Parler à dieu

[seba15]

Bonjour

Je voulais savoir si il y a une façon de parler à dieu ?
Moi depuis toujours je fait une prière du notre père récité et hop ensuite dodo.
Mais peut être que dieu attend autre chose qu'une prière récitée non ?
Demander des choses, intercédé pour que dieu agissent aussi pour les autres ?

[nijiad]

Seba15, dire "Notre Père", c'est la façon de parler à Dieu que Jésus lui-même nous a enseignée... impossible de passer à côté ! Il ne s'agit pas tant de "réciter" que de dire chaque phrase en vérité. Essayez un jour de dire cette prière, non pas à toute allure, mais en vous arrêtant un instant sur chaque mot ou chaque groupe de mots... attardez-vous là où vous avez du goût... cela change tout, vous verrez !

Autrement, j'ai aussi envie de vous dire que Dieu attend de nous que nous le priions "comme un ami parle à son ami" : confiez-lui tout ce que vous avez sur le cœur, joies et peines, questionnements et difficultés. Il ne s'agit pas de "bavarder" mais de remettre entre ses mains ce qui vous occupe le cœur et l'esprit.

[katolik]

Mais peut être que dieu attend autre chose qu'une prière récitée non ?

seba15,

sur ce forum, je propose comment prier, le matin...ou le soir...
Vous pouvez aller sur :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... matin+soir

cela vous aidera peut-être

[Théodore]

La règle d'or dans la prière, c'est : être spontané. Être honnête avec Dieu.

L'évangile de Matthieu, au chapitre VI, nous délivre quelques enseignements sur la prière :

(de mémoire)

- Ne pas la faire en public "pour être remarqué" ; la faire dans un esprit d'humilité.
- Ne pas se répéter en paroles, ne pas avoir la pensée que "plus je dis, plus j'aurai de chances d'être exaucé" ; ne pas répéter des paroles automatiquement, sans en comprendre/percevoir le sens profond. Je crois que si on en vient à se répéter en mots, il ne faut pas que cela ne soit pas par routine, mais vraiment parce que dire plusieurs fois ce qui me tracasse m'aide à me décharger de ma peine auprès de Dieu. Nous sommes humains, après tout. Ça comprend aussi de ne pas se laisser enfermer dans des routines, des règles qui finiraient par nous couper de Dieu plutôt que de nous rapprocher de Lui.

Et, si je puis rajouter quelque chose : prier souvent (pour moi c'est au moins une fois par jour), pour tout, au sujet de tout. Non pas prier pour les premières futilités qui nous viennent à l'esprit, mais chercher à avoir un contact aussi fréquent que possible avec Dieu. C'est ainsi qu'on entretient un vrai dialogue entre Lui et nous

[Cinci]

Repères pour une vie spirituelle

Pour conclure ce dossier, nous sommes allés trouver le Père Odilon de Varine, responsable du Centre spirituel de Manrèse à Clamart, pour lui demander : dans l'art de la navigation spirituelle, quelles sont les balises qui permettent de se repérer, en particulier dans l'agitation et la complexité de la vie moderne.

Qu'est-ce qu'entrer dans une vie spirituelle ?

Entrer dans une vie spirituelle, c'est peut être commencer à prendre conscience de notre relation à Dieu et réaliser que ceci est de l'ordre de la vie. Nous comprenons un jour qu'il est bon pour vivre de cultiver cette relation. Nous avons par exemple hérité d'une foi mais cette foi était endormie et voilà que nous ouvrons un oeil. Ce qui nous est donné alors d'entendre et de voir nous donne le désir d'avancer et de croître. Peu à peu nous sommes rendus sensibles à la Parole de Dieu et nous tentons d'y conformer notre vie. Nous sortons de la léthargie et de la diversion mondaine pour entrer dans le recueillement. Nous prenons conscience qu'une certaine unification se fait en nous. Nous commençons à parler devant Dieu en réponse à son invitation.

