Lectures en période de jeûne

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Re: Lecture en période de jeûne

Message non lu par poche » jeu. 05 févr. 2015, 11:58

gerardh a écrit :J'avoue que j'ai une assez grande interrogation sur l'utilité voire la nécessité du jeûne, et ce bien que dans mon milieu chrétien ce sujet ait été traité :

Il y avait un démon que les disciples étaient incapables d'exorciser. Jésus a dit que la raison en était que ce type de démon ne peut être expulsé que par le jeûne et la prière.

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Message non lu par poche » jeu. 05 févr. 2015, 12:30

Saint Isidore (en espagnol) :
[+] Texte masqué
Los ayunos acompañados de buenas obras son agradables a Dios. Mas los que se privan de alimentos y obran el mal, imitan a los demonios, que nunca tienen comida pero siempre iniquidad. Aquel, pues, que se priva de los manjares rectamente se abstiene de las malas acciones y de la ambición.
St Isidore a dit quel le jeûne accompagné de bonnes œuvres est agréable à Dieu. Mais ceux qui se privent de nourriture et font le mal imitent les diables, qui ne mangent jamais de nourriture et toujours commettent l'iniquité. Ceux qui se privent de délices à juste titre s'abstiennent de mauvaises actions et de l'ambition.

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Message non lu par poche » ven. 06 févr. 2015, 8:35

Saint Isidore (en espagnol) :
[+] Texte masqué
Los que por deseo de execrar la comida y no por voto de abstinencia se privan de alimento de carnes, ellos más bien son dignos de execración, por cuanto rechazan una criatura puesta por Dios al servicio del hombre. En efecto, para los fieles, nada se considera manchado y nada impuro, conforme al testimonio del apóstol Pablo: Todo es limpio para los limpios, mas para los contaminados e infieles nada hay limpio, porque están contaminadas tanto su mente como su corazón. (Tit 1,15).
St Isidore dit que ceux qui par haine de la nourriture et non par voeu d'abstinence renoncent à manger de la viande, sont plus dignes de condamnation, parce qu'ils rejettent une créature placée par Dieu au service de l'homme. En effet, pour les fidèles, rien n'est considéré comme contaminé et rien d'impur, selon le témoignage de l'Apôtre Paul: "Tout est pur pour les purs ; mais pour ceux qui sont souillés et qui refusent de croire, rien n’est pur : leur intelligence, aussi bien que leur conscience, est souillée" (Tit 1,15).

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Message non lu par poche » dim. 08 févr. 2015, 7:50

(en espagnol)
[+] Texte masqué
Se desprecia el ayuno que al atardecer se repara con abundante comida, pues no hay que valorar la abstinencia cuando luego ha seguido el hartazgo.
Ici, St Isidore exprime sa désapprobation de ceux qui jeûnent pendant la journée et mangent comme des cochons durant la nuit. Bien que St Isidore ait vécu antérieurement à l'arrivée de la religion islamique, cette pratique de jeûner toute la journée et et manger abondamment la nuit (l'Iftar) serait quelque chose qu'il condamnerait.

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Message non lu par poche » mer. 11 févr. 2015, 9:19

(en espagnol)
[+] Texte masqué
Se desprecia el ayuno que al atardecer se compensa con placeres, ya que dice el profeta Isaías: He aquí que en el día de vuestro ayuno se halla vuestro deleite (Is 58,3), pues deleite significan los placeres. Y así como el reclamar la deuda, los pleitos, las rivalidades y los golpes, también los placeres reprueba el profeta en día de ayuno.
Ici St Isidore développe sa critique antérieure de ceux qui jeûnent sans véritable esprit de pénitence. Il condamne le jeûne pendant la journée qui est compensé par les plaisirs de nuit. Comme le dit le prophète Isaïe; "Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires" (Is 58:3). Dans ce cas, "affaires" signifie plaisirs. Le prophète condamne également le recouvrement des créances, les rivalités, les coups, mais aussi les plaisirs pendant la journée de jeûne.

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Message non lu par poche » jeu. 12 févr. 2015, 8:49

(en espagnol)
[+] Texte masqué
Porque todo el día imagina banquetes en su mente quien por la tarde se prepara delicias para satisfacer su gula.

