Bonjour Suliko et vous tous, ci joint des extraits de l'interview du Pape François (revue jésuite Etudes-2013)Suliko a écrit : Axou, vous écrivez:Tout cela est un langage bien modern(ist)e. Notre devoir en tant que catholiques est de nous conformer à la Loi divine, même lorsque cela implique une grande discipline et un combat de nos passions. Sous prétexte d'"ouvrir votre porte à l'Esprit", vous prenez bien trop souvent position contre les commandements divins! Ce n'est pas ce que Dieu nous demande. Et d'ailleurs, comment interprétez-vous le fait que l'Eglise ait jusqu'à peu été très critique face aux mariages avec des non catholiques et que les orthodoxes le sont toujours passablement? L'Eglise n'a rien compris à la Loi divine pendant des siècles et aurait ressenti "peur et défiance envers Dieu et la vie"? Allons donc! Je pense plutôt que la plupart des catholiques occidentaux ne voient plus cette vie terrestre comme un passage très éphémère pendant lequel nous devons chercher non pas les satisfactions terrestres, mais l'accomplissement de la volonté divine. On ne peut pas toujours avoir le beurre et l'argent du beurre: se conformer aux commandements divins implique bien souvent (et encore bien plus aujourd'hui) des sacrifices et le fait d'être mal perçu et méprisé.Il s'agit d'ouvrir sa porte à l'Esprit : ne pas nous raccrocher à nos rengaines, nos principes qui cachent le plus souvent des peurs et des défiances de Dieu et de la vie, mais assumer l'incertitude et se lettre à l'écoute de l'imprévu, du nouveau.
Suliko
Concernant l'évolution de l'Eglise dans le temps :
"“il en va de même pour les dogmes de la religion chrétienne : la loi de leur progrès veut qu’ils se consolident au cours des ans, se développent avec le temps et grandissent au long des âges”. Saint Vincent de Lérins fait la comparaison entre le développement biologique de l’homme et la transmission du depositum fidei (dépôt de la foi) d’une époque à l’autre : il croît et se consolide au fur et à mesure du temps qui passe. Ainsi, la compréhension de l’homme change avec le temps et sa conscience s’approfondit aussi. Pensons à l’époque où l’esclavage ou la peine de mort étaient admis sans aucun problème. Les exégètes et les théologiens aident l’Église à faire mûrir son propre jugement. Les autres sciences et leur évolution aident l’Église dans cette croissance en compréhension. Il y a des normes et des préceptes secondaires de l’Église qui ont été efficaces en leur temps, mais qui, aujourd’hui, ont perdu leur valeur ou leur signification. Il est erroné de voir la doctrine de l’Église comme un monolithe qu’il faudrait défendre sans nuance. Du reste, à chaque époque, l’homme cherche à mieux se comprendre et à mieux s’exprimer. Avec le temps, l’homme change sa manière de se percevoir: une chose est l’homme qui s’exprime en sculptant la Nikè (Victoire) de Samothrace, une autre celui qui s’exprime dans l’œuvre du Caravage, une autre dans celle de Chagall, une autre encore dans celle de Dalí. "
et L'Esprit Saint comme guide :
« L’image de l’Église qui me plaît est celle du peuple de Dieu, saint et fidèle. C’est la définition que j’utilise souvent, et c’est celle de [la constitution conciliaire] Lumen gentium au numéro 12. L’appartenance à un peuple a une forte valeur théologique : Dieu dans l’histoire du salut a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine et entière sans appartenance à un peuple. Personne ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame complexe des relations interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire. Le peuple est sujet. Et l’Église est le peuple de Dieu cheminant dans l’histoire, avec joies et douleurs. Sentire cum Ecclesia (sentir avec l’Église), c’est, pour moi, être au milieu de ce peuple. L’ensemble des fidèles est infaillible dans le croire, et il manifeste son infallibilitas in credendo à travers le sens surnaturel de la foi de tout le peuple en marche. Voilà pour moi le sentir avec l’Église dont parle Saint Ignace. Quand le dialogue entre les personnes, les Évêques et le pape va dans cette direction et est loyal, alors il est assisté par l’Esprit Saint. Ce n’est donc pas un sentir faisant référence aux théologiens. C’est comme avec Marie : si nous voulons savoir qui elle est, nous nous adressons aux théologiens; si nous voulons savoir comment l’aimer, il faut le demander au peuple. Marie elle-même aima Jésus avec le cœur du peuple, comme nous le lisons dans le Magnificat. Il ne faut donc pas penser que la compréhension du sentir avec l’Église ne soit référée qu’à sa dimension hiérarchique. »
texte en entier : http://www.jesuites.com/v3/wp-content/u ... pdf?967019
Bien à vous,
Axou