs que je vais agrémenter d'autres extraits afin de mieux comprendre comment il situe le quiétisme par rapport à ce qu'il considère comme une pratique juste de la prière.
Si vous voulez approfondir le sujet de la prière du cœur (ou oraison), outre le livre déjà cité précédemment, je vous recommande cette série de deux vidéos :
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... Aa-vHJvvHv
Je me suis beaucoup interrogé là-dessus et j'ai trouvé des raisons a posteriori, une rationalisation devant le fait accompli qui vaut ce qu'elle vaut. Une chose est sûre, je commençais à percevoir des effets indésirables de la méditation : des phénomènes énergétiques inconfortables, notamment une forte pression et des mouvements au niveau du troisième œil, qui parfois m'abrutissaient et culminaient en vertiges très désagréables ; une indifférence (que je ne confonds pas avec le détachement) grandissante envers les choses du monde, comme si je me considérais de plus en plus comme un pur esprit non affecté et au-dessus de tout, alors même que je devenais père. Ce sont les principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à sérieusement remettre en question le bien fondé de ma pratique, qui me faisait devenir quelqu'un que je n'aimais pas. A ce jour je n'ai toujours pas compris ce qui a provoqué un arrêt aussi abrupt, mais cela couvait depuis quelques temps.
Aujourd'hui j'en viens à accepter ces causes potentielles de souffrance, car elles sont aussi sources de joie. Au point de penser que la pire des trahisons vaut bien la joie de vivre en confiance, aidé en cela par la promesse qu'au bout du chemin, il y en a Un qui ne nous trahira jamais.
Envers Dieu aussi je tâche de cultiver un détachement qui serait en fait une disponibilité grandissante à ce qu'Il a à me dire, sans que l'attachement à mes petites attentes personnelles et autres préconceptions ne viennent parasiter la communication.
Ce sont des réflexions toute personnelles mais peut-être y trouverez-vous un écho.
Je n'ai plus en tête les propos de Mme Guyon sur l'oraison, j'ai son petit livret dans ma bibliothèque mais je ne suis pas chez moi à l'heure où je vous réponds.Quejana a écrit : ↑mer. 26 août 2020, 6:20Je suis notamment attirée par l'oraison silencieuse quiétiste (que l'on rapproche souvent des traditions bouddhistes, même si Mme Guyon n'en avait sûrement pas connaissance). Je sais que pour un catholique, c'est considéré comme une hérésie. D'ailleurs, si quelqu'un pouvait m'expliquer les dangers qu'il ou elle voit dans cette "hérésie" (en tant que protestante, j'utilise ce mot avec des guillemets), je suis preneuse.
Sans vouloir faire une promotion éhontée pour M. Khoury et son livre sur la Prière du Coeur, il se trouve que je l'ai lu tout récemment et qu'il y traite justement du quiétisme. Il s'agit de passages brefs que je vais agrémenter d'autres extraits afin de mieux comprendre comment il situe le quiétisme par rapport à ce qu'il considère comme une pratique juste de la prière.
Si vous voulez approfondir le sujet de la prière du cœur (ou oraison), outre le livre déjà cité précédemment, je vous recommande cette série de deux vidéos :
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... Aa-vHJvvHv
D'autant plus que Dieu n'est pas un être sensible, il s'adresse à l'esprit qui dans l'anthropologie chrétienne est supra-conscient, alors que c'est l'âme qui est concernée par les choses sensibles. Il arrive que Dieu nous fasse la grâce de manifester Son action de manière sensible, mais cela reste une exception.Quejana a écrit : ↑mer. 26 août 2020, 6:20Oui, réduire notre relation à Dieu à une affaire de sentiments est sans doute problématique et mortifère. Car on ne maîtrise pas beaucoup ces derniers. Et puis, c'est comme idolâtrer ses propres intuitions et ses propres émotions : cela enferme le divin dans une case. Mais il est vrai qu'en tant que protestante, je n'ai pour seule manière de me rapprocher de Jésus que des moyens très intérieurs et subjectifs.