St Isidore a écrit que c'est parce que, pendant la journée, l'esprit ne pense qu'à la nourriture délicieuse qui sera préparée le soir pour satisfaire sa gourmandise.

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Message non lu par poche » ven. 13 févr. 2015, 9:14

(en espagnol)
[+] Texte masqué
No hay que aplicar al cuerpo excesiva austeridad, no sea que, por estar el cuerpo sobrecargado con el peso de la abstinencia, luego ni pueda obrar el mal ni se decida a practicar el bien. Por tanto, hay que moderar el trato del cuerpo con inteligente discreción, a saber, que no se agote por completo y que no goce demasiada libertad.
Ici St Isidore dit de : "Ne pas appliquer d'austérité excessive sur le corps, de peur que celui-ci, étant surchargé par le poids de l'abstinence, ne puisse plus décider ni de faire le mal, ni de faire le bien. Par conséquent, nous devons modérer le traitement du corps intelligemment, pour que le corps ne soit pas en manque complet et ne bénéficie pas de trop de liberté."
http://www.hispanomozarabe.es/

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Message non lu par poche » sam. 14 févr. 2015, 12:54

(en espagnol)
[+] Texte masqué
Si prevalece la excesiva flaqueza de la carne, nadie puede alcanzar la perfección. Pues, aunque uno tenga deseos de santidad, con todo, no le es posible consumar la obra meritoria que en su intención desea realizar.
Ici, St Isidore écrit que si la faiblesse excessive de la chair prévaut, alors vous ne serez jamais capable d'atteindre la perfection. Bien que le désir de sainteté soit présent, il ne serait pas possible de respecter le travail méritoire que vous avez l'intention de réaliser.
http://www.hispanomozarabe.es/

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par poche » sam. 21 févr. 2015, 9:12

(en espagnol)
[+] Texte masqué
La excesiva debilidad del cuerpo quebranta, asimismo, el vigor del alma y logra que flaquee también su natural ingenio, ni puede ésta llevar a término bien alguno a causa de su debilidad.
St Isidore dit que l'excessive faiblesse du corps rompt également la force de l'âme et mène aussi son esprit naturel à faiblir; il ne peut pas conduire à une bonne fin à cause de sa faiblesse.
http://www.hispanomozarabe.es/

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par poche » dim. 22 févr. 2015, 9:27

(en espagnol)
[+] Texte masqué
16. Nada en demasía. Pues todo lo que se ejecuta con moderación y mesura es saludable; en cambio, lo que se realiza con exceso y sin medida resulta pernicioso y contraproducente. Así, pues, hay que observar en toda obra moderación y mesura, pues todo lo que excede es peligroso, como el agua, que, cuando llueve en demasía, no sólo no procura utilidad alguna, sino que además ofrece peligro.
Rien de trop. Tout ce qui est de la modération et de la retenue est sain; au contraire, ce qui est fait avec excès et sans mesure est nuisible et contre-productif. Ainsi, on observe qu'en tout la modération et la retenue sont bonnes, que ce qui est en excédent est dangereux, comme l'eau, qui, quand il pleut trop, non seulement n'est plus utile, mais devient dangereuse.

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par poche » mer. 25 févr. 2015, 9:26

(en espagnol)
[+] Texte masqué
El simbolismo del ayuno cuaresmal según san Isidoro de Sevilla.

San Isidoro en su obra De los oficios eclesiásticos 1 expone los fundamentos básicos de la Cuaresma, su origen, su simbolismo y su razón de ser:

Según las Santas Escrituras, las témporas de ayuno son cuatro y en ellas, mediante la abstinencia y los gemidos penitenciales, se implora al Señor; y si bien es conveniente orar y practicar la abstinencia todos los días, es muy oportuno entregarse más intensamente a los ayunos y penitencias en estas mencionadas témporas.
Le symbolisme du carême selon saint Isidore;
Saint Isidore dans ses oeuvres Des travaux ecclésiastiques 1 énonce les principes de base du Carême, son origine, son symbolisme et sa justification:

Selon les Écritures, les temps de jeûne sont au nombre de quatre. En eux, par l'abstinence et gémissements de pénitence, ils implorent le Seigneur; et s'il est souhaitable de prier et de s'abstenir chaque jour, il est opportun de se livrer au jeûne et à la pénitence plus intensément en ces temps qui ont été mentionnés.

