Prière aux Saints et relations aux morts

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Alleluia
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Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par Alleluia » dim. 12 févr. 2012, 14:55

Bonjour,

Aujourd'hui je m'interroge sur les prières adressées aux Saints, et j'aimerais comprendre. J'ai lu sur un autre sujet qu'il était dangereux de penser recevoir des signes de l'au delà, voir "d'entretenir" un lien avec un proche défunt, de chercher la communication, voir de rechercher des signes de sa vie au ciel.

La Bible, dans l'Ancien Testament me semble-t-il, demande aux hommes de ne pas tenter de parler aux esprits. Mais les Saints du ciel sont pourtant morts physiquement, pourquoi peut on nous adresser à eux pour demander leur prière auprès de Dieu s'il est interdit de communiquer avec les défunts? C'est une chose que je ne comprends pas...

J'ai vu une émission il y a quelques jours traitant des médiums. Une femme prétendait avoir reçu ce don après la naissance de son fils, elle commençait à entendre des personnes l'appeler, et a répondu à leurs appels. Elle ressentait la joie de certains défunts, et pour d'autres le refus de quitter le monde matériel qu'ils aimaient tant. Comment pouvons nous interpréter cela? Sur le moment, j'ai pensé que peut être, ces personnes étaient au purgatoire, si tant est que le purgatoire se résume à un état, et non à un lieu?

Je vous remercie d'avance de votre intérêt.

Fraternellement,
Alleluia

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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par lmx » dim. 12 févr. 2012, 18:21

Bonjour Alleluia

Chercher des signes c'est là le problème. Cela peut conduire à se livrer à des pratiques occultes. Dans ce genre de pratiques on ne sait pas bien à quoi ou a qui on s'adresse, et on peut être trompé par des mauvais esprits.
Or pour les saints on sait "où" ils sont donc il n'y pas de risque normalement de se livrer à quoi que ce soit qui ait un caractère "occulte" traduisant une mauvaise volonté d'influer sur le monde spirituel.

D'autre part, il n'est pas interdit de prier pour les défunts. C'est ce qui est fait dans Maccabées II 12:38-4. Et c'est une bonne manière d'entretenir une relation avec les défunts en leur exprimant par là notre amour.
Je pense donc que tout dépend donc la façon dont celle-ci est entretenue.

voici un texte de Kallistos Ware :

La base, c’est notre solidarité dans l’amour mutuel. Nous prions pour les morts parce que nous les aimons. L’archevêque anglican William Temple appelle de telles prières " le ministère de l’amour " ; et il affirme dans des mots que tout chrétien orthodoxe serait heureux de faire siens : " Nous ne prions pas pour eux parce que Dieu les négligera si nous ne le faisons pas. Nous prions pour eux parce que nous savons qu’il les aime et en prend soin, et nous demandons le privilège d’unir notre amour pour eux à celui de Dieu. " Et comme le dit Pusey : " Le refus de prier pour les morts est une pensée si froide, si contraire à l’amour, que pour cette seule raison, elle doit être fausse. " À partir de là, aucune autre explication ou justification de la prière pour les défunts n’est nécessaire ou même possible. Une telle prière est simplement l’expression spontanée de notre amour les uns pour les autres. Ici, sur terre, nous prions pour les autres ; pourquoi ne pas continuer à prier pour eux après leur mort ? Ont-ils cessé d’exister, au point que nous devrions cesser d’intercéder pour eux ? Vivants ou morts, nous sommes tous membres de la même famille ; ainsi, vivants ou morts, nous intercédons les uns pour les autres. Dans le Christ ressuscité, il n’y a pas de séparation entre les morts et les vivants ; comme le dit le Père Macaire Gloukharev : " Nous sommes tous vivants en lui, et il n’y a pas de mort. " La mort physique ne peut défaire les liens de l’amour et de la prière mutuels qui nous unissent tous dans un seul et même Corps. […] Quand nous prions pour les défunts, il nous suffit de savoir que leur amour de Dieu continue de grandir et qu’ils ont ainsi besoin de notre soutien. Laissons le reste à Dieu.


