Re: Les cathos traditionalistes
Publié : sam. 18 janv. 2020, 15:47
C'est encore le cas au Barroux, chez les Missionnaires de la Miséricorde, et, de loin en loin, dans pas mal de paroisses en France.Mais est-ce toujours le cas aujourd'hui ? Car cela ne m'évoque rien.
Allez sur la chaîne YouTube de Saint-Eugène : vous y verrez que les textes sacrés y sont d'abord lus en latin, puis en français.J'avoue que ce n'est pas ce que je vois dans les paroisses traditionalistes...Les textes vernaculaires sont dits en chaire, sans la chasuble, juste avant le sermon. Cela semble bien aller dans le sens d'une interruption de la liturgie. Mais peut-être les pratiques varient-elles. Je veux bien vous croire si vous me dites que c'est le cas dans certaines paroisses VOM. Cela ne me paraît hélas pas des plus traditionnel, car pourquoi réciter à double l'épître et l'évangile ? Cela peut facilement nous amener sur une pente glissante, à savoir la seule lecture ou psalmodie en vernaculaire.Ce n'est pas ce qu'indique le document que j'ai indiqué : le sous-diacre, après avoir chanté l’Épître en latin, la lit en français (en conservant ses vêtements propres). De même pour le diacre à l’Évangile. C'est donc bien un acte liturgique.
Je ne dis pas qu'il faut rétablir l'ancien usage, je dis seulement que, jadis, la question de la proclamation des lectures face au peuple ou face à l'orient ne se posait pas. Et cet usage me semble d'ailleurs bien meilleur que le rétrécissement des cérémonies qu'on voit dans la FE aussi bien que dans la FO.C'est vrai que Pierre Lebrun, dans son ouvrage sur la messe, explique qu'il y eu des traditions diverses, et notamment celle de réciter l'évangile face aux hommes (séparés des femmes). Mais la pratique actuelle, qui est vieille de longs siècles, veut que l'évangile soit récité à gauche de l'autel et je ne vois pas l'intérêt de faire de l'archéologisme liturgique. Médiator Dei (1947) ne va en tout cas pas dans ce sens :La question de la proclamation des lectures face au peuple dans le rite romain est assez touffue. Je n'y entre pas, me contentant de dire que la disposition romaine primitive veut que les ministres proclament les péricopes au milieu du peuple, dans des ambons prévus à cet effet (voir par exemple Saint-Clément de Rome).Il faut juger de même des efforts de certains pour remettre en usage d’anciens rites et cérémonies. Sans doute, la liturgie de l’antiquité est-elle digne de vénération ; pourtant, un usage ancien ne doit pas être considéré, à raison de son seul parfum d’antiquité, comme plus convenable et meilleur, soit en lui-même, soit quant à ses effets et aux conditions nouvelles des temps et des choses.[...]quand il s’agit de liturgie sacrée, quiconque voudrait revenir aux antiques rites et coutumes, en rejetant les normes introduites sous l’action de la Providence, à raison du changement des circonstances, celui-là évidemment, ne serait point mû par une sollicitude sage et juste.
Une telle façon de penser et d’agir ferait revivre cette excessive et malsaine passion des choses anciennes qu’excitait le concile illégitime de Pistoie, et réveillerait les multiples erreurs qui furent à l’origine de ce faux concile et qui en résultèrent, pour le grand dommage des âmes, erreurs que l’Église, gardienne toujours vigilante du " dépôt de la foi " à elle confié par son divin Fondateur, a réprouvées à bon droit
En outre, à Saint-Clément, il y a deux ambons, côtés Épître et Évangile.
Par le plus grand nombre. Moi-même, qui suis français (l'anglais n'est donc pas ma langue maternelle) je comprend sans peine l'anglais cranmerien.Certes compréhensible pour des gens ayant un minimum d'instruction, mais sans doute pas pour tous.Pour l'arabe classique, il est semblable à l'anglais cranmerien : ce n'est certes pas une langue vernaculaire à proprement parler (personne ne le parle couramment), mais c'est une forme élevée et compréhensible d'un même langage.
Si pour vous, dès qu'il n'y a pas anathème, on peut minimiser tous les enseignements de l'Eglise, permettez-moi de ne pas être d'accord du tout... La liturgie latine précède de bien des siècles le protestantisme, et pourtant Rome ne désira jamais y introduire du vernaculaire... Même dans l'encyclique de Pie XII cité plus haut, il n'y a rien de tel. Le protestantisme a bon dos... J'ai l'impression que parce que vous considérez que l'introduction du vernaculaire est une bonne chose, il vous faut minimiser la portée des textes pontificaux pré-conciliaires, qui ne vont clairement pas dans votre sens. C'est faire preuve de parti-pris.Décision purement et simplement prudentielle (à cause de la montée du protestantisme). Preuve en est qu'il n'y a pas d'anathème.
Et moi, j'ai l'impression que, parce que vous considérez que la langue vulgaire doit être absolument exclue de la liturgie, il vous faut passer par pertes et profits tout ce qui a été fait en ce sens, dès avant le concile Vatican II.
Le concile de Trente n'a pas condamné l'usage du vernaculaire comme tel ; il l'a proscrit de la liturgie latine hic et nunc ; il ne l'a pas proscrit ubicumque et semper de manière dogmatique. Ou alors, une fois de plus, il nous faut condamner tout ce qui a été fait en ce sens par la suite (vous ais-je parlé des missels et graduels en langue iroquoise, publiés au XVIIIe siècle ?).
Evidemment, même sans anathème, un enseignement de l'Eglise reste un enseignement de l'Eglise. D'où mon adhésion, comme catholique, aux enseignements du concile Vatican II. Mais dès lors, et sur ce point précis qu'est la langue liturgique, il ne s'agit pas d'un enseignement engageant le magistère ordinaire ou extraordinaire sur un point de foi ou de morale. Dès lors, c'est un point sur lequel un changement est possible, voire souhaitable.
Il est un peu facile de rejeter telle lecture profitable sous prétexte qu'elle va à l'encontre de ses propres préjugés.Je n'ai pas besoin de lire des ouvrages savants pour savoir que mes ancêtres ne savaient pas le latin, à moins d'avoir embrassé l'état ecclésiastique ou d'avoir pu faire de solides études secondaires ou supérieures (cas minoritaires) ! Mais il est évident qu'on n'est pas obligé de savoir le latin pour mémoriser par cœur des hymnes, chants, prières ou psaumes dans cette langue et pour savoir réciter certaines partie de la messe.
Je n'ai pas dit que les fidèles de jadis parlaient le latin ; j'ai dit qu'ils comprenaient ce qu'ils entendaient ou chantaient à la Messe.