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par poche » jeu. 05 mars 2015, 9:30

San Isidoro de Sevilla nos expone brevemente el significado del canto del aleluya en la liturgia:

(en espagnol)
[+] Texte masqué
Los Laudes, es decir cantar el alleluia, es cántico de los hebreos, cuya explicación se resuelve con el significado de dos palabras, es a saber: "alabanza a Dios", de su misterio cuenta Juan en el Apocalipsis que, por revelación del Espíritu, haber visto él y oído la voz del celestial ejército de los ángeles como estrépito de muchas aguas y como estallido de grandes truenos, que decían "alleluia" (Ap 29,6).

Por lo que nadie debe dudar que, mientras se celebra este misterio de alabanza, si con fe verdadera y devoción se realiza, estar unido con los ángeles. El alleluia, lo que mismo que el amén, nunca se traduce del hebreo en otras lenguas, no porque no sea posible la traducción, sino que, como enseñan los doctores, se mantienen estos vocablos en su lengua original a causa de su mayor autoridad.

En las regiones del África, no en todo tiempo, sino únicamente los domingos y cincuenta días después de la resurrección del Señor se canta el alleluia, para significar la futura resurrección y la alegría pascual. Entre nosotros, según una antigua tradición hispana, a excepción de los días de ayuno y de Cuaresma, todo el año se canta el alleluia, porque está escrito: Constantemente permanece su alabanza en mis labios (Sal 33,2).

Que al final del oficio de los salmos y lecciones se concluya con el canto del alleluia, se hace puesta la mirada en la esperanza futura y con ello quiere dar a entender la Iglesia que, después del anuncio del reino de los cielos, que en la vida presente se predica al mundo por medio de ambos Testamentos, nuestras acciones no tienen valor de salvación si no se hacen en alabanza de Dios, tal como está escrito: Bienaventurados los que habitan en tu casa; por los siglos de los siglos te alabarán (Sal 83,5). De aquí que, el Libro de los Salmos se concluya con alabanzas, para mostrar la alabanza eterna, acabado este siglo 1.


St Isidore nous explique brièvement le sens des "Alléluias" dans la liturgie :

Les louanges, c'est-à-dire le chant de l'Alléluia, est un cantique des Hébreux dont l'explication est résolue avec le sens de deux mots, «louange à Dieu." Son mystère est raconté par Jean dans l'Apocalypse, par la révélation de l'Esprit d'avoir vu et entendu la voix de l'armée céleste des anges, le bruit de grandes eaux, et comme l'éclatement de forts tonnerres qui disent "Alléluia".

Donc, personne ne devrait douter que tout ce mystère de louange est célébré et si la vraie foi et la dévotion sont présentes, sera uni avec les anges. L'Alléluia, de même que l'Amen, n'ont jamais été traduits de l'hébreu dans d'autres langues, non parce que la traduction est impossible, mais parce qu'enseigné par les maitres, ces termes sont maintenus dans leur langue d'origine en raison de sa plus grande autorité.

Dans les régions de l'Afrique, pas en tout temps, mais seulement le dimanche et les 50 jours après la résurrection du Seigneur, l'alléluia est chanté pour signifier la résurrection future et la joie de Pâques. Quant à nous, comme une vieille tradition espagnole, à l'exception des jours de jeûne et de Carême, toute l'année, l'alléluia est chanté, parce que, comme il est écrit, "Ta louange reste constamment sur mes lèvres" (Ps 33,2).

Que la fin de l'office des psaumes et des leçons puisse être conclue par le chant de l'Alleluia signifie que nous sommes à la recherche de l'avenir et de l'espoir signifié par l'Église d'après l'annonce du royaume des cieux qui, dans la vie présente, est prêchée dans le monde à travers les deux Testaments. Nos actions n'ont aucune valeur pour le salut si ce n'est fait dans la louange de Dieu, comme il est écrit: "Heureux les habitants de ta maison, ils te louent sans cesse" (Ps 83,5) Par conséquent, le Livre des Psaumes est conclu avec louange, pour montrer la louange éternelle, à la fin du 1er siècle.