Une femme prétendait avoir reçu ce don après la naissance de son fils, elle commençait à entendre des personnes l'appeler, et a répondu à leurs appels. Elle ressentait la joie de certains défunts, et pour d'autres le refus de quitter le monde matériel qu'ils aimaient tant. Comment pouvons nous interpréter cela? Sur le moment, j'ai pensé que peut être, ces personnes étaient au purgatoire, si tant est que le purgatoire se résume à un état, et non à un lieu?
Ce qui pose problème dans ce genre de pratiques c'est comment savoir qui l'appelle vraiment, d'où proviennent vraiment ces voix.Ce genre de pratiques me semblent très suspectes.
Cela dit oui peut être que ces personnes étaient au purgatoire qui est un état. Mais je n'en sais plus que cela sur ce genre de phénomènes qui attisent trop la curiosité et dont je préfère me détourner.

Alleluia
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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par Alleluia » mar. 14 févr. 2012, 15:20

Bonjour,

Merci de cette réponse, j'ai lu le passage de 2 Maccabées sur la prière pour les morts. On m'a parfois reproché de prier pour les défunts parce que ce ne serait pas biblique, mais moi je trouve que ça l'est car il s'agit d'amour, on prie parce qu'on aime, quoi de plus biblique.
J'aime beaucoup ce passage : " Le refus de prier pour les morts est une pensée si froide, si contraire à l’amour, que pour cette seule raison, elle doit être fausse." Je pense la même chose.

Mais concernant les Saints que nous connaissons, si nous pouvons leur adresser nos prières, pouvons-nous également demander à nos proches défunts de prier pour nous même s'ils ne sont pas Chrétiens? Et pour ceux qui seraient Chrétiens, avons-nous l'assurance de leur salut? Je crois fermement que Christ sauve toute personne de bonne volonté, et qu'il regarde le coeur avant toute chose. Un coeur aimant Chrétien ou non peut trouver sa place près du Christ, et un Chrétien peut parfois se montrer très dur et empêcher l'amour de Jésus de le toucher. Je pense à certaines Eglises plutôt très ancrées dans leur vision de la Bible qui refusent l'ouverture à d'autres interprétations bibliques.

Pour la question du purgatoire, j'ai lu un témoignage de Maria Simma, une femme Autrichienne qui recevait régulièrement la visite des âmes du purgatoire. Ce témoignage m'a beaucoup touché, et je me suis interrogée sur cette notion de purgatoire que d'autres Saints ont mentionné, notamment Padre Pio.
J'ai cru comprendre que le purgatoire était un état, mais pas un endroit, pas un lieu de vie. Mais alors à leur mort, les âmes du purgatoire se trouvent encore parmi nous bien que décédées, mais sans possibilité immédiate de recevoir la béatitude?

Je me dis que c'est peut être ce qui pourrait expliquer que des personnes soient soumises à des expériences de contact avec l'au delà, pour le moins surprenantes (rêves prémonitoires, visite de défunts etc).

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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par lmx » mar. 14 févr. 2012, 18:24

Mais concernant les Saints que nous connaissons, si nous pouvons leur adresser nos prières, pouvons-nous également demander à nos proches défunts de prier pour nous même s'ils ne sont pas Chrétiens?
Oui bien sûr je pense. Je ne crois pas qu'il y ait de problème à cela.
Et pour ceux qui seraient Chrétiens, avons-nous l'assurance de leur salut?
non je ne pense pas.

En tout cas, une position chrétienne c'est d'espérer que le maximum de monde soit sauvé.
D'autre part, ce n'est pas parce qu'on est pas chrétien que c'est l'enfer automatique. Comme Jean Paul II l'a écrit il faut croire en la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes.
Il ne faut donc pas angoisser mais toujours espérer en l'infinie miséricorde divine.
J'ai cru comprendre que le purgatoire était un état, mais pas un endroit, pas un lieu de vie. Mais alors à leur mort, les âmes du purgatoire se trouvent encore parmi nous bien que décédées, mais sans possibilité immédiate de recevoir la béatitude?
Sur le purgatoire voilà ce que il est dit dans le catéchisme :
1030 Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel .

1031 L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence (cf. DS 1304) et de Trente (cf. DS 1820 ; 1580). La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture (par exemple 1 Co 3, 15 ; 1 P 1, 7), parle d’un feu purificateur :

Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire le Grand, dial. 4, 39).

1032 Cet enseignement s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : " Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché " (2 M 12, 46). Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique (cf. DS 856 ;), afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts :

Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 41, 5 : PG 61, 361C).

