Chère Quejana,
Je suis un ancien protestant. Elevé dans une famille protestante pieuse mais dogmatiquement large d'esprit, je me suis tourné vers l'évangélisme vers l'adolescence, avant de commencer à étudier les Pères et l'Histoire de l'Eglise, ce qui m'a poussé à chercher la vraie Eglise. J'ai ensuite été successivement luthérien, puis j'ai eu une période de flottement où j'ai regardé vers l'orthodoxie, avant de finalement opter pour le catholicisme il y a deux ans. Mon propre parcours vers l'Eglise a été extrêmement intellectuel - j'ignore donc s'il vous sera utile. Quiqu'il en soit n'hésitez pas à me contacter en message privé.
J'en viens donc à votre question centrale :
"La foi n'est-elle pas par essence quelque chose qui est sans cesse à compléter, sans cesse en mouvement d'expansion, sans cesse en cheminement, sans cesse en questionnement, sans cesse incomplète ou faut-il que je trouve LA réponse et que je me fixe quelque part ?"
Les deux, mon capitaine. Quand on est consciemment en cheminement vers la Vérité (et ce fut mon cas pendant trois ans) on s'imagine qu'une fois qu'on l'aura trouvée, après toute l'angoisse du chemin, on pourra en jouir tranquillement et peinardement. Que nenni ! Bien sûr, se joindre à l'Eglise de Dieu, se soumettre à elle de tout coeur, accepter ce qu'elle enseigne comme reçu des Apôtres, c'est se fixer une contrainte, et cela peut paraître fort limitant - pour le meilleur et pour le pire. Cependant le fait de devenir membre à part entière du peuple de Dieu, c'est-à-dire de l'Eglise catholique, ne vous dispenserait pas de ce cheminement individuel qui est celui de tout un chacun, avec le Seigneur, vers la sainteté - que dis-je, dans ce combat qui requiert de notre part toujours plus de vigilance, de questionnement et de reconnaissance de notre propre incomplétude. C'est dans ce combat que se situe le véritable dynamisme de la foi, pas dans l'assentiment aux vérités dogmatiques - qui sont, elles, le roc nécessaire sur lequel se fonde ce combat et toute la vie chrétienne.
Il ne me semble pas qu'il vous faille attendre un signe du Seigneur. Ce dernier ne juge peut-être pas bon de vous en donner.
En revanche, il vous attend dans votre conscience, ce temple intime, ô combien profané par le péché et le vice, dans lequel il vous parle, vous inspirant diversement une convictin vis-à-vis de la vérité, l'aversion pour le mal, de l'amour toujours plus grand de son Nom. Il ne faut pas chercher plus loin ; Il ne nous a pas donné grand-chose de plus, à vrai dire.
Si vous acquérez, par quelque moyen que cela soit, l'intime conviction qu'il faut entrer dans l'Eglise catholique, parce que celle-ci est fondée sur le Christ, et enseigne fidèlement la parole de Vérité reçue des Apôtres, alors il ne faudra pas tarder à agir en la suivant. C'est cela le "plus" auquel vous étiez ouverte au moment d'adopter le "simple christianisme" (comme dirait CS Lewis) par le truchement du protestantisme. Le protestantisme peut sembler plus facile ; ma propre réflexion a conclu que c'est une maison bâtie sur du sable. La Vérité nous rend libre ; et autant que je puisse en juger, cette Vérité est la religion catholique.
Un dernier mot, enfin, sur la décadence de la beauté dans l'Eglise moderne : c'est malheureusement très vrai. J'ai aussi dû y faire face devenant catholique, ce qui est d'autant plus paradoxal que c'est mon cheminement vers l'Eglise qui m'a fait développer un sens aigu de la beauté et de la transcendance de la Liturgie. C'est un fardeau que beaucoup portent. C'est un inconfort qu'on doit spirituellement gérer. Pour ma part j'assiste autant que possible à des messes où le chant grégorien est employé ; elles sont rares mais il faut juste connaître les "bonnes adresses", pour ainsi dire.
J'espère que ma réponse vous aura un peu éclairé. N'hésitez pas à me contacter. En attendant, je prie bien pour vous. En Christ !