[Traduction sous toutes réserves, voir texte original à afficher ci-haut au besoin]

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par Cinci » dim. 08 mars 2015, 1:52

Deux ouvrages que je recommande :

Pascal Ide, Luc Adrian (coll.) Les sept péchés capitaux ou ce mal qui nous tient tête, Mame-Edifa, 2002, 242 p.

et

Pascal Ide, Connaître ses blessures, Éditions de l'Emmanuel, 1992, 317 p.



  • «Le père Émilien Tardif donne une belle explication d'un passage de Jean que nous connaissons bien : le dialogue de Jésus ressuscité avec Pierre, que précède le repas pris avec ses disciples (Jn 21,4-19). Pierre a trahi Jésus. Il a croisé le regard de Jésus traversant la cour du prétoire et il a lu la miséricorde infinie de celui qui en est l'image (cf Co 1,15) du Père "riche en miséricorde" (Éph 2,4). Il regrette amèrement son péché. Il est pardonné ... Mais, si le péché n'est plus, il demeure la blessure qui est conséquence du péché, la blessure d'avoir trahi son maître bien-aimé. A ses yeux, il est destitué de son rang d'apôtre et a donc perdu sa vocation, toute la raison d'être de sa vie que le Christ lui avait donnée en lui imposant un nouveau nom (Mt 16,18). Quand Pierre se jette à l'eau pour rejoindre Jésus, il ne pense plus à tout cela, tant il est heureux de le revoir. Mais arrivé sur le rivage, il voit le feu allumé par Jésus qui ne peut pas lui rappeler un autre feu, celui de la cour du prétoire auprès duquel il a renié le Seigneur (Jn 18,18). Alors, remontent en lui l'amertume, tristesse, anxiété, tous ces signes dont nous savons qu'ils accompagnent la blessure. Le poisson n'a pas dû très bien passer. ... Par le repas qui, en saint Jean, symbolise les noces de l'agneau et donc l'amour que Dieu porte aux hommes, Jésus prépare et ouvre le coeur du disciple qu'il a élu.

    Il peut maintenant opérer la guérison. Il appelle Pierre par son nom, celui qu'il lui a donné : il lui reconnaît sa dignité. Les dons de Dieu sont sans repentance. La guérison prend du temps : Pierre passe du je t'aime bien au je t'aime de charité. La triple demande d'amour de Jésus est certes confirmation du pardon déjà donné; surtout elle est guérison du triple reniement. Seul, en effet, l'amour guérit définitivement. Jésus montre à Pierre qu'il est toujours capable d'aimer. Plus, il l'assure en sa fécondité pastorale : Pais mes agneaux. A l'image du bon berger, ressuscité dont les plaies glorieuses chantent l'amour livré jusqu'à l'extrême (Jn 13,1), Pierre est le pasteur dont les blessures intérieures proclament l'amour salvateur accueilli. La blessure guérie par le Christ devient dès lors source de vie pour les frères de Pierre, et pour l'Église qu'il a mission de paître. » (Connaître ses blessures, p. 312)

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par Cinci » mar. 10 mars 2015, 1:52

Le bouquin sur les péchés capitaux est non seulement bien fait, clair, pratique mais il suggère en plus des films pour illustrer chacun des péchés. Le talentueux Mr Ripley (thriller d'Anthony Minghella, 1999; Matt Damon, Jude Law) pour illustrer le mécanisme de l'envie. Moi qui n'ai pas vu ce film, c'est bon à savoir. Le descriptif du film et son décodage par les auteurs vaut son pesant de cacahuètes.

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Re: Lectures en période de jeûne

Message non lu par Cinci » jeu. 19 mars 2015, 15:22

(suite)

Qu'est-ce que l'envie?
  • «... Tom Ripley n'est qu'un regard de désir. Autant sa parole, son geste, sa volonté sont hésitants, autant son regard est intense, constamment à l'affût. Avant de rencontrer Dickie et Marge, il les observe longuement à la jumelle : il y a de la prudence dans son attitude, mais d'abord une vieille habitude d'observateur qui n'existe qu'à distance et surtout par désir interposé.