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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par Cinci » mer. 05 sept. 2018, 0:47

Bonjour,

Une petite communication que je viens de recevoir chez moi, De la part de la Fraternité Notre-Dame de Montligeon. Il s'agit d'un petit texte de Don Alban Dyèvre de la communauté Saint-Martin, - qui vient d'être nommé curé de la cathédrale de Soissons soit dit en passant. Voilà pour une petite nouvelle ecclésiale touchant les intéressés de la communauté Saint Martin, ou du sanctuaire de Montligeon, ou juste pour les curieux qu'importe !



Don Alban Dyèvre écrit :

"Les saints et les saintes que nous prions tout au long de l'année sont au ciel, aucun doute là-dessus ! Sainte Thérèse d'Avila, saint Maximilien Kolbe, saint Padre Pio, et tant d'autres encore, voient le Seigneur face à face. Je ne prie pas saint Jean-Paul II pour qu'il aille au ciel, je prie pour obtenir du Seigneur, par son intercession, les grâces dont j'ai besoin. De même pour les martyrs : l'Église nous assure qu'une personne qui a donné sa vie de façon sanglante en témoignage de sa foi est au ciel.

Cependant, en relisant la vie de telle ou telle personne qui a cherché à vivre au mieux l'Évangile, malgré ses misères, je peux avoir une certitude "morale" qu'elle rejoigne au plus vite le Seigneur.

Pour d'autres défunts donc, que l'Église n'a pas reconnu saints, je ne pourrai jamais avoir cette certitude que j'ai pour les saints et les saintes, qu'ils sont au ciel. A moins d'une permission divine, ce qui reste assez exceptionnel dans la façon d'agir de Dieu.

C'est pourquoi je continue à prier dans le durée pour tel défunt. Mais je le fais avec une grande espérance qu'il accède au plus vite à la vision béatifique, c'est à dire à la rencontre définitive avec le Seigneur, pour toujours.

Ainsi, lorsque je prie pour un défunt, je peux en même temps espérer de toutes mes forces qu'il est au ciel. Mais ce n'est pas une raison de ne plus le confier à la miséricorde du Seigneur - ce que je ne sais pas, mais j'espère avec confiance - toutes ces prières ne sont pas vaines : par le mystère de la communion des saints, elles profitent à d'autres âmes qui traversent cette étape de la purification.

Prier pour un défunt n'est donc pas incompatible. Cela soutient au contraire ma confiance. Je ne suis peut-être pas sûr qu'à l'instant que je prie, ce défunt est au ciel, mais je suis sûr que ma prière est toujours reçue avec bienveillance par Dieu, qu'elle soit efficace à cette instant pour ce défunt en particulier toujours en étape de purification, ou, s'il est au ciel, pour une âme peut-être plus délaissée.

- Bulletin no 21, été 2018

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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par gerardh » mer. 05 sept. 2018, 11:36

____________

Bonjour

Les livres des Macchabées sont apocryphes. Mais depuis le concile de Trente les autorités catholiques les ont reprises au rang des livres inspirés.


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Re: Prière aux Saints et relations aux morts

Message non lu par Cinci » lun. 10 sept. 2018, 3:25

Les livres des Macchabées sont canoniques. C'est à dire qu'ils font partie de la Bible de la Septante connue, lue et utilisée par les évangélistes et tous les chrétiens du Ier siècle.

Les autorités catholiques n'ont jamais eu à "reprendre" des textes de la Septante, comme si elles-mêmes avaient pu les avoir rejetés un jour, pour la simple et bonne raison qu'aucun de ses textes ne fut jamais rejeté par l'Église.

Il faut voir que ...

Dans l'Église catholique, l'on ne permet tout simplement pas à des rabbins juifs de décider ( à la place et pour des catholiques) quels livres de la Bible devraient être inspirés ou non. Par ailleurs, les opinions personnelles de certains chrétiens [protestants, a fortiori] quant à la plus ou moins grande valeur de certains livres ne seront jamais rien d'autre que des opinions justement. Et les opinions n'ont pas force de loi pour toute l'Église.

Enfin

La doctrine de l'Église ne repose pas sur deux mots tirés d'une seule ligne d'un livre soi-disant douteux mais sur ce qui aura toujours été la pratique de l'Église, sur ce que les membres de l'Église catholique faisaient dès les premiers temps de son existence et de sa croissance dans l'Antiquité.

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