seba15 a écrit :Je vois tout le poids de l'écriture, si paul n'avait pas fait son épitres, on tolèrerait surement plus le remariage.
Et surtout, on ne se poserait pas la question si Jésus n'avait pas dit "ce que Dieu à uni, que l'homme ne le sépare pas".
La question que je me pose, c'est la notion de péché permanent, le remarié est adultère selon la bible mais les autres chretiens commentent aussi en permanence des péchés.
La question n'est pas la facilité avec laquelle on pèche, mais l'intention sincère que l'on a d'y remédier.
Un remarié vit objectivement en adultère : qu'a-t-il l'intention de faire pour remédier à cette situation ?
J'en parle aujourd'hui d'autant plus librement que je vis en concubinage, et donc aussi en situation d'adultère. La souffrance de ne pas pouvoir recevoir les sacrements, je connais.
Je pense qu'on ne dit pas assez fort que la situation ne concerne pas que les divorcés remariés, mais tout autant les personnes vivant en concubinage. La seule différence est que les concubins qui ne seraient pas déjà mariés par ailleurs ont la possibilité de se marier.
Puisque c'est mon cas, je peux aussi d'autant plus facilement témoigner qu'on n'est pas rejetés par l'Eglise. Je continue de servir dans l'équipe liturgique, et donc anime des messes alors même que je ne peux pas communier. Je suis de plus en plus investi sur ma paroisse, et mon travail semble être apprécié. Mon curé m'a même demandé de faire comme les enfants à la communion : aller me présenter les bras croisés, pour être béni. C'est très dur pour moi, et j'ai accepté de le faire car cela m'aide efficacement à mortifier mon orgueil. Il me l'a demandé car c'est un signe clair pour tout le monde que même si je ne communie pas, je ne suis pas exclu de l'Eglise.
La situation est exactement la même pour les divorcés remariés.
La seule chose que nous ne pouvons pas faire, ce sont les ministères qui impliquent de communier soi-même. Par exemple, aller donner la communion pendant la messe.
J'ai l'impression qu'on jète rapidement la première pierre contre ceux qui se remarient, mais qu'on ne passe pas justement du temps pour méditer cette parabole de l'évangile...
On ne jette aucune pierre : on constate une situation objective de vie dans le péché sans intention d'y remédier.
C'est même justement parce qu'on ne jette pas la pierre qu'il faut rester très prudent quand on voit quelqu'un communier alors que l'on sait qu'il est divorcé remarié : ce couple pourrait très bien avoir choisi de vivre en frère et soeur, et alors il n'y a aucun problème.
prodigal a écrit :Je vois bien une réponse théorique à votre question. C'est de considérer que l'acte d'amour accompli par un couple non marié mais engagé dans une démarche de vie commune n'est pas un péché mortel, c'est-à-dire ne tue pas la grâce en celui qui le commet.
C'est une évidence, en effet. Mais en réalité, cela ne résoud rien. J'ai cru un temps que puisque je fais de mon mieux pour vivre comme si j'étais marié, et que si cela ne dépendait que de moi, je le serais, alors il n'y avait pas péché. J'ai fini par comprendre par moi-même que malheureusement, ce n'est pas si simple. Après en avoir discuté avec mon curé et avec mon directeur spirituel, j'ai du me rendre à la conclusion qu'il y avait péché.
La question de savoir s'il est mortel ou véniel est un peu technique, et je continue d'y réfléchir avec mon directeur spirituel.
Les raisons qui font que dans mon cas, c'est un péché, sont différentes de celles des divorcés remariés. Dans leur cas, quel sens a "une démarche de vie commune" quand on est déjà marié ailleurs ?
Heureusement, dans une vie de couple, il y a beaucoup d'autres façons de faire des "actes d'amour" : autant on ne peut réduire le sexe à la procréation, autant on ne peut pas réduire l'amour conjugal au sexe.
Ce calcul, quasi mathématique, ne laisse guère de place à la miséricorde divine.
En préparant la prière universelle d'aujourd'hui, j'ai été amené à réfléchir à ce qu'est la misericorde. Au sens étymologique, la miséricorde est de ressentir dans son coeur la misère d'autrui. Elle est donc d'abord compassion. Elle est en outre pardon, au sens où on en parle le plus souvent.
En l'occurrence, il y a toute la place nécessaire à la compassion. Ces situations doivent être une souffrance pour l'Eglise, et il y a un réel problème si quelqu'un s'érige en juge sans ressentir cette souffrance. Mais pour passer de la compassion au pardon, il faut que l'autre fasse un pas. Comme le précise justement Kisito, Jésus dit bien à la femme adultère "Va et ne pêche plus". Quel sens aurait le pardon accordé à quelqu'un qui ne fait rien pour s'amender ?
Et non (et là, encore une fois, je ne parle pas sur un plan théorique, c'est quelque chose que je connais intimement), non ce n'est pas une hypocrisie que d'inviter divorcés remariés et concubins à vivre en frère et soeur. Ce serait une hypocrisie que de leur dire que c'est facile. Mais ce n'est pas plus difficile que le célibat consacré, et ce n'est possible qu'en s'en remettant à Dieu. Ce qui fait que c'est difficile, c'est lorsque l'homme cherche à le faire en se coupant de Dieu. Et c'est justement là aussi un péché.