Merci ti'hamo, vous dites tellement bien les choses!ti'hamo a écrit :Puisqu'elle a été soulevée, attention à la notion de "moindre mal" : il ne me semble pas que cela veuille dire qu'on puisse s'estimer justifié de commettre un mal parce qu'on en évite un "pire".
L'exemple donné il n'y a pas si longtemps par le pape me semble fort approprié : pour une personne qui se prostitue, utiliser un préservatif est un bien.
Non pas qu'utiliser un préservatif soit bien.
Non pas que cela justifie son comportement et son mode de vie.
Non pas qu'une telle personne doive considérer que du moment qu'il utilise des préservatifs, il peut faire ce qu'il veut.
Mais, tant qu'il n'a pas abandonné ce mode de vie, utiliser un préservatif réduit le risque (sans l'annuler toutefois) de transmettre des maladies graves d'une personne à l'autre, et c'est donc de sa part une prise de responsabilité et c'est, relativement à son mode de vie, un bien.
Ce n'est donc pas que le mal commis soit "moins pire".
Mais c'est que, de là d'où il part, de la situation de départ, cette prise de responsabilité représente bien un premier pas vers le bien.
Ainsi, de même, Griffon, il faut préciser ce qu'on entend par "momentané" : il ne s'agit pas de reporter à plus tard la volonté de changer de vie et de pratiques, ni de se dire qu'on verra ça de temps en temps :
il s'agit bien, ici et maintenant, de décider de changer... même si pour le moment on ne sait ni comment ni quand.
La différence est dans la volonté : a-t-on la volonté de se donner, ici et maintenant, les moyens de changer.
Cela peut être, au début, de tout petits moyens : peu importe, du moment qu'on se place volontairement dans cette perspective de changement.
Ce n'est pas tant une question de position par rapport aux règles de l'Église, qu'une question de perspective.
C'est pourquoi j'insistais sur vos propos : affirmer "il y a des situations où les seuls choix sont de pécher", me semble trop ambiguë et trop susceptible d'être interprétée comme, justement, un empêchement à tout changement de perspective : parce qu'on ne considère aucun autre choix possible, on se place donc dans une situation sans autre issue, donc définitivement - ou perpétuellement suspendue ou remise à plus tard, ce qui revient au même
Voilà pourquoi j'insistais sur la notion de volonté, de changer déjà immédiatement sa volonté - même si les moyens d'appliquer cette volonté viendront plus tard.
Pour faire un parallèle avec un autre sujet de morale sur lequel un jeune homme était venu poser des questions sur ce forum : la masturbation.
Dire à celui qui n'arrive pas à s'en sortir : "des fois, on n'a pas le choix" ou "pour l'instant c'est comme ça, tu ne peux pas faire autrement", risque de ne pas faire changer sa perspective, sa volonté, de le faire se résigner, et du coup il ne changera jamais ;
alors que se dire, déjà ici et maintenant, qu'on a la volonté ferme de changer, d'abandonner cette pratique, même si pour l'instant on ne voit pas du tout comment faire, cela change tout. (et cela est valable pour toutes les compulsions)
Quant au fait qu'il convient de se former avant de pratiquer les méthodes naturelles de régulation des naissances, nous sommes tous d'accord sur ce point qui a été maintes fois rappelé.
Je regrette ce manque de compréhension entre nous, mais enfin, cela nous permet de préciser des points importants, et de les mieux formuler, même si nous nous rendons compte que nous étions d'accord sur le fond.
"Affirmer "il y a des situations où les seuls choix sont de pécher", me semble trop ambiguë et trop susceptible d'être interprétée comme, justement, un empêchement à tout changement de perspective."
C'est tellement juste!
Des fois il n'y a même pas la volonté de changer, juste l'espérance qu'il y a peut-être une expérience différente à faire qui pourrait amener cette volonté qui fait défaut et dont on pressent qu'elle pourrait nous apporter quelque chose!!
Finalement, on peut dire ceci:
- Il est impossible de ne faire que le bien en ce monde imparfait
- Mais il toujours possible de faire un peu plus de bien chacun dans sa situation, si on le veut.
- Et il est primordial de ne pas rester "en arrêt sur image" et imaginer qu'on ne pourra jamais faire autrement (se condamner en quelque sorte)
Pour reprendre le sujet du fil, peut-on poser la question ainsi: " faut-il attendre de vouloir clairement sortir de ce que l’Église indique comme péché pour se confesser?"
Autrement dit, est-ce que le fait de ne pas (encore) avoir la volonté de changer (notamment en étant coincé dans moult arguments intellectuels) est un argument pour ne pas aller se confesser?
Sinon, pour faire un trait d'humour, est-ce que "vouloir vouloir", c'est bon aussi?
Je n'aurais jamais imaginé poser ce genre de question il y a seulement une semaine, c'était pour moi réglé: la réponse était "no confesse", sous peine d'être une grosse mytho en plus du reste! Mais suite (grâce) à vos derniers échanges, la question semble pouvoir être reposée...
Très fraternellement
Théo d'Or
PS: A propos de ceci ---->
Ça peut être détourné par le Diable, donc il faut être prudent...salésienne05 a écrit : "Il y a certaines choses que plusieurs estiment vertus et qui ne le sont aucunement, desquelles il faut que je vous dise un mot: ce sont les extases ou ravissements, les insensibilités, impassibilités, unions déifiques, élévations, transformations, et autres telles perfections desquelles certains livres traitent, qui promettent d’élever l’âme jusqu’à la contemplation purement intellectuelle, à l’application essentielle de l’esprit et vie superéminente. Voyez-vous, Philothée, ces perfections ne sont pas vertus; ce sont plutôt des récompenses que Dieu donne pour les vertus, ou bien encore plutôt des échantillons des félicités de la vie future, qui quelquefois sont présentés aux hommes pour leur faire désirer les pièces tout entières qui sont là-haut en paradis. Mais pour tout cela, il ne faut pas prétendre à telles grâces, puisqu’elles ne sont nullement nécessaires pour bien servir et aimer Dieu (...)" (Saint François de Sales)