Il nous est suggéré, pour demeurer dans la vérité, de vérifier que cette vie dans l'Esprit est bien réelle et non imaginaire. Donne-t-elle sens au réel ? Comment se traduit-elle dans la vie concrète ? Car beaucoup de gens croient parler à Dieu alors qu'ils se parlent à eux-mêmes. Vous vous souvenez à ce propos de ce que rapporte le Père Gonçalves de Camara d'une confidence d'Ignace : «... je lui ai entendu dire bien des fois que, parmi cent personnes grandement adonnées à l'oraison, quatre-vingt-dix sont sujettes à l'illusion. Et c'est ce dont je me souviens clairement, bien que je sois en doute s'il ne disait pas quatre-vingt-dix-neuf.» Il y a là effectivement un risque. Il s'agit de se laisser toucher par la Parole de Dieu et non pas notre propre parole qui nous raconte des histoires.

Pensez-vous ici à l'écriture Sainte ?

Oui, d'abord. Mais à l'Écriture lue dans l'Église qui me livre l'objectivité de cette parole qui n'est pas la mienne. De plus, nous avons à nous méfier de celui (et ce peut être nous-même) qui dit être marqué par une parole de Dieu mais qui ne tente pas de la traduire dans la vie concrète.

Vous insistez donc dès le début sur l'importance de la méditation ?

Il n'y a pas de vie spirituelle sans entrée dans la prière, sans méditation de l'Écriture. Souvenez-vous d'Abraham : entendre en vérité la Parole, c'est quitter notre pays, notre terre, pour entrer dans un pays qui n'est pas le nôtre. C'est pourquoi l'Église, lorsqu'elle fait prier le peuple chrétien, lui donne d'abord comme nourriture la parole de Dieu. Rappelez-vous ce que saint Jean de la Croix fait dire au Père des Cieux à cet homme qui se plaint du silence de Dieu : «Si je t'ai tout dit en ma Parole qui est mon Fils, je n'en ai pas d'autre que je te puisse maintenant répondre ou révéler qui soit davantage que cela : regarde-le parce que je t'ai tout dit et révélé en Lui» (Montée du Carmel, livre 2, chap. 22)

L'Esprit nous apprend à entrer dans la prière avec toute notre histoire. La parole de Dieu fait croître notre liberté, modifie nos relations. Recevant ce que nous sommes aujourd'hui, nous allons tisser des liens de liberté avec autrui et avec Dieu.

Assumer son histoire, cela peut avoir des connotations psychologiques. Pour quelqu'un de blessé, il est parfois utile de recourir à une thérapie. L'acceptation d'une démarche de ce genre, même légère, sera pour certains un critère de réalité : on veut faire la vérité et on en prend les moyens, donnés par Dieu et par les hommes. Mais s'accepter soi-même devant Dieu implique une autre dimension : c'est accepter que nous nous recevons d'un Autre et des autres. Nous découvrons que nous ne sommes pas l'origine de nous-même. Nous sommes donné à nous-même. C'est aussi cela entrer dans la vie spirituelle.

Dans cette vie spirituelle, peut-on parler de progrès ou d'étapes ?

Progrès est ici un mot ambigu. Sans doute y a-t-il progrès, mais le sujet n'est pas qualifié pour le jauger. Parler de «commençants», «progressants» peut induire un certain volontarisme, la tentation de forger sa propre image spirituelle. Ce que l'on peut, par contre, vérifier, c'est notre ajustement aux vérités évangéliques que nous prions.

Source : Christus, «Les âges de la vie spirituelle», no 143, juillet 1989, pp. 313-315



... je lui ai entendu dire bien des fois que, parmi cent personnes grandement adonnées à l'oraison, quatre-vingt-dix sont sujettes à l'illusion. Et c'est ce dont je me souviens clairement, bien que je sois en doute s'il ne disait pas quatre-vingt-dix-neuf.