Le Porte-parole des évêques de France apporte les précisions suivantes :
L'Eglise catholique en France condamne les violences perpétrées lors de récents spectacles. Elle n'est pas organisatrice de la manifestation du 29 octobre prochain. Elle promeut le dialogue entre la culture et la foi. Elle réagit quand c'est nécessaire, avec détermination, et toujours par moyens pacifiques. En l'occurrence, la Conférence des évêques de France a communiqué spécifiquement sur Golgota Picnic, après consultation de source sûre. Elle appelle à une liberté d'expression respectueuse du sacré. Elle appelle à un échange avec les élus, concernant cet enjeu. L'Eglise catholique en France n'est, ni intégriste, ni obscurantiste. Les catholiques aspirent, comme citoyens, à être respectés dans ce qui est le cœur de leur foi.
D’abord un premier malaise : il se trouve qu’il existe toutes sortes de violence, violence légitime versus illégitime (« vim vi repellere licet » dit le vieil adage romano-canonique), violence verbale, violence des images, violence des émotions, violence physique, etc... que donc condamner indistinctement et mettre sur le même plan : la violence policière à l’encontre d’un jeune catholique dont la jambe a été écrasée par un fourgon, avec les quolibets de réprimande lancés à l’encontre de voyeurs venant de se délecter d’un spectacle scatologique et offensant gravement Dieu, eh bien une telle condamnation soulève plus de questions qu’elle ne résout de problème, sans compter la violence elle-même du spectacle.
Car à ce compte-là, il faudrait condamner la violence dont fit preuve le Seigneur, violence d’indignation, lorsqu’il chassa les marchands du temple, ou encore la violence d’un Saint Polyeucte fracassant les statues païennes, ce qui lui valut les palmes du Martyr, ou encore violence de Sainte Jeanne d’Arc à l’égard des envahisseurs anglais, ou encore toutes les fois que des Saints et des clercs ont tonné contre des pécheurs se rendant coupables d’abominations. (et la liste est longue).
Si nous étions bouddhistes je comprendrais parfaitement que nous visions l’équanimité :
«
considérer les choses agréables ou désagréables qui vous arrivent dans le même esprit que vous regarderiez jouer une pièce : vous assistez aux aventures du héros sans y participer. La libération du cœur qui en résulte est favorable à une renaissance ultime dans les mondes de Brahma (...) c’est une méthode exclusivement éthique, qui présuppose
la vertu de l’Innocence [de la non nocivité]. C’est un mot devenu très familier à nos contemporains, étant le principe de « non violence» préconisé par Gandhi comme règle de conduite en toute circonstance : « Dépose ton glaive». L’éducation de la volonté précède logiquement celle de l’intellect. » (« La pensée de Gotama » par Ananda K. Coomaraswamy »)
Seulement nous sommes catholiques, la « vertu d’Innocence » n’existe tout simplement pas, et la réalité n’est pas un théâtre d’illusions :
« La crainte de l’Eternel c’est la haine du mal » (Proverbes 8 :13)
« L’être se porte donc vers ce qui lui convient avant de s’attaquer à ce qui lui répugne : autrement dit, l’amour précède la haine, et
la haine dérive de l’amour puisqu’elle n’a pour objet que ce qui contrarie l’amour. (art 2) » (Somme théologique Q. XXIX)
Deuxième malaise, beaucoup plus affligeant que le premier : si je ne m’abuse l’offense dont il est question ici s’adresse directement à Notre Seigneur, et qu’indirectement à la communauté catholique, et encore plus indirectement aux autres communautés religieuses.(puisque les musulmans se sont aussi sentis insultés). Comment se fait-il donc que je n’ai vu nulle condamnation de l’offense directe faite à Notre Seigneur, une condamnation de la sorte : « Nous condamnons formellement l’offense faite à Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu né du vrai Dieu, qui pour nous les hommes et pour notre salut descendit du ciel, crucifié pour nous sous Ponce Pilate ». Nous en sommes donc à ce point que non seulement la hiérarchie ne peut plus se permettre de condamner des abominations, mais doit se contenter d’un pâle et très vague appel au dialogue (ce que fait d’ailleurs n’importe quelle organisation gouvernementale, syndicale ou ONG), et qu’en plus elle ne peut même plus évoquer le nom de son divin fondateur lorsque celui-ci est traîné dans la boue et même pire en l’occurrence ? C’est tout simplement incroyable !
Mais il y a quand même un grand espoir et cela nous permet de comprendre le véritable Esprit du Concile Vatican II :
« Pendant longtemps, les chrétiens vivant dans le monde ont été rejetés dans le domaine profane, comme étrangers aux choses sacrées. Entre les gens d’Eglise et eux, il y eut trop longtemps un grand vide, dû à l’oubli de leur nature sacerdotale. C’est à partir de cet état de décadence qu’on a distingué les chrétiens voués à la perfection et ceux qui n’y sont pas. Un laïc était devenu un élément de réceptivité pure : il n’avait rien à faire dans l’Eglise, sauf de lui apporter sa contribution financière.
C’était l’inverse de l’enseignement de Saint Paul qui considère les fidèles comme concitoyens des saints, c’était la réduction vertigineuse de ces appelés à la sainteté à l’état profane qui ne s’occupe que des affaires du monde.
La constitution dogmatique Lumen gentium (chap II 9-10) nous fait sortir de ces ténèbres et c’est pourquoi on peut parler à juste titre de renouveau conciliaire : « Ceux qui croient au Christ, dit le texte, renaissent d’un germe incorruptible, de l’eau et de l’Esprit, par la parole du Dieu vivant (1 P, 1,23 - Jn, 3, 5-6).
Ainsi sont constitué une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, qui jadis n’était pas un peuple, mais qui maintenant est le peuple de Dieu. »
Aujourd’hui c’est donc en vertu de ce sacerdoce commun, que les laïcs, les petits, les sans-grades, cette nouvelle race élue, va défendre l’honneur du Christ, de même que face à l’imminence du danger, Balian d’Ibelin n’ayant pu trouver que deux chevaliers dans Jérusalem, fit adouber soixante bourgeois pour défendre la ville sainte. Le voilà l’Esprit du concile.