C'est cela et surtout, nous pouvons agir sur notre volonté tandis que les sentiments et les pensées nous viennent malgré nous. La bonne nouvelle, c'est que Dieu nous demande de réaffirmer notre volonté avec douceur et confiance, c'est cela qu'Il attend.
Cela ne me dérange, la difficulté viendra plutôt du fait que j'ai moi-même encore à comprendre ce qui m'a détourné de la méditation bouddhiste (samatha / vipassana) alors que j'y ai mis toute mon énergie pendant 5 années à raison de 30 à 60 minutes par jour, et parfois jusqu'à plusieurs heures d'affilée, à tel point que cela tournait à l'obsession au point de devenir prioritaire sur mes obligations familiales. Et puis un beau jour, changement radical, le désir-même de méditer avait disparu.Quejana a écrit : ↑mer. 26 août 2020, 6:20Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous m'expliquer ce qui vous a fait renoncer à la méditation (celle d'origine bouddhiste) pour vous tourner vers la prière chrétienne ? Il y a des chrétiens, même des catholiques qui ont christianisé la méditation d'inspiration bouddhiste et développé des techniques de méditation chrétienne. Je trouve personnellement cette démarche intéressante. D'ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraître, la méditation m'a parfois aidée à surmonter ma misophonie. Précisément parce que je n'y mets aucun affect et donc j'accepte mieux d'éprouver des sentiments désagréables. C'est quand je commence à éprouver un certain attachement (même un attachement à Dieu ou plutôt à l'idée que je me fais de Dieu) que je risque de souffrir.
Je me suis beaucoup interrogé là-dessus et j'ai trouvé des raisons a posteriori, une rationalisation devant le fait accompli qui vaut ce qu'elle vaut. Une chose est sûre, je commençais à percevoir des effets indésirables de la méditation : des phénomènes énergétiques inconfortables, notamment une forte pression et des mouvements au niveau du troisième œil, qui parfois m'abrutissaient et culminaient en vertiges très désagréables ; une indifférence (que je ne confonds pas avec le détachement) grandissante envers les choses du monde, comme si je me considérais de plus en plus comme un pur esprit non affecté et au-dessus de tout, alors même que je devenais père. Ce sont les principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à sérieusement remettre en question le bien fondé de ma pratique, qui me faisait devenir quelqu'un que je n'aimais pas. A ce jour je n'ai toujours pas compris ce qui a provoqué un arrêt aussi abrupt, mais cela couvait depuis quelques temps.
Je vois que vous souhaitez cultiver le détachement, et vous disiez plus haut chercher à éviter un certain attachement dont vous risqueriez de souffrir. Dans mon expérience personnelle, j'ai eu à souffrir de certains attachements dans mes relations, et je crois que pour m'en protéger j'ai chéri mon indépendance, mon autonomie et mon libre arbitre. Voici ce qu'étaient mes idoles, et cela se traduisait par une certaine licence et un rejet de tout engagement quel qu'il soit. Je pense que la méditation était aussi devenue un prétexte à échapper aux souffrances du quotidien.Quejana a écrit : ↑mer. 26 août 2020, 6:20De ce fait, je suis aussi attirée dans le christianisme par la notion de détachement et par la théologie apophatique, qui vise à nous dépouiller de notre attachement à certaines idées que nous avons sur Dieu (si j'ai bien compris). Le détachement me semble une voie possible à explorer.
Aujourd'hui j'en viens à accepter ces causes potentielles de souffrance, car elles sont aussi sources de joie. Au point de penser que la pire des trahisons vaut bien la joie de vivre en confiance, aidé en cela par la promesse qu'au bout du chemin, il y en a Un qui ne nous trahira jamais.
Envers Dieu aussi je tâche de cultiver un détachement qui serait en fait une disponibilité grandissante à ce qu'Il a à me dire, sans que l'attachement à mes petites attentes personnelles et autres préconceptions ne viennent parasiter la communication.
Ce sont des réflexions toute personnelles mais peut-être y trouverez-vous un écho.
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