    Dès qu'il s'approche de Dickie, Tom se met à envier tout ce qu'il possède : ses habits, sa bague, ses goûts :«Et tu aimes vraiment le jazz? lui demande Dickie.- C'est avec toi que j'ai appris à l'aimer. J'ai appris à aimer tout ce que tu fais dans la vie.» Par-dessus tout c'est Marge que Tom désire.

    Le désir du bien qu'est l'autre

    Ne nous y trompons pas : c'est Dickie que Tom Jalouse, beaucoup plus que ses qualités et ses affaires. D'emblée, son désir a été aimanté par le play-boy. [...] Ce mécanisme que René Girard appelle rivalité mimétique n'explique-t-il pas aussi le secret amour de Tom pour Marge? De fait, Ripley ne désire rien d'autre que ce que Dickie désire. Lors de la scène clé du film, celui-ci, à bout, finit par lui lâcher, alors que les deux protagonistes se retrouvent dans la barque, en pleine Méditerranée : Quand tu t'y mets, t'es une sangsue! Je ne peux pas faire un geste sans que tu fasses le même!»

    Le mépris souverain pour son propre bien

    On ne peut pas "être un autre" sans finir par perdre son identité. Or comment aimer le néant? Tom a-t-il jamais eu d'estime pour lui-même? Cette haine de soi sommeille au fond de toute jalousie : elle est le filigrane discret qui traverse tout le film. Celui-ci s'ouvre sur une scène où Tom parle en voix off :«Si je pouvais revenir en arrière, si je pouvais tout effacer, à commencer par moi-même». Et le film s'achève sur l'image, fort symbolique, du visage de Tom reflété, brisé dans le jeu de miroir d'une armoire, avant de disparaître entre les portes qui se ferment sur un gouffre d'ombre et cette phrase du même Tom :«Si j'avais une gigantesque gomme pour tout effacer, à commencer par moi ...» Un verbe commun unit la première et la dernière parole de Tom : «effacer».

    Un péché capital

    Si Tom ne vit que par l'autre, en revanche il ne vit que pour soi. Centré sur lui, à aucun moment on ne le voit poser un acte de don gratuit. En cela consiste sa faute.

    La jalousie n'est pas seulement un péché, elle est un péché capital. Progressivement apparaît la galerie de monstres engendrés par cette faute très prolifique : les mensonges, les trahisons et les forfaitures se multiplient, bientôt relayés par les meurtres. Le tout sur fond d'autodestruction consentie de Ripley. Ne nous y trompons pas : la mort de Dickie n'est pas l'effet malencontreux de la colère. Même si Tom n'avait pas prémédité ce geste, il portait depuis longtemps une haine homicide dans le coeur. Il est d'ailleurs submergé par sa rage assassine lorsque Dickie ose lui dire :«Quand tu t'y mets, t'es d'un ennui mortel!» Cette vérité qu'il ne cesse de se cacher souligne toute sa différence d'avec ce Dickie si envié. N'est-ce pas cette phrase qui revient l'obséder dans ses cauchemars? [...]

    Tom s'enferme jusqu'à l'enfer intérieur dans sa jalousie, ses identités d'emprunt, son mensonge, sa compulsion meurtrière. [...] Autant Tom ne cesse de copier, d'imiter des signatures, des voix, des vies qui ne sont pas siennes, autant Dickie ne cesse d'inventer sa vie. Autant Tom est triste, autant Dickie danse, chante, joue, allant jusqu'à embrasser le frigidaire tellement il est brûlant de passion. [...] là où Tom, le «pique-assiette de troisième classe» ne vit qu'au crochet des autres, Dickie l'invite chez lui, lui propose ses affaires, le couvre de cadeaux, etc.

    Le monde du jaloux est un monde froid et sans soleil. [...] Le monde de Dickie, lui, est aussi ensoleillé que les paysages de Calabre, de Rome et de Venise où il aime vivre :«Dickie, il suffit qu'il vous regarde et on se croit au soleil, dit Marge avec une lucidité redoutable. On a chaud, on est heureux. Quand il s'intéresse à vous, on a l'impression d'être unique au monde»

    (pp.159-163)

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